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EVERTON 1983/87: L'OEUVRE INACHEVÉE DE HOWARD KENDALL

Les grandes équipes – En plein cœur des années anglaises du foot européen, Everton a repeint Liverpool en bleu...
Auteur : Steven Rousseau le 21 Juil 2009

 

S’il est une cité européenne qui transpire le football par tous ses ports, c’est bien Liverpool. Les exploits et la boulimie de titres des Reds du Liverpool FC de Bill Shankly, Bob Paisley et Joe Fagan font presque oublier qu’ils n’en sont, chronologiquement, que le troisième club derrière les Tranmere Rovers et les doyens d’Everton, les Toffeemen, les véritables rivaux (1).


Sainte Trinité

Les histoires respectives des deux géants sont intimement imbriquées: fondé par un pasteur méthodiste, le St Domingo FC prend l’année suivante le nom du quartier d’Everton, investit un stade sur Anfield Road, et joue régulièrement en rouge, occasionnellement en bleu. Le football de l’époque devenant rapidement une affaire d’argent, le propriétaire du stade exige en 1891 une revalorisation du loyer. Inacceptable pour les dirigeants, qui décident alors de migrer vers Goodison Park, à seulement quelques centaines de mètres de là. Anfield déserté, son propriétaire crée de toutes pièces une équipe de mercenaires qu’il baptise Liverpool FC et habille des maillots bleus oubliés par les anciens locataires. Les nouveaux venus adoptant finalement le rouge et blanc, couleurs de la ville, Everton délaisse ses maillots historiques et devient définitivement les Blues. Entre voisinage et chamailleries, la rivalité entre les deux clubs ne fait que commencer… (2)

Dès la préhistoire de la Football League, les Blues squattent régulièrement les palmarès du championnat et de la Cup, et l’entre-deux-guerres consacre Everton et son légendaire buteur William "Dixie" Dean (3) comme la meilleure équipe du royaume – avec l’Arsenal de Chapman et Allison (lire Chapman, l'âme d'Arsenal). Après un trou d’air après guerre, Everton revient sur le devant de la scène lors de la décennie suivante sous les ordres de Harry Catterick, grâce à la Sainte Trinité, un extraordinaire milieu de terrain composé de Alan Ball, Colin Harvey, et un certain Howard Kendall.



L'action la plus importante de l'histoire du club

Howard Kendall est rappelé au club en 1981 pour tenter de redorer le blason d’une équipe qui peine depuis le titre de 1970 à retrouver son statut. Encore jeune (trente-cinq ans), il vient de passer deux ans à diriger les Blackburn Rovers… depuis le terrain, comme cela était encore monnaie courante, les prenant en main en Division 2 (en fait le troisième niveau anglais) et les amenant à un souffle de la First Division. Ces débuts prometteurs et son passé d’ancienne gloire du club lui assurent la patience des dirigeants et des supporters… au moins pour un temps.

everton_kendall.jpgUn recrutement ambitieux sur le papier (malgré le peu de moyens mis à sa disposition, rapportés notamment à ceux des Reds) mais décevant sur le terrain, deux premières saisons moyennes en championnat et des parcours en coupes trop vite interrompus sont à un cheveu de lui coûter son poste en janvier 1984, sous la pression des supporters en colère. Le président Philip Carter refuse pourtant de céder, et accorde un sursis à Kendall à condition de battre Oxford United en League Cup. Alors que les Yellows mènent 0-1 et que le sort de Kendall paraît scellé, un défenseur d’Oxford assure mal sa passe en retrait et permet à Adrian Heath d’égaliser. Cette action a priori anodine est rétrospectivement considérée par les supporters Toffees comme la plus importante de l’histoire du club: dans la foulée du replay gagné 4-1, Everton reste invaincu deux mois, n’échoue qu’en finale de la compétition face aux tout puissants voisins de Liverpool, et s’approprie la FA Cup aux dépends du Watford de John Barnes. Les hommes de Kendall ont enfin foi en leurs capacités. La légende est en marche.



Passer sur le Bayern

Les Blues ne laissent d’abord pas passer l’occasion de prendre leur revanche face à Liverpool lors du Charity Shield, puis montent en puissance en championnat, battent les Reds dans leur jardin d’Anfield pour la première fois en quinze ans, écrasent Manchester United 5-0, restent invaincus après le Boxing Day, et remportent leur premier titre depuis 1970 avec treize points d’avance sur un Liverpool triple tenant du titre, médusé et terrassé par le drame du Heysel.

everton_herewego.jpgLa plus belle page de l’histoire d’Everton s’inscrit dans la lignée de l’outrancière domination anglaise en coupe d’Europe dans les années 80. Qualifiés pour la Coupe d’Europe des Clubs Vainqueurs de Coupe 1984/85, les Toffees réalisent un parcours sans faute: les Irlandais de l’Université de Dublin, l’Inter Bratislava et les Néerlandais du Fortuna Sittard du futur Montpelliérain Wilbert Suvrijn (avec un triplé d’Andy Gray) sont tour à tour écartés sans trembler. Les choses vraiment sérieuses commencent donc en demi-finales, et la double confrontation avec le Bayern Munich de Lothar Matthäus, Dieter Hoeness ou encore le Belge Jean-Marie Pfaff. À l’aller en Bavière, les Blues tiennent jusqu’au bout un héroïque 0-0, inspirés par Peter Reid qui reste sur le terrain malgré une spectaculaire entaille au tibia consécutive à un tacle de Matthäus, une éponge humide glissée dans la chaussette. Au retour à Goodison Park, Kevin Ratcliffe sonne l’halali après l’ouverture du score allemande (le premier but encaissé par Everton dans la compétition en huit matches) en revenant de nulle part sur l’attaquant Ludwig Kögl pour un tacle mémorable. Sharp, Gray et Steven envoient finalement Everton au paradis.



Loin du continent

La finale de Rotterdam face au Rapid Vienne paraît déséquilibrée: les Autrichiens n’ont à opposer aux Anglais que les stars vieillissantes Antonin Panenka et Hans Krankle, ou le meneur yougoslave Zlatko Kranjčar (le père de Nico). Victoire finale et sans surprise des Blues 3-1, qui réalisent le doublé avec le championnat, et manquent de peu le triplé en s’inclinant en finale de la Cup contre Manchester United. Les Toffees peuvent parader, d’autant plus que Liverpool échouera en finale de Coupe des Champions, dans les circonstances tragiques que l’on sait. Ils ne se doutent pas encore que l’épisode du Heysel sonne le début de la fin de l’ère Kendall. Les clubs anglais privés de coupe d’Europe, Everton ne pourra jamais prétendre au titre suprême européen qui lui tendait a priori les bras, et cela, ironie du sort, par la faute de supporters de Liverpool, quand le comportement des Blues à Rotterdam fut jugé exemplaire.

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La saison suivante, Everton défend son titre jusqu’au bout, grâce notamment à l’apport de Gary Lineker, mais un incroyable sprint final des Reds les prive de la passe de deux. Comme un symbole, c’est sur le terrain d’Oxford, où tout avait débuté, que Kendall et ses hommes voient s’évanouir leurs derniers espoirs. Une nouvelle défaite en finale de la Cup (face à… Liverpool) achève de donner à l’année 1986 le goût amer de la frustration. Cependant, malgré une ribambelle de joueurs blessés et le départ de Lineker, c’est un Everton de bric et de broc qui double encore Liverpool pour s’adjuger le titre de champion 1987, le neuvième de son histoire et le dernier en date. Kendall, frustré une nouvelle fois de ne pouvoir jouer la Coupe d’Europe, quitte le club à l’intersaison pour l’Athletic Bilbao, un choix surprenant qui ne lui réussira guère.

Son ancien comparse de la "Sainte Trinité", Colin Harvey, prend l’équipe en main. Sous sa direction, elle rentre progressivement dans le rang, malgré une nouvelle finale de Cup perdue en 1989 face à… Liverpool. Le début des années 90 voit, en même temps que les derniers grands succès des Reds, le début de la déliquescence des Blues qui n’en finissent plus de sombrer, malgré le premier retour de Kendall en 1991. Il leur faudra attendre les années 2000 et l’arrivée de David Moyes pour retrouver une équipe ambitieuse malgré des moyens toujours aussi limités, et ceci bien sûr dans l’ombre du géant voisin, Liverpool, et de ses succès européens…

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Les principaux joueurs
Sur le terrain, Kendall utilisait un 4-4-2 offensif somme toute conventionnel à l’époque, basé sur la vitesse, le fighting spirit du milieu défensif positionné devant le back four et la créativité des trois milieux offensifs. Sans oublier le traditionnel kick’n’rush. Ses hommes n’étaient pour la grande majorité d’entre eux personne en arrivant à Goodison Park, ils y sont devenus des mythes.

"Mon premier recrutement, et le meilleur", d’après Kendall. Le Gallois Neville Southall était sans doute le meilleur gardien au monde à l’époque, avant de devenir obèse. Recordman d’apparitions pour le club. Encore un Gallois: le capitaine Kevin Ratcliffe joua à tous les postes de la défense avant de se stabiliser au centre. Un monstre de puissance et de vitesse, tout comme l’arrière latéral Gary Stevens qui formait avec l’ailier Trevor Steven, le futur Marseillais, un côté droit quasi impassable. Tricky Trev compensait la quasi-nullité technique de son comparse et distilla un nombre incalculable de centres millimétrés pour ses avant-centre. Son alter ego du côté gauche, l’Irlandais Kevin Sheedy, provoqua une légendaire colère de l’entraîneur liverpuldien Bob Paisley lors de son transfert d’Anfield à Goodison Park. Son pied gauche est probablement le plus beau qu’on vit dans une équipe toffee.

Le milieu offensif Adrian Neath projetait son minuscule gabarit d’un bout à l’autre du terrain. Bien que souvent blessé, l’infatigable Peter Reid était le symbole de cette équipe à la fois rugueuse et technique. Everton posséda également un nombre impressionnant d’avant-centre géniaux. L’Écossais Graeme Sharp est le deuxième buteur de l’histoire du club derrière l’intouchable Dean. On disait de son compatriote Andy Gray, le célèbre (et assez insupportable) consultant de Sky Sports qu’il mettait la tête là où personne ne mettait le pied. En seulement deux saisons, il a marqué cette période de son empreinte. Son remplaçant était attendu au tournant, et n’a pas déçu: arrivé de Leicester, en une seule saison et 40 buts en 57 matches, Gary Lineker est devenu une légende avant de partir au Barça.


Le palmarès d'Everton sous Kendall
Coupe des Vainqueurs de Coupe 1985
First Division: 1985, 1987 (2e 1986)
FA Cup: 1984 (Finaliste 1985, 1986)
League Cup: finaliste 1984
Charity Shield: 1984, 1985, 1986, 1987

Sources
toffeeweb.com
kicknrush.com
(entre autres)


Les grandes équipes
Dinamo Tbilissi 1976-82 : Géorgiens profonds
Borussia Mönchengladbach 1968-1979 : Les légendes du Bökelberg
Aberdeen FC 1978-1986 : les années Ferguson


(1) Le surnom Toffee viendrait de la friandise du même nom fabriquée et distribuée dans le quartier à l’époque du déménagement du club à Goodison Park.
(2) Rivalité bon enfant: les supporters des deux clubs se chambrent volontiers, mais lors des épiques déplacements à Londres pour les finales entre les deux clubs, Scousers et Toffeemen chantaient ensemble le Merseyside dans les trains et le métro. Il est très rarement question de violence entre les deux camps.
(3) 383 buts en 433 matches pour Everton entre 1925 et 1937.

Réactions

  • Dinopatou le 21/07/2009 à 01h19
    Pfff, dur cet article, alors qu'on connait surtout les Reds de Liverpool, équipe qui a une histoire toussa, et qu'on sait juste qu'il existe aussi Everton dans la même ville, le début a tendance à nous attacher à l'équipe qui_sont_les_vrais_pas_les_mercenaires_apparus_de_nulle_part... avec ensuite l'action qui change la face du monde pour l'ancien revenu au club, puis la domination qui met à mal la suprématie des Reds pourant parmi les meilleures équipes d'Europe, la victoire en coupe des coupes... on s'attache, donc, et puis tombe le couperet :

    "Les clubs anglais privés de coupe d’Europe, Everton ne pourra jamais prétendre au titre suprême européen qui lui tendait a priori les bras, et cela, ironie du sort, par la faute de supporters de Liverpool, quand le comportement des Blues à Rotterdam fut jugé exemplaire."

    Ca, c'est vraiment moche...

    Et la chute ensuite, en perdant plusieurs finales de Cup contre Liverpool...
    Tout ça pour en arriver au club d'aujourd'hui, dans l'ombre des Reds du Big Four qui paradent en LDC...

    Si la montée en puissance prenant de court les puissants Reds a du faire plaisir, la chute a du être très dure pour les supporters





    Merci beaucoup pour cet intéressant article

  • Toni Turek le 21/07/2009 à 05h45
    Merci Luca pour ce formidable article.
    Tu me ferais presque aimer les clubs anglais.

  • chapoto le 21/07/2009 à 06h28
    Tres bel article, certes, mais pas une seule mention du passage de Mickael Madar a Everton. Tout de meme.....

  • DarkZem13 le 21/07/2009 à 09h37
    Article comme je les aime, historique et instructif. Bravo.

    Rétrospectivement, on peut se demander quand même pourquoi ce sont tous les clubs anglais qui ont été suspendus, et pas seulement Liverpool..


  • Cyril trolle... le 21/07/2009 à 10h12
    D'accord avec darkzem, la suspension de tous les clubs anglais semblaient disproportionnée après coup.

    A noter aussi qu'Everton a failli retourner dans la cour des grands après la saison 2004/2005: Everton finit cette année-là 4e de Premier League, et expulse Liverpool du big 4. Mais les Reds, 5e, gagne la Ligue des Champions après la finale de dingue face au Milan AC, posant un casse-tête aux responsables de l'UEFA et la FA Cup: faut-il priver Everton d'une place acquise sur le terrain (Comme ce fut le cas pour Saragosse, 4e de la Liga saison 1999/2000 mais non qualifié car le Real 5e, venait de gagner la C1)? Faut-il envoyer le tenant de la C1 en C3? Finalement il fut choisi de qualifier 5 clubs Anglais au coût d'envoi de la compétition mais:
    - Liverpool devra faire 3 tours préliminaires
    - Rien n'empêcherait les Reds de rencontrer un autre club anglais avant les quarts de finale. Les Reds furent ainsi dans la poule de Chelsea.

    Ceci dit, Everton n'étant pas tête de série, sera éliminé dès le tour préliminaire par Villareal, futur demi-finaliste surprise de la C1 2005/2006.

    Si le Milan AC n'avait pas pantouflé en finale de C1 contre les Reds, et si Everton avait eu un peu plus de réussite au tirage au sort du tour préliminaire, la face du Big 4 en aurait peut-être été changée...

  • la touguesh le 21/07/2009 à 10h17
    Excellent article, merci Luca !

  • rom's le 21/07/2009 à 11h07
    Ouais très bon. Je suis pas du tout historien / archiviste du football, mais il doit y avoir matière au Portugal aussi, la touguesh, non ?

  • la touguesh le 21/07/2009 à 12h20
    rom's
    mardi 21 juillet 2009 - 11h07

    Oui, c'est clair que entre le Benfica de Eusébio, le Sporting des mêmes années, le Porto de A.Jorge et de Mourinho, il y a de quoi faire !

    Tiens, un jour, quand j'aurais enfin bouclé l'article promis à la rédac depuis le mois d'avril, ça pourrait se tenter !!

  • Diablesse Rouge le 21/07/2009 à 12h21
    Eh ben j'en ai appris des choses, merci Luca!

  • Qui me crame ce troll? le 21/07/2009 à 12h22
    J'aime bien ces rétrospectives de tous petits clubs des championnats exotiques. Ah ils n'ont jamais réussi à aligner 7 titres d'affilée eux.

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