De vilaine manière
L'équipe de France se qualifie sans gloire et non sans honte au terme du pire match de son parcours qualificatif.
Impossible d'entamer ces lignes sans rendre hommage à des Irlandais dont l'élimination, sur ce match et pas seulement sur la fraude de Thierry Henry, est complètement injuste. Avant même de faire l'inventaire des incroyables faiblesses des Bleus, il faut voir dans la maîtrise tactique, physique et technique des Verts la raison de leur supériorité collective sur des individualités françaises largement hors-sujet.
Un non-but pour un non-match
Le Stade de France a été le théâtre d'une première heure idéale pour l'Irlande, qui a complètement pris le dessus et imposé ses vues à des Bleus désunis ne trouvant pas de solution pour, par exemple, asseoir la possession timidement reprise après dix minutes. Alors que les centres irlandais mettaient le danger presque à coup sûr devant le but de Lloris, ceux des Français traversaient des vides sidéraux. En exerçant un harcèlement inlassable et très haut, en sollicitant systématiquement les défenseurs, les coéquipiers de Keane ont annihilé toute qualité de jeu chez leurs adversaires – en totale perte de confiance au point de rater un nombre considérable de gestes simples, se remettant immédiatement en danger.
Après un contre à grande vitesse mené par Gignac, Gourcuff, Anelka et Henry (10e), seule une belle action amorcée par Sagna d'un grand pont et conclue par un centre et un tir contré d'Anelka (39e) a pu être considérée comme une véritable occasion. Les Irlandais, eux, ont commencé à manger la feuille consciencieusement, avec une tête trop décroisée de Doyle devant un Gallas battu (26e), mais ils marquent un but d'école parfaitement mérité.
Débordés
La pause est arrivée comme un soulagement, mais les Bleus ont en réalité attendu la reprise pour réellement toucher le fond, durant dix minutes calamiteuses. O'Shea vendange avec application, seul au deuxième poteau (50e). Les occasions vertes s'espaceront, mais elle feront de plus en plus peur. Car en face, il n'y a ni idée, ni audace, mais au contraire un déchet terrifiant et des actions qui s'enlisent presque toujours. Les Bleus sont purement et simplement débordés.
Au mieux Henry parvient-il à arracher une position de tir à angle très fermé, sans réussite (62e). Le reste est une litanie de tirs contrés, de dribbles balbutiés et de corners renvoyés. L'espoir ne surnage que durant cette courte période aux alentours de la 70e minute qui a souvent réussi à l'équipe de France, mais les tentatives de Gourcuff (deux fois) et Anelka alarment à peine Given. La suite sera sans consistance ni relief.
Duff et Keane (ce dernier à deux reprises) s'en vont défier Lloris sur des offrandes bleues. Les Français sont des survivants en piteux état quand ils semblent se rappeler de l'enjeu... dans le temps additionnel, avec deux offensives à peu près dignes. La prolongation ne changera pas grand-chose au marasme, et il faudra un non-but pour que les locaux emportent ce non-match aux dépens de la morale sportive la plus élémentaire.
Billet de seconde classe
L'équipe de France s'est qualifiée non pas sur une erreur d'arbitrage, mais sur une tricherie de son capitaine, auteur d'une main particulièrement vilaine à regarder. Un précédent dans l'histoire de l'équipe de France à ce niveau d'enjeu, qui interrogera la (mauvaise) conscience de tous. Nous, on n'a pas aimé.
De plus, loin de concrétiser les progrès constatés au cours de ses dernières apparitions, la sélection a sombré individuellement et collectivement au fond d'un bouillon tactique, obtenant son billet pour la Coupe du monde avec le pire match de son parcours en éliminatoires. On a connu de meilleures façons de s'ouvrir le chemin pour une phase finale. Sans qualité dans le jeu et sans aucune des vertus arborées par les Irlandais, il aura vraiment fallu un coup un tordu pour plier cette piètre affaire.
Il faudra retrouver certains absents (les blessés et les fantômes sur la pelouse) pour espérer retrouver le fil, mais d'ores et déjà, on se dit que cette équipe risquera très gros à ne pas se remettre en cause au vu de l'épreuve subie à Saint-Denis.
Les observations en vrac
• Merci à TF1 pour le gros plan sur les poils de nez de Raymond Domenech.
• L'arbitre a quand même un peu tardé à appliquer les consignes de la FIFA.
• Il y a un Diarra qu'on ne connaissait pas: le tâcheron qui a usurpé l'identité de Lassana.
• Dans un match comme ça, Jean-Michel Larqué donne l'impression d'être optimiste.
• O'Shea mine le moral d'Henry, mais c'est Henry qui a fini par se faire un Biên Phu.
• Heureusement que Benzema apparaît dans le tunnel de pubs à la mi-temps et sur les plans du banc pour éviter de passer pour un mytho auprès de ses coéquipiers du Real.
• On demande le recomptage du nombre d'Irlandais revenus sur la pelouse après la pause.
• C'était bien la peine de nous faire craindre le jeu de tête irlandais pour qu'ils nous plantent un but façon Barça.
• À la 58e minute de jeu, le Stade de France a réclamé une main, alors qu'il y avait juste bite.
• On parie que L'Equipe va titrer "Au bout du suspense"?
• Julien Escudé a dû manger un chat noir en passant sous une échelle lors de sa première sélection.
• Thierry Henry est le Maradona des Antilles. Pour l'éternité.
• On se demande pendant combien de jours Henry va réussir à se retenir de répondre aux demandes d'interview, et surtout, ce qu'il va bien pouvoir trouver pour se justifier.
• Tiger Woods et Roger Federer vont-ils supporter la honte de partager la vedette du prochain spot de rasoirs pour nous les hommes idéaux avec cette racaille de Thierry Henry?
• Au moins Michel Platini trouvera-t-il en Irlande un soutien inconditionnel de l'arbitrage derrière les cages.
• C'est passé pratiquement inaperçu, mais au milieu de ses exploits, Hugo Lloris s'est bien rendu coupable d'une Grégorini à la 108e minute de jeu.
• Les plans sur Zidane et Barthez en tribune nous ont convaincus que pour les vioques du Muppets Show, la relève est déjà là.
• C'est bon, on peut le brûler ce maillot ridicule?
"Suivez-moi, les mecs, je vous emmène en Afrique du Sud! Venez je vous dis qu'on va se qualif... Hey, vous venez ou quoi?"
La bannette de TF1
L'envahissement de terrain
Christian Jeanpierre : "Le public français est déjà rentré dans ce match".
Le bouton pression
Arsène Wenger : "Le public appuie toutes les contre-attaques françaises". Et il ne va pas tarder à les enfoncer.
Les qualifications à l'envers
Christian Jeanpierre : "On doit tenir ce résultat jusqu'à la mi-temps!"
Le jeu de gonds
Christian Jeanpierre : "C'est un jeu d'une simplicité absolue. On balance sur la charnière centrale française".
Le changement de côté
Christian Jeanpierre : "J'ai l'impression que depuis deux minutes on est enfin dans le sens de la marche".
La béquille
Christian Jeanpierre : "Alors que Thierry Henry traîne la jambe…" C'est pas sa jambe.
Le déficit du commerce extérieur
David Astorga : "Nicolas Anelka s'exporte sur le côté gauche de l'attaque française".
La dérive des continents
William Gallas : "Oui je voulais dire à la Guadeloupe que ça y est, on va en Afrique du Sud".
Le tour de passe-passe
William Gallas : "Je reçois un ballon de Thierry, les Irlandais ont eu l'air un peu surpris".
L'obstétricien fou
Jean-Pierre Escalette: "Chaque fois que nous entrons par la petite porte, chaque fois que l'accouchement est difficile, nous allons beaucoup plus loin".
Vu du Forum
=>> Sedan Lapoche - 21:21
Evra qui, dans le doute, blesse Escudé, c'était vraiment obligé pour éviter le csc ?
=>> Troglodyt - 21:50
Bon, il est où le bouton pour utiliser la puissance supplémentaire contenue dans le gogogadgetomaillot?
=>> Elandryl - 21:51
C'est hallucinant de voir avec quelle naïveté on tombe dans tous les pièges.
=>> emink - 21:54
Le pire de tous étant la trappe à Toni. C'est rien, c'est les nerfs.
=>> emink - 22:26
Gignac, il a un BTS patinage artistique?
=>> Pan Bagnat - 22:27
L'entrée de Govou, c'est pour faire comprendre à Benzema qu'il aurait mieux fait de choisir l'Algérie pour jouer la Coupe du monde?
=>> Pan Bagnat - 22:35
Le problème, c'est qu'on vit ensemble, on meurt ensemble, on mange ensemble, tout ce que vous voulez, mais on attaque à trois.
=>> Karlol -23:12
Non, en fait, on joue en 4-?-?, avec une organisation évasivo-fumeuse à tubulure souple.
=>> Le_footix - 23:26
Je suis ému. Pour la première fois de son histoire, l'équipe de France est sur le point de remporter un match décisif grâce à une tricherie éhontée.
"Non, tu n'as plus de dents du bas. Mais bon, tu étais déjà très moche avant..."
Les titres auxquels vous avez échappé
Roulés à la main
Main basse sur la qualif
Vol pour l'Afrique du Sud
Le titre auquel nous avons tous échappé
Disqualifiés