Toldo 2000, un Euro pour la vie
[rétro Euro 2000 • 2/5] L’Euro 2000 révèle un gardien méconnu, titulaire de dernière minute dans les cages italiennes. Francesco Toldo deviendra un héros à l’italienne.
Francesco Toldo à l’Euro 2000, c’est le genre d’histoires à la fois belles et dramatiques comme l’Italie sait les offrir, qui commence un peu comme un Toto Schillaci au Mondiale 1990 et se termine cruellement à la manière d’un Roberto Baggio à la World Cup 1994.
C’est aussi le genre de belles surprises comme l’Euro sait les conter. Antonio Conte, justement, écrit la première ligne heureuse de ce récit. De ce retourné acrobatique quoique pas académique, il ouvre le score pour la Nazionale lors de son entrée dans la compétition, face à la Turquie.
Un visage inattendu
Toldo, qui sort d’une excellente saison sous le maillot de la Fiorentina, a été catapulté titulaire dans les cages par la blessure à la main de Gianluigi Buffon. Las, il apprécie mal la trajectoire du coup franc sur lequel Okan Buruk surgit pour égaliser dix minutes plus tard.
Filippo Inzaghi se chargera néanmoins de glaner et de transformer le penalty vainqueur à la 70e, et l’Italie signe deux autres victoires en poules, contre la Belgique (2-0) et la Suède (2-1), montrant un visage inattendu. À l’image de son portier: aussi solide et sérieux qu’en réussite.
Sauvé deux fois par son poteau face aux Diables rouges, sur les tirs de Bart Goor et Lorenzo Staelens, le natif de Padoue se couche impeccablement sur un coup franc de Luc Nilis. Il préserve ainsi l’avantage acquis par cette belle tête de Francesco Totti, avant que Stefano Fiore ne close les débats sur un bonbon de combinaison.
Rebelote dans le dernier match: encore aidé sur sa ligne par son coéquipier Angelo Di Livio et vainqueur de ses face-à-face avec Magnus Svensson et Patrik Andersson, Francesco sera seulement pris à défaut par un subtil crochet d’Henrik Larsson.
En quart de finale se présente la Roumanie du légendaire Gheorghe Hagi, qui joue alors ses ultimes notes en sélection. Sur un ballon en profondeur d'Adrian Mutu, le Maradona des Carpates devance la sortie très aventureuse de Toldo qui est sauvé… par son poteau, encore une fois.
Sous l'étoile d'Amsterdam
On dit que la chance sourit souvent aux grands gardiens, elle semble marcher avec ce goal qui n’aurait même pas dû jouer. L’Italie assure un nouveau succès, assez tranquille après l’expulsion de Hagi, qui blesse Conte sur une vilaine semelle et subit un deuxième jaune sur une simulation grotesque.
Vient alors cette fameuse demi-finale d’Amsterdam face aux Pays-Bas, déterminés à remporter cet Euro des plats pays. Ce match fou, unique, va voir la sélection de Frank Rijkaard buter inlassablement, et invraisemblablement, sur une Nazionale réduite à dix après l’expulsion de Gianluca Zambrotta.
L’Italie souffre mille maux, s’en remet à une défense dure et héroïque. Et Toldo va délivrer le match signature de son Euro, celui de toute une carrière. Le poteau l’a déjà sauvé une fois face à Dennis Bergkamp, quand il s’interpose face à Frank de Boer pour détourner le premier penalty du jour.
Toldo avait étudié la tentative précédente du capitaine batave face à la République tchèque et remporte ce duel mental en plongeant du côté opposé. Sûr de lui dans ses sorties, survolté dans ses interventions, il est dans le meilleur jour de sa vie.
Avec ce deuxième penalty de Patrick Kluivert détourné par le poteau, il est imbattable en ce 29 juin 2000 et il va achever de dégoûter, sortant deux tirs au but, dont un… de Frank de Boer, et un autre de Paul Bosvelt qu’il repousse d’un joli plongeon sur sa droite. Difficile de faire plus décisif.
L'éternité dure une seconde
En finale face à la France, il est impeccable sur tous les ballons aériens, intraitable côté fermé face à Thierry Henry et Sylvain Wiltord, calme sur la frappe écrasée de Youri Djorkaeff. Il semble imbattable, jusqu’à cette toute dernière minute du temps additionnel.
Quand la remise de la tête de David Trezeguet revient sur Wiltord, Toldo est sur la trajectoire du tir du Bordelais, mais il descend sur ses appuis pour arrêter le ballon de sa main gauche. Trop tard. “J’ai compris avant tout le monde. Les gardiens ont un sixième sens. Comme dans un rêve, une action d’un instant peut devenir une éternité."
Il continue à se battre, sans illusions. "Après le but de Wiltord, j’ai su que c’était la fin", confiera-t-il au Monde. Trezeguet lui inflige un coup dans le nez consécutif à une frappe de Robert Pires relâchée, puis le but en or qui met fin au tournoi et à un parcours individuel exceptionnel.
Mais pour Toldo, l’Italie a accompli des “miracles” dans ce tournoi dont il dit, dans Le Parisien en 2016, qu'il reste un de ses meilleurs souvenirs. "On est quand même repartis avec une médaille d'argent. Au début de la compétition, pas grand monde ne nous imaginait en finale. Ce n'était pas la fin du monde de s'incliner face au favori."
Comme Schillaci dix ans plus tôt, Toldo n’échangerait probablement pour rien au monde ces quelques semaines qui le définiront pour toujours aux yeux des amoureux du ballon rond. Il s’y sera montré digne de la tradition des gardiens transalpins, forts et solides sur leur ligne. Imbattables, ou presque.
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