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Hommage aux caméramen amateurs dans les stades

Grâce à ceux qui filment au lieu de profiter du match, on peut voir les buts comme si on était au stade. Analyse de leur art et de leur dévouement en guise de remerciements.

Auteur : Gilles Juan le 16 Mars 2015

 

 

Certains supporters présents au stade sont de plus en plus nombreux à se charger d’une noble mission: réaliser et partager les vidéos qui permettent aux internautes de voir les buts comme si on y était. Des plans-séquences superbes d’une trentaine de secondes en moyenne, moins gracieux et élaborés sans doute que ceux d’Emmanuel Lubezki, chef opérateur de Gravity ou Birdman, mais moins complaisants aussi. Plus spontanés. Plus vrais.

 

 

 

 

 

Plan d’ensemble

Évidemment, il n’y a aucune réelle élaboration dans le cadrage, puisque celui-ci est directement déterminé par la focale de l’appareil et par la position dans le stade. Mais ces supporters ont néanmoins du mérite. Ils font, tout d’abord, preuve de beaucoup de bon sens: s’efforçant simplement de garder le ballon au milieu du cadre, ils ne perturbent pas la lecture de la situation par un formalisme trop appuyé. Ils écartent tout ce qui pourrait servir d’amorce au premier plan du cadre (on ne doit pas voir la tête du mec devant, quitte à gêner derrière en levant le bras) et conservent une grande profondeur de champ: ils filment le jeu, rien que le jeu.

 

Leur mise en scène n’est simpliste qu’en apparence. Il s’agit en réalité d’un art spontané que ne renierait pas le Lars Von Trier des premiers films du Dogme. Pas d’éclairage ou de filtres artificiels. La prise de son directe est conservée. Ce n’est que chez les vulgaires monteurs de compilations YouTube que la B.O électronique fait son apparition. Ceux qui filment au stade se respectent. Ils font de l’art in situ.

 

 

Caméra embarquée

D’abord pertinent, le sens du cadre devient à proprement parler génial lorsqu’il y a but. Avant celui-ci, le supporter travaille comme un documentariste amateur, en s’efforçant plutôt efficacement de stabiliser l’image, tout simplement. Mais après le but, le compromis trouvé est proprement extraordinaire: emporté par la foule et par son propre enthousiasme, le supporter devient reporter aguerri, parvenant à la fois à traduire l’émotion qui traverse la tribune grâce aux mouvements brusques du cadre, et à contrôler un peu quand même, en ne lâchant jamais l’objectif de garder le sujet (le buteur et non plus le ballon) au milieu de l’image.

 

Cette subtile alchimie entre fougue et maîtrise gagne en intensité avec la perturbation du son: le mauvais micro du téléphone enregistre mal la surexcitation de la foule et la saturation apporte ce supplément d’âme qui transpose le sentiment d’être bousculé par l’événement. Le but superbe, au moment où on l’espérait tant, provoque une émotion trop intense pour être sobrement filmé et entendu comme à la télé.

 

 

 

Action !

Ce sens de la mise en scène ne peut s’exprimer que parce que ces supporters font auparavant preuve d’un sens du jeu étonnant. Pour filmer “quand il y a but”, il faut le deviner avant. Il faut donc commencer à filmer lorsqu’on pressent qu’il y aura but. Or, il est impossible, à cause de l’autonomie limitée de la batterie (à quand des prises pour recharger son téléphone au stade?) de filmer tout le match pour s’épargner le souci d’anticiper, et tout enregistrer... Il faut donc être aux aguets, à l’écoute du rythme du match, prêt à dégainer son outil connecté. Ces supporters agissent comme de véritables renards des tribunes: ce n’est pas donné à tout le monde.

 

C’est vraiment remarquable: ils filment et partagent pile poil le corner qui a apporté un but! Pour ce faire, ils doivent nécessairement percevoir quand un corner est intéressant. Trouve-t-on sur YouTube des images du coup franc que Ronaldo a envoyé dans le mur ou les tribunes? Bien sûr que non. On ne trouve que ceux – pourtant, ils sont proportionnellement assez rares – qui sont allés au fond des filets. Ce n’est quand même pas un hasard! C’est même la preuve que nombre de ces supporters devraient prendre la place de bien des commentateurs ou réalisateurs attitrés.

 

 

L’art pour l’art

Le dernier mérite, le plus important, sur lequel il faut insister, est le sens du sacrifice de ces supporters, analogue à celui des ultras qui tournent le dos au match pour se consacrer à la mise en forme de l’ambiance et des chants. Les supporters reporters sont au stade, et font le choix de se mettre au service des autres et de la beauté du but, renonçant à profiter de la vision directe de l’événement, préférant consacrer leur énergie à la mise en boîte de l’action. Ils font le choix de garder la trace sur leur carte SIM plutôt que dans leur mémoire personnelle.

 

À peine sont-ils rentrés du stade qu’ils ont partagé les scènes. Ils étaient pressés, non pas de dire au monde entier “J’y étais!” mais de faire simplement plaisir à ceux qui veulent voir ou revoir le but. Ils avaient l’opportunité de savourer au stade, ils ont préféré se consacrer à la captation. Alors OK, il y a peut-être un petit plaisir narcissique à savoir que les gens les remercient… L’altruisme n’est peut-être pas total… Mais tout de même, quel dévouement! Au prix du billet, en plus. Merci beaucoup, vraiment.

 

Réactions

  • Pascal Amateur le 16/03/2015 à 09h38
    Les amateurs, y a rien de mieux.

  • Fier Panpan le 16/03/2015 à 14h23
    Jacquie et Michel like this

  • Kara Bourré le 17/03/2015 à 11h13
    Dites, j'ai un peu honte de demander. Mais l'article est bien au second degré?

  • Yohan Cowboy le 17/03/2015 à 12h08
    Je pense que certains passages rendent la réponse plutôt évidente !

  • Kara Bourré le 17/03/2015 à 12h23
    C'est pour ça que j'ai honte. Mais je n'avais pas souvenir de ce ton sur les articles 'Hommage' de Gilles Juan. Me je me trompe peut être.

  • Yohan Cowboy le 17/03/2015 à 14h24
    Gilles est un récidiviste dans le second degré trop subtil.

    lien

  • Kara Bourré le 17/03/2015 à 16h41
    Mon dieu, je n'avais pas suivi cette histoire de tweet.
    C'est assez savoureux.

  • Kara Bourré le 17/03/2015 à 16h49
    Et non moi c'est pas pareil. D'abord.
    Je vous ai déjà dit que j'avais honte, hein?

  • Nicordio le 17/03/2015 à 17h00
    Joli M. Bourré pour cette série de réponses au second degré pour faire comme si tu avais rien compris à l'article.

    Très subtil

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