Aberdeen FC 1978-1986 : les années Ferguson
Les grandes équipes – Oublions le concept fumeux de \"grands clubs\", regardons les plus belles équipes de l\'histoire.
Troisième cité du pays, loin derrière Glasgow et Edinburgh, Aberdeen n'en reste pas moins un trou paumé sur les rivages de la Mer du Nord, au climat assez intimidant pour qui souhaite y porter un short – une espèce de Brest en kilt. Question football, l'Aberdeen FC a longtemps ramassé les miettes laissées par les géants de Glasgow, glanant ici et là, en 70 ans, un championnat d'Écosse et quelques coupes.
Les Dandies du futur Sir Alex
L'arrivée en 1978 d'un jeune entraîneur bouleverse l'histoire du vénérable football écossais à une époque où l'Europe parle déjà anglais, mais mâtiné d'un accent écossais qui ne résonne plus qu'à Old Trafford, de nos jours.
À son arrivée au Pittodrie Stadium, Alex Ferguson – pas encore Sir, mais déjà un peu rouge – se voit confier une équipe performante, régulièrement bien placée, mais sans manager stable. Peu expérimenté, sa seule performance est une accession à la First Division avec Saint-Mirren. Dans l'équipe sévissent déjà des grognards, comme le buteur Joe Harper, pas forcément à l'écoute du coach débutant, et de jeunes pousses qu'il saura faire éclore et dont il tirera plus tard le meilleur – parmi lesquels le capitaine Willie Miller, Alex McLeish, Gordon Strachan, ou encore Jim Leigton.
Après une première saison mitigée, les Dandies de Ferguson emportent in extremis et à la surprise générale le championnat 1980, offrant à leur entraîneur à la fois son premier trophée et le respect. La méthode est déjà rodée: discipline de fer, coups de gueule dans les vestiaires et les médias, charisme et autorité qui galvanisent les troupes. Les résultats s'enchaînent, et son équipe prend forme. À la fin de l'été 1982, elle arrive à maturité.
Le Bayern et le Real au tableau de chasse
Les coupes d'Europe n'ont jamais été, jusque-là, le fort d'Aberdeen. Son seul fait d'armes: être la première équipe éliminée aux tirs aux buts en coupe européenne (1). Rien ou presque ne laissait présager la campagne en Coupe des coupes 1982/83. Passé les formalités – surtout douanières – du FC Sion écrabouillé en tour préliminaire, et sorti non sans peine au premier tour du guêpier face au redoutable Dinamo Tirana, Aberdeen atteint pour la première fois de son histoire les quarts de finale en disposant des Polonais du Lech Pozna?.
Le client suivant est le Bayern de Rummenigge et Breitner. Alors qu'on ne donnait pas cher de leur peau, les Écossais arrachent le 0-0 en Allemagne, puis l'emportent 3-2 au retour à Pittodrie, après avoir été menés deux fois au score. Laissant les ogres du Real Madrid et de l'Austria Vienne se dévorer de leur côté, c'est un Aberdeen déchaîné qui écrase les Belges de Waterschei – tombeurs du PSG au tour précédent – et se qualifie pour la finale afin d'y affronter rien moins que le Real de Santillana et Stielike. La légende raconte que sur les 17.800 pelés présents à Göteborg pour y assister, 15.000 étaient écossais. Quasiment à domicile et dans des conditions de jeu comme à la maison, le commando de Ferguson emporte le trophée grâce à Eric Black et un but de Hewitt en début de prolongation (2).
Avant Manchester
Pendant les trois saisons suivantes, Aberdeen raflera pratiquement tout sur son passage: la Supercoupe d'Europe face au Hambourg de Hrubesch et Magath, deux championnats, trois coupes nationales... Mais l'équipe arrive en fin de cycle, et les joueurs partent vers d'autres cieux. Sa mission accomplie au-delà des espérances et auréolé de ses succès, Ferguson quitte à temps le club peu après le début de la saison 1986/1987, pour Manchester United. Aberdeen tiendra encore un temps son statut d'équipe respectable pendant quelques années avant de sombrer dans l'anonymat. Le club reste à ce jour le seul club écossais détenteur de deux titres européens.
Les principaux joueurs
Dans les buts, Jim Leighton est encore à ce jour une légende vivante en Écosse. Il rejoignit Ferguson à Manchester et joua jusqu'à la Coupe du monde 1998.
Le capitaine Willie Miller (recordman du nombres d'apparitions pour le club) et Alex McLeish, deux gars du coin qui ont fait toute leur carrière au club, formaient une des meilleures charnières centrales de l'époque.
Le jeune Neale Cooper était surnommé Godzilla. L'arrière droit Stuart Kennedy se blessa gravement en demi-finale face à Waterschei. Par considération pour son apport durant les tours précédents, il prit cependant place sur le banc pour la finale, sans espoir d'entrer sur le terrain. Il ne rejoua d'ailleurs plus jamais par la suite.
Au milieu, le génial meneur de jeu à la tignasse rousse Gordon Strachan profitait du travail défensif du non moins teigneux Neil Simpson. En attaque, le meilleur buteur de l'histoire du club, Joe Harper, laissa en vieillissant la place de titulaire au jeune Eric Black, futur vainqueur de la Coupe de France 1988 avec le FC Metz.
Le palmarès d'Aberdeen sous Ferguson
Supercoupe d'Europe 1983
Coupe des Vainqueurs de Coupe 1983
Scottish First Division 1980, 1984, 1985 (2e 1981, 1982)
Scottish FA Cup 1982, 1983, 1984, 1986 (Finaliste 1979, 1980)
Scottish League Cup 1986
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• Aberdeen, la fiche
(1) Par le Honvéd de Budapest, au premier tour de la Coupe des coupes 1970/71.
(2) Aberdeen-Real Madrid 2-1
Buts : Eric Black 1-0 (7e), Juanito (s. pen.) 1-1 (14e), John Hewitt 2-1 (112e).
Aberdeen : Jim Leighton, Doug Rougvie, John McMaster, Neale Cooper, Alex McLeish, Willie Miller (captain), Gordon Strachan, Neil Simpson, Mark McGhee, Eric Black (John Hewitt 87e), Peter Weir. Entr. Alex Ferguson.
Real Madrid : Agustín, Juan José, John Metgod, Bonet, José Antonio Camacho (Isidoro San José 91e) - Uli Stielike, Ricardo Gallego, Ángel, Juanito, Carlos Santillana (captain), Isidro (Salguero 103e). Entr. Alfredo Di Stéfano.