Droits télé : guère épais
Le foot français s'offre un an de trêve dans le conflit entre TPS, Canal et la Ligue, quitte à ne plus savoir ce qu'il vaut vraiment. La Coupe de l'UEFA, elle, sombre dans la misère…
Droits du championnat : match reporté, recette sous scellés
Le feuilleton de l'attribution des droits du championnat de France vient de connaître un inattendu — et provisoire — dénouement. La médiation entre la Ligue, Canal+ et TPS, acceptée sur proposition de la cour d'appel le 14 février dernier, avait été rallongée d'une semaine, puis de deux autres. Elle vient de déboucher sur un accord qui consiste à prolonger d'un an l'actuel contrat, les deux opérateurs présentant une offre globale de 375M€ pour la saison 2004/2005. Le Conseil d'administration de la Ligue a entériné l'accord obtenu par les deux médiateurs, Alain Viandier et Roland Faure qui en rendront compte devant la Cour d'appel le 22 avril.
D'ici-là, l'accord ne sera pas officialisé par les opérateurs (AFP 11/04). Cette solution permet à la Ligue de sortir de l'impasse et de désamorcer le conflit juridique. En effet, TPS retire sa plainte devant le Conseil de la concurrence et Canal renonce à ses droits sur les saisons 2004/2007 (qui faisaient l'objet de l'appel d'offre). Mais au moment de relancer un nouvel appel d'offres pour la période 2005/2008 (probablement dans un an), elle n'aura aucune garantie de retrouver les fameux 480M€ annuels, qui n'auront pas fait rêver le football français très longtemps. Les 375M€ proposés pour la saison de transition constituent une baisse de 22% par rapport à ce montant, baisse que l'on peut attribuer à l'abandon de l'exclusivité que Canal était prêt à payer… D'un autre côté, cette somme est en hausse par rapport à la dernière année du contrat en cours (266M€). Et dans un an, la Ligue pourrait très bien se contenter d'un contrat calculé sur cette base, car la situation économique du football pourrait se dégrader encore. Et qui sait si d'ici-là, les deux bouquets n'auront pas fini par fusionner, réduisant la concurrence à zéro…
La coupe de l'UEFA doublement condamnée
Alors que l'enveloppe globale pour les droits de la Ligue des champions a sévèrement décru dans une Europe du foot en pleine crise, la Coupe de l'UEFA, elle, pourrait être complètement déshéritée. En France, Canal+ et TF1 se sont portés acquéreurs de la LdC (période 2003/2006) pour un montant total approchant les 60M€ annuels, alors que précédemment les deux chaînes en versaient 110 à l'UEFA chaque année. Mais la situation est bien pire pour la Coupe de l'UEFA, puisque Canal+ vient de mettre un terme prématuré à son contrat avec le "pool Europe" (représentant via Darmon les clubs français qualifiés pour cette compétition — à ne pas confondre avec le "Club Europe"), qui courait encore sur la saison prochaine (L'Equipe 02/04). TF1 n'ayant pas de clause de résiliation, Eurosport pourra encore diffuser les rencontres, mais il reste que pour l'exercice 2003/2004, les clubs seront amenés à négocier au coup par coup avec les chaînes pour les retransmissions de leurs matches, qui pourraient ne plus être assurées du tout. En définitive, cette tendance que l'on retrouve dans d'autres pays plombe un plus l'intérêt financier d'une compétition déjà appauvrie ces dernières années.
Ayant passé en force la réforme de la C1, l'UEFA avait reporté celle de la Coupe de l'UEFA pour ne pas affronter à nouveau les clubs. La saison prochaine, celle-ci risque de connaître une désaffection encore plus marquée Le problème est que la Ligue des champions la vampirise aussi bien sur le plan financier que sur le plan sportif, et d'autre part que pour y pallier, la confédération européenne va vraisemblablement vouloir la transformer selon un système de poules plus lucratif, imitant son aînée et supprimant le principe originel des coupes d'Europe, celui de l'élimination directe. Pour être sauvée, la Coupe de l'UEFA risque donc de subir un lifting ravageur… La seule solution viable consisterait à rééquilibrer les poids respectifs des deux coupes européennes. Mais pour cela, il faudrait dégonfler la sacro-sainte Ligue des champions, dont le poids est devenu écrasant et qui produit des différences de revenus rédhibitoires entre les clubs (y compris au niveau national). Et ça, ce n'est pas pour demain, même si sa cure d'amaigrissement dès la saison à venir et la baisse de ses ressources télévisuelles marquent un début de retour à la raison.
Bavarois aux cerises
Finissons sur le vaudeville qui oppose la Ligue allemande au Bayern Munich à propos du contrat occulte conclu avec Kirch (voir les Gazette 87 et 89). Un terme semblait sur le point d'y être mis avec l'accord amiable conclu entre le club et la DFL, impliquant une indemnité de 3M€ au profit de la fédération. Las, celle-ci s'est fendue d'un communiqué mentionnant le caractère "moralement répréhensible" du contrat avec Kirch (AFP 13/04). Il n'en fallait pas plus pour qu'un nouvel incident diplomatique ne soit déclaré. Les dirigeants du Bayern ont répondu à "l'insulte" en agitant de nouveau toutes sortes de menaces, comme celle de se retirer de toutes les commissions. Fort heureusement, il n'a plus été question de déménagement en Italie.