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Un rocher si cher

Monaco-Bordeaux, le vrai sommet du championnat, a été l'occasion pour nos envoyés spéciaux en Monte-Carlie de sonder les mystères de l'ASM. Reportage, images, récit et ethnographie expéditive du Rocher, un tout-en-un qui pourrait nous valoir le Prix Sulitzer.

Auteur : Curtis Midfield et Pierre Martini le 10 Mars 2003

 

 

Un club fantôme dans une ville factice

Pour bien saisir l'extrême singularité de l'AS Monaco, il faut d'abord se promener dans une Principauté qui se laisse largement saisir par ses signes extérieurs. En résumé : un empilement invraisemblable de bâtiments dont la médiocrité architecturale est confondante (de la pâtisserie début de siècle jusqu'aux tours hideuses et roses des dernières décennies), traversé par un lacis autoroutier qui laisse au piéton peu de chances de survie.

 

Quelques édifices plus symboliques, comme le Casino ou le Palais, mais qui font irrésistiblement penser à un décor d'opérette ou à un Disneyland pour riches. Une concentration exceptionnelle de femmes entre deux eaux, toujours décolorées et plus ou moins fanées, mais bien mariées. Un policier à chaque carrefour. Et bien sûr, un luxe qui s'étale partout et sans retenue, avec pour manifestation majeure un parc automobile qui fait qu'en dessous de la Mercedes ou de la Porsche, vous n'êtes pas grand-chose.

 


Un parking à Monaco.

 

Alors que l'univers de la Formule 1 est omniprésent, ne serait-ce qu'avec les bordures rouges et blanches sur le parcours du circuit, il faut chercher longtemps des traces de l'AS Monaco. On voit toutes sortes de t-shirts et autres colifichets touristiques, mais aucun n'est siglé au nom du club.

 

Et quand du haut du Palais on regarde vers le Cap-d'Ail, le Stade lui-même est parfaitement camouflé dans le décor, ne dépassant pas les autres constructions dans cette zone étonnamment plane pour la topographie monégasque, et se fondant dans les couleurs locales (saumon et beige). L'autre étape majeure de ce parcours initiatique express, c'est la visite au centre d'entraînement du club à La Turbie, village qui surplombe le Rocher. Un chemin bitumé y monte depuis la départementale et débouche sur le parking.

 

L'inventaire des infrastructures est vite fait. Trois algecos, un terrain en herbe et un demi terrain en synthétique. Une misère digne d'un club de district, qui confirme la place accordée au football par la principauté: vitrine pour l'extérieur, il existe à peine aux yeux des Monégasques. L'incongruité majeure étant que cette équipe a déjà remporté des titres de champion de France et compté des joueurs exceptionnels dans son effectif.


À gauche, l'entrée spectaculairement du centre d'entraînement. À droite, ses locaux. Des hordes de supporters belliqueux attendent les joueurs à la sortie des "vestiaires".

 

Alors que l'ASM connaît des difficultés financières que l'on croyait réservées à des clubs moins nantis, et au lendemain de la défaite de Jean-Louis Campora aux élections nationales (il y a perdu son siège de président du conseil), les incertitudes sont nombreuses pour un club potentiellement menacé par la DNCG en raison d'un déficit estimé à plus de 50M€ (l'instance a interdit les recrutements et refusé de valider la prolongation de contrat de Gallardo).

 

Après le veto princier opposé à Fedcominvest en raison des liens présumés de ce groupe avec les réseaux mafieux russes, deux tours de table d'investisseurs sont pressentis pour une reprise, mais celle-ci dépend en partie du bilan sportif de la saison — un titre ou une qualification en Ligue des champions éclaircirait évidemment l'horizon. Pourtant, la reprise devrait être finalisée fin mars, selon Campora (AFP 25/03). Mais la question reste pendante: à quoi sert l'ASM?

 

Louis II : une beauté intérieure

Le camouflage du stade en équipement urbain banalisé est confirmé par son aspect extérieur, celui d'immeubles de bureaux sans autre caractère que le style douteux de la pire architecture des années 80. Confirmation à l'intérieur, dans les couloirs et les escaliers dont l'habillage accumule des horreurs très datées: crépi jaunâtre ou carrelage vert sur les murs, sols en plastique marron, éclairage au néon…

 

Le contraste est donc saisissant une fois entré dans l'enceinte, où le stade s'avère une franche réussite. L'ordonnancement des tribunes est assez harmonieux, ponctué par les imposants piliers aux quatre angles. La lourdeur du toit est compensée par sa forte inclinaison et par l'ouverture de la tribune sud-ouest vers la mer, au travers de ses grandes arches verticales.

 

Louis II en impose en dépit d'une capacité modeste 16.000 places). Chose rare, les matériaux de ce stade inauguré en 1985 ont remarquablement bien vieilli. Au vu de gradins fort dignement remplis (13.000 spectateurs), on doit vite relativiser le cliché sur l'absence de public à Monaco. Des embouteillages exceptionnels ont même préludé à cette rencontre au sommet.

 

Un groupe de supporters tâche de donner des allures de kop à une tribune "pesages" bien remplie, tandis que le public des latérales s'avère familial, avec une forte représentation féminine. Une assistance attentive mais pas très fervente, d'autant que l'acoustique n'est pas exceptionnelle dans ce stade d'athlétisme qui éloigne en outre les spectateurs de la pelouse.

 

Monaco-Bordeaux, le match

Notre placement juste derrière les bancs de touche nous vaut la présence des braillards de service qui profitent de la possibilité de passer directement leurs consignes à Didier Deschamps. C'est la présence de Gallardo sur le banc qui motive leurs invectives, Nonda étant également assez peu apprécié, en raison notamment de ses replacements très symboliques. La première mi-temps est placée sous une nette emprise monégasque, les occasions s'enchaînant dès les premières minutes au bout des pieds de Giuly, Rothen, Prso ou Nonda.

 

La densité et l'engagement au milieu donnent l'avantage aux joueurs locaux, qui privent les Girondins de solutions. On croit à un rééquilibrage à hauteur du premier quart d'heure alors que le jeu devient plus brouillon, mais les occasions des rouge et blanc s'enchaînent à une fréquence élevée. Celles de leurs adversaires sont plus sporadiques, mais rappellent que le danger n'est pas annihilé. La parfaite symétrie des 4-4-2 et le pressing dans l'entrejeu empêchent la confrontation d'atteindre un grand niveau d'expression, le combat se limitant souvent à la zone des récupérateurs.

 

Ce sont les meneurs excentrés qui en pâtissent: Feindouno est contraint de jouer trop bas, Savio, qui semble manquer de densité physique, ne s'exprime que par intermittences. En face, Rothen rate quelques transmissions et Giuly, après une bonne entame, peine à trouver les décalages décisifs, mais l'emprise des hommes de Deschamps est marquée.

 

La seconde période est plus à l'avantage des visiteurs, qui essaient de construire leurs offensives par une bonne circulation du ballon, là où les Monégasques tentent d'alerter leurs deux pointes par des passes longues et plus immédiates. Ils y perdent au change, d'autant que leurs ailes sont bien neutralisées. Giuly rate un duel face à Ramé — probablement le meilleur joueur de la soirée, décisif dans les airs et dans les face-à-face.

 

Les occasions s'amenuisent ensuite, jusqu'à un coup de Trafalgar passé plutôt inaperçu sur le moment. Sur une offensive de Monaco, Pauleta est sévèrement touché et plusieurs joueurs des deux équipes s'arrêtent de jouer, les Monégasques faisant signe de mettre la balle en touche. Mais Darcheville est déjà lancé en profondeur. Avec un grand pont et une course tout en vitesse et en puissance, il élimine Evra et Cubilier et au bout d'un long contrôle, trompe Roma venu à sa rencontre.

 

La défense centrale monégasque, portée disparue sur l'action, est certainement plus à blâmer que le Guyanais, surtout coupable d'avoir marqué un but superbe et fait la nique à des supporters qui raillaient le "petit gros" depuis quelques minutes.


Elie Baup n'aura pas eu à ruer dans les brancards.

 

Giuly est furieux, mais sa révolte et celle de ses coéquipiers est trop tardive dans ce dernier quart d'heure qui voit la tension monter, les cartons tomber et Gallardo entrer. Bernardi déclenche une frappe à la Deschamps, mais c'est surtout Rodriguez qui joue de malchance. Son tir du gauche trouve une trajectoire parfaite dans une forêt de joueurs, mais le poteau le repousse. Un ultime coup franc de Gallardo file au-dessus de la barre en même temps que les derniers espoirs monégasques.

 

Les mots pour le dire

Un supporter girondin visitant la ville : "Ils doivent se faire chier toute l'année là-dedans". Un supporter monégasque à son voisin : "Nonda il est sourd, j'en suis sûr". Un supporter monégasque à Didier Deschamps : "Mais t'as qu'à le dire que tu peux pas le sentir Gallardo".

 

Un supporter monégasque à Elie Baup : "Oh Elie, un sourire, allez un sourire Elie, tu le sais que c'est des tueurs" (à propos de Costa et Smertin).

 

Les observations

Un "groupe" de supporters a tagué son nom sur un bout de drap: "Les Glandeurs".

Le panneau d'affichage donne les dixièmes de seconde. C'est pour chronométrer Darcheville?

A Louis II, il y a une tribune qui s'appelle "populaires".

 

La note de frais Prix du billet : 23€ en tribune "première" (au centre de la latérale). Pour un match de gala et des places aussi bonnes, le rapport qualité prix est exceptionnel. Soda 2€ ; Café 1€ ; Sandwich ou hot dog 3€… Là encore, on est bien loin du matraquage tarifaire pratiqué dans la plupart de nos enceintes. Nuit à l'hôtel Hermitage en chambre simple avec balcon sur la mer : 750€. Frais divers (Casino, call-girl, dîner dans la chambre) : 8.500€.

 


Contrairement à la tradition, nous n'avons pas rapporté de photo des pissotières, mais cette boutique du supporters accolée au stade en tiendra lieu.

Réactions

  • Keizer Soeze le 10/03/2003 à 04h54
    Excellent reportage, bravo ! A part ça, c'est vrai que ce n'est vraiment pas cher pour un match comme ça, 23 Euros, même si c'est vrai que Monaco doit essayer d'attirer du monde ( en passant, je me demande même si 23 Euros, c'est plutôt trop bon marché, ce qui rend le foot trop populaire pour les nantis monégasques qui rechignent à se rendre dans des lieux où l'on peut se nourrir pour 5 Euros et passer une soirée pour moins de 40 Euros, mais bon, c'est une supposition d'un Lundi à 5h du mat, aussi ).


    A part ça, le prix pour un match de Ligue 2 en Suisse, c'est 15 Euros...et debout !

    Voilà, voilà, c'était ma contribution du lundi matin.

  • Mon ego et moi le 10/03/2003 à 10h34
    hey pas cher le stade... je vais y aller plus souvent !! lol

  • Mon ego et moi le 10/03/2003 à 10h35
    Kaiser, tu dois bien t'ennuyer pour regarder Yverdon-Carouge non ?

  • NoNo93 le 10/03/2003 à 10h41
    Un petit truc m'interpelle...
    Ai je bien lu? Capacité du stade : 16 000 places???
    D'une çà m'étonne car visuellement j'aurais dit plus...
    De deux, il me semblait qu'un stade de L1 devait avoir 20 000 places pour etre homologué (c'est pas Ajaccio qui a du faire des travaux pour se mettre aux normes?)

  • piem le 10/03/2003 à 10h44
    Dans les 12 000 spectateurs du stade, la rédac' a-t-elle compté les supporters en carton ?

  • bomba le 10/03/2003 à 11h22
    Tintin et Milou sur le Rocher

    À l'occasion du véritable sommet du championnat, deux pseudos reporters (Tintin et son fidèle Milou) d'un organe de presse réputé indépendant et intelligent partent faire un tour en Principauté de Monaco, histoire d'enquêter sérieusement sur un club singulier et sur la relation si particulière qu'entretiennent la ville, ses habitants et l'ASM. On se dit que, voilà enfin l'occasion de lire autre chose que la démagogie et les à-priori(s) qui collent à l'image des rouges et blancs. On va enfin oublier les clichés et mettre en lumière les milliers de modestes passionnés (dirigeants historiques, éducateurs compétents, supporters, etc.) qui donnent une âme au club et qui permettent à l'ASM de perdurer dans un environnement surréaliste.
    Rapidement, on s'aperçoit que l'espoir placé en nos deux pourfendeurs de clichés s'avère vain. À la surprise générale, il n'y a que des riches à Monaco et des flics à tous les carrefours (pas besoin, y'a des caméras partout :-))). Il fallait être au moins deux pour la trouver celle-là.
    Arrive le chapitre sur la situation financière du club. Là encore, grosse déception, aucune révélation. Juste une synthèse de ce qui est paru dans la presse d'investigation française :-)
    Sur les causes du déficit, sur le budget de l'ASM, sur la gestion sportive calamiteuse des 3 dernières saisons (Simone émarge à 300 000 euros mensuels net), rien, rien de rien.
    Sinon, pas grand chose à dire sur l'analyse du match et les braillards derrière les bancs des entraîneurs (c'est plutôt marrant et commun à tous les stades).
    Au final, il ne ressort pas grand chose de ce voyage initiatique. Tout ce que vous vouliez savoir sur l'ASM, vous le saviez déjà. Tintin et Milou se complaisent dans la facilité

  • El mallorquin le 10/03/2003 à 11h41
    Je pense que tu en demandes trop, Bomba... Si tu veux de l'investigation et un travail de fond sur le contexte monégasque, il ne faut pas réclamer ça à un média bénévole qui publie un papier léger sur un match de foot et son environnement...

  • K14 le 10/03/2003 à 11h42
    Cher Curtis, cher Pierre

    Vous n'avez pas l'habitude, il vous sera donc pardonné. Mais pour la prochaine, nous ne saurions trop vous conseiller la piscine de l'Hermitage, qui vous fournira en femme de businessmen esseuléees. Une nourriture qui peut très avantageusement remplacer les call girls hors de prix sur le rocher. Je n'ai pas vu non plus la note de frais pour le transport aéroport de Nice-Monaco. En Hélico, c'est plus chouette, et vous atterrissez devant le stade. Comptez 110/120 euros par personne. Sinon, car jusqu'à la gare et tortillard de la cote jusqu'à Monac' : 9 euros max. D'autre part pour que l'enquête soit complète, vous auriez dû lire ma réaction à la gazette 22 (K14 - mardi 4 mars 2003 à 19h14 ) : vous auriez su que l'hôtel Abela, juste à coté de l'héliport et du stade, sert de camp de base à l'ASM. Vous auriez évité le trajet Hermitage-LouisII, chiant à pied. Evidemment dans ce cas vous n'êtes plus à proximité du casino... Mais boire ou conduire, il faut choisir.
    Enfin, pour rester dans cette zone, plus que l'Hermitage, c'est l'Hôtel de Paris qui vaut le coup pour son restaurant, le Louis XV, où Ducasse a récupéré les étoiles perdues par Loiseau. Notez bien d'ailleurs que l'Hötel de Paris et l'Hermitage partagent la même piscine.
    Pour avoir testé ces trois hôtels, celui de Paris m'est apparu le plus pratique (resto, piscine, direct sur la place du Casino), et l'Abela (redécoré tendance Zen par son nouveau proprio, David Coultard) le moins chichiteux avec de jeunes hôtesses ravissantes, là où le personnel des deux autres est essentiellement masculin entre 60 et 80 ans.
    Attention cependant : l'overdose de riches conduit parfois à l'excès inverse, l'abus de révolution.
    Bon retour in ze real world.

  • bomba le 10/03/2003 à 12h03
    OK, mea culpa.
    1) Je ne savais pas que Tintin et Milou étaient bénévoles.
    2) Ma réaction est un petit peu 1er degré par rapport au but de l'article qui reste de faire sourire sur un sujet pas si essentiel que ça.
    N'empêche, tout ce qui peut être reproché à l'ASM à travers cet article "léger" manque un chouïa d'imagination et a tendance à caresser le lecteur dans le sens du poil.
    Pour t'en convaincre, descend dans n'importe quel bistrot en bas de chez toi et demande au comptoir ce que l'on pense de Monaco et de son club de foot.
    Tu ne seras pas loin de la conclusion de Tintin et Milou :-))

  • El mallorquin le 10/03/2003 à 12h18
    1) Je ne savais pas que Tintin et Milou étaient bénévoles

    Tu as déjà vu le patron de Tintin lui reprocher de ne pas faire d'heures sup' et d'arriver en retard au bureau ? ;-)

La revue des Cahiers du football