Une finale pour en finir
Ultime épisode d'une lourdissime Ligue des champions, la finale de St-Denis a donc conclu sans éclat une saison européenne interminable et avec un vainqueur "exemplaire". Mais où est passée la passion?
Auteur : Jamel Attal
le 30 Mai 2000
La Ligue des champions a donc désigné son vainqueur, et ce couronnement sonne comme un aveu: c'est le Real Madrid qui remporte le jackpot européen. Le Real et son déficit abyssal. Le Real et sa politique sportive aberrante, ses transferts vertigineux et ses psychodrames à répétition. Le Real de son président Lorenzo Sanz, président aussi du G14 et promoteur d'une ligue européenne à laquelle son club serait abonné… L'UEFA ne doit pas voir partir le cœur léger son trophée majeur dans cette vitrine-là, à moins qu'elle n'espère ainsi ramener le dirigeant madrilène à plus de raison: "vous voyez qu'elle est facile à gagner notre Ligue des pas toujours champions".
Conclusion exemplaire d'un marathon qui aura eu besoin d'une centaine de rencontres pour accoucher d'une finale sans grand intérêt autre qu'hispano-espagnol, ce titre consacre le football industriel des "grands clubs" dont les effectifs permettent de survivre à cette sélection par l'épuisement, même s'ils ont plus de mal à gérer leurs championnats avec des vedettes qui ne se livrent vraiment que dans les soirées de gala.
Cette Ligue nous aura fait l'aumône de quelques beaux matches en quarts et demis, soit bien peu en regard de l'oubli dans lequel vont retomber les innombrables rencontres de poules… Peut-être se souviendra-t-on que le Real et le Bayern se sont affrontés quatre fois cette saison dans cet étrange championnat?
Il reste quelque espoir que l'UEFA revienne un jour sur cette formule hypertrophiée de la C1, incapable de renouer avec la légende des soirées européennes. On remporte aujourd'hui la Ligue des champions comme on gagne le concours de l'Eurovision: après avoir marqué beaucoup de points et endormi des millions de spectateurs.