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Le dribble de relance

Geste primordial parce qu'il sécurise une récupération récente du ballon et initie l'attaque à suivre, le dribble de relance est notamment l'apanage de Jérémy Toulalan, Marco Verratti et Lassana Diarra, chacun dans son style.

Auteur : Yann Le Sauce le 25 Fev 2016

 

 

Le dribble de relance n’est pas un concept développé par un journaliste des Échos analysant les efforts d’Emmanuel Macron pour mettre en avant une nouvelle réforme. Il pourrait être cependant la réalisation par l’action avec un ballon de l’adage suivant: "Il s’en est sorti avec une pirouette", qui décrit une situation de discussion où l’un des interlocuteurs est acculé par les affirmations d’un ou plusieurs assaillants verbaux. C’est à ce moment que celui qui est en difficulté esquive le piège par le talent et la ruse d’un bon mot. L’attaque est alors désamorcée par le rire.

 

 

Mais le football n’est pas affaire de pirouette, comme Arjen Robben l’a gentiment rappelé à son coéquipier Douglas Costa. "Il est bien sûr doué techniquement et c’est un Brésilien typique. Mais je dois dire qu’il doit faire attention: ces gestes techniques sont beaux mais appartiennent au cirque." Les dribbleurs sont en effet régulièrement critiqués quant à la légitimité et à l’utilité de leurs gestes. L’efficacité, seule véritable juge de paix, est privilégiée par les observateurs. Le dribble de relance n’est, lui, pas utile mais nécessaire au joueur qui, ayant récupéré le ballon, se trouve dans une situation de jeu qui l’obligera à un petit exploit technique sous peine de perte de balle. Le terme "de relance" décrit ainsi la position basse, sur le terrain, du joueur dans l’obligation de dribble devant le pressing adverse. En phase défensive ou de récupération, cette esquive par le geste doit permettre à son équipe de ressortir le ballon puis de remonter le terrain. Le dribble de relance est donc une action qui fait passer le jeu d’une équipe de la phase défensive à la phase offensive. Il est, avec la passe qui suit, la phase dite "de transition".

 

La Ligue 1 compte actuellement trois joueurs qui maîtrisent, chacun dans un style différent, cette arme pouvant rendre un milieu de terrain défensif spécial et indispensable à son équipe. Jérémy Toulalan, Marco Verratti et Lassana Diarra sont réunis ici en leur qualité de milieu de terrain défensif, qu’ils soient positionnés en numéro six, dans un milieu à deux (4-2-3-1 utilisé par Michel par exemple) ou dans un rôle de relayeur pour Verratti (dans le 4-3-3 avec Motta et Matuidi qui aura symbolisé la prise de pouvoir du PSG des années 2010).

 

 

La volte

Toulalan n’est pourtant pas le premier nom qui vient à l’esprit quand on regarde le football à travers le prisme du dribble. Exemple type du milieu récupérateur, emblème du sale boulot, de celui qui balaie la largeur du terrain pour couper les transmissions et les attaques adverses, il avouait en janvier dans L'Équipe la joie d’avoir dépassé ce rôle avec Malaga après s’en être contenté dans le Lyon de Juninho: "J’ai pris un plaisir immense avec Cazorla. À Lyon, avec Juni, c’était autre chose, il était clair que je courais pour lui et que cela arrangeait tout le monde. Mais moi aussi!" L’Espagne et la Liga auront ainsi profité durant les saisons 2011/12 et 2012/13 (année où Malaga perd en quart de finale de Ligue des champions face à Dortmund dans les arrêts de jeu) d’un Toulalan plus offensif que celui que la France a connu avec Nantes, Lyon, Monaco et la sélection. Auteur alors de nombreuses remontées de balles, ce "plaisir immense avec Cazorla" s’est notamment concrétisé par trois buts en 2011/12, chose rare pour le bonhomme, buteur à deux reprises en douze saisons de Ligue 1. Cantonné à un rôle exclusivement défensif pendant la majeure partie de sa carrière (d’autant plus avec Monaco où il redescend de temps à autre en défense centrale comme il avait déjà pu le faire à Lyon), Toulalan n’est pour autant pas qu’un simple récupérateur. Le dribble de relance fait partie de sa palette et complète son intelligence défensive.

 

Le dos courbé, Toulalan lit la course de l’adversaire, la trajectoire du ballon et s’intercale entre les deux. C’est ensuite, après la récupération du ballon, qu’il exécute son dribble de relance à lui, la volte, faisant demi-tour pour protéger son ballon, contourner l’adversaire et repartir de ses grandes enjambées caractéristiques. Qualifiant lui-même son style de jeu "à l’arraché", il pose un diagnostic lucide sur son niveau: "J’ai souvent existé quand il y avait un bon relayeur avec moi pour faire le lien entre la défense et l’attaque, comme avec Juninho à Lyon, ou Tiago, ou encore Cazorla à Malaga. D’ailleurs, quand Cazorla est parti à Arsenal, j’ai été moins performant à Malaga." C’est cette humilité dans l’analyse comme dans son jeu qui est appréciée partout où il passe. Symbolisée par sa générosité et sa combativité sur le terrain, elle n’a laissé personne indifférent dans les stades de La Beaujoire, de Gerland, de La Rosaleda ou de Louis II.

 

 

La relance et la rumeur

Le milieu de terrain défensif peut acquérir un statut particulier auprès du public car le profil du poste requiert deux caractéristiques essentielles du football: la combativité et la technique. Il faut voir la rapidité avec laquelle la relation d’affection, si ce n’est plus, s’est développée entre Marco Verratti et le Parc des Princes. Parce qu’un milieu de terrain technique et combatif a tout le potentiel pour se faire aimer d’un public, particulièrement quand il prend des risques, et réussit.

 

 

 

 

La récupération du ballon de Verratti se distingue par sa hargne. Il harcèle son adversaire sur de longs mètres et sa vivacité lui permet de remporter de nombreux duels. Il tacle aussi, en Ligue des Champions notamment, où il tente en moyenne 5,5 tacles par match. Cette hargne semble alimentée par le désir de dribbler, dans l’instant qui suit la récupération, pour repartir toujours de l’avant. Passe courte ou jeu long, Verratti est à l’initiative des innombrables possessions parisiennes et sa collaboration avec Thiago Motta ne peut que lui être bénéfique dans ce domaine.

 

Si Laurent Blanc a peut-être réussi à réduire le nombre de ses fameux cartons jaunes (deux en Ligue 1 cette saison contre sept au même stade l'an dernier), personne ne l’empêchera de tenter des dribbles et encore moins ceux qu’il réalise devant sa surface, pour le plus grand plaisir du Parc. Chaque personne étant entrée au moins une fois dans un stade a entendu une exclamation générale devant un geste technique. La relance, d’autant plus si elle est précédée d’une récupération de balle combative, provoque la rumeur qui augmente à mesure que le but adverse approche. L’intensité et la montée de cette rumeur sont également proportionnelles à l’enjeu du match et à la situation au tableau d’affichage (écran géant devrait-on dire). Rappelez-vous une contre-attaque à la 85e minute de votre équipe favorite alors que le score est de 1-1.

 

 

L’impact

Parmi ces trois joueurs, Lassana Diarra est celui qui tente et réussit le plus de dribbles en Ligue 1. En moyenne, il réalise ainsi 3,9 dribbles par match pour 3,2 réussis quand Verratti en exécute 1,5 pour 1,2 réussi et que Toulalan en fait 0,9 pour 0,8 réussi. Sa récupération de balle se caractérise par le contact qu'il provoque avec son adversaire, où il jaillit et s’impose physiquement. Lass' possède un éventail de dribbles très complet, de la même manière que Verratti, à base de crochets, de feintes et de râteaux. Ce qui réunit les trois joueurs et qui en fait des relanceurs particulièrement habiles est la qualité de leur jeu long, qui est une des solutions qui s’ouvrent après le dribble de relance. Diarra pour la vitesse de N’Koudou, Verratti pour les appels en profondeur de Cavani et Toulalan pour Carillo en déviation sont des schémas courants.

 

 

 

 

Le niveau de Diarra laisse rêveur d’une équipe olympienne à la hauteur de son joueur central et qui serait capable de multiplier les solutions pour mettre en valeur son travail originel. L’évidence du terrain est malheureusement cruelle, condamnant le milieu à rayonner seul plutôt que d’être un rouage d’une équipe qui exploite efficacement les conséquences de son jeu. Espérons que l’Équipe de France puisse capitaliser mieux que ne le fait l’OM (quel regret, d’ailleurs, de ne pas l’avoir vu dans l’équipe dirigée par Marcelo Bielsa!).

 

L’utilisation du dribble de relance par Toulalan, Verratti et Diarra met en valeur une action, un moment clé du jeu où une équipe se bat pour la récupération du ballon. S’il y a dribble de relance, c’est alors la technique individuelle qui s’illustre, mais dans l’instant où le geste est réussi, c’est la capacité du collectif à créer, par l’harmonie du mouvement notamment, qui est sollicitée. Et le stade ne demande alors qu’à faire grandir la rumeur.

 

Réactions

  • Charles Bodmer le 25/02/2016 à 12h55
    Je manque de références sur le Toul période Malaga, ça devait être sympa à voir.
    Le rapprochement des trois milieux est judicieux, surtout dans le sens où ils sont indispensables au jeu.
    Mais il me semble malgré tout que Verratti s'inscrit dans un autre registre, il a l'air de garder la balle à la recherche de la solution parfaite pour ressortir le ballon, ce qui est parfois très long, et très risqué. Au contraire, Diarra et Toulalan vont se contenter de ressortir la balle assez vite, ou en dribblant, ou en accélérant, ou en décalant un latéral, assez proprement avec une solution pas parfaite mais simplement du style "un tiens vaut mieux que deux tu l'auras".

    Autrement dit ils aiment moins les petits périmètres que le hibou. Je ne crois pas avoir déjà vu Diarra dribbler devant sa surface.

  • Charles Bodmer le 25/02/2016 à 12h57
    *indispensables au jeu = je veux dire essentiels dans le succès (relatif pour l'OM) de leurs équipes cette saison.

  • Skopa le 25/02/2016 à 14h33
    J'appellerai pas ca "dribble de relance" mais "dribble de dégagement". C'est une chose se sortir du pressing et une autre de faire quelque chose avec le ballon ensuite (même si ces trois exemples savent faire les deux gestes).
    Le champion dans le domaine (hors Ligue 1) reste pour moi Busquets qui y ajoute son coté "meneur de jeu" par la justesse de ses choix (en plus de son incroyable technique, quasiment toujours utilisée sobrement - ses roulettes par exemple). Ca ce voit aussi par son nombre minimal de touches de balles. Verrati pourrait s'en rapprocher, mais il faudrait le voir seul devant sa défense pour comparer (et il me semble qu'il touche plus souvent la balle/relance moins vite).

  • Gone n Rosette le 29/02/2016 à 18h13
    Tiens, une vidéo sur Veratti, ça faisait longtemps.

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