United-Barca 1991, la marque Hughes
Barcelone et Manchester United se sont souvent croisés en coupe d’Europe. Notamment le 15 mai 1991 à Rotterdam, pour une finale de Coupe des vainqueurs de coupes dont un joueur, Mark Hughes, avait fait une affaire personnelle.
Il n'est jamais bon de fâcher Mark Hughes, et le FC Barcelone, un jour, l'a appris à ses dépens. Alors qu’il l’avait viré sans ménagement trois ans plus tôt, le club catalan l'a vu prendre une savoureuse revanche le 15 mai 1991 en brandissant sous son nez la coupe d'Europe des vainqueurs de coupes. L'attaquant de Manchester United s'est chargé lui-même de régler la note et inscrire les deux buts de la défaite de son ancien club.
Le retour des clubs anglais
La saison avait débuté par un événement particulier: cinq ans après le drame du Heysel, l'Union européenne de football avait autorisé les clubs anglais à réintégrer les épreuves continentales. Pour d'obscures raisons, Liverpool, champion national, n'avait pu être présent en C1. Mais Aston Villa a pu prendre part à la Coupe UEFA (et sera éliminé au deuxième tour par l'Inter Milan) et Manchester United, tenant de la FA Cup, s’aligner sur la grille de départ de la Coupe des coupes.
L'équipe d'Alex Ferguson va se frayer un chemin jusqu'à la finale, en éliminant tout à tour les Hongrois de Pecz, les Gallois de Wrexham, les Français de Montpellier et les Polonais du Legia Varsovie. La finale, à Rotterdam, l'oppose au FC Barcelone de Johan Cruyff, fraîchement sacré champion d'Espagne et qui devient peu à peu la nouvelle référence européenne en termes de jeu offensif.
L'équipe catalane est largement favorite, même si elle se rend à Rotterdam sans trois de ses joueurs cadres: Guillermo Amor et le gardien Andoni Zubizarreta, tous deux suspendus, et l’attaquant bulgare Hristo Stoichkov, blessé.
En travers de la gorge
En 1986, Mark Hughes avait quitté Manchester United pour Barcelone où Terry Venables l’avait associé en attaque à Gary Lineker. Peu convaincant durant la première saison, le Gallois avait été prêté au Bayern Munich durant la deuxième, puis finalement revendu à Manchester United dès la fin de l’exercice. Un traitement que le Gallois a gardé en travers de la gorge et dont il s’est souvenu trois ans plus tard.
Très attendue, la finale est un peu décevante. Le Barça, censé faire le jeu, est émoussé. Son titre de champion et les trois absences ont sans doute provoqué un relâchement dans les esprits. De son côté, l'équipe de United récite à merveille son rôle de challenger. Car ce United-là se distingue surtout par son habileté à faire déjouer ses adversaires.
Deux buts en sept minutes
Ce n'est que dans les vingt dernières minutes que la rencontre se débloque. Bryan Robson, le capitaine de United tout juste remis d'une hernie, envoie un coup franc dans la surface catalane. Steve Bruce est plus prompt qu'Alexanco pour reprendre de la tête. Le ballon échappe au jeune gardien Carles Busquets, mais pas à Mark Hughes qui se précipite pour le pousser dans la cage. Sept minutes plus tard, le même Hughes échappe au marquage de la défense, part à la limite du hors-jeu et se retrouve devant le gardien sorti de sa surface. Une feinte, un crochet, une frappe tendue et cela fait 2-0.
Le Barça se réveillera un peu tard. Il réduira l'écart avec un coup franc de Ronald Koeman, en se disant peut-être que cette arme sera décisive un jour. Mais il ne reviendra pas à la hauteur de United malgré une ultime occasion de Michael Laudrup en toute fin de match, sauvée sur sa ligne par Clayton Blackmore. Entre temps, l'arbitre M.Karlsson a expulsé l'espagnol Nando. Curieusement, c'est depuis le début du parcours européen de United le quatrième joueur chargé du marquage de Mark Hughes à recevoir un carton rouge. Quand on vous dit qu’il n'est jamais bon de se frotter à lui...