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La République et les sifflets

Cette saison, on a beau refuser l'entrée des stades à la politique, elle y revient sans cesse. De France-Algérie à la finale de la Coupe de France en passant par Karembeu, les sifflets soulèvent l'indignation de la France outragée. Une dramatisation bien organisée.
Auteur : Etienne Melvec le 12 Mai 2002

 

La responsabilité de l'incident étant attribuée sans grande ambiguïté à certains supporters de Bastia, le débat devrait normalement se cantonner au dossier corse. On s'interrogerait ainsi sur la contradiction à se vouloir indépendantiste tout en désirant gagner la Coupe de France, on spéculerait avec Jean-Pierre Chevènement sur les manipulations éventuelles des mouvances indépendantistes, on étudierait l'état du processus de normalisation… Pour déplorable et bête que soit le geste des siffleurs, il n'en était pas moins prévisible et en tout cas pas aussi dramatique qu'on a voulu le présenter. Car si les sifflets se répandent comme mode (idiot) de protestation, c'est aussi parce leur médiatisation en a fait une figure de style, un geste de provocation prêt-à-l'emploi d'autant plus efficace qu'il suffit d'un siffleur sur 50 spectateurs pour que l'on affirme qu'une stade entier (ou ici une tribune) siffle. Le plus significatif est cependant que l'indignation, de plus en plus calculée, se systématise également.

Communication de crise
Il est en effet évident que le fait essentiel n'est pas cette manifestation intempestive, mais bien la réaction du Président de la République qui lui a donné un retentissement extraordinaire, avec le départ des officiels de la tribune, le report du coup d'envoi, une déclaration solennelle à TF1 et la décision de ne pas descendre sur la pelouse. Le moins que l'on puisse dire est que le staff chiraquien est très réactif. On peut en effet regretter que les siffleurs nous aient privés de la réaction du public dans son ensemble au moment de la présentation des équipes au président de la République, car le test aurait été beaucoup plus significatif, et l'affront bien plus grand, celui-ci ne descendant pas d'un seul virage (1). Au lieu de cela, c'est la France et non son président qui fut outragée et l'incident a été l'occasion d'une efficace opération de communication pour cette "nouvelle autorité de l'état" et cette "tolérance zéro" qui nous sont promises. Sachant que l'on peut très légitimement être choqué par ces sifflets, cette attitude a toute chance d'être bien accueillie par tous ceux qui croient en un "sursaut républicain" représenté par le vote du second tour des présidentielles. "Bien joué", comme a dit Dominique Voynet.

Outrages et excuses
Le ridicule est plus sûrement atteint lorsqu'il est demandé à la Fédération de présenter ses excuses à la "France humiliée", et lorsque le président Simonet s'exécute servilement, sans même se demander si son geste a un sens. En quoi la Fédération est-elle responsable de l'expression des spectateurs? A quel titre une fédération sportive peut-elle présenter des excuses à un état?
La France est à notre sens plus réellement humiliée par les libertés que prend son chef d'état avec la justice de son pays, par les scores de l'extrême-droite aux élections, par l'impunité dont jouissent ses forces de l'ordre quand elles violent les droits de l'homme ou par la participation de son industrie militaro-industrielle à la misère mondiale… On dira que c'est une question de point de vue, mais il faudrait effectivement se demander pourquoi les symboles ne sont plus respectés, s'ils se sont vidés de leur sens ou s'ils ont au contraire été employés à toutes les causes, jusqu'aux plus mauvaises. On pourrait aussi ouvrir le débat sur la Marseillaise, sur son histoire et les significations différentes qu'elle a prise et prend encore, sur la pertinence des fanfares militaires dans les stades…

La République des symboles
En octobre dernier, on avait beaucoup accusé les autorités d'avoir excessivement chargé de symboles la rencontre France-Algérie, mais on avait en même temps conféré aux incidents les significations politiques profondes d'un "traumatisme"… On dénonçait la récupération de la part du gouvernement, mais on s'en donnait à cœur joie pour interpréter à tout va et stigmatiser les responsables désignés (voir Drame mineur sous les projecteurs). Les commentateurs avaient voulu y voir exclusivement le rejet massif de l'identité française par les jeunes issus de l'immigration, et cet épisode avait inauguré une mise en scène (des problèmes sociaux en général et de l'insécurité en particulier) qui a ensuite été très populaire au cours de la campagne électorale: déjà on faisait passer des incivilités pour le signe d'un dérèglement moral général.

Après le choc des présidentielles, il s'impose effectivement de s'interroger sur les moyens de parvenir à rassembler la population française derrière des symboles comme l'hymne national ou le drapeau tricolore. Les manifestations du 1er mai ont été l'occasion d'une telle réappropriation. Il faut cependant comprendre celle-ci comme une adhésion à des valeurs et non comme le culte ritualiste d'icônes abstraites ni comme le respect d'une autorité supérieure de droit divin. Il est frappant de voir à quel point le président et ses ministres, mais aussi Jean-Pierre Chevènement et d'autres responsables politiques ont voulu amalgamer le symbole de la Marseillaise aux "valeurs de la République" voire à ses représentants, et faire d'une protestation régionaliste un cas d'espèce (2).

A vouloir dramatiser tous les incidents, à présenter le visage outragé de la République à chaque incivilité, on ne va parvenir qu'à aggraver la "fracture idéologique" opposant une autorité raidie dans les oripeaux de la Nation à une contestation qui prend décidément des formes très diverses en ce moment, et qui risque en outre d'être radicalisée par la politique sécuritaire qui se profile…

Politologie du sifflet
Dans l'élan des commentaires, l'indignation amalgame tous les sifflets, jusqu'à ceux qui ont atteint Christian Karembeu récemment. Les médias sont friands de tels rapprochements, car des événements présentant des similitudes de forme peuvent aisément être attribués aux mêmes causes, aussi nébuleuses soient-elles. Quand on veut expliquer la lâche bronca du SdF à l'encontre du Kanak, on va sérieusement chercher des raisons dans ses déclarations sur les essais nucléaires, datant de 95 (ou dans le fait qu'il ne chante pas… la Marseillaise), sans comprendre ou sans oser dire que le joueur cristallise simplement les critiques — dans une équipe intouchable — pour le niveau de jeu insuffisant qui lui est généralement prêté.
Dans cet exemple comme dans les deux autres, on attribue des intentions complexes et une importance démesurée à des gestes qui se caractérisent surtout par leur stupidité. Une stupidité qui est malheureusement récompensée par une médiatisation extraordinaire.

Enfin, et puisqu'il est beaucoup question de symboles, chacun pourra apprécier l'importance accordée au 10e anniversaire de la catastrophe de Furiani à l'occasion de cette finale de la Coupe de France…


(1) Si Jacques Chirac prend ses 82% du deuxième tour pour une unanimité en sa faveur et s'il espère pouvoir désormais incarner à lui seul la République, il n'a pas fini de s'émouvoir des insolences qui lui seront adressées.

(2) On peut aussi se rappeler que le manque de respect envers les hymnes nationaux n'est pas une nouveauté dans les stades français: les hymnes étrangers, régulièrement sifflés depuis plusieurs années lors des rencontres internationales, ont simplement devancé la Marseillaise dans la progression de l'irrespect.

Réactions

  • Moser le 13/05/2002 à 02h06
    Ces sifflets systématiques sont minables et j'ai plutôt apprécier la réaction de Chirac sur le lien forum)
    Mais la récupération électorale(merci claude) avec passage à la TV et toute l'indignation en rafale qui a suivi sont pénibles à lien Lamour était pitoyable)
    Vous avez raison de rappeler qu'il s'agit d'un problème corse avant tout, que ça dure depuis des décennies ce n'est donc pas nouveau.
    Quant à la France humiliée il est effectivement plus facile de manipuler des symboles que de voir la réalité en face. Ou alors peut-être que notre président a les chevilles qui ont explosé depuis le 2eme tour..
    Vous rappeliez à juste titre que les hymnes étrangers sont systématiquement sifflés chez nous sans que cela ne gène personne ou si peu.

  • plumitif le 13/05/2002 à 02h35
    OK avec Etienne Melvec. Voir Simonet, sur ordre de Chirac, présenter les excuses du football à la France, a constitué un grand moment de vision droitière des évènements quand on ne les comprend pas.

  • Moser le 13/05/2002 à 02h55
    Personne ne parle de la France humiliée par jean TODT ce week-end ?

  • RP le 13/05/2002 à 03h13
    Tu as raison Moser, j'ai même songé à créer un forum intitulé "EPICERIE PAS TRES FINE FERRARI" mais la F1 devient pathétique cette saison, on se fait grave ch... en regardant un grand prix, moi je m'endors systématiqument quand j'essaye de regarder.
    Jean Todt n'en ai pas à son coup d'essai, souvenez-vous de la pièce de 10 francs qui avait décidé du vainqueur du Paris-Dakar en 89 (entre Ari Vatanen et Jacky Icks). Là il pousse le bouchon trop loin, Barrichelo méritait la victoire, surtout après la malchance qui le poursuivait depuis le début de saison, et Schumi a assez d'avance au championnat et n'a rien à craindre des Williams cette saison, leurs 2 pilotes manquent de régularité.
    J'ai vu une interview de Schumi qui disait qu'il avait songer à désobéir, et qui semblait bien le regretter après puisqu'il a dit "si on pouvait revenir en arrière...".

  • RP le 13/05/2002 à 03h22
    Sinon, je trouvais les coups tactiques de Todt bien joués quand Ferrari luttait encore contre McLaren, à ce moment-là Ferrari ne devait rien lâcher pour essayer de remporter les titres en fin de saison.
    Hier Todt a gravement manqué de subtilité et de discernement dans sa décision.

  • marco le 13/05/2002 à 04h05
    schumi il le regrette comme il regrette son geste sur villeneuve lors du titre de ce dernier ? comme il aurait dit regretter celui sur hill qui lui decerna honteusement son deuxieme titre de champion ?

    Le chef chez Ferrari, c'est Schumi autant que Todt, s'il avait seulement songé à ne pas gagner, c'etait assez facile, je pense plutot qu'il etait en total accord avec cette consigne...
    mais c'est hors sujet

  • El mallorquin le 13/05/2002 à 04h06
    Plumtif, ton post est d'une beaufitude absolue.
    Non je déconne, elle est très bien ton intervention. :-))

  • maroule le 13/05/2002 à 04h24
    Gauchisme débile? D'accord avec Melvec mais 'la participation de son industrie militaro-industrielle à la misère mondiale', c'est un peu du gauchisme à la con, tu me pardonneras : ou alors revoit en entier ton système de valeur : il n'est pas plus scandaleux de vendre des armes au Pakistan que de payer les débiles légers qui jouent au foot 356 fois plus que des chercheurs au CNRS qui tentent d'améliorer le quotidien humain. Et pourtant, ces échelles de salaires objectivement scandaleuses, nous les justifions avec notre engouement total pour ce sport, qui te pousse toi à écrire dessus (plutôt bien d'ailleurs) et moi à participer à un forum au lieu de bosser. Restes autour du foot svp, ta saillie bêlantes sur les méchants capitalistes fait un peu tâche

  • El mallorquin le 13/05/2002 à 04h52
    Maroule, tu le connais Etienne Melvec ? Tu en sais quoi, de son système de valeur ? En tout cas, je n'ai pas l'impression que les Cahiers aient souvent justifié les salaires exorbitants des joueurs, si ?

  • maroule le 13/05/2002 à 04h59
    non, je ne connais de lui que ce qu'il m'en laisse lire (maintenant je serai ravi de discuter plus en détail de son système de valeurs) mais quand je veux un édito à la 'le monde diplomatique', je sais où le chercher, et ce n'est pas ici. A part cette remarque particulière sur la misère mondiale, ceci dit, je suis d'accord avec le reste de ses remarques.

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