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Yougoslavie 1998, un rêve d'équipe

Uchronie – Imaginons que la Yougoslavie n'ait pas implosé, et qu'elle se soit présentée unie à la Coupe du monde 1998. Imaginons l'épopée des Boksic, Suker, Mijatovic, Stanic ou Mihajlovic...

Auteur : Jean-Marie Blanchard le 30 Juil 2013

 


Juin 1991. La Yougoslavie est sous l'emprise de forces centrifuges qui mettent en péril son existence. Seule l'intervention de l'ONU empêche de justesse une guerre civile. Au terme de deux ans d'une crise majeure, l'état fédéral perdure, reposant sur un équilibre précaire garanti par la communauté internationale.
 

La politique n'est pas sans répercussion sur le destin des Plavi – joueurs de l'équipe yougoslave de football. Celle-ci doit déclarer forfait pour l'Euro 92, puis la World Cup 94, et finit par se recomposer juste à temps pour participer à l'Euro 96. Les Yougoslaves survolent les éliminatoires, passent brillamment le premier tour, mais chutent 2-0 devant l'Allemagne en quarts de finale. Le match est aussi houleux qu'indécis, et ne se décante qu'après une expulsion contestable de Mihajlovic.
 

 



 


Faux-pas face à l'Angleterre

Les Plavi se qualifient aisément pour le Mondial 98. À trois semaines de l'épreuve, le sélectionneur Boskov annonce une liste de sélectionnés qui exhale des relents d'équilibre interethnique. L'absence de Vlaovic et Prosinecki interpelle les observateurs. À leur place sont convoqués Zahovic et Salihamidzic, respectivement slovène et bosniaque. L'opinion publique croate est consternée. Une manifestation se tient à Zagreb le lendemain. Infiltrée par des éléments nationalistes, elle dégénère en émeute. Trois cadavres jonchent le Donji Grad (centre-ville) lorsque le calme revient.
 

Le premier match du Mondial face aux Anglais s'annonce difficile. Le Mistral s'engouffre dans les travées du Stade Vélodrome, au même titre que les appels d'Owen dans le dos de la défense bleue. Le Liverpuldien inscrit d'ailleurs le seul but de la partie. Quelques minutes plus tard, une rixe éclate dans le vestiaire, impliquant Mihajlovic le Serbe et Boban le Croate. La presse se déchaîne. Vecernji List, le principal quotidien croate, accuse Boskov d'incompétence et de favoritisme pro-serbe. De son côté, le nationaliste serbe Milosevic publie une tribune rageuse dans le journal belgradois Novosti, dans laquelle il accuse les joueurs croates de saper l'unité fragile qui règne au sein de l'équipe.
 

La rencontre suivante face au Mexique est d'autant plus délicate que Mihajlovic et Boban, ont été écartés pour motifs disciplinaires. Une grande fébrilité paralyse les Plavi dès le coup d'envoi. Au terme du premier quart d'heure, Blanco effectue un inédit coup du crapaud, puis sert Pelaez qui trompe un Ladic médusé. Réfractaire aux innovations, Jugovic se fait expulser pour avoir contesté la validité du but. Les Plavi redressent toutefois la barre en deuxième mi-temps, grâce à deux buts de Jarni puis de Boksic à l'ultime seconde. "Ouf!" titreront simultanément plusieurs journaux yougoslaves le lendemain. Cette victoire inespérée plonge le pays dans une euphorie telle que les nationalistes préfèrent rester discrets.
 


L'Allemagne ne résiste pas

L'équipe saoudienne, le troisième adversaire, n'est guère que la doublure claudicante de celle qui virevoltait en 1994. Boskov s'autorise donc à titulariser Kralj dans les bois, décision qui apaise la presse belgradoise. Il donne également leur chance au croate Simic et au bosniaque Salihamidzic. Officiellement, il s'agit de préserver des joueurs-clefs en prévision d'une adversité supérieure. En réalité, le sélectionneur préserve surtout la concorde au sein de la fédération. Le match n'est qu'une aimable promenade pour les Plavi, qui l'emportent 4-0 grâce à Suker, Mijatovic, Stanic et Mihajlovic.
 

Au tour suivant, les Yougoslaves disposent facilement des Chiliens. Rapidement menés au score grâce à Suker, les coéquipiers de Salas oublient les précautions défensives les plus élémentaires en fin de match, permettant à Mirkovic, puis Boban, de corser l'addition. Les Plavi l'emportent et défient l'Allemagne pour une "revanche saignante" – dixit le belliqueux Mihajlovic.
 

La Mannschaft frappe pourtant la première, par Bierhoff, qui ouvre le score sur un corner. La suite des débats est équilibrée, et Suker égalise à la 40e minute. Les Allemands s'épuisent progressivement en deuxième période, si bien que Milosevic trouve l'ouverture à dix minutes de la fin. Il récidive dans les arrêts de jeu, après s'être débarrassé d'un Kohler aussi vif qu'un diplodocus. Le coup de sifflet final provoque une explosion de joie dans le pays. Pour la première fois de l'épreuve, on assiste à des scènes de jubilation interethnique dans les rues.
 


Suker mystifie Desailly

Se profile alors la demi-finale face aux Français. Au matin du match, Novosti titre "Ensemble, nous le ferons!" Les journaux croates insistent sur l'excellente prestation de Suker, Ladic, Boban et Jarni, saluant au passage la grande solidarité qui règne dans l'effectif. La classe politique ne reste pas insensible au joli parcours des Plavi. Un nouveau parti fédéraliste voit le jour, dénommé "Tous Unis", auquel adhèrent Soldo, Nadj, Mirkovic et Stanic.
 

Le match face aux Bleus est particulièrement fermé. À la mi-temps, malgré un 0-0 encourageant, Boskov fulmine au micro de la télévision yougoslave. "Si ça continue, on va rentrer à la maison", éructe-t-il, avant d'ajouter que Stanic doit "muscler son jeu". Les joueurs rectifient le tir en deuxième période. Leur domination se concrétise à la 82e minute, lorsque Suker s'infiltre dans la défense française. Desailly réagit avec un millénaire de retard, et le Sévillan marque du pointu. Six minutes plus tard, Mijatovic trompe à nouveau Barthez d'un lob subtil qui congédie l'espérance de tout un peuple.
 

Pourtant, les Yougoslaves ne pavoisent pas. Suker est fiévreux la veille de la finale. En songe, il se remémore le succès des siens à la Coupe du monde Juniors onze ans plus tôt. Déjà râleur, mais pas encore barbu, Prosinecki avait été désigné meilleur joueur du tournoi. Suker se rétablit au matin du match, provoquant un soulagement massif au pays. Le patriarche Pavle y voit un signe divin et affirme que la victoire ne peut échapper aux Plavi. À Zagreb, Sarajevo et Ljubljana, les drapeaux nationaux, jusque lors discrets, sont hissés au fronton des bâtiments publics. Les différents leaders indépendantistes se taisent semble-t-il définitivement.
 


Scènes de fraternité

Face au Brésil, les Bleus disputent le match le plus important de toute l'histoire du football yougoslave – et même un des événements les plus importants de l'histoire nationale tout court. L'émotion est palpable durant les hymnes. Boban et Mihajlovic s'empoignent par le bras et pleurent de concert. Au terme du premier quart d'heure, Suker hérite du ballon aux vingt mètres et place un tir croisé qui trompe Taffarel. Juste avant la mi-temps, Mijatovic part en contre-attaque et se fait faucher par Aldair à l'entrée des seize mètres. L'arbitre ordonne un penalty. Les Auriverde s'agglutinent autour de M. Belqola pour contester la vertu de sa mère. Imperturbable, Suker se saisit du ballon et double la mise.
 

Le début de la deuxième période est laborieux pour les Plavi. À la 58e minute, Rivaldo réduit l'écart. Par la suite, les occasions de but se succèdent, mais les Brésiliens font preuve de maladresse. À trois minutes de la fin, Edmundo semble égaliser, mais il tire sur le poteau. Mirkovic récupère le ballon et lance Mijatovic. Le Madrilène slalome entre Aldair et Junior Baiano, statiques comme des plots de signalisation, puis glisse le ballon entre les jambes de Taffarel. Les Yougoslaves sont champions du monde.
 

La liesse s'empare des grandes villes de la Fédération. À Sarajevo, on assiste à des scènes de fraternité interethniques impensables cinq ans auparavant. Le climax des réjouissances est atteint lorsque Jacques Chirac remet le trophée à Boban et Mihajlovic, qui le brandissent ensemble. Puis, les joueurs redescendent sur le terrain et posent avec le trophée devant la banderole "Unis à jamais". Les joueurs regagnent le pays dès le lendemain, puis se livrent à une tournée triomphale. Stanic le Bosno-croate et Mirkovic le Serbe exploitent la ferveur généralisée pour promouvoir leur parti politique. "Tous Unis" est d'ailleurs le grand favori des prochaines élections législatives.

 

Réactions

  • Gouffran direct le 30/07/2013 à 02h36
    Je me suis aussi souvent posé la question.
    Quelle belle équipe cela aura fait...
    Bravo, c'est bien fait et en plus l'uchronie sied si bien au foot.

  • leo le 30/07/2013 à 04h54
    Article amusant sur une bien belle équipe imaginaire. Et je ne savais pas que sans l'éclatement de la Yougoslavie, Suker n'aurait pas signé au Real Madrid en 96.

    D'ailleurs, qui gagne le Ballon d'Or en 98 ? Suker ou Mijatovic ?

    Sinon, c'est pas du foot mais cet article m'a fait penser à un docu d'ESPN sur l'amitié entre Drazen Petrovic (p..tain, 20 ans) et Vlade Divac volant en éclat à cause du conflit yougoslave : lien

  • J'ai remis tout l'allant le 30/07/2013 à 06h44
    Marrant leo, je pensais exactement au même reportage avec cet article.

    On pourrait faire une uchronie en imaginant une scission entre la Catalogne et l'Espagne, et ne pas avoir cette sorte de fusion Goku-Vegeta.

  • suppdebastille le 30/07/2013 à 09h21
    On peut aussi imaginer tout bêtement qu'ils auraient largement déçu comme à chaque fois qu'ils étaient attendus.

  • Tonton Danijel le 30/07/2013 à 10h27
    Ca me rappelle aussi cet excellent article de OSP sur un match très tendu entre Zagreb et l'Etoile Rouge de Belgrade avec Zvonimir Boban en acteur:

    lien

    Boban qui par la suite est devenu super pote avec Savisevic au Milan AC, comme quoi...

    Et si Boban avait fait la coupe du monde en Italie, les Yougoslaves auraient-ils battu l'Argentine? Seraient-ils allés jusqu'au bout? Aurait-on vu une Yougoslavie unie repousser l'implosion? Ma tante en aurait-elle?

  • Harold Ayew le 30/07/2013 à 10h27
    Chouette idée et joli texte.

    Mais Stojkovic ? parce que le capitaine de la sélection Yougoslave en 98, même en marchant, ç'aurait clairement été Stojkovic !
    Il aurait bien mis un petit coup-franc direct et distillé quelques passes décisives aussi, quand même... Et il aurait aussi récupéré le ballon d'or, tiens, pour la peine !

  • le Bleu le 30/07/2013 à 12h22
    J'aurais bien aimé que l'auteur nous donne sa liste des 22 !

  • magnus le 30/07/2013 à 12h30
    La Yougoslavie, dans cette uchronie, aurait eu un plus grand réservoir de bons joueurs, mais je me demande si ça aurait formé une meilleure équipe. Le 3-5-2 de la Croatie convenait à merveille aux joueurs à disposition, notamment les latéraux Stanic, milieu offensif à la base, et Jarni. Et pour les milieux offensifs et attaquants, il y a du talent mais aussi un encombrement. Si on part d'un duo d'attaque Mijatovic-Suker, bon courage pour faire le tri avec Savicevic, Boban, Prosinecki, Stojkovic, et l'arrivant Dejan Stankovic.

  • Save Our Sport le 30/07/2013 à 12h57
    Quand on voit le "Black-blanc-beur" français qui est du pipi de chat( et l'expression est déjà trop) par rapport à l'histoire yougoslave, difficile d'envisager une suite politique heureuse à une telle victoire.

    Par contre c'est sûr qu'on peut rêver à une sacrée équipe de foot yougoslave dans les années 90...

  • Tonton Danijel le 30/07/2013 à 13h16
    Comme on aurait pu avoir une superbe équipe d'Autriche en 1936. Ou une formidable équipe de Hongrie en 1958.

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