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Rattrapés par la réalité

La dépêche ATP (Agence Transe Presse) de notre dernier numéro est tragiquement entrée en collision avec la réalité. Bilan: un mort. Avons-nous le pouvoir de provoquer des drames?

le 10 Avr 2008

 

 

Nous reproduisons ici la Dépêche ATP du n°41 des CdF, et la traduction de la dépêche mise en ligne par le site du quotidien espagnol Sport (information confirmée par l'AFP).


Notre fameuse rubrique a déjà suscité des reprises inattendues. Ainsi, L'Équipe Magazine avait relayé notre annonce que le Stade de la Route de Lorient avait été construit sur un ancien cimetière d'Indiens Micmac ramené du Canada par le navigateur Jacques Cartier. Et lequipe.fr avait repris l'information d'un départ inopiné de Fabrice Fiorèse le 31 août, pour passer d'un club qatari à un autre (lire "Fiorèse quitte Al-Rayyan!").


En revanche, jamais auparavant la réalité elle-même n'était venu donner une existence à une de nos inventions. Et nous n'avions pas imaginé que nos articles, vecteurs d'un maléfice, pourraient provoquer des procès et des décès. Ou alors, c'est la Faucheuse elle-même qui nous a fait un clin d'œil après notre numéro spécial "Six Foot Under".

 




Tué par la publicité

Zagreb, le 24 février 2008 (ATP) - C’est une tragédie singulière qui s’est déroulée samedi 23 février au stade de Zaprešic (Croatie), théâtre du match de première division entre l’Inter Zaprešic et le NK Zagreb. Une action de jeu somme toute anodine s’est en effet terminée par le décès de Milenko Farmerovic, le défenseur de l’équipe locale.

À la lutte pour récupérer un ballon qui se dirigeait en touche, le joueur a été déséquilibré et projeté la tête la première vers les panneaux publicitaires lumineux. Les spectateurs et téléspectateurs du match ont alors vu la victime s’encastrer dans l’un d’eux, provoquant un court-circuit puis l’électrocution du malheureux, parcouru de spasmes durant quelques secondes avant que le réseau local ne disjoncte, laissant le corps sans vie.

Le décès a en effet été instantané, selon le médecin légiste: "Le choc a provoqué une fracture du crâne, l’électrocution a donné le coup de grâce, a déclaré le Dr Sonovabic. Ce qui est singulier, c’est que le cerveau de la victime s’est littéralement liquéfié, au point de se répandre sur la pelouse".

Une polémique a immédiatement démarré sur la dangerosité de ces équipements qui se sont multipliés ces dernières années autour des terrains, en vertu de leur visibilité supérieure et des animations qu’ils permettent d’afficher. Or, aucun règlement international n’est venu fixer une distance minimale suffisante pour éviter le drame de Zapreši. La société Darmonovic, régisseur des panneaux lumineux sous contrat avec la ligue nationale, a décliné toute responsabilité, assurant respecter les normes existantes.

 

"On a la preuve des dommages infligés au cerveau par la publicité", ont ironisé dans un communiqué commun l’association Casseurs de pub et les Cahiers du football, qui ont élevé Milenko Farmerovic au rang de martyr de la cause pour "cette réplique héroïque à une industrie publicitaire qui cherche à nous entrer de force dans le crâne".

Selon nos informations, Ford Europe, dont le logo s’affichait au moment de l’impact, a commandité une étude internationale afin de déterminer si cette exposition dans une séquence qui a fait le tour du monde (elle a atteint le nombre de 325 millions de visionnages sur la plate-forme vidéo YouTube) aura des répercussions positives ou négatives pour son image.



Un joueur croate meurt après avoir percuté un mur

Sport.es – 3 avril 2008. Le footballeur du Zadar Hrvoje Custic est décédé ce jeudi. Samedi dernier, il s'était fracturé le crâne au cours d'un match, en percutant un mur de béton proche de la ligne de touche.
La nuit du mercredi, son état a empiré significativement, avec une forte fièvre, et peu avant le jeudi midi, les médecins ont certifié son décès.

La fédération du pays a déclaré un deuil dans le football croate et reporté la 27e journée de championnat qui devait se disputer ce week-end. Le président de la Ligue, Igor Stimac, a rejeté la faute sur les dirigeants de la fédération pour avoir permis que des matches de championnat se jouent au stade Stanovi, avec un mur dangereux, à deux mètres du terrain de jeu.

Samedi dernier, Custic, âgé de 24 ans a percuté de la tête contre le mur de béton à côté de la ligne de touche, au stade Stanovi de Zadar, en première division croate. Victime d'une faute de la part d'un joueur de Cibalia, Custic a trébuché, a fait quelques pas, et est tombé juste contre le mur qui entoure le terrain du petit stade de Zadar.

Le coup lui a fracturé le crâne et le joueur a commencé à souffrir de convulsions. Immédiatement transféré à l'hôpital, il a été opéré le dimanche matin.

Après l'intervention, il semblait que Custic allait récupérer normalement, mais il a rapidement sombré dans un état critique sans que les médecins ne puissent empêcher son décès.


N.B. : Trop approximative pour être morbide, la vidéo permet au moins de constater que c'est bien une publicité que percute le joueur (le résumé du match est très dispensable). Reste à comparer la dangerosité d'un muret en béton avec celle d'un panneau lumineux.

 

Réactions

  • Tricky le 10/04/2008 à 02h16
    Bien.

    Essayons le positif.

    Prochain poisson d'avril 'Metz racheté par Malcolm Glazer. Joe Cole, Theo Walcott, Peter Crouch, Francesco Totti, Daniel Alves, Edouard Cissé et Jean-Philippe Rohr annoncés à Saint Symphorien'.

    D'avance, merci.

  • Le_footix le 10/04/2008 à 09h16
    Mais que feriez-vous de cinq avant-centres (avec Aguirre) sans même parler des gadgets style Gueye ?

  • CatJ le 10/04/2008 à 09h19
    Aguirre est parti ...

    il pensait pouvoir jouer au foot en arrivant, et pouvoir apprendre le francais.

    Mauvaise pioche.

  • animasana le 10/04/2008 à 10h33
    Du coup, je me pose encore plus de questions sur le départ de Busard, dame rédac l'a t elle lancé dans la pub?

  • Bamogo Cadiz le 10/04/2008 à 10h54
    Voilà une vérité bien percutante (contrairement à cette intervention).

    Du coup, je me demande bien quel sera le contenu du prochain délire de l'ATP...

  • Portnaouac le 10/04/2008 à 13h05
    A l'avance, je présente toutes mes désoles aux familles toussa, toussa, et prie Ma'âme Rédac de bien vouloir me pardonner l'offense que je me prépare à lui faire, mais bon, il se trouve que ma panoplie de coupeur de cheveux en quatre (que j'avais mise au nettoyage Mardi après-midi) est maintenant sèche, et que je ne peux pas attendre plus longtemps avant de la revêtir à nouveau (c'est l'une de mes préférées).

    Donc voilà, cet article me conduit à me poser une question ; même si on ne peut s'empêcher de rapprocher l'évènement décrit dans la dépêche de l'ATP et le fait divers mentionné dans l'article, il me semble un peu abusif de souligner la grande clairvoyance de l'ATP.

    En effet, la dépêche de l'ATP imagine le décès d'un joueur survenant après qu'il ait heurté de la tête un panneau publicitaire ; le fait que le panneau soit un de ces nouveaux caissons lumineux et que le joueur soit électrocuté ne me semble être qu'un détail anecdotique, même si l'on peut supposer que la question des normes de sécurité de ces équipements figurait dans le propos de l'auteur de la dépêche ; le propos, en revanche, était surtout de souligner la faible distance séparant les panneaux publicitaires et les limites de l'aire de jeu, et la capacité de cette faible distance à générer des blessures pour les joueurs, lequel propos serait donc dramatiquement souligné par le véritable fait divers.

    Et c'est là que je me permets de rechigner un peu ; certes, le joueur en question a heurté un panneau publicitaire et en est décédé ; sauf que, le fait n'est peut être pas totalement anodin, que ledit panneau publicitaire ait été posé contre un muret en béton présent autour du terrain ; pour s'en convaincre, il faut peut être imaginer un scénario dans lequel on enlève l'un des deux éléments et on examine les conséquences de la même action :
    - si on enlève le panneau publicitaire et qu'on laisse le mur, quelle est la conséquence sur la blessure du joueur : cette blessure est-elle évitée, diminuée, aggravée, la même ?
    - si on enlève le mur et qu'on laisse le panneau publicitaire (monté donc sur le support habituel), qu'en est-il de la blessure ? Evitée, diminuée, aggravée, la même ?
    Là-dessus, il n'existe pas de réponse certaine ; on peut juste imaginer ce qu'il peut, raisonnablement, voire statistiquement, en être.

    Mais ce n'est pas fini, il reste encore une question à se poser (vous ne croyiez pas vous en tirer à si bon compte, quand-même) : le fameux mur en question a-t-il été posé là pour soutenir les panneaux publicitaires ou les panneaux publicitaires ont-ils été posés là, justement parce qu'il y avait un mur ? Là encore, sauf à ce que l'aménageur du stade en question traine ses guêtres sur ce forum, je crains que nous n'obtenions pas de réponse et soyons contraints de l'imaginer, une fois encore en fonction d'hypothèses raisonnables.

    Alors bon, si l'objet de l'article est du pur délire, je retire ce que je viens d'écrire ; mais si l'objet est de souligner, à travers la clairvoyance de l'ATP, les effets potentiellement nocifs des dérives mercantiles du football, je crois que l'auteur de l'article cherche, à bon prix, à nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

    Pour l'heure, je ne suis pas encore parvenu à trancher entre les deux hypothèses...

  • Forez Tagada le 10/04/2008 à 13h13
    Portnaouac :
    "(...) le propos, en revanche, était surtout de souligner la faible distance séparant les panneaux publicitaires et les limites de l'aire de jeu, et la capacité de cette faible distance à générer des blessures pour les joueurs"

    J'en suis pas sûr. Je crois que c'était plus un prétexte pour une petite charge amusante contre l'envahissement de la pub, notamment par ces ignobles panneaux clignotants.

    Pas sûr non plus qu'il s'agisse de mettre en valeur une quelconque "claivoyance". C'est plus la prémonition qui est troublante. La dépêche imagine la mort d'un joueur (en Croatie!) après un choc avec un panneau. Et c'est ce qui se produit deux mois plus tard, en dépit du caractère improbable d'un tel accident.
    L'ATP, c'est plus du canular avec du sens qu'un exercice de pronostic...

  • mollows le 10/04/2008 à 13h17
    Ton argu négliges la distance entre Zaprešić et Zadar qui démontre bien à soit seul la difficulté de guider le doigt du destin depuis le 10e arrondissment de Paris.

  • Raspou le 10/04/2008 à 14h52
    Boh, c'est assez près de ce que les Etats-Unis appellent les bombardements ciblés.

  • Papin Jour Pape toujours le 10/04/2008 à 15h13
    D'où l'importance, dirait tout bon gardien, d'avoir un mur bien placé...

La revue des Cahiers du football