Un battement d'Özil
L'Allemagne emporte un match indécis sur une erreur française et un éclair de son maître à jouer: reste à en retenir les leçons pour la suite.
Plutôt en réussite face aux équipes prestigieuses à ce moment de l'année (victoires à Brême l'an passé, face au Brésil en 2011), l'équipe de France était surtout attendue pour confirmer ses deux derniers résultats en Espagne et en Italie, avant de retrouver la Roja le mois prochain. L'attente a été déçue: avec trois buts inscrits plus ou moins contre le cours du jeu, ce match ouvert aurait pu produire un autre score final, mais c'est bien l'Allemagne qui a su faire la différence.
L'équipe de France a pris le dessus et s'est procuré ses meilleures occasions au cours des deuxièmes quarts d'heure de chaque mi-temps sans parvenir à marquer, pour se faire punir à la 74e minute. C'était d'autant plus embêtant que jusqu'alors, les Bleus avaient été dangereux surtout en contre, parvenant sur des initiatives individuelles à inquiéter une défense allemande fragile, mais pas à reprendre durablement l'avantage dans l'entrejeu.
Si les prestations de Ribéry et Valbuena constituent des points positifs, de même que la tenue de la charnière centrale, cette défaite tout à fait digne n'a pas permis de consolider la progression de la fin 2012. Au moins peut-elle dégager des enseignements qu'il sera utile d'exploiter avant des deux rendez-vous qualificatifs de fin mars.
Löwlilöwl : la tactique à l’allemande
[Nalyse par les Dé-Managers]
“Frustrant” : ce sera sûrement le maitre mot de la soirée. Un score frustrant, tant la France méritait mieux qu’une banale défaite. Mais au-delà du score: un match frustrant sur le plan tactique, tant la France aurait pu (dû?) mieux profiter des opportunités offertes par les errances allemandes.
Qu’on prenne pour exemple cet étrange passage à vide de nos amis outre-rhénans, lorsque Löw remplaça Gomez par Kroos à la 57e. Jusqu’à l’entrée de Schürrle (68e), Özil se sera retrouvé esseulé en pointe, avec les conséquences qu’entraînent son absence au milieu de terrain: incapacité de l’Allemagne à remonter proprement le ballon, et par corollaire récupération haute donc pluie d’occasions françaises (Benzema 60e, Valbuena 64e, Ribéry 68e). Tout cela pour encaisser un but de renard signé Khedira, dont la prise de profondeur et l’énorme volume de jeu auront martyrisé une équipe de France incapable de profiter de son positionnement très offensif.
Löw qui dort
Ce second but a d’ailleurs souligné les qualités d’Özil l’übermensch, plus que jamais seigneur des terres du milieu. Son absence de onze minutes aura littéralement coulé le milieu allemand. Logiquement, son retour aura permis à son équipe de retrouver la maîtrise du ballon, bien aidé par ses compères techniciens (mention spéciale à Ilkay Goldorak).
C’est d’ailleurs cette technicité de haut vol qui permet à l’Allemagne de survoler le milieu – faute de survoler le match. Gündogan trop léger défensivement et Khedira jouant particulièrement haut avec le succès que l’on connaît, Özil aura dû assumer de grandes responsabilités dans le maintien de la possession de balle. Un signe de grand pouvoir, assurément. En phase défensive, ce milieu avait malgré tout la vertu d’un pressing serré, mené par ce trident aux accents espagnols, laissant Valbuena isolé de ses partenaires. On notera d’ailleurs l’étrange positionnement de Sissoko dans un rôle d’ailier qui lui convient mal, et dans lequel on aurait plutôt vu le Vélo, et inversement.
Deschamp échaudé craint Löw froide
Face à un Özil en si grande forme, que pouvait bien faire la France? C’est là que réside toute la frustration, tant l’Allemagne était prenable tactiquement. On regrettera plus particulièrement l’incapacité des Français à profiter des espaces offerts par l’adversaire dans le replacement défensif.
Car les onze minutes sus-décrites ne sont rien en comparaison des récurrentes montées des latéraux, en particulier d’Höwedes. Aussi téméraire que Lahm, mais bien moins rigoureux défensivement, le latéral gauche aura ouvert son couloir aux offensives bleues... qui n’en auront pas vraiment profité, et pour cause: Sagna trop occupé à couvrir Popol au ski, et Sissoko trop absorbé par l’axe et les triangulations Hummels-Höwedes-Gündogan (le premier couvrant les montées du second).
Sortir la tête de Löw
C’est dans ces moments-là que l’on regrette de ne pas avoir vu Valbuena ou Ménez investir le couloir droit plus longuement. C’est un enseignement connu depuis quelques temps maintenant, mais on se demande pourquoi Deschamps tarde à le mettre en vigueur: la France dispose d’un excellent côté droit, mais ne sait pas véritablement l’exploiter, le placement Sissoko-Valbuena n’en est qu'un énième témoin.
Que la France penche à gauche n’est pas une mauvaise chose en soi: Évra et Ribéry l’ont largement montré sur ce match. Mais que cela se fasse au détriment de son homologue de droite, surtout quand ce flanc de l’Allemagne la joue portes ouvertes: il y a de quoi sortir frustré. Satisfait, mais frustré.
Vu du forum
=>> Cyril Gignac - 20h56
Je viens de remarquer que quand les hymnes débutent, on a toujours droit à un "En commençant bien sûr par..." de la part de ce bon CJP...
=>> Benoit Fleck - 20h58
Battiston, Ribéry il croit que c'est une marque de survêtement.
=>> newuser - 21h10
Tiens, remarque à la con, je me demande si Lahm chanterait moins bien la Marseillaise que Laam.
=>> I want my Mionnet back -21h16
Jeu TF1 : la ola ou les sifflets, à quel ridicule le stade de France succombera en premier?
=>> newuser - 21h21
On retrouve notre Patrice Évra qu'on aime. Sourcils froncés, lobé sur des passes de ses coéquipiers, passes dans le dos du coéquipier pour lancer la contre-attaque allemande, défense en mousse...
=>> Kireg - 21h55
C'était donc l'instant "Twin Peaks" de l'équipe de France: une personne de petite taille surgit de nulle part pour marquer (un but ou les mémoires).
=>> Christ en Gourcuff - 21h58
Oh oui François! "J'apprécie la Chancelière, elle supporte l'équipe d'Allemagne, il faut s'en méfier... enfin pas de la Chancelière hein!"
=>> Troglodyt - 22h20
Nous ne nous méfions guère de Müller.
=>> Tricky - 23h17
Ça va bientôt faire sept ans que le futur meilleur attaquant du monde n'est pas tout à fait encore le meilleur attaquant du monde. Je trouve cette patience particulièrement injuste pour la mémoire de Stéphane Guivarc'h.
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