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Thomas 1989, it's up for grabs !

Un jour, un but – Il y a 25 ans jour pour jour, le 26 mai 1989 à Anfield, Michael Thomas inscrit le but décisif le plus tardif de l'histoire du foot anglais. Il donne le titre à Arsenal et bouleverse bien des choses outre-Manche. 

Auteur : Richard Coudrais le 26 Mai 2014

 

 
C'est l'histoire d'un but que plus personne n'attendait, surgit dans les dernières secondes du dernier match d'un des derniers championnats d'une époque révolue. Un but dont il n'est pas exagéré de dire qu'il a bousculé l'histoire. Celle des équipes en présence, mais aussi celle du championnat anglais tout entier.

 

 


Climat émotionnel

La rencontre Liverpool-Arsenal aurait dû se jouer le 23 avril 1989 dans le cadre de la 34e journée de la First Division. Mais huit jours avant cette date, l'Angleterre est frappée par le drame de Hillsborough, au cours duquel 96 personnes trouvent la mort juste avant une demi-finale de FA Cup opposant Liverpool à Notthingham. La rencontre est donc reportée, mais aucune date n'est disponible avant la finale de la Cup. Cette finale de Cup est jouée le 20 mai, et Liverpool la remporte contre son voisin d'Everton (3-2) dans un climat émotionnel très fort. Le championnat a pris fin un peu plus tôt, à l'exception de ce Liverpool-Arsenal qu'on parvient à caser le vendredi suivant.
 

Or, ce match est d'une importance capitale: Il doit attribuer le titre à l'une ou l'autre équipe. À domicile et pouvant se contenter d'une défaite par un but d'écart, Liverpool est assez largement favori. Pour que les Reds perdent le titre promis, il faudrait que les Gunners de George Graham s'imposent au moins 2-0, une tâche insurmontable: Cela fait plus de vingt ans que Liverpool n’a pas concédé de défaite par plus d'un but sur son terrain. En outre, les hommes de Kenny Dalglish sont dans une dynamique euphorique en dépit du deuil qui frappe la ville, et poursuivent une série de vingt-quatre matches sans défaites, toutes épreuves confondues.


Arsenal, au contraire, se bat contre des vents contraires. Le club londonien a longtemps occupé le fauteuil de leader, comptant jusqu’à dix-neuf points d’avance sur ses poursuivants. Mais une accumulation de contre-performances, de défaites stupides et de suspensions qui ne l’étaient pas moins ont fait fondre ce capital dès l’arrivée des beaux jours.
 


Alan Smith par hasard

À Anfield, le match en retard démarre en retard en raison des problèmes de circulation qui ont empêché les fans d'Arsenal d'arriver à l'heure. La rencontre est conforme à ce que l’on attend. Les locaux maîtrisent et se créent quelques timides occasions. On ne parlera pas de domination écrasante, mais d’un contrôle de la situation par des Reds qui en sont à leur huitième match en moins de trois semaines...
 

Dans leur maillot JVC jaune à manches noires Les Gunners semblent résignés, d'autant que leur entraîneur a curieusement opté pour un 4-5-1 qui limite leurs possibilités offensives. En début de seconde période pourtant, c’est bien Arsenal qui ouvre le score. Sur un coup franc de Winterburn botté dans le paquet, Alan Smith démarqué trompe Bruce Grobelaar d'un coup de tête. C'est le 22e but de l'attaquant d'Arsenal, qui fait de lui le meilleur buteur de la First Division. Curieusement, ce but ne ressemble à rien d’autre qu’à un accident. Le match se poursuit comme si le score n'avait pas changé. Liverpool étouffe les rares velléités londoniennes et tente quelques attaques sans prendre de risques. Ainsi se poursuit la rencontre jusqu’à la 90e minute.
 

Le match est télévisé sur la chaîne ITV qui a mis fin au monopole de la BBC sur le championnat anglais. Avec ce Liverpool-Arsenal, suivi par plus de huit millions de téléspectateurs, elle obtient l'une des plus fortes audiences de l'histoire de la télé britannique. La rencontre a lieu un vendredi soir, un horaire inhabituel qui renforce son aspect irréel. Le match est commenté par Brian Moore et le consultant David Pleat.
 


Fièvre du vendredi soir

La 90e minute est dépassée. Une blessure de Kevin Richardson a obligé l'arbitre David Hutchinson à en ajouter trois de temps additionnel. John Barnes s'infiltre sur l'aile droite et tente une action individuelle. Mais il est intercepté par Richardson. Le Gunner passe à son gardien John Lukic qui relance aussitôt sur Lee Dixon. Le défenseur d'Arsenal envoie loin devant vers Alan Smith. D'une touche de balle, l'attaquant d'Arsenal transmet dans la course de Michael Thomas. Le numéro 4, sans vraiment le faire exprès, efface Steve Nicol et se retrouve dans la surface sans opposition. Arrivé au point de penalty, il voit Grobelaar esquisser un plongeon à gauche. Et alors que Bruce Moore, le commentateur, s'écrie "It's up for grabs now!", Thomas envoie le ballon sur la droite de Grobelaar.


C’est l’instant de cette scène hilarante du film Fever Pitch de David Evans, sorti huit ans plus tard et adapté du roman de Nick Hornby, qui montre deux supporters d'Arsenal se roulant sur leur canapé en poussant un hurlement libérateur. Ils n'en pouvaient plus d’attendre, et au moment où ils ne l'attendaient plus, vivent l'instant le plus fou de leur vie. Il reste encore vingt-cinq secondes à jouer. Les Rouges tentent d'égaliser, mais perdent le ballon, et c'est encore Michael Thomas qui éteint l'incendie d'une passe assurée à son gardien. C'est fini.

 


 

C’est la stupeur dans les tribunes d’Anfield. Arsenal, sans y croire lui-même, a réalisé le hold-up du siècle. Il attendait ce titre depuis dix-sept ans. Les joueurs de Liverpool sont abattus. Kenny Dalglish fait la tête. Le public d'Anfield gémit un peu, puis décide d'applaudir le nouveau champion. Il ne blâmera pas ses joueurs. Les événements récents ont donné le sens de la relativité aux gens de Liverpool.
 


Le football ressuscité

Cette fin de match, ce "climax invraisemblable", pour reprendre l'expression de Bruce Moore, est classé désormais parmi les Greatest TV Moments de l'histoire. La télévision britannique a d'ailleurs pu prendre la mesure, ce soir-là, de l'audience de ces matches décisifs disputés à des horaires inhabituels. Une réflexion prend forme pour revoir la mise en scène des diffusions de rencontres de championnat à la télévision. Et qui aboutira au traitement actuel de ce qui devient la Premier League en 1993.
 

Pour le journaliste Jason Cowley, cette soirée reste la nuit où le foot anglais a retrouvé la lumière. Dans son article "The night football was reborn", paru vingt ans plus tard, le journaliste du Guardian explique qu'après le drame du Heysel, puis celui d'Hillsborough, ce but miraculeux de Michael Thomas était comme une page qui se tournait vers un avenir plus lumineux.
 

Tony Adams reçoit le trophée sous les applaudissements du public d'Anfield. Aussitôt interviewé par le collant reporter Jim Rosenthal, le capitaine d'Arsenal ne peut même pas être aux cotés de ses partenaires pour la traditionnelle photo des vainqueurs. Ultime ironie de l'histoire, le héros Michael Thomas quittera Arsenal un an et demi après le but qui fit sa gloire. Et rejoindra… Liverpool, où il jouera jusqu’en 1998.

 

Réactions

  • Ba Zenga le 26/05/2014 à 09h47
    Bien belle histoire que j'ignorais complètement. Merci Richard, ton texte est plein de suspense et de références chouettes.

  • Toto le Zéro le 26/05/2014 à 10h42
    C'était quand même bien pratique, la passe en retrait au gardien...

  • Tonton Danijel le 26/05/2014 à 11h39
    Pareil, je ne connaissais pas ce dénouement, merci Richard.

    Heureusement que Gérard Houiller n'était pas encore le coach des Reds, il aurait été capable de dire que John Barnes avait commis un crime contre l'équipe...

  • Sens de la dérision le 26/05/2014 à 15h52
    Marrant de revoir ces "vieilles" images avec l'envie de dire au défenseur "non, ne redonne pas au gardien, comment il va se dépêtrer avec le ballon ?" et de voir, les yeux grands ouverts, le gardien prendre la balle à la main.

  • José-Mickaël le 26/05/2014 à 19h59
    Pareil : en voyant Barnes, j'ai aussitôt pensé à Ginola. Surtout qu'il y avait un coéquipier juste à sa droite, tout seul.

  • Milan de solitude le 26/05/2014 à 21h14
    Ah ! j'adore la "célébration" du buteur !
    Le revers de la médaille, c'est que c'est à cause de ce genre de retournements de situation magnifiques que nous voyons désormais des joueurs aller au point de corner dans les sept ou huit dernières minutes de chaque match pour conserver la balle et, s'ils doivent la perdre, ne pas permettre une contre-attaque fulgurante.

  • Milan de solitude le 26/05/2014 à 21h26
    Ah ! j'adore la "célébration" du buteur !
    Le revers de la médaille, c'est que c'est à cause de ce genre de retournements de situation magnifiques que nous voyons désormais des joueurs aller au point de corner dans les sept ou huit dernières minutes de chaque match pour conserver la balle et, s'ils doivent la perdre, ne pas permettre une contre-attaque fulgurante.

  • khwezi le 28/05/2014 à 15h59
    Moi je ne te remercie pas (parce que bon, je suis du coté des perdants) mais je te félicite quand même pour cet excellent article !

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