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Un neuf au plat

Le rôle de l'avant-centre est un de ceux qui ont le plus évolué dans le football contemporain. Au point qu'on ne le reconnaisse plus, voire qu'il disparaisse?

Auteur : Christophe Zemmour le 7 Mai 2013

 

 

Les demi-finales aller de la Ligue des champions 2012/13 ont vu les équipes phares de la Liga, le FC Barcelone et le Real Madrid, subir de lourdes défaites face à leurs homologues allemandes, respectivement le Bayern Munich et le Borussia Dortmund. Quatre buts encaissés à chaque fois, dont un pour l’attaquant de pointe bavarois Mario Gomez et un quadruplé pour Robert Lewandowski. Des réalisations empreintes des qualités que l’on prête aux joueurs dits de surface: placement optimal et anticipation qui donnent un temps d’avance décisif sur le défenseur, efficacité maximale dans le contrôle, le dribble et la frappe, intuition et chance pour être à la récupération des ballons qui trainent.
 

De quoi se remémorer le bon souvenir des attaquants avant tout buteurs et renards de surface qui se font de plus en plus rares. Pourtant, Lewandowski évolue dans un rôle de 9-10, ni complètement avant-centre, ni totalement meneur. Ce positionnement n’est pas sans évoquer les fameux dézoneurs-déserteurs de surface, Karim Benzema et Nicolas Anelka – pour ne citer que des exemples proches et en déficit chronique d’efficacité devant le but. À vrai dire, que sont devenus les pointards?
 

 


 


La loi du milieu

Les Dé-Managers avaient évoqué leur cas en janvier, au travers des “renards des couloirs”: les meilleurs buteurs actuels sont un ailier reconverti (Lionel Messi) et un en activité (Cristiano Ronaldo). Les systèmes actuels du type 4-2-3-1 font peut-être la part trop belle au milieu du terrain, esseulant l’avant-centre et lui imposant des consignes et des approvisionnements en ballon qui ne favorisent pas sa vocation première – marquer des buts. Une tendance récente a même été à la suppression de l’attaquant, ou du moins à des formations sans homme de métier à ce poste: l'Espagne l’a fait à l'Euro 2012 avec Cesc Fabregas, Guardiola la saison dernière avec le Barça (lire "Le football sans attaquant"). À ceci près que l’on peut voir en Messi, malgré sa propension à décrocher, cet avant-centre marquant aussi des buts de joueur de surface.
 

La vraie question à se poser est: que reste-t-il des numéros 9 canoniques, dans ce mouvement vers l’indifférenciation et l’hybridation des postes? Mario Gomez, par sa carrure, se veut de la classe des attaquants puissants, difficiles à bouger, habiles dans les airs, non sans être doté d’une panoplie technique lui permettant d’éliminer et d'enchaîner sur de lourdes frappes (voir son doublé face aux Pays-Bas à l’Euro 2012). Moins efficace, moins technique et plus discuté, Brandao se distingue surtout par une pression constante face à la première relance adverse et par une agressivité certaine à l'impact. Ses détracteurs ne finissent pas de moquer sa technique limitée, que ce soit avec le ballon ou face au but.
 

Fernando Torres, brillant lors de sa période liverpuldienne, est en perte de vitesse malgré une place de meilleur buteur à l'Euro 2012 plutôt incongrue, compte tenu de sa baisse de régime et de la formation choisie par Del Bosque. De même, Samuel Eto’o, très certainement l’un des meilleurs attaquants depuis Ronaldo, est parti vendre en Russie ses qualités permettant à la fois de jouer haut en phase défensive et en profondeur lorsque son équipe est à l’initiative. Idem pour Didier Drogba et son profil de combattant depuis son départ glorieux de Chelsea. Le prolixe Ibrahimovic est un aimant à ballons, atout autant qu’inconvénient pour son équipe. Son début de saison canon avait redonné une visibilité intéressante au poste, mais Falcao n’a pas tenu le rythme de Messi et Cristiano Ronaldo...
 


Victimes de la mode

Il faut peut-être remonter à la fin des années 90 pour voir un tournant dans les stéréotypes de l’attaquant. L'avènement des joueurs spectaculaires, notamment l’artilleur Batistuta, le désaxé Henry, le dribbleur et sprinteur Ronaldo, le vif et flirteur Owen ou le friand d’espaces Chevtchenko, a ringardisé le numéro 9 à l'ancienne. La grande qualité technique des suscités leur a permis d’occuper plus de place sur le terrain, de ne plus se contenter d’offrir un point d’ancrage positionné haut. Surtout, elle a raisonnablement contrasté avec l'allure souvent inélégante des Koller, Crouch, Heskey, et autre Inzaghi ou Trezeguet.
 

Pour ne parler que de ces deux derniers, Pippo s'en est un peu mieux sorti dans la durée grâce notamment à des systèmes de jeu (4-3-1-2, 4-3-2-1) permettant à l'attaquant de s’atteler à ses tâches offensives, aidé en cela par une défense à quatre et un milieu de terrain très dense disposé en deux lignes. Trezeguet a eu la carrière torturée qu'on lui connaît, son profil de pur joueur de surface posant problème dans les dispositions tactiques du type 4-2-3-1 ou 4-4-2 avec milieux excentrés. Ses caractéristiques semblent d'un autre âge, bien que d’une efficacité assez peu comparable.
 

Des attaquants authentiques, souvent moches mais redoutables et obsédés avant tout par le devoir du but, l’école allemande en a fourni beaucoup: Gerd Müller, Horst Hrubesch, Oliver Bierhoff, Rudi Völler. Tous appartiennent au passé, de même que le voûté Zbigniew Boniek, et semblent faire partie d’une espèce en voie de disparition, parce que relevant d'une spécialisation et d'un rôle qui semblent être devenus obsolètes.

 

Réactions

  • magnus le 07/05/2013 à 12h17
    Perso je suis fan du 9 traditionnel, qui attire les ballons vers le but, permet au bloc de remonter et jouer haut quand il protège bien la balle.
    Et c'est un poste où des footballeurs peu doués ballon au pied peuvent se révéler diaboliques de par leur intelligence. Un Anelka est sans doute 10 fois plus technique et rapide qu'un Inzaghi, mais à quoi ça sert si c'est pour s'éloigner du but?

    Je pense qu'on est encore loin de la disparition des 9, tout du moins je l'espère. Si l'Espagne a gagné l'Euro 2012 sans 9, tant mieux pour eux mais le spectateur s'est 10 fois plus fait chier que devant l'Euro 2008 où il y avait Villa-Torres en pointe.
    Et pouvoir se passer d'un 9 suppose d'avoir une animation offensive de très haut vol. Le Barça, l'Espagne ou le Real avec Ronaldo peuvent le faire (Ronaldo a certaines qualités d'un 9, comme son excellent jeu de tête), notamment quand tu as les meilleurs joueurs du monde comme Messi et Ronaldo. Pelé n'était pas non plus un pur 9.
    Mais pour les autres, il est sans doute plus simple d'avoir un système avec un joueur pouvant être le plus souvent possible à l'arrivée des phases de jeu devant le but.

    Même s'il ne disparaît pas, le 9 est quand même un joueur qui est méprisé ces dernières années. Les Diego Milito ou Luca Toni ont dû marquer des dizaines de buts dans des clubs moyens avant de "mériter" des clubs d'envergure ou une place en sélection. Un Trézeguet fait une carrière de dispensable en équipe nationale, alors que les autres attaquants au profil plus joueur comme Anelka ou Benzema se maintiennent même durant leur période la plus noire.

    Le 9 me semble aussi lié à la culture footballistique des pays. L'Allemagne et l'Italie par exemple ont une grande tradition de grands attaquants, bourreaux d'équipes plus joueuses qu'elles. Paradoxalement, l'Italie est devenue plus séduisante dans le jeu alors qu'elle est en pénurie de 9. L'Allemagne garde toujours un Klose dans sa manche pour mettre un coup de tête ou un bout de crampon au fond, ça peut servir.

  • Paul de Gascogne le 07/05/2013 à 13h31
    Je pense surtout que la diparition du "neuf à l'ancienne" participe d'un phénomène plus global qui consiste en la fin de l'hyper-spécialisation des postes. Et cela se vérifie à tous les postes :

    - les défenseurs centraux doivent désormais être les premiers relanceurs, on leur demande donc une qualité technique certaine. On retrouve d'ailleurs de plsu en plus de mileiux reconvertis à ce poste (la charnière Blanc-Desailly ayant servi de précurseur). Et je pense qu'on commence à assister à la fin de l'idée reçue qui consistait à aligner ensemble une bête physique et un relanceur élégant.
    - cela fait désormais quelques saisons que les latéraux ont un rôle prépondérant dans le développement du jeu offensif de l'équipe. Le Bayerne de cette année en est un exemple édifiant
    - concernant les milieux axiaux, l'opposition nette entre milieux défensifs et milieux offensifs n'a plus lieu d'être. On voit d'ailleurs le terme de "box-to-box" se généraliser.

    On pourrait même y inclure les gardiens de but pour lesquels le jeu au pied et la couverture loin du but sont devenu des caractéristiques prépondérantes.

  • Bouletor le 07/05/2013 à 13h51
    Le dernier exemple en date, pour appuyer ton propos Paul, est David Luiz à Chelsea, qui fait le trajet inverse de défenseur central à milieu défensif.

  • Espinas le 07/05/2013 à 14h14
    Personnellement, j'ai l'impression qu'un vrai 9 est davantage utile dans une équipe dominante, où il va y avoir beaucoup de ballons dans la surface adverse à mettre au fond. Si l'équipe passe les 2/3 du match dans ces 30 derniers mètres, le 9 sera sevré de ballon.

    Alors que les attaquants rapides à la Ronaldo (le vrai)/ Henry/ Eto'o apportent plus dans des équipes qui contrent en pouvant partir du rond central pour aller conclure 50 m plus loin.

    Par exemple, les carrières de Trezeguet/ Henry en EdF sont pour moi symptomatiques de la baisse de niveau offensif des Bleus où Trezeguet a perdu sa place faute d'être servi en ballons suffisants dans la surface au profit d'Henry.

  • Paul de Gascogne le 07/05/2013 à 14h36
    Espinas
    aujourd'hui à 14h14
    Personnellement, j'ai l'impression qu'un vrai 9 est davantage utile dans une équipe dominante, où il va y avoir beaucoup de ballons dans la surface adverse à mettre au fond. Si l'équipe passe les 2/3 du match dans ces 30 derniers mètres, le 9 sera sevré de ballon.
    ***

    Eh bien tu vois je dirais que les techniciens actuels ont le raisonnement parfaitement inverses. Ils imaginent plutôt que pour avoir une équipe dominante il faut qu'un maximum de joueurs participent à l'élaboration du jeu et à la construction des attaques. Phénomène pouvant d'ailleurs expliquer la disparition du fameux "numéro 10 créateur".

    D'ailleurs, en grossissant le trait on pourrait presque dessiner une chronologie dans les fameux "dépassements de fonction" et une particpation accrue au jeu : d'abord les ailiers (cf les meneurs excentrés de Bordeaux 99) puis les latéraux (coucou Roberto Carlos), les milieux défensifs/récupérateurs/relayeurs (appelez ça comme vous voulez) avec Gerrard, Lampard, etc... Et donc aujourd'hui les attaquants de pointe, si tant est que ce poste existe encore aujourd'hui vraiment.

    Conséquence inévitable, tous les postes doivent désormais marquer des buts : aussi bien les ailiers (CR7 et Messi en sont des parfaits exemples) que les milieux axiaux. Pour ces derniers c'est une réalité depuis plusieurs saisons, principalement en PL (Fabregas, Lampard, Gerrard) mais aussi en Serie A par exemple (Vidal, de Rossi). Il ne serait pas étonnant de voir la part des buts des défenseurs croître de façon significative dans les saisons à venir.

    Conclusion : quand Perrin avait élevé Van Buyten au rang de meilleur buteur de l'équipe, il avait simplement 30 ans d'avance sur les Capello et autres Van Gaal.

  • Espinas le 07/05/2013 à 15h58
    Je crois qu'on compare la cause et la conséquence.
    Pour moi, une équipe qui domine et assiège l'adversaire a tout intérêt à avoir un 9 de surface qui va transformer en but les ballons qui traînent, les centres, les cafouillages...

    Le raisonnement des entraîneurs actuels est que pour avoir cette fameuse domination, on ne peut se permettre de "jouer à 10" et qu'il faut des joueurs complets partout participant activement au jeu d'où la disparition du "pur" 9 dans la plupart des équipes.

  • magnus le 07/05/2013 à 16h24
    Tiens, ça donne envie de revoir la 2ème mi-temps de Deportivo-PSG.

  • Ba Zenga le 07/05/2013 à 16h29
    A vrai dire, l'hybridation est quelque chose que je ne vois pas d'un bon œil. Même si j'aime les joueurs polyvalents et complets, une des choses qui me plaisent le plus dans le foot est cette pluralité de postes, de zones, de spécialisations, de profils, de qualités, où chacun peut y trouver son compte. Cela permet de créer des modèles, des histoires intéressantes.

    Et puis, franchement ça m'emmerde, les attaquants isolés parce que tout se passe au milieu de terrain. J'aime bien les surfaces de réparation en danger, l'adrénaline qui va avec l'approche du but, les gardiens qui s'expriment en duel avec le buteur adverse. Neuf joueurs de champ en phase défensive, c'est déjà bien assez.

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