Le football joue la taxe défense
Une Balle dans le pied – Avec sa taxe sur les très hauts revenus, François Hollande envoie-t-il le football français à la mort? Et peut-on réconcilier l\'impôt et le footballeur?
Les hommes politiques ne maîtrisant pas toujours les effets de leurs effets d'annonce, on ne sait pas si l'équipe de campagne de François Hollande avait anticipé ceux de sa déclaration d'intentions quant à la création d'une nouvelle tranche d'imposition à 75% pour la part des revenus mensuels au-delà d'un million d'euros. Et, par exemple, si elle avait prévu que le débat partirait très vite sur le terrain du football, alors que la mesure ne ciblait pas spécialement la catégorie des footballeurs. Mais il semble que ceux-ci soient voués à incarner toutes sortes de problématiques qui les dépassent pourtant complètement. Cette fois, c'est donc en tant que représentants de l'hyper-richesse qu'ils sont convoqués, alors qu'ils n'en constituent qu'une fraction aussi peu représentative que possible.
IMPÔT AUX ROSES
Les footballeurs n'ont pas réagi en nombre à cette annonce. Le Parisien Christophe Jallet a pris le risque de regretter publiquement la mesure, avec une franchise dont il a fait les frais. Quelques-uns de ses confrères, comme Hugo Lloris et Bafetimbi Gomis ont tenu un discours plus consensuel et plus averti, conscients que l'image actuelle des footballeurs et le contexte de crise rendent impopulaires les revendications d'individualisme fiscal. Ce ne sont ainsi pas eux qui sont le plus montés au créneau, mais bien les dirigeants de club, pour défendre le football français une nouvelle fois menacé (de "mort", selon Frédéric Thiriez et David Douillet) par l'exode supposé de ses principaux talents. Le fait n'en est pas moins intriguant: pourquoi la médiatisation d'un débat sur la fiscalité (en l'occurrence la fiscalité des plus riches) désigne-t-elle pour principal enjeu le sort – très incident – d'un sport professionnel particulier?
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