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Qui franchit la ligne ?

La bêtise règne et son siège est évidemment celui des chaînes de télévision. Là opèrent des arbitres encore plus mauvais que dans vos pires cauchemars: les commentateurs. Illustration avec le Lille-Monaco par lequel est venu le scandale.
Auteur : Pierre Martini le 31 Août 2007

 

Bien que le phénomène n'ait rien de nouveau, il reste tout de même fascinant: les "débats" sur l'arbitrage sont un extraordinaire facteur d'excitation de la bêtise humaine, tout le long de la chaîne des acteurs du football. On pourrait en faire l'exégèse pour cette journée particulière, dont la raison ne voudrait retenir qu'un seul constat: l'application de la règle concernant l'annihilation d'une occasion de but s'apparente à une double peine lorsqu'elle redouble un penalty (réparation pourtant suffisante) par une exclusion. Le conflit entre l'esprit (Sochaux-Lyon: faute de Bodmer, penalty sec) et la lettre (Saint-Étienne-Strasbourg: faute de Lacour, penalty et carton rouge) trouve si souvent des illustrations qu'on attend désespérément un éclaircissement de la part des instances.


Commentateur et juge de ligne
Mais pour le reste, les polémiques continuent de racler les grands fonds. Prenons le résumé de Lille-Monaco lors de Jour de foot. Un chef d'œuvre dans son genre. Dès le lancement, Alexandre Ruiz donne le ton: "L'acteur principal de cette rencontre, cela a été monsieur l'arbitre". Tant pis pour les joueurs et les entraîneurs, qui auraient pu s'épargner de transpirer. Confirmation par l'envoyé spécial, Thomas Guichard, qui rappelle d'emblée que M. Thual a déjà été "impliqué dans l'affaire de l'exclusion de Kim Källström lors de Toulouse-Lyon". Rappelons que l'arbitre en question n'a été "impliqué" dans cette "affaire" que par Jean-Michel Aulas (lire La montée d'acide de Jean-Michel)...

koller_ligne.jpgLe premier fait du match, ce serait donc ce ballon dégagé in extremis sur sa ligne par Jan Koller. "Ce ballon semblait avoir franchi entièrement la ligne", affirme Guichard. Arrêtons-nous un instant sur cette merveille de phrase. Elle dit clairement les choses: son auteur ne sait foutrement pas si la balle a franchi la ligne. Et pour cause: les images ne permettent absolument pas de se faire opinion formelle (1). Mais comme personne n'a besoin de preuves pour se faire une opinion, le journaliste ne se prive pas de décréter la sienne. La précaution oratoire (l'usage du verbe sembler) n'y change rien: il s'agit bien d'imposer l'idée que le trio arbitral s'est trompé (2). Pourquoi? Parce que c'est "l'angle" unique de son reportage, parce que le journaliste est incapable de trouver autre chose pour composer son commentaire et parce que la circonspection et – n'ayons pas peur des gros mots – l'intelligence des situations ne font pas partie de son cahier des charges.


"Petits effets, grandes conséquences"
D'autres faits de jeu auront retenu l'attention de notre Rouletabille des bords de Seine. La faute de Plestan à l'origine du coup franc qui amène le but monégasque est décrétée imaginaire, alors que les images ne sont absolument pas formelles (3). "Petits effets, grandes conséquences" (sic), affirme pourtant le commentateur, qui insiste lourdement: "On le rappelle, il n'y avait pas faute au départ"...
C'est encore l'accrochage dans la surface entre Obraniak et Bolivar qui nous vaut un autre jugement définitif: "Et pourtant, regardez le ralenti, la faute, ici, le tirage de maillot". Le ralenti ne permet pas de savoir avec certitude si cette empoignade, réelle mais furtive, a vraiment suffi à déséquilibrer le Lillois, mais peu importe, le jugement est sans appel: "Les Lillois auraient dû avoir un penalty". Logiquement, Thomas Guichard trouve des excuses à Obraniak pour une "faute de dépit" (!) qui lui vaudra l'exclusion après un tacle les deux pieds décollés à hauteur des genoux de Muratori. L'image la plus parlante est celle des coéquipiers du Lillois qui n'hésitent pas à entourer l'arbitre pour protester à grands cris contre cette injustice. Comment s'en étonner, lorsque les médias dressent littéralement les spectateurs et les joueurs à hurler contre les décisions arbitrales?

Cela ne suffira pas pour Canal+. Après le résumé, "l'homme de terrain" Philippe Lefèvre est montré harcelant le délégué de la DTNA (Direction technique nationale de l'arbitrage), Rémi Harrel, qui refuse que le journaliste aille interviewer l'arbitre du match. Quel dommage qu'une telle intransigeance et une telle volonté d'investigation ne soient pas à l'œuvre, au sein de la chaîne cryptée, concernant tous les autres aspects infiniment plus alarmants qui minent le football.


Une justice rendue par des vigiles
Dans les deux situations les plus discutées (accrochage Obraniak et dégagement de Koller), il n'est pas besoin d'être monégasque pour avoir un avis (si l'on tient absolument à en avoir un) opposé à celui du commentateur, en interprétant autrement ces ralentis forcément ambigus. Et si l'on n'est ni lillois, ni monégasque, ni stupide, on en conclura simplement que ces actions était sujettes à interprétation. Qu'une telle constatation vienne à l'esprit du commentateur, et son monde binaire s'écroulerait dans un épouvantable fracas: dieux du ciel, il y aurait donc des choses indécidables, des gestes qui refuseraient de basculer soit dans l'univers des "y a faute", soit dans celui des "y a pas faute"? Car il y a, pour lui, un gouffre manifestement infranchissable entre la proposition "Les Lillois auraient dû avoir un penalty" et la proposition "Les Lillois auraient pu avoir un penalty" (4).

Olivier Thual a peut-être mal arbitré ce Lille-Monaco, mais que dire de la prestation du journaliste qui s'est permis de lui infliger un procès entièrement à charge? L'arbitrage vidéo, tel que préfiguré et mis en œuvre quotidiennement par ses principaux promoteurs – les journalistes sportifs de télévision –, c'est une justice rendue par des vigiles plantés devant des écrans qui bondissent à chaque fois qu'une caméra de surveillance filme quelque chose. Pour tirer dans le tas.

Claude Puel, qui avait pourtant opté pour une certaine retenue, lâchera devant les caméras ce lieu commun, presque par acquis de conscience: "Les images parlent d'elles-mêmes". Eh bien non, les images sont muettes. En revanche, on leur fait dire n'importe quoi. Et les commentateurs s'en chargent, comme de mauvais ventriloques dont on verrait la bouche bouger quand Tatayé dit une énorme connerie.


(1) La règle étant que le ballon doit avoir entièrement franchi la ligne, cela signifie que l'on devrait théoriquement mesurer le franchissement au centimètre près, voire au millimètre dans les cas les plus "limites". En attendant qu'un système électronique quelconque se charge de trancher ces litiges, prétendre affirmer que le ballon a – ou pas – franchi la ligne dans ces cas-là, à partir des images diffusées, est d'une bouffonnerie sans fond.
(2) Selon le commentateur, l'arbitre assistant était "mal placé" sur cette action. Or, il est à deux mètres du poteau de corner, et peut difficilement être mieux placé compte tenu du positionnement de l'ensemble des joueurs et du déplacement du ballon. Thomas Guichard s'appuie sur une contre-vérité pour étayer un propos déjà fallacieux.
(3) On peut aussi les interpréter en estimant que le défenseur, qui ne regarde plus le ballon, se place délibérément sur la trajectoire de son adversaire.
(4) Il serait temps de comprendre qu'une règle est une convention, pas un dispositif destiné à faire surgir une vérité scientifique ou transcendante.

Réactions

  • sansai le 31/08/2007 à 02h31
    Le plus agaçant dans tout ça étant probablement le fait qu'à force de taper sur les arbitres à tort et à travers, et à s'ériger contre ces attaques injustes et cet acharnement lamentable des medias, le débat de fond, le vrai, est complètement occulté : mais que font les instances dirigeantes ?
    Quand est-ce qu'elles vont trancher une bonne fois pour toutes sur des questions aussi primordiales que, par exemple, cette fameuse double-peine peno+rouge accordée au pifomètre d'un match à l'autre suivant le feeling de l'arbitre ?

    Ce serait pourtant une façon simple et efficace de crédibiliser les arbitres et de les protéger un peu mieux... Et d'éviter l'incompréhension et la remise en cause perpétuelle de l'arbitrage.
    Il est inévitable, avec la passion qui entoure le foot, la pression qui pèse sur les joueurs et les entraîneurs, que chaque décision difficile à comprendre, d'autant plus quand on peut la comparer avec une action similaire en tout point et qui a eu pour résultat une sanction nettement différente, décrédibilise un peu plus l'arbitrage, et se transforme en autant de soupapes de sécurité pour évacuer la frustration d'une défaite jugée imméritée.

    Si au moins, il y avait ce strict minimum de cohérence dans l'arbitrage, que tout n'était plus qu'une question d'interprétation de l'action, qu'une fois l'action interprétée par l'arbitre, la sanction qui en découle naturellement était la même pour tout le monde, je pense que tout le monde, des supporters aux dirigeants en passant par les joueurs, aurait beaucoup moins de mal à accepter la vulnérabilité de l'arbitre qui n'est pas omniscient, ne voit pas tout, n'a pas de ralenti avec 15 angles de caméra différents, et peut interpréter les choses différemment (comme l'illustre fort bien l'exemple de cette faute de Plestan, sifflée non pas à tort, mais selon une interprétation valable, bien que discutable).
    Y'aura toujours la mauvaise foi, surtout à chaud, et les journalistes de C+, même à froid, mais je sais qu'en ce qui me concerne j'aurais beaucoup moins de mal à accepter certaines décisions si je savais que c'est juste l'interprétation de l'action qui est différente de la mienne, pas qu'il colle une sanction au pifomètre au feeling du moment.
    Au moins à froid, en tous cas.

    Pour moi c'est vraiment un des aspects primordiaux de la décrédibilisation des arbitres : cet arbitrage pratiqué au pifomètre avec des lois du jeu vagues, et une interprétation de ces lois laissée à la discrétion de chaque arbitre.
    Ca peut pas marcher comme ça, pas avec les enjeux qui entourent des matches de foot de haut niveau.

  • Bourrinos le 31/08/2007 à 07h44
    Attendez, quand j'ai vu le journaliste de terrain (Lefebvre, donc), poursuivre Remy Harrel dans les vestiaires de cette façon, j'ai cru revoir "Le vrai Journal", quand les journalistes poursuivaient les politiques pour leur poser des questions impertinentes. C'est juste l'esprit canal qui revient. La vérité doit éclater.

    Et pour la L1 méfiez vous des? CONTREFAÇONS!

  • suppdebastille le 31/08/2007 à 09h28
    L'Equipe ce matin ne s'embarrasse pas de conditionnel en affirmant que le ballon avait franchi la ligne.

  • visant le 31/08/2007 à 09h29
    Waouw!
    Merci les CdF pour cette excellente contribution!
    Finalement, je suis bien content de ne plus avoir à supporter jour de foot. Entre le cassage en règle d'un arbitre anonyme et les minutes pathétiques d'Alex Ruiz...


    PS: J'ai adoré votre "Rouletabille des bords de Seine". Ce Thomas Guichard a vraiment une tête à claque. C'est sans nul doute le fils caché de Marianne Mako et Pascal Praud (de source pas sûre). Mais cela ne nous regarde pas.

  • Paris 14 le 31/08/2007 à 09h31
    Aujourd'hui dans 0,85€, on parle de 2 buts pourtant valables refusés aux Lillois.
    " Deux fois le ballon avait franchi la ligne de but sans que le corps arbitral ne s'en rende compte".

    L'amusant c'st qu'on nous montre une photo de Kohler de face en train de dégager en arrière.

    On aurait aimé que Regis Testelin, qui signe l'article, nous apporte des preuves des ses affirmations.

  • Lain le 31/08/2007 à 09h57
    Ravi de voir que l'invraisemblable mauvaise foi des journaleux de C+ a été relevée sur ce match... Et encore, on ne parle ici que de Jour de Foot, dites-vous que les commentaires live sur Foot+ étaient encore pires (avec un Daniel Leclerc au sommet de sa médiocrité) !

    En tout cas, on aura droit à ce genre de prestations tragicomiques tant que l'on n'acceptera pas de repenser l'arbitrage (règles plus précises pour les pénos comme dit plus haut, vidéo pour les ballons sur la ligne et pq pas pour les hors-jeu, etc)...

  • Tom_Verlaine le 31/08/2007 à 10h00
    Bon article. En regardant Jour de Foot, j'ai effectivement surpris que Ruiz présente le match uniquement sous l'angle des erreurs d'arbitrage alors qu'après visionnage du résumé aucune erreur n'est vraiment évidente. De manière générale, j'ai aussi l'impression que Canal cherche à donner de l'intérêt à des matches qui n'en ont pas...on va donc passer du temps à tirer sur l'arbitre ou à interroger les "people" à la mi-temps du match (cf. Lyon vs St etienne). C'est assez pitoyable et je pense que ca n'intéresse pas grand monde.

  • suppdebastille le 31/08/2007 à 10h01
    L'arbitre Thual a même très bien vu le but marqué de la main par Yula qui à vitesse normale sur les images télé n'était pas si évident à juger.

    D'ailleurs la CNE pourrait sanctionner Yula?

  • Si le vin vil tord le 31/08/2007 à 10h08
    La preuve par l'image, Pars 14, la preuve par l'image. Dès la première journée (ou était-ce le Trophée des Champions), il y a eu une vignette dans l'Equipe pour parler du premier scandale d'arbitrage avec une balle rentrée/pas rentrée... Je ne lis que rarement ce fameux journal, je n'y perds rien.

    Je fais suite au poste de sansai. Je crois que le pifomètre est forcément une part importante du football et du sport en général. La règle sur le penalty est claire : faute dans la surface = penalty. Oui, mais entre les joueurs qui se jettent dans la surface au moindre contact et ceux qui s'aggrippent au maillot jusqu'à la limite de la surface (Bodmer aura au moins continué son geste!), il est difficile de toute façon de distinguer le vrai du faux.
    Sans oublier que la mauvaise foi des supporters notamment est sans bornes et que même sur des fautes évidentes, on trouvera toujours que l'arbitre a été bien dur/permissif.
    C'est sûrement un problème d'éducation : les attaquants cherchent souvent une faute que l'arbitre sera obligé de siffler (Juninho est très fort là dedans) par exemple.
    C'est sûrement pas très clair mais je crois vraiment que le pifomètre ne pourra jamais être éliminé du jeu et de l'arbitrage.

  • Dastardly le 31/08/2007 à 11h19
    Sans compter les différences d'interprêtation selon la situation.
    Entre la poussette de Bodmer qui provoque le pénalty pour Chocho, et le tampon du manceau Grafite sur Mendy, juste avant la frappe déviée sur la barre par Armand, je ne vois pas de grosse différence... sauf que d'un côté on siffle une faute du défenseur, et que de l'autre, on ne siffle pas.

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