Transferts à repasser
Arrangements forcés avec un marché bloqué
Cette année, l'incertain marché des transferts a provoqué quelques désillusions, aussi bien chez les joueurs que chez les dirigeants. Chacun s'était auparavant habitué à disposer des contrats comme bon lui semblait, et pouvait se permettre d'annoncer les départs avant l'heure. Les dégraissages prévus cet été dans quelques clubs français ne se sont pourtant pas passés comme prévu, et quelques surplus embarrassants encombrants les effectifs. Au pire, cela donne ces joueurs mis à l'écart comme des lépreux (voir L'Equipe, 10/08), au mieux, joueurs et dirigeants doivent composer et ravaler des déclarations qui avaient valeur de rupture définitive. Le meilleur exemple de ces compromis serait évidemment l'OM, pas mécontent de pouvoir compter sur un Bakayoko récemment excommunié, mais on voit aussi Jean-Michel Aulas obligé de préparer le retour en grâce de Dhorasoo et Vairelles, quand ces deux-là s'étaient considérablement grillés avec l'OL. Bak lui-même a enfilé de nouveau le maillot lyonnais. Scénario similaire pour celui qui devait réaliser le transfert de l'année : Eric Carrière fait contre son gré le meilleur choix sportif pour lui et son club : il reste à Nantes…
Réforme ou statu quo déguisé ?
Si l'on veut croire que l'imminente réforme des transferts contribuera au renforcement des engagements contractuels, ces signes pourraient être avant-coureurs d'une nouvelle donne, selon laquelle les joueurs ne seront plus traités (et ne se traiteront eux mêmes plus) comme de simples marchandises. Mais il faut être un peu optimiste pour croire cela…
…Car le nouveau système se précise, mais ses grands vides ne sont toujours pas comblés. Quid du calcul des montants de transferts en cas de rupture bilatérale du contrat, qui devaient être fixés selon un barème précis? S'il passe aux oubliettes, comme cela semble plus que probable compte tenu du silence observé depuis quelques mois à ce sujet et de ce qui a filtré du texte définitif, il faudra admettre que les 500 millions de Zidane sont un record destiné à être battu. L'inflation sera peut-être ralentie ou stoppée, mais l'irrationnel continuera de régner dans les mêmes proportions qu'avant. En d'autres termes, c'est à une belle escroquerie que nous aurons assisté, puisque la "réforme des transferts" n'aura pas réglé le principal problème posé par l'ancien système, mais se sera contenté d'une vague mise en conformité avec des règlements européens qui s'arrangent eux-mêmes très bien des pires dérives libérales. Qu'importe si la "libre concurrence" ne concernera entre eux que les clubs les plus boursouflés (ou boursifiés), ceux-là même qui tiennent à gérer les dizaines de millions d'euros de cette lucrative foire aux bestiaux.