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Stades : la folie des grandeurs du foot français

De quel droit et avec quelles conséquences les villes sont-elles contraintes à agrandir leurs enceintes sportives pour obéir à des normes contestables qui conditionnent pourtant leur accès en D1 ou D2? La question mérite d'autant plus d'être posée qu'elle ne l'est jamais…

Auteur : Eugène Santa le 10 Jan 2002

 

 

À Beauvais, Reims ou Angoulême, les bons résultats sportifs des équipes du cru font paradoxalement grincer quelques dents. Classés dans les quatre ou cinq premiers de leurs championnats de D2 ou de National, ces clubs voient en effet conditionner leur accession à l'échelon supérieur à l'agrandissement de leur stade.

 

Imposées par la Fédération Française, des normes draconiennes relatives à la capacité des enceintes imposent aux pouvoirs publics — sous peine d'absence d'homologation — d'importantes dépenses que ces villes de taille moyenne rechignent à mettre en œuvre. Parfois fixées en dépit du bon sens, ces règles semblent par ailleurs outrepasser les prérogatives accordées aux Fédérations en matière de réglementation des activités sportives.

 

Grands stades pour petites affluences

C'est aujourd'hui devenu une habitude : chaque week-end, plusieurs clubs de foot professionnels et semi-professionnels de l'hexagone évoluent dans des enceintes en construction. Dans certains clubs, ces travaux ont été commandités par les dirigeants dans le cadre d'une stratégie de croissance, comme c'est le cas à Rennes. Pour d'autres, remplacer de vieilles tribunes par d'autres flambant neuves est une obligation: à Lorient aujourd'hui, à Sedan hier, les clubs ont été obligés d'entreprendre d'importants travaux pour pouvoir monter en D1.

 

Car aujourd'hui, le temps des spectateurs debout sur une butte de terre placée derrière les buts est révolu. L'entrée dans le troisième millénaire a semble-t-il grisé les instances nationales du football professionnel, qui imposent aux clubs, mais surtout aux villes qui les accueillent, de construire des stades de grande capacité. D'ici quelques années, les enceintes de D1 devront ainsi pouvoir accueillir 17.000 spectateurs, celles de D2 12.000, et celles de National 5.000.

 

Pour les deux dernières, les chiffres annoncés semblent avoir été édictés en dehors de toute réalité. Depuis le début de la saison, la moyenne des spectateurs assistant aux rencontres de deuxième division est ainsi de 5.600 personnes. En National, les parties attirent habituellement entre 500 et 1.500 passionnés, les footballeurs toulousains évoluant difficilement devant 5.000 personnes malgré une agglomération comptant cent fois plus d'habitants.

 

À première vue, les chiffres imposés aux clubs de l'élite semblent pour leur part plutôt cohérents, avec une moyenne de plus de 20 000 spectateurs par match. Pourtant, c'est sans compter avec le renouvellement assez régulier des clubs au plus haut niveau. Des villes petites ou moyennes, comme Guingamp ou Sedan, ont récemment accédé au plus haut niveau. D’autres sont redescendues à l'échelon inférieur après un bref passage parmi l'élite, et se retrouvent aujourd'hui avec des stades dont la capacité est très largement supérieure aux besoins.

 

À Châteauroux, le stade Gaston-Petit, surnommé à une époque "Gaston-trop-Petit" par ses supporters, pourrait presque être rebaptisé aujourd'hui "Gaston-trop-Grand": avec une capacité de 17.000 places, il est désormais rare d’y voir plus de 7.000 spectateurs par match. Le Berrichon peut aujourd'hui prendre ses aises dans son enceinte favorite.

 

Un coût important pour la collectivité

Si les frais engagés pour la construction ou la rénovation de ces stades étaient pris en charge par les clubs, qui sont — rappelons-le — des entreprises privées, il n'y aurait pas lieu d'émettre une quelconque critique quant à cette situation. Mais aujourd'hui, seule l'AJ Auxerre possède son stade en France, les autres constituant la propriété des pouvoirs publics (pratiquement toujours des communes), qui en assurent l'entretien et les éventuels travaux.

 

Par conséquent, les coûts engendrés par les réfections ou constructions représentent des sommes d'un montant relativement important que doit supporter la sphère publique, et donc indirectement le contribuable. À titre d'exemple, la rénovation du stade du Moustoir, à Lorient, a nécessité une levée de fonds de près de 70 millions de francs (10,67 millions d'euros). À Lille, le montant des futurs travaux pour augmenter la capacité du stade Grimonprez-Jooris devrait s'élever à 200 millions de francs (30,49 millions d'euros).

 

Avec de tels chiffres, il n'est pas étonnant que certains élus renâclent à mettre la main au portefeuille. Ces dépenses, même si elles sont souvent partagées avec d'autres partenaires locaux (regroupements de communes, Départements et Régions), constituent un imprévu important pour des finances locales pas toujours au meilleur de leur forme. Les élus locaux se retrouvent dans une situation assez étonnante : d'un côté, le citoyen-supporter réclame les travaux qui conditionnent l'accès à la division supérieure. De l'autre, le citoyen-contribuable (parfois supporter, d'ailleurs) se refuse à payer des impôts supplémentaires pour financer l'agrandissement.

 

Dans ce cadre, le choix des représentants locaux se borne souvent, sous la pression populaire, à accepter le financement de ces travaux sans hausse de la fiscalité, entraînant de ce fait une augmentation de l'endettement de la commune, ou une baisse des dépenses dans d'autres secteurs d'intervention. Voilà l'une des conséquences les plus fâcheuses des exigences des instances nationales en matière de capacité des stades: la satisfaction des supporters — deux samedis soir par mois — passe par la réduction des dépenses publiques dans des domaines pourtant d'intérêt public.


Dans une attitude relativement contradictoire, le supporter de foot, parfois également destinataire des prestations publiques, cautionne pour sa part un choix politique discutable en optant pour le foot professionnel plutôt que pour la culture, l'aide sociale ou le développement économique. À Lorient, les travaux de reconstruction du stade ont ainsi été jugés coûteux mais nécessaires par 49% des habitants, et indispensables par 15% de la population (sondage récemment réalisé par Le Télégramme). A Reims, c’est une récente manifestation qui a eu lieu dans les rues de la ville pour réclamer des travaux.

 

Un diktat fédéral librement consenti

Pourtant, l'agrandissement des stades des meilleurs clubs français pourrait (et aurait pu) ne pas être une fatalité. Car la Fédération française de football ne devrait pas pouvoir conditionner l'homologation d'un stade à l'augmentation de sa capacité. Il ne s'agit pas ici d'une question de légitimité politique (quoique…) mais tout simplement de droit. Légalement, les fédérations sont des institutions privées auxquelles il a été donné — par l'Etat — une délégation de service public concernant l'organisation de compétitions sportives.

 

Si elles sont dotées de la capacité d'émettre des normes juridiques qui s'imposent à tous, ce pouvoir ne concerne que les aspects techniques des équipements, indissociables de la pratique de la discipline: taille du terrain, largeur des buts, etc. Les autres éléments, accessoires à la pratique du sport en tant que telle, comme le nombre de places de parking, ou encore la capacité des stades, ne devraient pas pouvoir être régis par la FFF, qui outrepasse ses compétences en édictant des règles en la matière. Bien souvent, c'est l'alibi de la sécurité dans les stades qui est utilisé pour justifier ces mesures.

 

Mais d'une part, on peut très bien considérer qu'un club puisse jouer dans des conditions totalement sécurisées au sein d'une enceinte de D1 ne comprenant que 3 000 places (et nous ne parlons pas ici du cas monégasque). D'autre part, il ne faut pas oublier que les missions liées à la sécurité publique relèvent des compétences de l'Etat, seul habilité à émettre des règles en la matière. Théoriquement, devant la nécessité d'agrandir le stade, les pouvoirs publics locaux, maire en tête, ont donc la possibilité de s'opposer à ces travaux et de faire homologuer leur stade pour une capacité inférieure à celle qui a été fixée par la Fédération.

 

Reste qu'aucun d'entre eux n'a jusqu'ici pris le risque politique d'aller au combat dans ce secteur, en empêchant son équipe de monter à l'échelon supérieur pour cause de procédure juridique. Bien souvent, les dirigeants locaux résument leur action à l'obtention d'une dérogation et la promesse de se mettre aux normes dans les meilleurs délais, entretenant un état de fait juridiquement contestable.

 

Dans le contexte actuel d'assimilation du ballon rond à un business qui se doit à tout prix d'être rentable, les dirigeants de la FFF ne sont donc pas en reste par rapport à ceux de la Ligue. Les petits clubs des petites villes ont du souci à se faire…

Réactions

  • medifel le 10/01/2002 à 18h58
    C'est con de detruire les vielles enceintes (je ne parle pas des daùes agées misent en cloque)

    En effet ce sont les derneiers endroits qui sentent encore le football... Emile Albeau, Colombe etc...

  • Kenshin le 10/01/2002 à 21h31
    Très bel article Eugène, si ton nom de plume n'est guère exaltant (enfin c'est peut-être parce que c'est ton vrai nom, alors je vais tenter de ne pas être vexant non plus ;-).

    Ta réflexion stigmatise fort bien comment la FFF et la Ligue imposent une sorte de Diktat financier à la montée (tout comme la règle qui interdit aux petites villes d'avoir plus d'un club pro, dont Ajaccio se souviendra longtemps je pense).
    L'effet le plus pervers du système est que les supporters et l'opinion publique mangent comme du pain béni les exigences qu'on leur imposent, et réclament à corps et à cri des stades dispendieux.

    Sur ce que je peux observer, à Caen, avec l'agrandissement du stade, l'ambiance a décru, même s'il y a plus de supporters et que les places sont plus chères...

    Quel est l'intéret de ces stades ? Promouvoir aux frais du contribuable une politique de développement du foot... c'est la seule chose que je vois à première vue... mais ça me semble un peu bidon.
    Des pots de vin du BTP pour la FFF, seule hypothèse rationnelle, mais un peu gros...

    Alors à qui profite cette connerie de grands et beaux stades vides ?

    Perso j'aime bien le "look" tole ondulée, et les enceintes chaudes bouillantes avec 4000 fans déchainés, ça vaut mieux pour le foot que 8000 spectateurs paumés dans une enceinte de 17 000 places.

    Enfin tout ça tu l'as très bien dit Eugène... tellement bien dit que je me demande pourquoi on enverrait pas cet article aux collectivités locales en mal de fonds publics dans les villes en passe de monter :-)

  • CELTIC BHOY le 11/01/2002 à 02h39
    J'ai juste une remarque sur la légitimité de fixer des normes quant à la capacité d'un stade. D'abord une question en fait : est-ce la FFF ou la LNF qui fixe ces normes ? Si c'est la LNF qui organise une compétition, elle a tout à fait le droit d'exiger un cahier des charges de chaque club, comprenant par exemple une capacité minimale. Tant que ces demandes ne sont pas illégales, c'est le droit de tout organisateur d'événement. Ca n'enlève rien au caractère stupide d'exiger des stades trop grands, mais ç'est le droit de la LNF d'être stupide.

  • piem le 11/01/2002 à 03h25
    Présision sur le financement... Comme les Villes râlent parce que ça leur coute cher mais qu'elles sont quand même contente d'avoir un club de foot pour l'image, certaines arrivent à faire porter les frais par les communes environnantes via l'intercommunalité... ce qui signifie que, dans ces cas là, les entreprises sponsors installées sur les agglomérations dont les stades sont rénovés, sponsorisent deux fois : une fois directement, l'autre fois par l'impôt... Après tout, ce n'est pas si mal, non ?

  • El mallorquin le 11/01/2002 à 03h50
    Pour revenir sur ce qu'indique le Bhoy, je crois que le réglement de la FFF fixe le principe que les stades doivent avoir une certaine capacité pour pouvoir être homologué à la D1, D2, etc. mais que c'est le réglement de la LNF qui fixe le chiffre. Si c'est illégal, que çe soit la LNF ou la FFF ne doit pas changer grand chose au niveau juridique...

  • youridjorkaeff le 11/01/2002 à 04h11
    Petite question à Eugène, de droit administratif : qui de la FFF ou de la LNF a reçu la délégation donnant prérogative de puissance publique à l'une de ces personnes morales ? La LNF organise les championnats professionnels, c'est sans doute a elle d'édicter dans la limite de sa compétence les règlements opportuns. Si c'est elle, quelle intervention a la FFF ? Enfin, si c'est la FFF qui a reçu cette prérogative, en a-t-elle délégué une partie à la LNF et peut-elle simplement le faire (je ne crois pas) ?
    Merci.

  • papa cammayo le 11/01/2002 à 04h15
    d'abord, les congratulations habituelles mais qui se justifient pleinement ici, article très intéressant qui aborde un point rarement discouru sur ce site et bien sur ailleurs.

    Je me demande seulement si parler de diktat est bien choisi car je persiste à croire que la construction de ces stades se fait aussi en bonne partie avec l'aval (et sous la poussée) de certains pouvoirs politiques locaux. Dire que le football est l'opium du peuple (en paraphrasant le barbu) est un lieu commun mais aussi une vérité qui me semble quasi absolue. Du moins dans bien des cas, le football est utilisé comme tel.

    la construction de ce genre de stades est souvent aussi démesuré que l’ego de certains dirigeants de villes moyennes qui voit en la pose de la première pierre, un monument à la gloire de leur vision prophétesse. Il voit aussi un formidable moyen de contenter le peuple en vue des prochaines élections, surtout depuis 98. Cela me semble d’autant plus facile que comme Eugène et Piem le souligne, le coût de ces infrastructures n’est pas forcément, dans un premier temps, supporté par la population. L’endettement des communes et l’utilisation des regroupements intercommunal permet de répartir la charge financière d’un tel projet. De plus, les banques sont mises à profit à coup d’arguments pompeux et d’études de marchés flamboyantes présentant parfois la construction autours du stade d’une véritable zone économique. Le problème est que si le stade est vide, le mc do d’à coté le sera aussi.

    C’est clairement un problème inquiétant car plus d’une commune s ‘est déjà enlisé dans de vastes projets immobiliers qui à terme ont totalement foiré, et c’est d’autant plus dangereux que bon nombres d’élus locaux sont faciles à convaincre. Il est probable que le fruit pourri de tout celà soit bon à cueillir d’ici peu.

  • CELTIC BHOY le 11/01/2002 à 04h45
    Merci, El M., mais ça n'a rien d'illégal. Sinon, ça signifierait également que la DNCG est illégale ! comme le fait remarquer youri également, rien n'empêche un organisateur d'établir un règlement et un cahier des charges, même si l'autorisation d'organiser vient de l'Etat.

  • piem le 11/01/2002 à 05h35
    Sur la légalité de ces normes.

    Je pense qu'en fait la question c'est le conflit de légalité. Les instances du foot pro ont le droit de fixer des normes. Ceci étant, elles sont contestables localement. Comme le dit l'article, si un Maire juge que la mise au norme nuit à la sécurité publique, il peut parfaitement rentrer en conflit avec la LNF ou la FFF. Les pouvoirs de Police du Maire me paraissent supérieurs aux pouvoirs de police des instances fédérales puisque le Maire agit dans ce cadre là au nom de l'Etat en tant que représentant de l'Etat alors que les instances vont par la même légèrement au-delà de leurs compétences dévolues au départ.... Maintenant, mes souvenir de Droit Administratif sont un peu confu, mais j'espère ne pas dire trop de conneries.

  • Titouk70 le 11/01/2002 à 07h48
    En tout cas c'est vraiment trés stupide d'exiger de certaines villes qu'elles aient des stadescomportants plus de place qu'il n'y a d'habitants dans la ville. (Guinguamp, Gueugnon, Louhans-Cuiseaux...)

    Mais ce n'est pas nouveaux, deja au debut des années 80 Gueugnon avait refuser de monter en D1 parce qu'il etait impossible d'acceder aux exigences de la ligue.
    Je trouve ca vraiment revoltant de desavantager ainsi les petites villes par rapport au grandes aglomerations.

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