Teenage kicks - Saison 2, Épisode 2
Un numéro spécial seconds couteaux... enfoncés entre les omoplates. Une touche de folie • Joey Barton: A History of Violence • Un Harry pour la vie • Dream team de brutes
Auteur : Gang of five
le 10 Dec 2008
En Angleterre comme au pays de Candy, il y a des méchants et des gentils. Au choix, vous êtes Red ou Blue, l'adversaire est Belzébuth et il faut l'empêcher d'emporter les corps et les âmes des supporters vers l'enfer de la déception. En bas de classement, Sunderland n'en finit plus de chuter vers des abîmes insondables. Bien fait pour Teenage Kicks qui vous en vantait les mérites il y a quelques semaines: cette fois-ci, on se concentre sur des bourrins éternels, il y a moins de risques.
Une touche de folie
Les fans d'Arsenal le connaissent déjà et ne sont pas prêts d'oublier ce phénomène. Le 1er novembre dernier, les boys de Wenger s'inclinent face à Stoke City sur deux buts offerts par l'irlandais Rory Delap, milieu de terrain irlandais besogneux de trente-deux ans. Rien d'anormal jusque-là... Sauf que l'animal a délivré ses passes décisives à la main, de la touche, dont une projetée du milieu de terrain jusqu'au point de penalty. Il est à l'origine de sept des treize premiers buts de Stoke cette année.
Champion junior de javelot, "the Human Sling" compte déjà six passes décisives cette saison, toutes sur ces lancers à la trajectoire extrêmement tendue, pratiquement impossible à lire par les défenseurs, d'autant que leur vitesse dépasse les 60km/h. Tout le royaume s'esbaudit devant "l'arme fatale" de Stoke, depuis Scolari qui conseille aux gardiens de ne même pas tenter d'intercepter ses ballons, jusqu'à Lee Dixon, spécialiste en la matière à l'époque, qui considère ces touches plus dangereuses que des coups francs ou des corners.
L'Irlande n'est pas en reste. Eamon Duphy, le comique de service, voudrait même qu'on rappelle Delap en sélection pour "terrifier" les Italiens. Encore plus fort, la Fédération irlandaise d'athlétisme veut le sélectionner pour les prochains Championnats du monde, catégorie javelot...
Joey Barton : A history of violence
Novembre 2002. Manchester City-Middlesbrough. Pour sa première apparition sur le banc des Citizens, Barton est appelé par Keegan pour entrer sur le terrain. Problème: Joey ne sait plus où il a mis son maillot. Première apparition reportée...
Février 2004. Tottenham-Manchester City. À la mi-temps, Barton s'embrouille avec les arbitres dans les couloirs. Carton rouge. Le premier de sa carrière.
Avril 2004. Manchester City-Southampton. Joey Barton quitte le stade à quelques minutes du match parce qu'il n'est pas titulaire.
Juillet 2004. Doncaste-Manchester City. Joey provoque une bagarre générale et se brouille avec Keegan.
Décembre 2004. Lors d'une fête du club, il écrase son cigare dans l'œil de son coéquipier Jamie Tandy qui tentait de brûler sa chemise. Prend une amende équivalente à six semaines de salaire.
Mai 2005. En conduisant à deux heures du matin dans Liverpool, il percute un piéton avec son véhicule et lui casse une jambe.
Juillet 2005. À Bangkok, où son club s'apprête à jouer un match, il se bagarre avec un supporter d'Everton âgé de quinze ans. Barton écope d'une amende de huit semaines de salaire, et promet de se faire soigner. Il passera effectivement quelque temps dans la clinique Sporting Chance de Tony Adams.
Décembre 2005. Pour une fois, ce n'est pas de sa faute. Son demi-frère Michael et son cousin sont condamnés à dix-sept ans ans de prison pour meurtre à caractère raciste. Michael a massacré un étudiant africain à coups de hache.
Septembre 2006. Everton-Manchester City. Joey dévoile en riant son postérieur aux supporters Toffees. Enquête de la police. Il est relaxé, mais s'acquitte d'une amende de 2.000 livres prononcée par la FA.
Décembre 2006. Manchester City-Bolton. Il prend son deuxième carton rouge consécutif à une invraisemblable agression, les deux pieds décollés sur Abdoulaye Faye.
Janvier 2007. Barton critique les joueurs de l'équipe d'Angleterre qui "se sont faits du fric sur le dos de la sélection" en publiant leurs autobiographies malgré des résultats mitigés. On peut presque interpréter comme une sanction sa première apparition en sélection le mois suivant...
Février 2007. Manchester City-Portsmouth. Nouvelle enquête de police pour "gestes obscènes" envers les supporters adverses. Nouvelle relaxe, faute d'éléments.
Mars 2007. Incarcéré pour agression sur un chauffeur de taxi. Libéré sous caution.
Avril 2007. Déclare dans la presse que les joueurs recrutés par City sont "médiocres". Écarté par Stuart Pearce.
Mai 2007. À l'entrainement, Barton défigure son coéquipier Ousmane Dabo et lui décolle la rétine. Plaide "non coupable" dans un premier temps. Libéré sous caution, il est finalement condamné à quatre mois de prison avec sursis, des travaux d'intérêt général, douze matches de suspension dont six avec sursis, et 25.000 livres d'amende. Suspendu par son club. Transféré à Newcastle.
Novembre 2007. Newcastle-Sunderland. Abandonne sans raison le ballon et vient planter ses crampons dans le bas-ventre du Nigérian Dickson Etuhu. Pas de sanction. Le journal News of the World réclame sa tête. Barton s'excusera plus tard.
Décembre 2007. Qualifie les supporters de son nouveau club de "vicieux". Il expliquera plus tard que ses propos ont été déformés.
Décembre 2007 (2). Impliqué dans une rixe lors d'une soirée passée dans le centre de Liverpool. Condamné à six mois de prison ferme en mai suivant (il n'en effectuera que 74 jours), il avoue son alcoolisme.
Août 2008. Arsenal-Newcastle : pour son retour sur le terrain sous les huées du public londonien, il vient virilement au contact de Samir Nasri quelques minutes après son entrée en jeu. L'action n'est pas sanctionnée, mais Nasri se fera justice lui même peu après, provoquant une altercation entre Keegan et Wenger.
Octobre 2008. Alors qu'il vient de purger sa suspension consécutive à l'affaire Dabo, il annonce "vouloir changer et devenir un exemple pour les jeunes".
Novembre 2008. Newcastle-Aston Villa. Le Villain Gabriel Agbonlahor se plaint d'insultes racistes proférées par Barton. À ce jour, l'enquête de la FA est suspendue.
Un Harry pour la vie
En septembre 2006, Harry Redknapp est impliqué dans le scandale de corruption visant plusieurs clubs de Premier League. Il est notamment suspecté d’avoir discuté avec l’agent Peter Harrison au sujet de l’achat du capitaine de Blackburn, Andy Todd. Il est arrêté par la police de Londres en novembre 2007 au sujet de l’affaire Amdy Faye, dont le transfert a été jugé frauduleux. "Ils doivent vous arrêter pour vous parler. Mais je crois que c’est la fin, ça ne me concerne pas directement".
Redknapp se sent floué. En 2006, l’Angleterre cherchait un sélectionneur. Harry se disait en tête de liste, mais ces accusations l’ont décrédibilisé aux yeux de la FA. Il range ses déboires dans sa poche et se fixe de nouveaux objectifs avec Portsmouth.
Une légende?
Le 17 mai 2008, Portsmouth remporte la FA Cup face à Cardiff grâce à un but de Nwankwo Kanu qu’il avait recruté pour pas un rond en début de saison 2007 ("Les gens disaient que j’étais fou"). En 43 ans de carrière (18 de joueur et 25 d’entraineur), c’est son premier trophée majeur. Dans la foulée de la victoire, David James déclare: "Harry est maintenant une légende, non?". T’en es pas vraiment sûr, hein? À la question "Comment allez-vous fêter ça?" le journaliste néophyte pouvait s’attendre à une des réponses coutumières du milieu, telles que: "J’ai réservé une boite de strip-tease" ou "Sylvain Distin, va nous rouler une surprise". Que nenni. Redknapp a autre chose en tête: "Eh bien, si je peux m’esquiver et emmener ma femme, j’irai faire un tour à Bournemouth, voir si mes deux chiens vont bien, et ensuite, nous irons manger un bout au petit restau italien du coin".
Fan d'Arsenal
Début 2008, Allardyce quitte Newcastle. Le poste lui est proposé. Refus: "Je suis heureux ici, les gens me traitent bien et je ressens de la loyauté envers ce club et ces supporters". Juande Ramos étant licencié en octobre dernier, Redknapp voit là une belle occasion de revenir dans sa ville natale. Surtout qu’il reprochait à ses dirigeants une trop grande prudence en matière de transferts. Tottenham dédommage Portsmouth à hauteur de cinq millions de livres. Sans trop de remords après six ans passés à la campagne, il déclare : "Pompey ne pouvait pas vendre de joueur au mercato, donc nous vendons le manager".
Enfant, son père l’emmenait souvent voir des matchs d’Arsenal à Highbury. "J’étais un grand fan d’Arsenal étant jeune". Personne n’est parfait. À White Hart Lane, il faut se justifier. Fidèle à son habitude, Redknapp reste calme: "J’ai suivi Tottenham, je m’y suis entrainé lorsque j’avais 11, 12 ans, donc je connais l’histoire du club". [Psst, c’est un gros, gros club. Vas-y!] "C’est un gros, gros club" [Génial, tu les as tous roulés dans la farine].
Deux jours après l’annonce de son départ, il revient à Portsmouth chercher The Freedom of the City, le plus grand honneur que la ville peut accorder, pour services rendus. Il se déclare fier et honoré. On dit que l’ambiance a été mitigée. À son arrivée, les Spurs sont la risée de l’Europe, avec deux points pris en huit matches et des millions de livres dépensées. Trois semaines plus tard, ils ne sont plus relégables (à la faveur du goal average) et corrigent les croates du Dinamo Zagreb en Coupe UEFA. Tranquille, on vous a dit. En jouant un peu sur les mots, Redknapp veut dire "petite sieste rouge". Une affaire de prédestination…
Le Gang of Five a récemment sollicité une interview afin d’avoir son éclairage sur la situation actuelle des clubs anglais, financés par des milliardaires pas toujours très clairs. Il nous a simplement répondu: "Sorry guys, but I have to buy some dog food now".
La dream team des brutes
Sélection réalisée à partir des joueurs les plus "cartonnés" en Premier League depuis 1992. Éloignez les enfants.