Procès de l'OM : le best of
Le procès "des comptes de l’OM" s’est tenu en mars devant le tribunal correctionnel de Marseille. Ces trois semaines d’audience ont donné lieu à quantité de bons mots et petites phrases…Après le bêtisier (dans le n°25 des Cahiers), voici les morceaux choisis.
Auteur : Albert Satz
le 9 Mai 2006
Vincent Turbeaux, président du tribunal
- Sur la pratique des comptes en Suisse des agents : "Ce qu’il y a de bien, c’est que vous êtes dispersés dans toute l’Europe, mais que vous avez à peu près tous les mêmes banques".
- À propos de l'évolution de la rémunération de Rolland Courbis à l’OM : "Déjà, agent, ça me tentait… Mais entraîneur, c’est génial!"
- En réponse à Rolland Courbis qui se plaint de ses ennuis récurrents avec l’administration fiscale : "Ne vous inquiétez pas, ici on a l’habitude de juger les malheureux".
- Coup de colère, devant le mutisme et les pertes de mémoire des prévenus : "Vous me fatiguez… Il y a des gens en comparution immédiate qui reconnaissent les faits. Et vous, qui êtes censés être la crème, il n’y en a pas un qui va parler et dire ce qui se passe dans le football? Il y a des trucs gros comme le nez au milieu de la figure, qui vous laissent pris comme des rats, et vous continuez à tourner autour du pot, comme des minables… C‘est affligeant, vous êtes affligeants!"
- Commentaires sur les paradis fiscaux : "Si vous en avez l’occasion, je vous recommande vraiment d’aller passer quelques jours au Îles Vierges Britanniques". "En revanche, les îles Caïmans, je ne connais pas du tout…" "Limassol, c'est une charmante bourgade". "Man, l’île où les chats n’ont pas de queue". "Hambourg n‘est pas un paradis, encore moins fiscal".
- À propos du rôle de D’Onofrio dans le transfert de Ravanelli à Marseille : "Vous lui avez montré des photos de Notre-Dame de la Garde, de la Canebière… Mais la discussion a dû aller plus loin que ça : vous vous souvenez de conversations sur les conditions sociales et fiscales de rémunération en France?"
- À propos du transfert de Pablo Calandria : "Vous achetez les droits d’un joueur argentin mineur à une société anglaise. Un gars normalement constitué, élevé en Europe Occidentale, ayant fait un peu d’études, devrait se demander dans quel guêpier il s’est fourré, non?"
Rolland Courbis, ancien entraîneur
- À propos de ses démêlés avec le fisc : "Ce sont des matches qu’on joue toujours à neuf contre onze… et pourtant, depuis quinze ans, je les gagne assez souvent".
- À propos de la pression qui pèse sur les épaules d’un entraîneur de l’OM : "Ici, quand tu fais 0-0, en écoutant les commentaires le lendemain, tu as l’impression d’avoir perdu. Et si tu perds 1-0, tu as l’impression d’en avoir pris cinq…"
- À propos de l’instruction du procès : "Je ne permettrais pas de critiquer cette enquête, mais vous devez entendre ce que je pense très fort".
Robert Louis-Dreyfus, actionnaire majoritaire
- Concernant les raisons de sa venue à l’OM, à une époque où il était patron d’Adidas : "Nike avait l’objectif de devenir numéro un dans le football. Notre stratégie était de les repousser pour conserver le leadership, en conservant l’équipe nationale et un club mythique dans chaque pays".
- À propos de la nomination d‘Yves Marchand au club : "On a lui a cherché une autre mission au sein d’Adidas. Comme on n’a rien trouvé, je lui ai proposé de prendre la présidence de l’OM".
- Sur l’engagement de Rolland Courbis : "La première fois que je l’ai rencontré, je lui ai dit : pas de magouilles, pas de tricheries, je veux qu’on soit impeccables".
Jean-Michel Roussier, ancien président délégué
- À propos d’une facture honorée contre son avis, alors qu’il était président délégué du club : "Cela fait partie des mystères de l’Olympique de Marseille que je ne sais pas résoudre…"
- Concernant la reconversion de Marcel Dib au sein du club : "Il n’était pas vraiment directeur sportif… Ou alors c’était le seul en France à être au service de l’entraîneur".
Me Michel Leroux, avocat de Jean-Michel Roussier
- S‘adressant à Robert Louis-Dreyfus : "Vous, Tartuffe, où avez-vous vu jouer cela? Roussier est président, mais de quoi? Avec quelle autorité? S’il vous plaît, partez monsieur! Marseille n’a pas besoin de vous. Vous avez mouillé celui-là et il vous en veut terriblement. Depuis quinze jours, il a envie de vous dire : tu m’as pris pour une truffe!"
Lucio D’Onofrio,ancien agent de joueurs
- À propos du marché des transferts : "Peut-être que vous ne le savez pas, mais il y a souvent plusieurs agents qui appellent pour le même joueur". Le président du tribunal : "Oui, je commence à m’en apercevoir…"
Marc Cimamonti, procureur représentant le ministère public
- "Dans un monde normal, quand des négociations sont menées, on demande à chacun de justifier son rôle, on ne dissimule pas son activité derrière des sociétés basées dans des paradis fiscaux, on n’érige pas le faux en instrument d’action systématique".
- "Une certitude : tout intervenant qui prend part à ces négociations a vocation à être rémunéré de manière substantielle. Il y a un très gros paquet de fric sur la table, et comme on dit à Marseille, on se gave! La réglementation est prise en compte uniquement à des fins cosmétiques".
- "Chacun fuit ses responsabilités… Si on écoute les uns et les autres, c’est la génération spontanée des commissions".
- "Robert Louis-Dreyfus est le décideur final. Il connaît les arcanes du monde du football, au sens propre de la préparation mystérieuse réservée aux initiés. Il prend la direction d’un club dont la chute a été provoquée par des pratiques frauduleuses. Pourtant, cette cuisine nauséabonde, il va la tolérer, l’autoriser et la pratiquer".
- "On attendait beaucoup de lui, de sa réputation de grand homme d’affaires, pour mettre fin aux dérives du passé. Je me dis que vous avez voulu et objectivement contribué à ce que prospère cette économie souterraine du foot. Vous avez abaissé et abîmé ce club et cette ville".
Me Georges Jourde, avocat de Robert Louis-Dreyfus
- "Le choix de Rolland Courbis n’est pas celui de Robert Louis-Dreyfus. Il voulait un entraîneur allemand, on lui a expliqué qu’il fallait prendre un Marseillais".
Me José Allegrini, avocat de Rolland Courbis
- "Les joueurs, d’où qu’ils viennent, ont tous un langage en commun. Je ne sais pas s’il s’apprend dans les écoles de football, mais il tient en deux mots : net d’impôt".
- "Ici, on ne veut pas jouer au ballon, on veut gagner. Il faut recruter vite et beaucoup, et les grands joueurs, vous les trouvez à l’étranger. Alors, on peut demander des papiers d’identité à tout le monde, installer les poussins au centre de formation, et se donner rendez-vous dans quinze ans… Mais les Marseillais, eux, au bout de combien de jours ils vous pendent?"
- "Yves Marchand n’était génétiquement pas programmé pour le monde du foot à Marseille. Après l’incident dans le tunnel du Vélodrome avec Gallardo, je lui avais demandé s’il y avait des personnes impliquées dans le club. Il m’avait répondu : non, personne, je leur ai posé la question. Il n’imaginait pas qu’on pouvait lui mentir! Mais là-haut, à la Ligue, ils ne sont pas suisses…"
Me Alain Molla, avocat de Rolland Courbis
- "Notoirement ignorant des choses du football, bien que marseillais, je redoute depuis des années de devoir discuter avec un chauffeur de taxi du dernier ou du prochain match de l’OM".
- "Aucun des prévenus n’est responsable de la place qu’a pris l’argent dans ce sport, de la passion mondiale qu’il suscite, de la déconnexion entre le talent sportif et le niveau de rémunération des joueurs. Je ne peux pas comprendre qu’un mois de la géniale maîtrise du ballon de Thierry Henry vaille plus qu’un siècle de labeur d’un ouvrier".
Me Carlos Bejarano, avocat de Rolland Courbis
- "En Angleterre, quand on a de bons entraîneurs, on les anoblit. En France, quand on a de bons entraîneurs, on les traduit devant le tribunal correctionnel".
- "Dans un avenir proche, l’OM appartiendra à un fonds de pension chinois géré à Miami. C’est le sens de l’histoire".