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Canards boîteux

Échec du 10 Sport, survie incertaine d'Aujourd'hui Sport, difficultés de L'Équipe: la guerre des quotidiens sportifs n'a-t-elle fait que des perdants?
Auteur : Jérôme Latta et Thibault Lécuyer le 23 Mars 2009

 

En 1987, Le Sport avait voulu casser le monopole de L'Équipe sur le marché des quotidiens sportifs. Après une lutte inégale, l'exemple s'était avéré si dissuasif que le groupe Amaury avait pu s'offrir vingt années d'hégémonie incontestée. Jusqu'à ce qu'un trublion quasi-pagnolesque se lève un matin avec une ambition similaire: briser le monopole en lançant le 10 Sport, son quotidien sportif à moitié prix (lire "Deux quotidiens pour le prix d'un").


Facture numérique
L'Équipe n'a pourtant pas attendu l'arrivée de Michel Moulin pour voir son hégémonie battue en brèche par le développement massif de l'information sur Internet, où les sites spécialisés cumulent une audience qui soutient largement la comparaison avec les 311.457 exemplaires de diffusion payée du journal (moyenne par jour en 2008). Même si lequipe.fr a converti la puissance de la marque en position de leader sur ce marché, le navire amiral d'Amaury n'est plus seul depuis longtemps. 

L'ambition assumée du Don Quichotte gardois de casser le monopole économique du groupe était tout de même téméraire, mais l'opportunité de remettre en cause le magistère intellectuel était, elle, réelle. Bien que l'influence du quotidien historique sur la profession a diminué depuis 1998, il n'en a pas moins continué à faire autorité et à dicter l'agenda médiatique. Il n'a subi en effet qu'une concurrence relative, notamment sur le plan statutaire: les principaux médias en ligne ont accouché d'un journalisme à moindre valeur ajoutée, abstraction faite de leur réactivité – sans parler des nouvelles chaînes de télévision, presque systématiquement nivelées par le bas.


10sport_as3.jpg


Dix de der

À ce titre, le 10 Sport a constitué une déception, aussi prévisible fut-elle. Tout autant obsédé par l'Angleterre que ses confrères, le tabloïd s'est également contenté de suivre la ligne Paris-Lyon-Marseille. On trouvait dans le 10 Sport ce que l'on a toujours trouvé dans la presse sportive: les mêmes questions aux footballeurs, les fantasmes liés sur les transferts, la starification des stars, la glorification des petits qui battent les gros, l'allumage du sélectionneur et l'inexistence du football en dehors des cinq grands championnats européens... Loin de mettre au défi le modèle éditorial de L'Équipe, le 10 Sport a creusé les mêmes sillons, avec beaucoup moins de métier.

"Le match du 10" n'a ainsi été que l'énième resucée du débat contradictoire entre deux journalistes d'une rédaction et "L'idée du jour" a remis quotidiennement sur la table des questions mille fois débattues, quand elles n'étaient pas farfelues. Les grandes gueules de RMC n'ont pas plus permis au quotidien de se démarquer, leur originalité et leur gouaille étant dévitalisée par les contraintes de l'écrit. Certes accessible, pour employer un euphémisme, le journal a souvent donné une impression d'amateurisme.


Riposte avancée
C'est finalement Aujourd'hui Sport, lancé simultanément en guise de réplique, qui aura tiré son épingle du jeu en faisant ce que son concurrent voulait faire, en mieux. Sans rien révolutionner, le quotidien dirigé de manière éphémère par Karim Nedjari (récemment retourné au Parisien) semble avoir profité de l'expertise de sa maison-mère, et de quelques concepts préparés pour le passage, longtemps gardé dans les cartons, de L'Équipe au format tabloïd.

De timides tentatives d'humour, quelques incursions intéressantes au-delà des frontières européennes et des sentiers battus ont fait du petit dernier du groupe Amaury un journal léger, mais lisible. Plutôt une réussite, du point de vue de la profession – qui a pris l'habitude d'évaluer les produits plus que les ambitions éditoriales. Du bon journalisme de divertissement, en somme, mais dont les unes témoignent d'une valse-hésitation entre l'humour bon enfant (ce montage à la colle Uhu avec Lassana Diarra en Amélie Poulain), le sensationnalisme ("l'affaire Benzema" décrétée par l'inévitable Pierre Ménès) ou le franc mauvais goût ("Les Gitans ont la niaque").

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Une fin programmée ?
Aujourd'hui Sport a beau être plaisant, il reste foncièrement cheap, au propre comme au figuré: avec ses airs de quotidien gratuit et sa lecture express, justifie-t-il de débourser cinquante centimes d'euros? Y a-t-il, chez les potentiels lecteurs de presse sportive payante, une clientèle suffisante pour s'en contenter? L'Équipe, qui s'est lesté de dix centimes, présente encore un contenu plus riche et plus adapté à des lecteurs "actifs", même si sa formule est vieillissante.

Aujourd'hui Sport traîne aussi comme un boulet la question inscrite en filigrane sur son acte de naissance: a-t-il vocation a être autre chose qu'une réplique purement stratégique à l'arrivée du 10 Sport et, au mieux, un laboratoire pour le groupe Amaury? Fin janvier, Marie-Odile Amaury déclarait sans poésie aucune: "Nous sommes déterminés à prospecter ce marché jusqu'au bout" (Le Figaro). Notamment pour justifier que le journal a renforcé sa rédaction, désormais constituée de cinquante journalistes, parmi lesquels des figures emblématiques du groupe – comme Vincent Machenaud, transfuge de France Football – dont on ne sait si elles sont là pour crédibiliser le projet ou parce qu'elles ont été placardisées.


Canards largués
Malgré une évidente supériorité dans le contenu, Aujourd'hui Sport a peiné commercialement face au 10 Sport. Les ventes du quotidien de Michel Moulin se sont élevées à 35.258 exemplaires en moyenne depuis son lancement, contre 31.160 à son concurrent – tous deux très loin du seuil de rentabilité de 80.000 unités déclaré lors du lancement. En janvier, les ventes on même reculé à 24 929 ex. par jour pour Le 10 Sport. Loin également des déclarations du patron de Paru Vendu qui affirmait le 9 décembre "Sur les sept premiers jours de décembre, le journal s'est écoulé en moyenne à 82.500 exemplaires"... bien avant la certification des chiffres par l'OJD.

L'ascendant relatif du 10 sur AS n'était donc pas suffisant pour assurer sa survie: avec une pagination publicitaire réduite (entre zéro et deux pages par exemplaire, pour un objectif de quatre quotidiennes) et des ventes très en deçà de ses objectifs, Michel Moulin ne pouvait pas assumer indéfiniment une telle situation. L'ancien conseiller sportif du PSG, qui s'est engagé avec son propre argent, est beaucoup moins riche qu'un adversaire prêt, lui, à consentir des pertes pour rétablir son monopole... sans pour autant arrêter l'érosion de ses ventes (en baisse de près de 7,8% en 2007 puis de 4% en 2008). 

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Diffusion payée – Source OJD

Pain quotidien
Michel Moulin a donc jeté l'éponge la semaine passée, et annoncé la transformation de son journal en hebdomadaire. Un marché sur lequel il va se retrouver en concurrence frontale avec France Football et… Le Foot, hebdo édité par Robert Laffont, qui ressuscite pour l'occasion son projet de déclinaison quotidienne. Plusieurs fois repoussée, la sortie du troisième nouveau quotidien sportif en moins de six mois est désormais fixée au 25 mai. Inquiétant pour Aujourd'hui Sport, qui voit arriver un nouveau challenger. Même si le low cost d'Amaury peut espérer récupérer une bonne partie du lectorat du 10 Sport, il n'ignore pas que les deux tabloïds n'atteignaient pas à eux deux la diffusion nécessaire à l'équilibre d'un seul. La facture risque d'être un peu lourde, juste pour maintenir une position dominante sur un secteur en pleine crise.

L'amateur de sport insatisfait de l'offre de presse, moyennant une bonne dose d'optimisme, pouvait espérer de cette soudaine résurrection de la concurrence un regain qualitatif et une diversification des contenus. Las, mobilisés par des questions de marketing, les responsables éditoriaux des titres concernés n'ont produit que quelques innovations formelles, sans abandonner des recettes éculées ni prendre le risque de se singulariser plus franchement. La seule tendance observable a été celle d'un glissement progressif vers différentes formes de démagogie (lire "À titre exceptionnel").

La redistribution des cartes n'est pas achevée, mais on sait d'ores et déjà qu'elle n'aboutira pas à un traitement moins simpliste et plus enrichissant du football. Le lecteur, lui non plus, ne sortira pas vainqueur de cette bataille.

Réactions

  • Raspou le 23/03/2009 à 01h48
    Bon article...

    J'aime bien, moi, Gignac distendu en "Les Gitans ont la niaque", c'est une sorte de javanais. On pourrait décliner (à vous de retrouver les clubs ou joueurs):

    - "Des gredins chez les nobles"
    - "Le Marsupilami te donne un conseil"
    - "Les bornés ont bon dos"
    - "Tout te fait perdre l'allant"
    - "Lent et naïf comme un perdreau"
    - "Envahissant, vers nous il se rua"

    A moins que ce ne soit le sujet même qui soit de mauvais goût? C'est tellement péché les statistiques ethniques qu'on ne doit même pas savoir que certains joueurs sont des Gitans?

  • le_merlu_frisé le 23/03/2009 à 02h50
    Quelqu'un arrive à regarder la Une sur Diarra sans pouffer ?

    Ayé, j'ai encore pouffé.

  • Diablesse Rouge le 23/03/2009 à 03h09
    Non non Merlu, tu n'es pas tout seul. La première fois que je l'ai vue cette Une, j'ai cru à une blague. Ils doivent faire appel à la même équipe que celle qui fait les montages pour les petites parodies pas drôles au début de l'émission de Ruquier "On n'est pas couchés".

  • Troglodyt le 23/03/2009 à 07h14
    Ouais, la Une avec Lassana Poulain, c'est une véritable présomption de travail illégal de mineurs de 16 ans.

  • Nagrom le 23/03/2009 à 07h31
    C'est clair, il m'avait fallut un certain temps sur l'Observatoire du journalisme sportif avant d'être sûr que ce n'était pas une parodie foireuse...

  • Pagis est magique le 23/03/2009 à 08h57
    Hum... moi je me pose une question.
    Les CDF décortiquent les journaux sportifs français, ce qui est tout à leur honneur, et pendant ce temps-là on attend toujours leur prochain propre numéro.

  • Pierre Des Loges le 23/03/2009 à 09h21
    Pagis est magique
    lundi 23 mars 2009 - 08h57
    Hum... moi je me pose une question.
    Les CDF décortiquent les journaux sportifs français, ce qui est tout à leur honneur, et pendant ce temps-là on attend toujours leur prochain propre numéro.
    -----------------------------------------

    Ben oui. Pour faire un journal différent de l'Equipe, rien ne vaut les CdF papiers...

    Sinon, le maquettiste d' "Aujourd'hui sport", il est de la famille à Fred Godart???

  • Le_footix le 23/03/2009 à 09h44
    Excellent article !

  • funkoverload le 23/03/2009 à 10h17
    Excellent papier en effet.
    Mais douloureux constat également.
    Car entre l'érosion des ventes de l'équipe, l'échec du concurrent, et aussi il faut bien le dire, des CDF papier, on ne voit plus trop quelles pistes explorer au niveau éditorial.

  • Pierre Des Loges le 23/03/2009 à 11h26
    funkoverload
    lundi 23 mars 2009 - 10h17
    Excellent papier en effet.
    Mais douloureux constat également.
    Car entre l'érosion des ventes de l'équipe, l'échec du concurrent, et aussi il faut bien le dire, des CDF papier, on ne voit plus trop quelles pistes explorer au niveau éditorial.
    -------------------------------------------------------------

    Comme le précise l'article: entre les talk-show radio et l'internet, c'est difficile pour un journal papier de trouver un créneau.

    A quoi bon acheter un journal papier, si on peut avoir les résultats sur le net dès le coup de sifflet final, si les analyses ont déjà été faites et refaites dans l'After ou sur RTL??? Si en plus on rajoute les blogs de journalistes sportifs, et bien le secteur est très concurrentiel et la presse sportive souffre de cette nouvelle concurrence, comme l'ensemble de la presse nationale.

    J'ai accès à 90% des infos par le net, et souvent sur des sites plus neutres (rue89, Agoravox...) que dans la presse écrite géré à 90% par des investisseurs type Dassault (même l'Huma est rattaché au groupe Rotschild, c'est dire...).

    En fait, pour que la presse écrite, et pas seulement sportiven survive, il faudrait qu'elle propose à une offre différente du net et de la télé. Les journaux qui souffrent le moins de la crise de la presse sont les journaux indépendants du pouvoir, voir corrosifs (Le Canard, Le Monde diplomatique, Charlie et Siné Hebdo...).

    L'avantage des CdF, c'est leur indépendance vis-à-vis de grands groupes comme Amaury sport. Ils ont donc tout pour cartonner car ils peuvent proposer des reportages corrosifs (dopage, corruption) ou à rebrousse-poil du sensationnalisme à tout prix (arbitrage), sans craindre de vexer un annonceur. Le seul hic, c'est que faute d'annonceur, le journal est plus cher, comme du reste les titres sus-nommés.

La revue des Cahiers du football