The Finale Cut
> Tribune des lecteurs. Trois finales, trois victoires en compétitions internationales : les Français sont devenus en quelques années plus efficaces que les Italiens et les Brésiliens réunis. Jusqu'à quand ?
Auteur : Snoopy
le 23 Juin 2004
Voici quatre ans, presque jour pour jour, alors que les remplaçants italiens chambraient à qui mieux mieux sur le bord du terrain et que de Milan à Palerme, on ouvrait les bouteilles d'Asti ou de Chianti, nous étions quelques-uns à nous dire qu'une finale perdue, au fond, ce n'était pas déshonorant et même assez normal au regard du palmarès en la matière des autres grandes nations du foot mondial. Qu'on en juge : le Brésil, cinq fois champion du monde, l'Italie, triple vainqueur, l'Argentine, double vainqueur… Toutes ces nations ont aussi perdu deux fois en finale. Record toutes catégories pour l'Allemagne (et l'ex-RFA), dont les tuniques blanches sont ornées de trois étoiles, mais qui fut aussi trois fois finaliste malheureux (et même quatre fois depuis 2002). Pour en finir avec la Coupe du monde, citons d'autres nations ayant échoué deux fois en finale et qui n'ont jamais eu, quant à elles, le bonheur de voir ses héros soulever le trophée et ses équipementiers tisser une étoile : les Pays-Bas, la Hongrie, la Tchécoslovaquie… Ajoutons la Suède de 1958 et on aura fait le tour de toutes les finales perdues de la longue histoire de la coupe du monde. L'Euro, lui, n'existe que depuis 1960, mais là encore, la France ne figure pas dans la liste des finalistes malheureux où elle a fait entrer l'Espagne en 1984 et où elle va précipiter l'Italie dans quelques instants puisque nous entrons dans le temps additionnel de cet Euro 2000 : URSS, Yougoslavie, Allemagne, Belgique, République tchèque… On reconnaîtra au passage quelques champions d'Europe. Après tout, à ce jour, l'équipe de France n'avait-elle pas remporté toutes les finales qu'elle avait joué ? Enfin, "toutes", le mot est un peu fort. Une finale de l'Euro en 1984, une finale du Mondial en 1998. Alors, ce soir de juillet, elle allait rejoindre le contingent de ces grandes nations qui, elles aussi, n'ont échoué qu'au tout dernier match de la compétition et, somme toute, ce n'était pas un scandale. À partir de là, je crois que vous connaissez la suite… Trois finales, trois victoires. L'équipe de France a bien fait de profiter pleinement de ces années pour garnir copieusement son palmarès car la tendance est de plus en plus à l'élimination précoce des grandes nations face à des pays émergents qui n'ont rien à perdre et innovent tactiquement : après la Turquie en 2002, voici la Grèce... On l'a vu en Corée, on le voit encore dans cet Euro 2004 : lundi l'Espagne, mardi l'Italie, hier l'Allemagne… (enfin là, c'était inévitable, le palmarès tchèque étant particulièrement consistant). Ainsi, la question se pose à nouveau et avec encore plus d'acuité après avoir vu échouer successivement l'Olympique de Marseille et l'AS Monaco au moment ultime dans les deux Coupes d'Europe des clubs. Et si 2004 était l'année des finales européennes perdues ? Qualifiée pour un quart face à la Grèce a priori abordable, mais périlleux, tant elle a semblé ne pas réellement maîtriser son sujet depuis le début de la compétition, l'équipe de France devrait pourtant rejoindre logiquement en demi la seule équipe à l'avoir battue depuis le crash coréen. Arrivera-t-elle cette fois à dominer l'épouvantail tchèque pour rejoindre en finale les Pays-Bas, la Suède, le Portugal ou l'Angleterre et entrer enfin au panthéon des finalistes malheureux ? Trois finales, trois défaites. Cette fois, une nouvelle boucle serait bouclée. Ou alors les bleus réussiront l'exploit d'être les premiers Européens à conserver leur titre et rejoindront les Allemands, trois fois vainqueurs de l'épreuve en 72, 80 et 96. Et il manquera toujours à leur palmarès une finale perdue.