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«L'annulation de la CAN serait un sérieux coup porté au football africain»

Entretien – Le Maroc écarté, la CAF cherche un nouveau pays hôte pour la Coupe d'Afrique des nations. Les explications de Mansour Loum (Afrik Foot), sur les causes et les conséquences de l'affaire pour le football du continent. 

Auteur : Propos recueillis par J. Latta le 14 Nov 2014

 

 

Alors que les éliminatoires de la Coupe d'Afrique des nations s'achèvent dans quelques jours, l'incertitude perdure sur la tenue du tournoi final prévu du 17 janvier au 8 février prochain. Arguant des risques liés à la propagation du virus Ebola, le Maroc, pays hôté désigné en 2011, a fait part de son souhait de repousser la compétition en juin, voire l'année suivante. La Confédération africaine de football (CAF) a refusé et déssaisi le Maroc, désormais menacé de sanctions, et doit désigner dans l'urgence un nouveau pays d'accueil. Mais les candidats crédibles sont rares et les délais terriblement courts. 

 

Mansour Loum, rédacteur en chef d'Afrik-Foot, indispendable ressource sur le football africain, nous éclaire sur le contexte et les enjeux de cet imbroglio. 

 

 

 


L'argument sanitaire invoqué par le Maroc était-il légitime? L'OMS n'a pas tranché sur la question des rassemblements de masse, laissant une marge d'interprétation… 

 

Le point de la défense marocaine qui s'appuie sur le rapport de l'OMS à propos des risques est recevable. On parle quand même d'une épidémie qui compte déjà plus de 5.000 morts : certaines craintes sont légitimes. Pour le reste, la Confédération africaine de football et la FIFA ont aussi contacté l'OMS et il n'y a rien eu d'officiel allant dans le sens d'une interdiction formelle des rassemblements. Le Mondial des clubs est d'ailleurs maintenu et prendra fin mois d'un mois avant le coup d'envoi de la CAN. Le souci, c'est que le Maroc a été mis face à certaines de ses contradictions, comme le fait que la Guinée joue ses matches "à domicile" à Casablanca et surtout que le Maroc, par l'intermédiaire de la compagnie Royal Air Maroc, dessert toujours les pays les plus touchés par le virus Ebola – notamment Guinée et Sierra Leone. Quand on continue à faire du business malgré le danger, pourquoi refuser la CAN?

 

La CAN n'est-elle pas un événement d'une trop grande ampleur?

 

C'est une compétition qui va effectivement drainer beaucoup plus de visiteurs que le Mondial des clubs, et qui implique des risques accrus. Ce qui est dérangeant, c'est que le Maroc évoque le cas de force majeure et les risques de propagation du virus pour demander un report de la compétition, officiellement "pour protéger l'Afrique". Or il ne fait que protéger ses intérêts. Le tourisme représente des ressources de l'ordre de 8 milliards d'euros. Imaginez les répercussions si un ou plusieurs cas d'Ebola étaient constatés durant la CAN…

 

 

« La CAF s'est lancée dans un bras de fer pour organiser la CAN à tout prix »

 

Quelle est la part des sponsors et des diffuseurs dans les pressions en faveur du maintien de la CAN?

 

Il est difficile de répondre à cette question, mais l'évidence est que certains, voire une majorité d'entre eux, font pression pour que la compétition se joue. Il n'y a qu'à entendre Issa Hayatou en parler… À titre d'exemple, chaque fédération qui a pris part aux qualifications doit recevoir un million de dollars de la part de la CAF. Si la compétition n'est pas organisée, l'instance va devoir payer cet argent de sa poche et voir des sponsors, notamment Orange (puisque le nom officiel de la compétition est CAN Orange 2015), demander des comptes et de possibles remboursements.

 

La réaction de la CAF est-elle logique, dans ce contexte?

 

Dans ce dossier, tout le monde a sa part de responsabilité. Le Maroc a mis la CAF devant le fait accompli, pensant que cela faciliterait sa demande de report. Mais la CAF a commis un énorme péché d'orgueil à l'heure où elle n'entend plus se laisser dicter ses décisions (lire "La CAF recadre l'UEFA et Platini"). Elle s'est lancée dans un bras de fer pour organiser la CAN à tout prix en oubliant le contexte du continent africain, où organiser une telle compétition ne s'improvise pas. Actuellement, dans un délai de deux mois, seule l'Afrique du Sud présente les garanties en termes d'infrastructures sportives et hôtelières, et en matière de sécurité. Égypte et Nigeria pourraient l'accueillir en mettant les bouchées doubles, mais ce sont deux pays où la sécurité est loin d'être assurée. Boko Haram représente une menace trop importante durant une compétition comme la CAN, alors qu'un attentat a encore eu lieu ce jeudi dans le métro au Caire...

 

Est-il pertinent que la fédération marocaine soit sanctionnée en plus de la disqualification de sa sélection?

 

La disqualification du Maroc est logique, et les Marocains ne la contestent même pas: dans la mesure où ils ne sont plus le pays organisateur, ils ne peuvent plus prétendre à une qualification automatique alors que les autres sont passés par des éliminatoires. Les autres sanctions à venir, elles seront en partie logiques compte tenu du préjudice subi (financier, d'image, etc.). C'est une situation inédite qui met le football africain dans un grand embarras. Cependant, il ne faudrait pas que la CAF applique les sanctions maximales prévues par les textes, comme par exemple une suspension de quatre ans pour toutes les sélections et les clubs. Ce serait tuer le football marocain pour six à huit ans supplémentaires, le temps de la reconstruction. Or, en dépit des derniers résultats, le Maroc regorge de joueurs de talents et l'Afrique ferait une erreur en sacrifiant au moins une génération entière de joueurs.

 

 

« Délocaliser la CAN au Qatar serait le pire des scénarios »

 

Peut-on envisager que la CAN 2015 n'ait pas lieu? Qu'est-ce que cette affaire dit de la place de la compétition en Afrique?

 

La CAN, c'est la compétition majeure de la CAF. Elle sert de vitrine au football africain. À chaque édition, on constate que le niveau s'élève. C'est le grand rendez-vous des fans sur le continent et c'est un sujet qui déchaîne les passions, même chez ceux qui ne suivent pas le football de façon assidue. L'annulation de l'édition 2015 constituerait un sérieux coup porté au football continental, mais ne signifierait pas sa mort. La CAF se targue d'avoir plusieurs candidats pour assurer un plan B, mais si elle tarde autant, c'est qu'elle a du mal à trouver une solution qui évite que la compétition vire au fiasco, avec une organisation bancale, des stades mal aménagés etc. Là est tout le problème. Si toutes les conditions ne sont pas réunies, il vaudrait mieux reporter, voire annuler, quitte à perdre la face. Il vaut mieux ça que d'aller se ridiculiser aux yeux du monde ou pire, délocaliser la CAN au Qatar, ce qui serait le pire des scénarios. Mais compte tenu de la détermination de la CAF pour l'organiser à tout prix, il n'est pas sûr que le terme "annulation" soit dans l'esprit des décideurs du Comité exécutif.

 

Est-ce que l'imbroglio va un peu plus fragiliser une compétition dont le calendrier est très critiqué par les clubs européens?

 

C'est à craindre. On sait que les clubs européens grincent des dents à l'idée de laisser les joueurs partir début janvier. C'est pour eux l'occasion de s'engouffrer dans la brèche pour déstabiliser un peu plus le tournoi et contester son organisation en début d'année. Mais tant que la CAN reste inscrite à cette période au calendrier FIFA, les clubs auront beau protester, ils devront libérer les joueurs.

 

L'affaire va-t-elle remettre en débat l'éventuelle réforme de la compétition, concernant sa périodicité ou sa place dans le calendrier? Existe-t-il des projets ou des propositions en ce sens?

 

Des débats dans ce sens ont déjà été lancés et la CAF s'est toujours voulue claire : ce qui fait la spécificité de la CAN, c'est justement qu'elle se déroule tous les deux ans, afin d'accélérer le processus de modernisation des infrastructures des pays africains, mais aussi en début d'année, ce qui en en fait une compétition unique. Il serait intéressant de voir ce qu'il adviendrait, par exemple, si elle était reportée au mois de juin. Alors se poserait réellement la question de la programmer désormais à la fin des grands championnats européens. Mais ce qu'on oublie, c'est que cela obligerait la CAF à réaménager tout son calendrier des compétitions – notamment sa Ligue des champions et sa Coupe de la CAF qui se disputent pour partie en été. Idem pour plusieurs championnats locaux qui d'ordinaire se jouent à cette période. Un vaste chantier, donc, mais pas insurmontable non plus.

 

 

« Le football africain, c'est aussi de belles histoires »

 

On a une nouvelle fois le sentiment que lorsque l'on parle du football africain, ce n'est pas à propos de football… Qui en est le plus responsable, les atermoiements des instances du continent ou l'ethnocentrisme des médias européens?

 

C'est un fait et il est regrettable, c'est en tout cas mon sentiment. Chacun a sa part de responsabilité dans cette affaire : d'un côté des dirigeants de fédération, certains joueurs par leur comportement, à l'origine des affaires de primes et autres, notamment, qui ont assez couvert le continent africain de ridicule durant le dernier Mondial. De l'autre, des médias européens qui n'ont que peu de considération pour un football en plein essor – à un stade par lequel le football occidental est passé avant d'être ce qu'il est désormais.

 

C'est particulièrement vrai pour la France?

 

Il est dommage qu'en dépit de la diaspora africaine qui y est présente, certains médias ne consacrent pas plus de sujets au football africain. Il y a pourtant un vrai lectorat, demandeur d'infos sur le sujet, à conquérir. Je n'ai jamais autant entendu parler de la CAN que depuis quinze jours. Même L'Équipe (aucune attaque ici) en a parlé sur sa une de mercredi – chose qui a fait rire bien des confrères – c'est dire. Où était tout ce beau monde lors de la première ou de la deuxième journée des éliminatoires ? Une brève avec juste un résultat et le nom des buteurs, quand ils sont connus, ce n'est pas assez. L'intérêt se porte toujours en dehors du terrain : décès d'Albert Ebossé en Algérie, assassinat de Senzo Meyima en Afrique du Sud… Le football africain, c'est certes beaucoup de folklore, mais aussi de belles histoires, des parcours atypiques, des matches enlevés (contrairement à ce qu'on voudrait parfois faire croire) et un talent certain qui s'exporte très bien en Europe. Alors, pourquoi ne pas mettre aussi en lumière cet aspect-là? Au final il n'y a qu'une seule victime de cette affaire et de la mauvaise publicité qui en résulte: le foot africain.

 

Dernière question : Dja Djéjé se remettra-t-il de son échec face à la couverture de balle de Laurent Blanc?

 

Il faudra du temps. Psychologiquement, le coup est dur à encaisser pour le joueur. D'ailleurs il manque à l'appel en sélection. Dans les milieux autorisés, il se dit que moralement, cette protection de balle de Lolo White a porté un sacré coup à sa fierté...

 

Réactions

  • suppdebastille le 14/11/2014 à 09h30
    Je ne trouve pas très juste son attaque contre l'Equipe au sujet de la couverture des éliminatoires de la CAN, le journal consacre à peu près 1 page à chaque journée des éliminatoires. Ca me parait être un traitement plutôt à la hauteur.

  • Tonton Danijel le 14/11/2014 à 10h20
    "L'Equipe" a parlé de la première journée des éliminatoires... Enfin, de l'Algérie et de la Côte d'Ivoire, pour les premiers pas de Christian Gourcuff et Hervé Renard avec leurs nouvelles sélections.

    (D'ailleurs, il y a bien des supporters des Fennecs qui seraient capables d'accuser leurs rivaux d'avoir tout fait pour couper l'Algérie dans son élan...)

  • fireflyonthewater le 14/11/2014 à 10h35
    Personnellement, je trouve qu'au contraire la CAF sortirait grandi en annulant cette CAN (quoique si elle prenait cette decision maintenant elle perdrait completement la face: "vous voulez pas l'organiser? ok on vous l'enleve et on la donne a un autre pays, euh... en fait on n'a trouvé personne alors on annule c'est mieux)

    Là, la CAF montre que le plus important c'est l'argent, les sponsors, les retombés financières ... et tant pis si on propage le virus ou qu'on fasse prendre un risque a une population.


  • suppdebastille le 14/11/2014 à 13h09
    Tonton, il me semble qu'à chaque journée, l'Equipe publie grosso modo 1 page sur les qualifs.

    Oui, l'Equipe s'intéresse plus aux sélections francophones qu'aux autres (ce qui rejoint le souhait de Mansour Loum en faveur de la diaspora), j'imagine que la presse anglaise en fait de même avec les anglophones.

    C'est vraiment chercher la petite bête.


  • Carlos Alberto Riera Pas le 15/11/2014 à 01h15
    @suppdebastille
    Je t'invite a voir ce qui se fait en Angleterre sur le football africain, la couverture faites dans les quotidiens maiss aussi chez la BBC, en France il n'y a que RFI et TV5 qui font un peu le même travail.

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