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Le Barça veut se réinventer avec les mêmes idées

Le FC Barcelone a entamé sa troisième saison de suite avec un nouvel entraîneur à sa tête, mais cherche plus à rénover qu'à révolutionner sa philosophie de jeu. Présentation.  

Auteur : Julien Momont le 30 Sept 2014

 

 

L’intronisation de Luis Enrique marque un retour aux souches barcelonaises, mais aussi la perpétuation de la philosophie de jeu catalane. Objectif: reconquérir la couronne d’Espagne, pour un club sacré quatre fois sur les six dernières saisons, et enrayer l’essoufflement constaté ces dernières années sur la scène européenne.

 

 

 

Mercato

Départs marquants

Sanchez (Arsenal), Fabregas (Chelsea), Tello (Porto, p.), Song (West Ham, p.), Afellay (Olympiakos, p.).

 

Arrivées

Suarez (Liverpool), Mathieu (Valence), Rakitic (Séville), ter Stegen (M’gladbach), Bravo (Real Sociedad), Vermaelen (Arsenal), Douglas (Sao Paulo).

 

Malgré le feuilleton de son interdiction de recrutement, temporairement levée puis confirmée, le Barça s’est considérablement renforcé cet été, première étape d’un renouvellement à des postes auparavant occupés par des éléments emblématiques. Ter Stegen et Bravo se disputent la place laissée vacante par Victor Valdés, Jérémy Mathieu compense la retraite de Carles Puyol, Rakitic le départ de Fabregas en même temps que le déclin de Xavi, et Luis Suarez devrait apporter une plus-value notable par rapport à un Alexis Sanchez inconstant en Catalogne.

 


Équipe-type : 4-3-3

Bravo
Alves - Mascherano - Piqué - Alba
Rakitic -Busquets - Iniesta
Suarez - Messi - Neymar.

 


Points forts

Harmonie collective
Malgré un certain renouvellement des hommes à des postes clés, le FCB n’a pas perdu en force collective. Les recrues se sont déjà presque parfaitement intégrées dans la mécanique bien huilée tout en apportant leur différence – qualité de relance de Mathieu, activité de Rakitic notamment. Les automatismes sont déjà là.

 

Le jeu catalan repose toujours sur une interdépendance permanente entre le porteur du ballon et les multiples solutions autour de lui. La qualité technique et l’intelligence des mouvements restent des atouts majeurs des Blaugranas. Les principes de relance au sol, de combinaisons courtes et rapides, de dédoublements sont toujours appliqués, certes sans atteindre autant d’excellence continue que par le passé. Mais le Barça est une machine toujours aussi bien rodée.

 

Force offensive
Depuis le début de la saison, le FC Barcelone a inscrit 18 buts en sept rencontres toutes compétitions confondues. Au-delà de la qualité de son jeu collectif, le club catalan dispose également d’individualités capables de faire la différence à tout moment. En ce début de saison, Neymar est fringant (six buts en cinq matches), Messi déterminant (cinq buts, six passes décisives), en attendant Luis Suarez, dont les débuts officiels sont programmés pour le 25 octobre, lors du premier clasico de la saison.

 

Quand tout se passe bien, le Barça a encore des séquences offensives impressionnantes, presque imparables. Sous Luis Enrique, le trio offensif catalan est très axial, avec Messi qui décroche, comme à l’accoutumée. Les deux attaquants les plus excentrés partent du centre pour prendre les espaces vers les couloirs ou les abandonnent aux montées de leurs latéraux. Rakitic a un profil plus offensif que Xavi, et ses projections vers l’avant apportent une présence supplémentaire, parfois jusque dans la surface. Même sans innovation majeure, la recette traditionnelle fonctionne toujours.

 

 

 


Points faibles

Fébrilité défensive
Après sept matches, le FC Barcelone n’a toujours pas concédé le moindre but. C’est la série la plus longue pour un début de saison dans l’histoire du club catalan. Mais les statistiques sont parfois trompeuses. Car le Barça n’a pas pour autant effacé ses lacunes défensives. Il a dû compter sur la qualité individuelle de ses défenseurs et un peu de chance (cinq poteaux subis), autant que sur des maladresses adverses.

 

L’arrière-garde blaugrana est toujours aussi exposée aux contre-attaques, en raison des projections offensives de nombreux éléments, et notamment des latéraux. Jérémy Mathieu, auteur de débuts encourageants, n’a pas toujours su couvrir efficacement Jordi Alba – en première période à Levante, par exemple. Si Javier Mascherano est excellent, Gerard Piqué est à la peine et n’a disputé que la moitié des matches de son équipe. La possession du Barça (70% en moyenne) a toujours sa part de fonction défensive, pour préserver autant que possible son secteur le moins convaincant.

 

Absence de plan B
C’était attendu, Luis Enrique n’a pas apporté de révolution dans la philosophie de jeu barcelonaise, toujours axée autour de cette possession du ballon que l’on vient de mentionner. Face aux parades de plus en plus sophistiquées déployées par leurs adversaires, les Catalans doivent mettre beaucoup d’intensité et de rythme, tant dans leurs mouvements offensifs que dans leur pressing à la perte de balle, pour forcer ces verrous. Lorsque cela n’est pas le cas, comme à Malaga il y a une semaine, cela donne une rencontre insipide et une possession stérile, des dérives maintes fois décriées ces derniers mois.

 

Certes, Barcelone rechigne moins à jouer long s’il y a des espaces à exploiter dans la profondeur ou pour renverser rapidement le jeu vers un côté ouvert. Certes encore, l’approche est moins extrémiste que dans les derniers mois de Guardiola, et les chiffres élevés de possession sont également dus au renoncement volontaire des adversaires dans ce secteur. Mais si leur jeu de passes est neutralisé, les Catalans n’ont pas de solution de secours, pas de grand gabarit à lancer en fin de match pour jouer de longs ballons dans la boîte ou espérer qu’un coup de pied arrêté débloque la situation. Composé de plusieurs très jeunes joueurs (Samper, Munir, Sandro), l'effectif est d'ailleurs assez pauvre en options alternatives, même si le futur appartient à ces gamins.

 


Ce qu’il peut espérer

Sur le papier, dans ce groupe F, le Barça est censé se disputer la première place avec le PSG, à condition que le club de la capitale sorte de son marasme actuel. Le parcours qui suivra dépendra de multiples facteurs: l’intégration de Luis Suarez dans l’équilibre collectif, la faculté à mieux répondre à l’intensité physique proposée par les meilleures équipes du continent et les décisions de Luis Enrique dans les moments importants. Ces dernières saisons, l’approche unidimensionnelle du Barça a causé sa perte, mais le club catalan semble poursuivre sur cette voie. Pas sûr que la tendance s’inverse, même si la qualité de l'édifice permet de se projeter assez loin dans l'épreuve.
 

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