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L'éthique de la victoire

Invité : When Saturday Comes. Nos indignations sont sélectives en matières d'actes d'antijeu, et quand les footballeurs s'arrangent avec la morale, qui faut il blâmer?

Auteur : Mark Brophy (traduction Olivier Tomat) le 7 Fev 2011

 

Chaque mois, les Cahiers du football accueilleront un article du génial mensuel britannique When Saturday Comes. C'est pas amazing, ça, Marcel?

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L’heureux spectateur de l'équivalent de Jour de foot sur Sky TV [Goals on Sunday] il y a quelques semaines aura vu le couple de consultants stars Ian Wright / Jermain Defoe interrogé sur l'impressionnante collection de tacles abominables perpétrés durant le week-end. La question leur fut posée comme suit: avez-vous déjà entendu un entraîneur demander à ses joueurs de blesser délibérément l’adversaire? Les deux experts furent d’accord pour dire que cela ne leur était jamais arrivé, bien que Wright ait laissé place à l’ambigüité en relevant que personne n’avait eu besoin de le demander à ceux de ses ex-coéquipiers... qui le faisaient naturellement.

wsc_ethics_of_victory.jpgOn peut penser que cela se produit plus souvent que les joueurs ne veulent bien l’admettre, pour des raisons évidentes. Et il ne s'agit pas d'un phénomène nouveau. Les anciens pros s'insurgent contre les "contrats" mis sur les tibias d'adversaires un peu trop rapides, et s'en prennent aux agresseurs contemporains, friands de joueurs créatifs – à moins d’avoir joué dans la même équipe que lesdits voyous. La tendance actuelle à s’insurger contre le jeu dangereux braque directement les projecteurs sur ceux qui manquent de la moindre considération pour leurs collègues et les hypocrites qui les défendent ou les critiquent. Ce qu’on oublie parfois est que dans tous les cas, il s’agit d’un choix.


Comédie chevaleresque

Les acteurs du jeu prennent constamment des décisions. Les footballeurs savent depuis toujours qu’il y a certaines actions qu’ils sont censés commettre et d'autres éviter. Plonger. Sortir la balle quand un adversaire est à terre. Essayer de faire expulser son adversaire. Nous savons tous dans quel sens il convient d’agir. Le devoir de respect de l'intégrité physique des autres joueurs est fréquemment ignoré. Mais les choix des joueurs ignorent également les frontières de la morale commune dans bien d'autres cas de figure...

Chaque fois qu’un joueur s’écroule pour arrêter le jeu, l’équipe attaquante est supposée être fair-play et sortir la balle. En fait, le fair-play consisterait à ce que tout le monde continue à jouer et essayer de marquer (ou d'empêcher l'adversaire de marquer). L’arbitre peut arrêter le jeu s’il est suffisamment inquiet pour un joueur blessé, mais une jambe cassée ne va pas se ressouder ou s’aggraver parce que le jeu s’arrête ou continue pendant une minute. À moins que Burke et Hare [1] soient sur le point d’envahir le terrain pour dépecer le corps, il n’y a que rarement motif à se précipiter.
Cette convention est une comédie ridiculement chevaleresque, un détournement de l’intention originale: l’inquiétude spontanée pour un collègue en difficulté et le refus délibéré de tirer parti de l'infortune des autres. Un geste admirable, à l’origine, désormais dénaturé par le camp même auquel elle bénéficie, dans le but d’empêcher de meilleures équipes d’en tirer parti. Qui pourrait en vouloir à Manchester United de publier en début de saison un communiqué: "Ne sortez pas la balle pour nous – nous ne le ferons pas pour vous"?



L'échelle des indignations

La seule chose encore plus énervante qu’un joueur s’effondrant pour arrêter le jeu, c'est de le voir se ressaisir en bondissant comme les squelettes enchantés de Jason et les Argonautes et en brandissant un carton imaginaire devant l’arbitre. On nous dit que personne n’aime voir ça, mais il doit bien y avoir quelqu’un à qui ça plaît, quelqu’un que les joueurs écoutent, sans quoi ils ne le feraient pas. Si c’est à ce point inadmissible, pourquoi autant d’équipes se lancent-elles de concert dans des campagnes pour demander à l'arbitre d'appliquer la peine maximale?

De tous ces délits, néanmoins, celui qui déclenche la fureur la plus grande est le plongeon. Il s’agit sans aucun doute de tricherie, mais en est-ce réellement la pire forme? Stopper irrégulièrement la course d’un attaquant sur un corner ou lui tirer le maillot pendant que la balle est en l’air sont également des formes de tricherie. Tout aussi sournoises, avec le même résultat désiré – s’octroyer un avantage par des moyens injustes. On nous incite à penser que certains actes d'antijeu ne seraient que l’expression de l’intelligence des défenseurs, tandis que d’autres déclenchent des campagnes nationales en faveur de suspensions de longue durée. En dépit du caractère irrationnel d’une telle position, chaque entraîneur qui fustige un plongeon adverse a dans son équipe un joueur qui fait exactement la même chose.

La conclusion inévitable est que les entraîneurs et les supporters souhaitent que leurs joueurs se conduisent ainsi, et que les joueurs sont ravis d’obtempérer. Il y a un hiatus au cœur même du jeu qui veut que la victoire l’emporte sur toute autre considération, même sur les codes moraux les plus fondamentaux. Tout ce qui laisse croire que le football fonctionne autrement n'est qu'une mystification à l’adresse des enfants et des sots. Tout ce dont on peut s'étonner, c'est qu’il y ait eu quelqu’un pour croire le contraire.


[1] Brendan Burke et William Hare sont des tueurs en série qui ont fait, à Edinburgh en 1828 et 1829, dix-sept victimes dont ils avaient revendu les corps en pièces détachées à un professeur d'anatomie.


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Lancé en 1986, When Saturday Comes est le meilleur magazine de football du monde (hors période 2003-2009). WSC cherche à offrir une vue à la fois sérieuse et humoristique du football, avec une intelligence jamais démentie. Pour un rapide historique du magazine, c'est ici et pour s'abonner, c'est par là.

 

Réactions

  • Sue Oddo le 07/02/2011 à 08h36
    J'allais demander si c'etait une traduction, je trouvais ca un peu heurte, mais c'est indique en fait.

    Pas super fan de ce premier exemplaire du coup, en sus les articles a base de "Oui, mais non, mais en fait si" ca me laisse toujours sur ma faim.

    J'attends le prochain exemplaire avec curiosite.

  • Sens de la dérision le 07/02/2011 à 10h18
    J'ai bien aimé ce premier numéro parce que j'y vois finalement ce qui fait le sel du football des supporters : il y a deux poids, deux mesures selon que tu as le maillot blanc ou noir. Cf il n'y a pas longtemps quelqu'un qui parlait de la différence entre Vieira et Van Bommel il me semble. Selon qu'on est français ou néerlandais, on va aimer ou détester le type même du joueur qu'on qualifiait avant de "rugueux".
    La même faute, qu'elle soit commise par un Marseillais ou un Parisien, sera une faute évidente ou une tricherie éhontée.
    Ça rejoint aussi évidemment la remarque de le Bleu - vendredi 4 février 2011 - 23:38 sur la justice française.
    C'est pour ça entre autres qu'il faudrait faire une confiance aveugle dans l'arbitre. Surtout qu'il y a plein de situations qui ne sont justement ni blanches, ni noires. Un plongeon notamment n'est que rarement complètement injustifié : il y a toujours au départ une petite faute, amplifiée par le plongeur. Et ce devrait être à l'arbitre de faire la part des choses. Et idéalement aussi on devrait s'en remettre à cette décision : il n'y a faute que quand l'arbitre a sifflé faute.
    En fait, le football est constitué de plein de petits instants quantiques où le chat de Shrödinger n'est ni mort, ni vivant. Où il n'y a ni faute, ni plongeon. Et c'est l'arbitre qui transforme l'instant en vérité.

  • king carrasco le 07/02/2011 à 10h21
    "En fait, le football est constitué de plein de petits instants quantiques où le chat de Shrödinger n'est ni mort, ni vivant. Où il n'y a ni faute, ni plongeon. Et c'est l'arbitre qui transforme l'instant en vérité. "

    > Ah mais pas du tout, c'est le consultant ou le commentateur, cher ami. Blague à part, je suis bien d'accord avec toi.

  • Tonton Danijel le 07/02/2011 à 10h41
    Sue Oddo
    lundi 7 février 2011 - 08h36
    J'allais demander si c'était une traduction, je trouvais ca un peu heurte, mais c'est indique en fait.
    - - - - - - - - - - -

    La traduction rend le style un peu haché mais l'article reste assez clair.
    Et le post de Sens de complète bien l'article. Je me rappelle les débats houleux qu'on avait eu pendant la coupe du monde sur l'impunité de Van Bommel ou la main de Suarez. Et je me souviens aussi les interventions de Riolo considérant la triche comme faisant partie intégrante du jeu (et c'est pour ça qu'il est hostile à la vidéo car selon lui il ne faut pas chercher à créer un foot sans triche). Et je ne lui donne pas forcément tort. Le 'vice' fait aussi partie du jeu, c'est un peu l'équivalent du bluff au poker. Et c'est cela qui me fait aimer ce sport, la justice ne triomphe pas toujours face aux plus roublards. Comme dans la vraie vie.

  • Bourrinos le 07/02/2011 à 11h33
    Entierement d'accord avec l'article: D'un geste spontané de fair-play, le fait de sortir le ballon en touche est devenu un rituel absurde , où un joueur s'écroule dans un espoir souvent peu fair-play (le taux d'écroulement est proportinnel à la minceur de l'écart x nombre de minutes restantes x taille -le fameux coefficient Valbuena, qui intrigue les mathématiciens depuis Pythagore- / (coefficient de menace de l'équipe adverse x enjeu du match), le ballon est balancé d'un grand coup de latte dans la tribune par enervement, puis rendu le plus loin possible après que tout le monde s'est replacé au petit trop. Le public applaudit, tout en se disant lui aussi que c'était bien dommage d'avoir brisé une contre-offensive. Seul celui qui trouvera la saynette stupide manquera de fair-play.

    Ne pas "respecter" cette loi tacite du non-jeu entraine des réactions toutes aussi absurdes (exemple: Bordeaux-Lyon de l'an dernière) qui ne font que réveler le peu d'intelligence avec laquelle est imposée cette séquence. On siffle, on s'enerve, on s'embrouille. Ca fait beaucoup pour si peu.

  • Tricky le 07/02/2011 à 14h04
    C'est exactement le problème de la traduction.

    L'original est un tout petit peu évidé de ce qui fait en partie son charme.

    Cela dit, l'intérêt, c'était de mettre ici une production du meilleur magazine de foot du monde.

  • JihaiR le 07/02/2011 à 14h30
    Oui, enfin il faudrait conseiller à cet "Olivier Tomat" un petit séjour en Angleterre pour améliorer son bilinguisme. Ça ferait sens

  • Tricky le 07/02/2011 à 14h33
    (en l'espèce, j'ai bien plutôt l'impression, dans un tel objectif, qu'il faudrait lui conseiller un séjour en France)

  • JihaiR le 07/02/2011 à 14h39
    Effectivement, c'est plus ça que j'voulais dire.

    Mais ne soyons pas bégueule, et saluons l'effort, qui s'apprêtant à devenir mensuel (ou alors j'ai raté les précédents), ne pourra que s'améliorer.

  • Ba Zenga le 07/02/2011 à 14h43
    Assez d’accord avec la conclusion de l’article, être un bisounours comme moi dans ce sport, c’est vraiment pas évident tous les jours et je suis vu par une bête curieuse. Tous les gestes qui vont contre les règles du jeu me gonflent.

    Alors, je ne dis pas que j’ai jamais accentué une faute, mais c’était toujours pour bien la signifier. Voyons ça comme une aide à la décision (et ce n’est ni une blague, ni un troll !). Ou alors de me retrouver dans une situation de débordement où la seule issue est de tenter un dribble qui soit passe, soit entraine la faute de l’adversaire. Est-ce immoral tout ça ? J’en sais rien, ma conscience a envie de dire que non.

    En tout cas, merci de me faire découvrir ce magazine que je ne connaissais pas du tout. S’il faut pour remplacer le mag des Cahiers dans nos petits cœurs, j’irai peut-être voir ce qu’il a dans le ventre.

La revue des Cahiers du football