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Nettoyage à sec

L'époque est à la censure, et l'accueil fait à la mobilisation des supporters évoquée la semaine dernière est symptomatique de l'air du temps. Et ceux qui veulent bouter les banderoles hors des stades ont vraiment des arguments effarants.

Auteur : Etienne Melvec le 7 Oct 2002

 

 

L'initiative des supporters baptisée "Union contre la répression" a donc suscité un intérêt très limité de la presse (voir Ultras, moderne solitude). Signalons tout de même un article des Dernières Nouvelles d'Alsace (27/09) qui a eu le mérite de s'y intéresser et d'interroger des membres d'associations concernées. L'Equipe Magazine (05/10) a pour sa part procédé de façon assez significative en interrogeant différents acteurs, sans que le journaliste ne prenne le risque de donner une opinion ou même la peine d'effectuer une analyse (un certain mépris transparaît toutefois dans la légende de la photo "Les supporteurs se sentent brimés, alors ils ont fait une banderole").


Mais contentons-nous des témoignages recueillis, très éclairants. Le président des Ultrems de Reims donne l'exemple d'une banderole ayant dû être enlevée, faisant allusion à la relégation administrative du club il y a dix ans: "1992: assassiné; 2002: ressuscité". Quel grave trouble à l'ordre public, quelle terrible provocation à la haine! Les Ultras 84 de Marseille, qui n'ont pas signé la pétition, ne connaissent pas ce genre de problème: ils ne laissent personne leur intimer l'ordre de retirer leurs messages. Et ils ont foutrement raison. Car c'est du côté des répressifs que l'on trouve les propos les plus remarquables. Le responsable de la sécurité de Lens: "Aucune banderole ne rentre dans le stade sans un contrôle strict. S'il y a des propos contre le club ou contre la Ligue elles sont interdites. Les supporteurs n'ont pas le droit d'attaquer le système". Sidérant: "Les supporters n'ont pas le droit d'attaquer le système"! On est dans le Nord ou en Corée du Nord?


Quant à Guy Mislin, responsable presse de la Ligue, il déclare "Les supporters se plaignent que la loi Alliot-Marie sur les stades débouche sur des sanctions sévères mais ils déploient des banderoles faisant fi de la loi. Les supporters ne peuvent quand même pas dire n'importe quoi". Alors ils ne doivent plus rien dire? Et qui décide que des propos enfreignent la loi, qui est chargé de l'appliquer, les responsables sécurité des stades qui remplacent la police et la justice? Hypocrisie délirante, qui sous couvert de répression des provocations à la haine porte atteinte à la liberté d'expression la plus élémentaire, à laquelle les enceintes sportives n'auraient pas droit.


La palme revient à une "agrégée de philosophie" plutôt désagrégée qui affirme que "les supporters revendiquent un droit d'expression et cherchent à politiser un lieu apolitique, le stade. Derrière le titre de leur pétition, "Union contre la répression", on peut mettre tout et n'importe quoi, y compris des provocations extrémistes". Misère de la philosophie… Qui a décrété que les stades étaient un lieu apolitique, et comment un penseur peut ne pas se poser la question de savoir comment on en décide? Inversement, qualifier le contenu des banderoles de supporters de "politique", c'est signifier le niveau actuel de prohibition de la "politique"… Surtout, la dernière phrase de notre philosophe est absolument remarquable, car elle pourrait tout aussi bien s'appliquer à n'importe quel mode d'expression, qui peut effectivement receler des provocations extrémistes. Doit-on alors remettre en cause la liberté de la presse sous prétexte que certains pourraient en faire mauvais usage?


Mais la liberté de la presse est garantie par la loi, et la liberté d'expression des supporters (sont-ils encore des citoyens?), tout le monde s'en fout, journalistes compris. Ce qui outrage ces derniers dans ce domaine, c'est qu'on leur interdise l'accès aux entraînements. À la vérité, c'est une interprétation totalement abusive de la loi Alliot-Marie qui, avec la complicité de tous, nous en vaut aujourd'hui une application digne des régimes les plus liberticides. En amalgamant toute expression critique à des provocations à la haine, on s'autorise à tout interdire.


On dira que pour ce que les supporters ont à dire (incluant un bon paquet de conneries), ce n'est pas bien grave, et que la censure dans le football n'est qu'un épiphénomène comparativement à l'entreprise répressive menée par notre nouveau gouvernement. Ici on brûle des banderoles, là des livres... Mais à multiplier, dans l'indifférence générale, les exceptions à ces libertés civiques, on fait le lit d'un régime qui contredit les plus fondamentaux des principes démocratiques.
 

Réactions

  • peterelephanto le 07/10/2002 à 04h30
    .../...

  • peterelephanto le 07/10/2002 à 04h52
    Les Cahiers sont décidément impayables...Non contents de voler au secours du virginal football français menacé par les immondes incubes arsène w. et gérard h., ils poursuivent leur oeuvre purificatrice en dénonçant la sanglante répression dont sont victimes les gentils groupes de supporters, faisant ainsi reculer la bienpensance à 2 balles vers des limites jusqu'ici encore inexplorées. Au nom de quoi? Mais au nom de la liberté d'expression bien sûr !! L'angélique Ultra est ainsi placé au même rang qu'un Soljenytsine goulaguisé ou que le Poète qu'on assassine, en vertu d'un droitdelhommisme qui va finir par ruiner les droits de l'homme à force de les galvauder.
    Le texte réglementaire ne menace rien du tout, à part les ersatz de lazialistes et les petits fachos grégaires du samedi soir. Les 2 articles de M.Melvec aboutissent à caresser ceux là dans le sens du poil qu'ils ont paranoïaque. Mais comment en vouloir à l'auteur : les matchs, il les voit en tribune d'honneur, sûrement pas derrière les buts avec son gosse.

  • taivince le 07/10/2002 à 07h18
    je prefere ta premiere reaction peter...

  • piem le 07/10/2002 à 08h04
    Hélas, le stade n'est un lieu politique que lorsqu'on se transporte dans le passé à Munich ou au Chili (ça c'est pour la philosognangna) !

    Ce qui me semble le plus choquant dans tout ça, c'est ce que vous racontez sur Lens. Le club qui utilise un stade qui n'est pas sa propriété sélectionne à l'entrée les idées qui peuvent y être affiché. Que les banderolles respectent les lois (interdictions de propagande raciste) OK, mais là c'est une application qui va au-delà. En faisant un peu de fiction, si on applique ça à d'autres lieux publics, on peut imaginer que la SNCF interdisent certains journaux dans le train, que les associations et syndicats étudiants soient interdite de tout tract politique dans les Université... avec des vigils partout pour contrôler et des caméras de vidéo surveillance pour condamner ceux qui par chance auraient passé le 1er filtre...

  • goom le 07/10/2002 à 08h10
    Hier je regardais la présentation du match PSG - Guingamp et c'est marrant de voir C+ faire l'apologie d'actes interdits...Enfin marrant c'est peut être pas le terme, disons que c'est cocasse que la chaîne officielle du football se servent des interdits (vous avez vu les fumigènes et les gros plans dessus) pour montrer la passion du foot et finalement se faire un peu de pub...hypocrisie dit-on...

  • JPDarky le 07/10/2002 à 08h37
    Si je peux me permettre, ce n'est pas tellement surprenant que ce soient les DNA qui aient ecrit un article complet sur le sujet, puisque ce mouvement a ete lance par les UB90. Le groupe de supporters principal du RCS [en nombre en tout cas].

    JPD

  • JPDarky le 07/10/2002 à 08h59
    C'est quand meme genial de lire les reactions des fois. La je parle de la deuxieme.

    Il est evident que tout supporter se reunissant en groupe et s'accolant le nom d'Ultra et voulant derouler une banderole est forcement un neo-nazi probablement un peu pedophile et surement avec des bouts de comptable corrompu d'Enron dedans. Ceci est un des arguments fallacieux les plus communs, a la limite du vulgaire : l'epouvantail ca s'appele.

    Ce genre d'arguments simplistiques est utilise assez couramment finalement. [dernier exemple en date de ce type d'argument fallacieux qui me vient a l'esprit, venu de ce genie de Vandel chez Ruquier sur Europe 1 [radio des Cadres], au sujet de la journee des vegetariens. Vandel etait visiblement contre ce genre de pratiques et lance a la cantonnade : "Mon argument contre les vegetariens ? Hitler etait vegetarien". Ca situe le niveau de l'auteur, ainsi que de l'argument.] et laisse reveur.

    C'est fou, depuis 1998, ce mouvement general de purification, de destopisation, de recurage des stades, a grands coups de bureau de marketting et de coeur de cible a la con. Ranger dans le meme sac des banderoles ignobles comme on peut en avoir vu a Rome, Paris, ou ailleurs, et des banderoles humoristiques, pseudo-historiques, s'adressant directement aux footeux [genre : "prouvez-nous votre volonte en 3 points" ou un truc du genre], ou de provocation aux adversaires [les derbys existaient avant le transformage des stades de foot en parc de loisirs multimedia pour familles de nantis] une provocation n'etant pas forcement haineuse, raciste [exemple : pour la venue des messins a la Meinau : "bienvenue aux casimirs", deja c'est pas vraiment raciste, pas vraiment haineux, mais c'est sur que quand on vient au stade seulement depuis septembre 1998 on peut pas forcement comprendre et on peut y ressentir comme un racisme sous-jacent envers les gros extra-terrestres obeses] ou violente.

    Je trouve que l'intolerance de la part des gens denoncant l'intolerance est quelque chose d'assez savoureux finalement. Les Ultras et/ou supporters non TF1-ises et ne prenant pas le stade comme un luna-park multimedia ont eu le droit d'accompagner la lente ascension de leur sport favori mais maintenant qu'il a atteint ce degre de popularite [en France hein], il faudrait qu'ils soient debarques pour laisser la place a un public plus presentable, qui vient gentiment consommer du football sans broncher ? Je trouve ca particulierement grossier et dangereux comme tactique. Quand la bulle footbalistique aura definitivement fini de se degonfler, que ce sport ne sera plus 'the place to be', le truc a la mode, les gestionnaires des billeteries seront bien contents de pouvoir compter sur les gros cons qui se sont tape les annees pre-historiques [pre-1993] du foot beauf. Une fois encore, on voit qu'il ne faut surtout pas faire cohabiter les differentes populations, alors, hop, eliminons les forcement gros cons beaufs de supporters a l'ancienne.

    JPD

  • Agora le 07/10/2002 à 09h12
    Je suis un trop récent lecteur des Cahiers du foot pour être intoxiqué par la propagande... Mais ma réaction au résumé de l'Equipe Magazine a

  • Agora le 07/10/2002 à 09h14
    ... été la même que celle de l'auteur.

    Il existe des lois pour contrer les débordements racistes ou haineux en tout genre, que ce soit dans les stades ou en dehors. Parce qu'il ne faut pas se faire d'illusions : la prochaine cible des marchands du temple est l'abord des stades... puisque ce sera le seul endroit où on pourra s'exprimer librement.

    (excusez pour la coupure... c'est mon premier post. L'émotion sans doute...)

  • El mallorquin le 07/10/2002 à 09h44
    Peterelephanto, tu es un maître dans l'art de transformer les propos. Si j'étais aussi habile que toi, je pourrais dire que tu aurais fait fuhrer auprès des meilleurs propagandistes, mais je reste mesuré, parce que la bienséance est de mise sur ce site...

    Cet article ne parle jamais "d'angéliques ultras", et ne compare d'aucune façon les propos tenus par les supporters avec de fines analyses politiques. Si tu avais bien lu (tu es gêné par ta trompe ?), tu aurais même sans doute compris le contraire (cf. dernier paragraphe : "On dira que pour ce que les supporters ont à dire (incluant un bon paquet de conneries)...").

    Pour finir, tu te permets même une analyse erronée : effectivement, le texte n'interdit pas grand chose, mais c'est surtout la pratique des agents de sécurité qui est liberticide (et je crois que c'est que nous rapporte Etienne).

    Ce qui me fait d'ailleurs une bonne transition : je suis d'accord avec le fond de l'article, mais je conseillerai tout de même aux Ultras d'avoir un réflexe tout simple: contre les pratiques illégales dont ils sont victimes, il ne leur reste plus qu'à porter plainte systématiquement, et à soulever un battage médiatique propre à restaurer une situation un peu plus conforme à l'idée que nous nous faisons du foot dans les stades (mais c'est vrai qu'avec de tels articles que celui de l'Equipe Mag, on est mal barrés)...

La revue des Cahiers du football