Deco conception
Passe en retraite – Après avoir enchanté le jeu de Porto, Barcelone, Chelsea et Fluminense, le subtil meneur de jeu portugais a mis un terme à sa carrière.
Un Brésilien naturalisé portugais aux origines japonaises avec… un visage de ouighour. Cette physionomie renvoie à l’un des plus talentueux milieux de sa génération. À l’aube de ses trente six ans, l’ex-international portugais (75 sélections) range définitivement ses crampons après une carrière brillante émaillée de succès et de blessures, et qui s'achève donc dans le club carioca de Fluminense.
Une énième blessure, une élongation à la cuisse lors de son dernier match disputé le 21 août contre Goias, a précipité son départ. Ses pépins physiques ont eu raison de sa foi: "J'aurais aimé continuer jusqu'à la fin du championnat et aider l'équipe à revenir en Copa Libertadores, mais je ne peux pas. Mon corps ne le veut plus." À l’heure de l'extinction des numéros 10, émotion et nostalgie s’entremêlent à la simple évocation de ce milieu axial, doué techniquement, organisateur hors pair, élégant, un brin nonchalant mais n’hésitant jamais à revêtir le bleu de chauffe pour délivrer quelques tampons, qui fit les beaux jours du football européen et brésilien.
cc José Goulão
Un dix à la baguette
Arrivé sur la pointe des pieds de son Brésil natal à l’âge de dix-neuf ans, le jeune Deco est d'abord loin de faire l’unanimité. Son transfert à Porto en 1999 lui ouvre des horizons insoupçonnés. Son éclosion s’accélère au contact de José Mourinho, qui le propulse chef d’orchestre du milieu de terrain. Il remporte avec Porto la Ligue des champions 2004 face à Monaco. Une année à marquer d'une pierre blanche et bleue pour l’ancien pensionnaire des Dragons, finaliste malheureux de l'Euro mais élu meilleur joueur FIFA – le Ballon d’Or lui sera subtilisé par Chevtchenko. Une juste récompense pour ce joueur qui gardera toute sa vie un souvenir impérissable du club et de l’entraîneur portugais qui a révélé son talent.
Le génial stratège remet le couvert deux ans plus tard seulement, en Catalogne où Rijkaard n’hésite pas à lui confier les clés du jeu. Un hasard? Non. Associé à Xavi au milieu de terrain, le Portugais fait vite l’unanimité au sein de Blaugranas dont le jeu frôle par moments la perfection. À l’origine de la plupart des actions, capable de temporiser, d'accélérer, de dribbler et de distribuer des caviars, Deco est au sommet de son art. Résultat des courses: une nouvelle Ligue des champions à son tableau de chasse, en 2006 aux côtés de Ronaldinho et Eto’o – laissant le regret que ces joueurs n'aient pas évolué plus longtemps ensemble. Guardiola avait d’autres idées en tête et a préféré se séparer de ces personnalités parfois encombrantes. Un choix que n'a pas discrédité la suite… On a pourtant du mal à imaginer Déco, plutôt discret, en intriguant de vestiaire. Pas rancunier, le virtuose déclara: "Guardiola a amené une nouvelle mentalité. Il arrive à tirer le meilleur de ses jeunes comme de ses meilleurs éléments".
Deco et des bas
Il terminera son tour d’Europe outre-Manche à Chelsea, durant deux saisons (2008-2010) pour engranger au passage un titre de champion d’Angleterre – qui ne le comblera que moyennement, ayant passé l’essentiel de son temps à l’infirmerie. Cette expérience en demi-teinte conjuguée au limogeage de Luiz Felipe Scolari (Guus Hiddink n'ayant quasiment pas fait appel à lui) va l’inciter au départ. L'entraîneur a récemment salué sa sortie: "Deco a été l’un des grands joueurs avec lequel j’ai pu travailler. Le football perd un grand joueur mais surtout un grand homme."
Loin d’être anecdotique, son retour au Brésil en 2010 (92 matches, 7 buts) lui a permis d’étoffer son riche palmarès en remportant deux titres de champions (2010 et 2012) sous la houlette d’Abel Braga qui ne tarissait pas, lui non plus, d’éloge à son égard. Son protégé est élu meilleur joueur du championnat carioca 2012 et remporte le titre du meilleur but du championnat. Le talent demeure intact.
Inquiété dans une affaire de dopage en mai dernier, Deco a été suspendu trente jours à titre conservatoire après un contrôle positif à un diurétique. Le tribunal de justice sportive de Rio de Janeiro a estimé qu'il n’avait pas volontairement absorbé le produit, et blanchi le joueur. Une aubaine de courte durée pour l’ex-Barcelonais, qui arrêtera définitivement quelques mois après. En laissant une ribambelle de bons souvenirs.