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Faut-il interdire les blessures ?

Le retour de l'affaire Le Guen-Coridon devant les tribunaux invite à se demander pourquoi la blessure est considérée comme "normale" dans le football moderne, ou si la baisse de l'intensité des contacts peut améliorer la qualité du jeu…
Auteur : Jérôme Latta le 7 Nov 2002

 

En 1997, un tacle de Paul Le Guen avait gravement blessé le Guingampais Charles-Edouard Coridon (fracture du péroné), lui occasionnant un arrêt de travail de six mois. En pareil cas (accident du travail), c'est la caisse primaire de l'employeur qui prend en charge les indemnités journalières du joueur. Mais calculées, sur six mois du salaire d'un footballeur, elles coûtent cher (22.000€ exactement — AFP 06/11). Aussi la CPAM des Côtes-d'Armor s'était-elle retournée contre le Paris Saint-Germain et avait obtenu un remboursement devant le Tribunal de grande instance de Paris (des indemnités avaient également été accordées au joueur. Le club parisien ayant interjeté appel, c'est la Cour du même nom qui est appelée à statuer (l'arrêt sera rendu le 9 décembre).
Une autre affaire du même type avait opposé la CPAM de Nantes à l'OM, Patrick Blondeau ayant fracturé le péroné d'Yves Deroff le 29 mai 1999 lors d'un match à la Beaujoire. Ces précédents (qui n'en étaient pas dans le rugby) avaient suscité une levée de boucliers de la part de l'ensemble de la profession, joueurs compris (voir L'Humanité, 06/10/99 et 22/03/01). Dans la deuxième affaire, la CPAM de Nantes avait été déboutée par le TGI de Nantes en avril 2001, notamment parce que le joueur blessé n'avait pas souhaité engager de poursuites.


Risque professionnel
Les arguments des avocats des dossiers Coridon-Le Guen (cités par l'AFP) et Blondeau-Deroff, sont particulièrement intéressants. Ceux des clubs défendent la théorie de l'acceptation des risques et considèrent que la blessure est un danger professionnel librement consenti par les joueurs. Pour les représentants de la Sécurité sociale, dès lors qu'un dommage est infligé par un salarié dans l'exercice de sa profession, c'est à son employeur d'en assumer les conséquences financières. Les responsables des caisses primaires ont par ailleurs affirmé que la collectivité n'avait pas à payer (très cher) l'agressivité de certains joueurs professionnels. Enfin l'avocat du joueur (dans la première affaire) a insisté sur le caractère "fautif" du geste de Le Guen, qui avait écopé d'une suspension d'un mois.

Cette affaire pose des questions pertinentes, si l'on accepte de ne pas s'arrêter à l'affirmation que les blessures sont inévitables dans les sports pro. Lilian Laslandes avait déclaré à l'époque: "le tacle appuyé, un peu musclé, de Blondeau fait partie des risques du métier " (L'Humanité, 06/09/99). En fait-il vraiment partie, ou plutôt qu'est-ce qui nous fait admettre ce verdict, sinon la banalisation d'un niveau d'engagement (pour employer l'euphémisme en vigueur) excessif? On peut légitimement considérer qu'il y a faute dès lors qu'un geste met en danger l'intégrité physique de l'autre. Mais malheureusement, il faut souvent le constat clinique pour engager des sanctions (Le Guen n'avait pas été sanctionné lors du match), tandis que des dizaines de tacles assassins manquent leur cible et restent impunis. Faut-il vraiment aller jusqu'à la fracture pour fixer rétrospectivement les limites de l'agressivité physique?
D'autre part, le contraste entre le style des deux joueurs impliqués (Le Guen et Blondeau) indique que le problème ne tient pas à des joueurs plus dangereux que d'autres, mais au degré de "violence" toléré sur les terrains.


Brider les défenseurs ?

De manière provocatrice, Michel Platini évoquait il y a quelques années la possibilité d'interdire purement et simplement les tacles, pour restaurer les droits du beau jeu et favoriser les attaquants. Les tacles font cependant partie de la tradition (quoique pas depuis toujours) et des gestes qu'on aime quand ils sont orthodoxes (Beckenbauer, Lopez, Blanc). Ils sont d'ailleurs mieux encadrés et sanctionnés depuis la prohibition des "tacles par derrière" (en fait, de tous les gestes dangereux), et globalement, la violence a considérablement diminué depuis une dizaine d'années — les problèmes se concentrant notamment sur l'antijeu et les contestations. En dehors des agressions pures et simples, qui n'ont pas disparu, la question de la violence est plutôt relative à l'intensité générale des contacts et des chocs. Le récent rapport de la FIFA sur la Coupe du monde (voir ici) insistait ainsi sur la progression alarmante du nombre de traumatismes crâniens occasionnés par les coups de coude dans les luttes aériennes.

Or, cette intensité physique, qui a varié au cours de l'histoire, n'est pas une donnée immuable, mais le produit du rapport entre "l'engagement" des joueurs et sa répression par les arbitres et les instances disciplinaires. Si beaucoup de blessures sont aujourd'hui plus dues à la répétition des efforts qu'aux gestes illicites, on peut en revanche s'interroger sur le niveau de tolérance générale vis-à-vis des brutalités. Les tenants de la virilité du football et les anglo-saxons voudront le définir comme un "sport de contact", mais quel en est le prix exact pour le jeu?
On s'accorde généralement sur le constat de la difficulté croissante à déborder les défenses, de l'importance primordiale des aspects tactiques, de la sur-valorisation des joueurs "capables de faire la différence à eux seuls", de la rareté des vrais meneurs de jeu, du faible temps de jeu effectif dans les rencontres, des interruptions dues aux fautes etc. Une prohibition plus sévère des contacts n'aurait-elle pas pour effet de laisser à nouveau des espaces d'expression individuelle et collective aux joueurs et de produire une bien meilleure qualité de jeu?

On est ici explicitement dans l'utopie, surtout devant les résistances que provoquent les campagnes de durcissement de l'arbitrage, comme en ce début de saison (lire La couleur du carton). Mais la question mérite certainement d'être posée.

Réactions

  • taivince le 07/11/2002 à 05h42
    Pur le pauvre Coridon, les dommages subis sont inestimables...
    La carierede ce joueur alors jeune et talentueux a ete stoppee net, qui sait ou il serait maintenant sans ce geste du brave Le Guen?
    Six mois de suspension et une amende ce n'etait vraiment pas cher payer par rapport au "manque a gagner", tant sur le plan humain que financier.
    On avait meme parle a l'epoque de suspensions egales la duree d'indisponibilite du joueur agresse.

  • mollows le 07/11/2002 à 08h25
    en tant que cotisant a la SECU, ca me fait un peu mal au sein de devoir assumer le niveau du salaire des joueurs.
    en tant que joueur tres occasionnel et spectateur, j'ai aussi un probleme avec les pourisseurs d'ambiance sur les terrains.

    Sinon, le mythe "Christian Lopez" progresse sur les CdF (en opposition avec Blondeau en plus, trop la classe !)

  • AuFondDuCouloirAGauche le 07/11/2002 à 09h19
    Juste une question de rugbyman en passant, sur la question plus générale de la couverture des joueurs.

    Si un joueur qui joue dans un club étranger se blesse en équipe de France, que se passe-t-il pour lui ?

    l'assurance maladie de son club ne voudra sans doute pas prendre en charge un dommage causé en dehors de l'activité du club, quand à la sécu, elle ne va pas couvrir un gars qui ne cotise pas...

    Le cas est arrivé en rugby avec un joueur dont on parle en ce moment, Thomas Castaignede.
    Il a été blessé à un échauffement de l'EdF. L'assurance de la FFR a jugé que le joueur est arrivé blessé dans le groupe et n'a pas voulu le couvrir, l'assurance du club anglais a fait valoir que le joueur s'était blessé en "international duty" (comme ils disent) et qu'ils ne pouvaient pas non plus couvrir. En dernier lieu, la sécu a refusé aussi, ce qui est plus que normal.
    Insoluble, non ?...d'ailleurs, le cas n'est toujours pas tranché à ma connaissance.

    PS: dans l'absolu, le club anglais qui a fait supporter une charge de musculation beaucoup trop lourde pour les tendons de Castaignede à coup de créatine est lourdement responsable, mais juridiquement, c'est pas valable.

  • piem le 07/11/2002 à 09h22
    Il me semble que l'affaire CPAM Nantes / OM est au stade de l'appel. Par ailleurs, il se pourrait aussi qu'il y ait des rebondissements dans les 2 affaires, voire une jurisprudence de la Cour de Cass. si on va jusque là... Il est encore un peu tôt pour déduire la position de la Justice, même au stade (c'est le cas de le dire) du simple appel.

  • goom le 07/11/2002 à 09h41
    Football sport de contact ou sport d'évitement?

    Le rugby a aussi dernièrement opéré un changement radical en devenant de plus en plus un sport de contact et de moins en moins un sport d'évitement...

    Mais revenons au football, lundi soir, je me faisais la réflexion suivante devant ma télé branché sur la une "c'est quand même plus sympa un match où les joueurs ne vont pas au contact!!!", bien entendu c'était un match amical pour une oeuvre de bienfaisance...

    Pour éviter les fractures des tibias...le port du protège-tibia a été imposé, le problème n'a pas été résolu à la source mais c'est un paliatif qui a été imposé. Comme tous les joueurs sont protégés, il n'y a plus aucune raison de se retenir (on a le même phénomène en rugby où des protections ont fait leurs apparitions, épaulette, casque,...)

    La question est que dit le règlement alors...et là il est assez lâche, puisque c'est de toute façon laissé à l'appréciation de l'arbitre.

    Extrait de la loi 12

    Un coup franc direct est accordé à l'équipe adverse du joueur qui de l'avis de l'arbitre commet, par inadvertance, par imprudence ou par excès de combativité, l'une des six fautes suivantes :
    -donner ou essayer de donner un coup de pied à l'adversaire
    -faire ou essayer de faire un croche-pied à l'adversaire
    -sauter sur un adversaire
    -charger un adversaire
    -frapper ou essayer de frapper un adversaire
    -bousculer un adversaire.
    Un coup franc direct est également accordé à l'équipe adverse du joueur qui commet l'une des quatres fautes suivantes :
    -tacler un adversaire pour s'emparer du ballon en touchant l'adversaire avant de jouer le ballon
    -tenir un adversaire
    -cracher sur un adversaire
    -toucher délibérément le ballon des mains (excepté le gardien de but dans sa propre surface de réparation).

    Coup franc indirect. - Un coup franc indirect est accordé à l'équipe adverse du gardien de but qui, se trouvant dans sa propre surface de réparation, commet l'une des cinq fautes suivantes :
    -garder le ballon en sa possession pendant plus de six secondes
    avant de le lâcher des mains
    -toucher une nouvelle fois le ballon des mains après l'avoir lâché, sans qu'il n'ait été touché par un autre joueur
    -toucher le ballon des mains sur une passe en retrait botté délibéré-ment par un coéquipier
    -toucher le ballon des mains directement sur une rentrée de touche effectuée par un coéquipier
    -perdre du temps.
    Un coup franc indirect est également accordé à l'équipe adverse du
    joueur qui, de l'avis de l'arbitre
    -joue de manière dangereuse
    -fait obstacle à l'évolution d'un adversaire,
    -empêche le gardien de but de lâcher le ballon des mains
    -commet d'autres fautes non mentionnées au préalable dans la Loi 12, pour lesquelles le match est arrêté afin d'avertir ou d'expulser un joueur.

    Il n'est que très rarement fait état du comportement du joueur, si ce n'est que le jeu dangereux (mais cette notion est floue) est sanctionné d'un coup franc indirect...

    Finalement on peut se demander si le règlement qui date quand même de plusieurs dizaines d'année n'est pas totalement inadapté au football moderne. De plus on peut s'interroger sur un laxisme des arbitres qui n'ont pas su (ou pas voulu) s'adapter au football moderne. Un joueur de nos jours est plus physique, non pas juste en endurance mais d'un point de vue carrure (il suffit de comparer le physique des verts de 76 avec ceux des derniers champions de France...). L'évolution du football en fait un sport où le contact est privilégié au détriment de la technique et de l'évitement. Enfin y'a-t-il une volonté de promouvoir le beau jeu et le beau geste au détriment de la brute qui ne chercher qu'à les détruire par son physique?

  • El mallorquin le 07/11/2002 à 09h54
    C'est vrai que la question est complexe... Après réflexion, je viens de m'apercevoir d'un truc : je crois que le foot et les sports de haut niveau en général, sont les seuls métiers dans lesquels le risque d'accident du travail est autant accepté. Qui pourrait envisager de connaître, au cours de sa carrière, des arrêts de travail aussi fréquents et aussi réguliers ? Bref, je pense que vouloir réduire les risques est conforme à l'idée qu'on doit se faire du respect de la personne : pourquoi, dans cette optique, ne pas purement et simplement interdire les tacles effectivement, qui sont sans doute l'un des gestes les plus traumatisants physiquements pour les joueurs. Mais ça va aussi de paire avec un assouplissement du calendrier (combien de blessures d'épuisement physique ?), et plus généralement, une politique générale de lutte efficace contre les risques...

  • harvest le 07/11/2002 à 09h59
    Et j'ajouterai , goom , que certains joueurs sont infiniment plus retors qu'à l'époque de l'édiction des lois du jeu !
    ... donc il faut de nouveaux moyens de détecter et réprimer cette malignité.

  • mollows le 07/11/2002 à 10h05
    Deux questions inspirés des liens vers l'HUMA de l'article :

    1. in Tacler n'est pas jouer ? (22.03.01)
    Claude Frémont - président de la CPAM : "Dans le football, il existe une règle tacite qui veut qu'en cas de blessure d'un joueur, ni le club du blessé ni la victime ne portent plainte. "

    Q1 - Peut-on traduire ca grosso modo par : "Dans le football, il existe une règle tacite qui veut qu'en cas de blessure d'un joueur, on laisse a la secu et a ses cotisants le soins de regler les frais", ou est-ce que mes raccourcis sont hasardeux ? cf. debat sur


    2. une citation du premier lien cette fois (06.10.99)
    citation du directeur général de la Ligue nationale de football (LNF), Jacques Thébault : " Les clubs de football et la LNF payent déjà un taux de cotisation pour les accidents du travail sept fois supérieur à la moyenne nationale. Ce taux élevé prend en compte le risque de l'accident qui est inhérent au sport de haut niveau "

    Q2 : Quel est le montant de ces cotisation en moyenne ? Le montant moyen des remboursement est quant à lui de quel montant... et de combien supérieur à la moyenne nationale ?

  • elnin le 07/11/2002 à 10h09
    Enfin je sais pas au foot, mais au rugby c etait largement plus facile de trouver 15 gas qui plaquent tout ce qui bouge, et qui fonce dans le tas, que de trouver quelques codornious.
    et surtout largement plus sur au niveau de la regularite du resultat.
    aujourd hui il n y en a plus des codornious.

    l evitement c etait la grandeur du rugby, sa beaute, sa raison. Le joueur qui liberait le balon dans le temps dans l intervalle qu il venait de creer avant de se faire prendre... c etait beau. suporters et suporters adverses tout le monde applaudissait.

    probablement que jouer comme ca, ca necessite quelques neurones suplementaires, ou alors peut etre, les joueurs jouaient le dimanche apres midi sur les stades. le reste du temps il faisaient autre chose. l amateurisme...

  • elnin le 07/11/2002 à 10h15
    Enfin le tacle fait parti du foot non ?
    le supprimer c est empute le sport d un geste parfois fort technique.

    Les blessures liees au contact c est l alea du jeu.

    Ca ne vous semble pas plus inquietant la croissance exponentielle d un nombre d entorse du genou de dechirure des ligaments souvent sans contact ?

    D un coup on aurait les ligaments plus fragiles...

La revue des Cahiers du football