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Dans la peau de moi-même

Invité : When Saturday Comes – Pour se détendre, les footballeurs jouent aux jeux vidéo de football dont ils sont les héros... Est-ce un loisir, ou encore du travail?

Auteur : Thom Gibbs le 12 Dec 2011

 

Nouvel épisode de notre partenariat avec When Saturday Comes avec un article extrait du numéro de novembre. Titre original : Just Be Yourself.


* * *

Lors de la tournée estivale de Manchester United aux États-Unis, impeccablement marketée, fastueuse jusqu'à l'écœurement et incroyablement profitable, le groupe n'a pas manqué d'occupations. Rafael da Silva a attrapé un saumon au marché aux poissons de Seattle, Patrice Evra et Park Ji-sung ont appris à préparer la pizza "deep dish" à Chicago et l'équipe a visité une usine de verre soufflé – seul Alex Ferguson donnant l'impression d'être vaguement intéressé par le sujet.

 


Les usages du milieu
Les activités du soir ont pris un tour moins ésotérique, comme l'établirent bon nombre de vidéos filmées en coulisses montrant les joueurs en pleine relaxation. La "relaxation" en question consista essentiellement en séances durant lesquelles les footballeurs jouaient à une version virtuelle du sport dont ils ont fait leur profession, dirigeant le plus souvent leurs propres doubles numériques. Il ne m'appartient pas de dire à quiconque comment il doit occuper ses loisirs, encore moins à une personnalité comptant autant d'abonnés sur Twitter que Rio Ferdinand, mais la passion amoureuse des footballeurs modernes pour la série "FIFA" semble tout de même curieuse.

 

 

Ces vidéos candides font en quelque sorte office de manuel d'instructions, niveau débutant, pour comprendre les usages du milieu. Dans l'une d'elles, Wayne Rooney fanfaronne sur sa supériorité à FIFA 11 lorsqu'il fait équipe avec Rio, Patrice Évra émet des bruits incongrus alors que Dimitar Berbatov entre dans la pièce et y promène un regard inexpressif avant d'être invité à réveiller Nemanja Vidic, le tour de ce dernier étant venu. L'ambiance de voyage scolaire est encore illustrée par cette scène montrant les frères da Silva assis sagement côte-à-côte dans le bus, absorbés dans une partie de Mario Kart sur Nintendo DS.

 


Le glamour de FIFA
D'autres équipes ont leurs propres accros au jeu. John Terry organise chez lui un tournoi annuel de Pro Evolution Soccer pour l'équipe de Chelsea, Darren Bent a rendu public son identifiant de joueur Xbox afin que les fans puissent le défier et il y a sans doute des amateurs de Football Manager ici ou là, même si je subodore qu'ils sont plus nombreux dans les ligues inférieures que parmi les joueurs de l'élite séduits par le glamour de la licence FIFA.
Il n'y a rien de surprenant à ce que cette génération de joueurs semble à ce point maintenus en enfance de cette façon: ils ont grandi avec les jeux vidéos et cette industrie s'est justement développée en se servant d'eux pour conquérir aussi bien les enfants que les adultes. Dans notre pays, depuis 2009, les consommateurs dépensent plus d'argent dans les jeux vidéo que dans le cinéma (en salles et en DVD).

 

La puissante attractivité des meilleurs jeux s'avère terriblement tentante pour certains footballeurs. Le psychothérapeute du sport Steve Pope raconte: "Un jour, nous avons effectué un déplacement avec un joueur qui est resté sept heures d'affilée sur son jeu dans le bus, sans penser à boire ni à s'alimenter. Il est allé directement dans sa chambre et a raté le repas et la causerie du vendredi soir..." On peut imaginer la fureur du coach. David James, pour expliquer en partie une performance médiocre à Liverpool, avait évoqué une nuit blanche passée sur Tomb Raider.

 


Vendeurs et consommateurs
Wayne Rooney et Jack Wilshere font la couverture de l'édition britannique de FIFA 2011, mais cette position n'est pas sans ambigüité lorsque l'on sait qu'ils sont tous deux sont des joueurs compulsifs. Les stars payées pour faire vendre le jeu en sont les premiers consommateurs... Cela n'a pas toujours été le cas. Par le passé, les footballeurs prêtaient leur nom à des jeux auxquels ils n'avaient probablement pas la moindre envie de jouer.

 

O'Leary Manager pour Game Boy nous invitait ainsi nous glisser dans la peau du manager de Leeds, probablement avec une option "Living the dream" [1] permettant de s'offrir les services de Seth Johnson pour un salaire hebdomadaire de 35.000 livres. Dans le mémorable Peter Shilton's Handball Maradona sur Commodore, vous preniez le poste de gardien, avec pour principale excitation l'espoir d'effectuer une parade en appuyant sur le bouton gauche du joystick... Le plus douteux des parrainages concerne Chris Kamara's Street Soccer, un jeu qui permettait de disputer des cinq contre cinq. Sur le toit d'un gratte-ciel.

 

Pourtant, Chris ne devait pas passer beaucoup de son temps libre sur son mauvais jeu. Et l'on était loin de l'horreur existentielle consistant à jouer à un jeu qui imite votre travail. Combien d'éboueurs s'exercent, le soir venu, sur un simulateur de camion-poubelle? (un tel jeu existe, sa présentation commence ainsi: "Ce n'est peut-être pas le métier le plus séduisant du monde...") D'évidence, le football est un des métiers les plus séduisants du monde, mais il est toutefois surprenant que des athlètes de haut niveau se détendent de la même façon que des étudiants un peu défoncés.

 

 

[1] Du nom de la période 1996-2001 durant laquelle Leeds devint une place forte européenne avant de s'effondrer dans une grave crise financière.

 

 

Réactions

  • la menace Chantôme le 12/12/2011 à 17h32
    "D'évidence, le football est un des métiers les plus séduisants du monde, mais il est toutefois surprenant que des athlètes de haut niveau se détendent de la même façon que des étudiants"

    > Ben c'est à dire que du bac à la thèse, ils ont à peu près le même âge, donc ça ne me choque pas.

    Ce qui est étonnant, ou du moins symptomatique d'une époque, c'est plus l'avènement de la simulation au détriment de l'arcade, et qui s'étend bien au-delà des simples joueurs de foot.
    Ca me désole au plus haut point.
    Mais c'est comme ça et puis c'est tout.

    Et maintenant, je vais lire l'article, histoire de découvrir que j'étais probablement à côté de la plaque, ou que je répète ce que dit l'article. Faites exactement comme je fais, les enfants.

  • la rédaction le 12/12/2011 à 19h25
    "Que des étudiants un peu défoncés".
    Il manquait la fin.

  • la menace Chantôme le 13/12/2011 à 00h14
    Vu comme ça.

    Mais c'est aussi surprenant pour l'auteur que rassurant pour moi : ils ne sont pas complètement déconnectés de tous ces joueurs 'normaux', qui se créent un avatar virtuel plus ou moins ressemblant selon qu'ils jouent à WOW ou aux Sims, sans oublier de passer par Second Life et Tony Hawk Pro Skating. Comme vous dites, ils sont de plein pied dans leur génération. Je ne suis pas certain que ça leur fasse tellement plus d'effet qu'à nous de jouer leur propre rôle, même si je suis bien d'accord que ça a un effet évident en fonction des tempéraments et personnalités, effet sur lequel je reviendrai en fin de post.

    En revanche, en guise d'"horreur existentielle", je pense qu'on peut faire pire qu'un jeu qui permet de faire son boulot avec une petite pointe de fun sans les conséquences derrière. Ça m'étonnerait que Ferdinand verrouille son joueur sur un défenseur dans Fifa.

    Je me rappelle d'un club anglais qui avait avoué prendre en compte Football Manager pour la recherche de joueurs. Mélangeons ce souvenir avec celui d'une vidéo d'un site remarquable nommé lien ( lien) : il y a un passage qui explique qu'une entreprise qui donnerait un après-midi par mois (ou semaine, je ne sais plus) aux employés pour faire ce qu'ils veulent, du moment que ça a une relative utilité pour le travail, serait plus à même de générer un maximum de créativité, d'innovation, d'améliorer leurs performances, etc.

    Eh bien je trouve que des joueurs de foot professionnels qui jouent au foot virtuel, ça ressemble un (tout petit) peu à ça.

    Par contre, pour revenir sur les effets secondaires d'un tel style de vie, je suppose fortement que la technologie (au-delà du jeu vidéo) fait peut-être trop office de refuge et empêche probablement certains d'apprécier les interactions que devraient avoir leur milieu et les gens avec eux. Mais ce n'est qu'un ressenti.

  • la menace Chantôme le 13/12/2011 à 00h15
    "Comme dit l'auteur", et non pas "Comme vous dites"

  • Roberto Larcos le 13/12/2011 à 11h27
    J'ai hâte d'être dans 20 ans. Histoire de ne plus entendre ce genre de poncifs éculés, comme quoi le jeu vidéo serait une occupation de gamin ou d'étudiant défoncé, et qu'un adulte s'y adonnant régulièrement n'est en fait qu'un adolescent qui refuse de grandir.

    Et je voudrais revenir sur la dernière phrase de l'article, qui est peut-être second degré (auquel cas je m'en excuse), mais que je prends comme argent comptant, et qui est à mon avis sacrément hypocrite. On reproche assez souvent aux footballeurs de prendre la grosse tête, je trouve au contraire rafraichissant de voir que leurs occupations sont au final les mêmes que l'individu lambda.

  • johnny gategueune le 13/12/2011 à 16h27
    Mmmh, il me semble que l'article ne s'en tient pas à des poncifs éculés sur les jeux vidéo. L'auteur note bien qu'ils sont devenus une activité d'adultes, et n'évoque pas "d'adolescents qui refuse de grandir" (tu sembles projeter toi-même des stéréotypes négatifs qui ne figurent pas dans le texte)...
    Après, quelle est là-dedans la part de l'évolution sociale et celle de l'effort de marketing (cf. la conquête des femmes et des seniors par cette industrie), ça reste à déterminer.

    D'autre part, ni l'étudiant défoncé ni le footballeur professionnel ne sont des "individus lambda". Le sujet de l'article est le constat que les footballeurs jouent leur propre rôle dans lesdits jeux vidéos, ce qui est pour le moins troublant et les distingue très fortement, à mon avis, du gamer comme toi et moi.

  • Roberto Larcos le 13/12/2011 à 17h04
    "Il n'y a rien de surprenant à ce que cette génération de joueurs semble à ce point maintenus en enfance de cette façon"

    Cette phrase me semble quand même assez explicite.

    Je trouve justement que l'article ne traite pas ce qu'il prétend traiter, c'est-à-dire cette façon de jouer avec son propre rôle, de la part des footballeurs. Il ne fait que l'effleurer.

    Il aurait été bon d'avoir l'avis direct des intéressés en question, sans quoi la tentative de l'auteur semble un peu vaine. Et de comparer les réactions des joueurs qui considèrent le football soit comme une vraie passion, soit simplement comme leur métier.

  • The Great Koala le 13/12/2011 à 18h17
    Plutôt d'accord avec Roberto, l'article effleure juste le fait de jouer son propre rôle. J'ai l'impression que la principale idée de l'article, c'est de nous dire que les footballeurs jouent au jeux vidéo. Ok...

    Quant au fait de jeu qui imite le travail, on pourrait prendre en compte le fait d'avoir comme travail l'un des loisirs les plus répandus en Europe (voire au monde), plutôt que de faire la comparaison avec le travail d'éboueur.

    Et aussi, même si les étudiants un peu défoncés sont souvent consommateurs de jeux vidéo, ça fait quand même cliché un peu réducteur.

La revue des Cahiers du football