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Contrat en Asie, famille à l’abri (proverbe footballistique)

Une Balle dans le pied – Les transferts vers la Chine et les salaires qui y sont servis témoignent d'un bouleversement de la géopolitique du football mondial. Les joueurs, eux, devraient mettre à jour leurs justifications.

Auteur : Jérôme Latta le 4 Jan 2017

 

 

(…) Pour des internationaux qui ont encore plusieurs années au plus haut niveau devant eux, en termes sportifs et de prestige, justifier de pareils choix laisse peu de possibilités. La "découverte d'une autre culture", qui avait été souvent invoquée lors des premières migrations vers le Golfe ou l'Asie, ou le fameux "challenge sportif" peuvent difficilement être avancés (même s'il ne faut pas mépriser, par eurocentrisme, les championnats "exotiques", où les projets de développement peuvent être intéressants). « Le choix est très rarement sportif aujourd’hui. Les sommes sont tellement colossales que le foot devient annexe. (…) Quand on va [en Chine], on fait une croix sur le foot et sur sa vie pendant deux ans »tranche Christian Gourcuff.

 

En fait, les joueurs doivent bien admettre que leurs motivations sont essentiellement financières. L'admettre sans forcément l'assumer, avec le recours à un argument aussi vieux que l'inflation du marché des transferts : « Je l'ai fait pour mettre ma famille à l'abri ». Axel Witsel en a donné une merveilleuse interprétation à propos de son transfert au Tianjin Quanjian, où il devrait toucher un salaire de 18 millions d'euros par an : « C'était une décision très difficile parce que d'un côté il y avait un très grand club comme la Juventus, mais de l'autre il y avait une offre impossible à refuser pour l'avenir de ma famille ». La déclaration mérite une exégèse.(…)

 

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Réactions

  • osvaldo piazzolla le 04/01/2017 à 15h02
    Mais pourquoi doivent ils se justifier ?

    Les médias posent cette question, somment de répondre, et ils le font avec une arrière pensée culpabilisante, tout à fait en phase avec la boucémissairisation rampante du footballeur : comment allez vous justifier de gagner encore plus que les millions que vous gagnez déjà? l'arsenal de réponses toutes faites des community managers (car il s'agit d'eux et pas des joueurs directement) est donc dans cette veine : échapper à la culpabilisation. et ils le font mal.

    mais au delà de ce duel rhétorique entre les médias culpabilisants et les CM néophytes, je trouve que tu fais l'impasse sur le fait que les joueurs sont très rarement en position de décider eux mêmes où ils vont.

    penses tu une seule seconde que Axel Witsel a le choix entre la Juventus et la Chine? s'il y a eu un moment d'hésitation entre les deux, les enjeux sino-uefo-gazpromiens ne laissent aucun doute sur le "libre arbitre" d'Axel Witsel. Franchement je crois qu'Emmanuel Kant n'a pas trop saisi les enjeux financiers du football global.

    A charge pour son CM de trouver en quelques heures des réponses aux sempiternelles inquisitions moralisatrices des medias, pendant que gazprom décide où il ira. Bouc émissaire un jour, bouc émissaire toujours.

  • Milan de solitude le 04/01/2017 à 15h28
    J'aurais bien aimé moi aussi que l'article aborde le rôle joué par l'entourage de Witsel et des autres, comme certains contributeurs le font sur les fils Déclarama et surtout Noir, Jaune, Foot.

  • Matu-Verratti-Vieira-Touré-Clément-Cearà le 04/01/2017 à 18h05
    Plus que de vouloir gagner de l'argent, n'est-ce pas plutot un signe de lassitude du sport au plus haut niveau, pour des raisons diverses et variees: stress, fatigue physiaue et psychologique, desinteret pour le jeu, etc. ?

    Ensuite, se representer la vie en Chine comme la vie dans une prison me semble exagere. Il y a certe un isolement de sa famille, ses amis, son pays, mais c'est ce que font les sud-americains en Europe depuis toujours.

  • fabraf le 04/01/2017 à 18h18
    Comme d'habitude, on pointe du doigt les joueurs sans évoquer la responsabilité des clubs. Pourtant, nous savons, pour suivre ce sport, que les premiers n'ont pas toujours (et c'est un euphémisme) leurs mots à dire. Devant de substantielles indemnités de transfert et un marché européen qui se contracte, combien de clubs préfèrent céder à ces offres "astronomiques" ? Si un club chinois proposait 100 M€ à l'OM pour le petit Lopez, je pense, mal peut-être, que McCourt valide direct son transfert.

    "1, 2, 3... Bouh, c'est vilain de signer en Chine !" J'ai bon ?

  • José-Mickaël le 04/01/2017 à 19h01
    Il me semble que l'article ne critique pas le choix de partir en Chine, juste sa justification : c'est pour mettre ma famille à l'abri.

  • José-Mickaël le 04/01/2017 à 19h11
    (Du coup j'ai relu l'article et il me semble que le thème central, c'est cette idée qu'un énorme salaire serait impossible à refuser. L'auteur conteste cette idée, et considère donc que la justification à base de "impossible à refuser" n'est pas valide.)

  • cocobeloeil le 04/01/2017 à 19h55
    Excellent article. Faut juste que les footeux richissimes changent de discours. Le reste ne nous regarde pas.

  • dugamaniac le 04/01/2017 à 20h37
    Tu veux qu'ils mentent en fait?

    J'avais l'impression que l'esclavage dans le travail c'était défini par le fait de ne pas être payé ou peu pour sa force de travail.
    Et ces pauvres gars sont réellement devenus esclaves, non pas de leurs clubs, ni du foot hélas, mais uniquement de l'argent.

    Tant pis pour eux, ou tant mieux s'ils trouvent uniquement leur bonheur, je m'en fous de ce type de personne et je ne leur offre que mon mépris.
    Et je ne trouve pas cette offrande de ma part illégitime, cet argent dont il se gave c'est pas pour leur talent mais pour être les acteurs du sport devenu le plus médiatique au monde.

  • suppdebastille le 04/01/2017 à 20h39
    José-Mickaël
    aujourd'hui à 19h11

    (Du coup j'ai relu l'article et il me semble que le thème central, c'est cette idée qu'un énorme salaire serait impossible à refuser. L'auteur conteste cette idée, et considère donc que la justification à base de "impossible à refuser" n'est pas lien


    Pour le coup, ce n'est pas toujours le cas mais suis totalement en phase avec J.Latta.
    "L"offre impossible à refuser" rejoint le "si tu étais riche, tu planquerais ta thune pour payer moins d'impôts, c'est normal" qu'on entend également très souvent.
    C'est effectivement révélateur d'une époque où le fric est l'étalon de la réussite.

  • Tricky le 04/01/2017 à 23h27
    Ceci étant, la prémisse de tout ça c'est que la différence (colossale) de salaire ne suffirait pas à combler la différence entre l'immense honneur de passer les trois quarts de son temps sur le banc juventino et le fait d'aller jouer en Chine.

    Et d'ailleurs avec osvaldo. Par ailleurs, certes, la justification est risible, mais enfin, mais est ce qu'elle l'est vraiment plus que l'ensemble des justifications convenues que chacun donne au moment où il quitte son club ('c'est un club pour moi, je suis venu pour l'entraineur, le type de club familial / ambitieux / avec des maillots roses qui me convient, j'avais envie d'une expérience à l'étranger') ?

La revue des Cahiers du football