La méthode JMA
Jean-Michel Aulas est privé de vestiaires pour un mois, suite à ces accusations contre M. Layec. Ce vilain garçon ne débute pourtant dans l'exercice de la pressurisation du corps arbitral. Souvenez-vous par exemple d'avril 99, avant un certain OM-OL…
Jean-Michel Aulas s'est fait tirer l'oreille par la Commission de discipline, qui lui a donc infligé cette "suspension de vestiaire" d'un mois pour le sanctionner des propos qu'il avait tenus à l'encontre de M. Layec, arbitre de Lyon-Sedan. On voit le chemin à parcourir avant que les sanctions disciplinaires ne dissuadent vraiment les dirigeants de gesticuler et de mettre la pression sur les arbitres. M. Aulas sera vraisemblablement ennuyé, en pleine campagne municipale, de ne plus faire de relationnel au cœur de Gerland, mais il se remettra vite de cette peine.
Pourtant notre jeune délinquant est un multirécidiviste, et ses premiers délits ne datent pas d'hier. Pour ne pas rester sur des exemples récents, prenons au hasard des archives celui d'une polémique déjà oubliée, mais qui ressemble beaucoup à celle-ci et avait provoqué de semblables remous.
En avril 99, JMA avait affirmé que le prochain déplacement de l'OL à Marseille "serait très compliqué compte tenu de l'arbitrage", expliquant que "les arbitres ne prennent pas totalement leurs responsabilités au Vélodrome et il est évident qu'il faut être une fois et demie plus fort que l'OM pour gagner là-bas". La nomination de M. Bré avait aussi été contestée, sous prétexte qu'il appartenait à la Ligue de Bretagne et que Rennes était à la lutte avec Lyon pour les places européennes… Ces propos provocateurs (Courbis n'avait pas refusé ce combat de coqs) avaient déclenché des réactions indignées, notamment de la part de la Commission centrale des arbitres, par la voix de Michel Vautrot et en des termes qui nous sont familiers : "C'est à chaque fois pareil, on met le feu et on s'étonne après lorsqu'il y a des incidents.(…) Faire monter de cette manière la pression est une chose totalement aberrante. Surtout de la part d'un président comme M. Aulas qui exerce en plus des responsabilités auprès de la ligue nationale (…) Aujourd'hui ce dont nous avons le plus besoin, c'est de sérénité (…) je tiens tout de même à lancer un nouveau cri d'alarme en ce qui concerne l'arbitrage" (La Provence 29/04/99).
Cette anecdote montre à quel point les scénarios se répètent indéfiniment dans le football, avec en vedette l'impuissance politique des arbitres et l'impunité des dirigeants. Mais au moment où le corps arbitral est pris de convulsions plus sérieuses que d'habitude et où quelques affaires mettent en évidence la faillite disciplinaire du foot français, il ne faut pas éluder la responsabilité des dirigeants à qui profite le laxisme ambiant. Jean-Michel Aulas n'est pas un manigancier occasionnel, les pressions indirectes sur les arbitres font partie de sa méthode de travail depuis longtemps. Le plus inquiétant est que son rôle central au sein de la Ligue expose celle-ci à toutes les suppositions sur sa probité et sa capacité à laisser les clubs administrer eux-mêmes la justice sportive. Alors peut-être est-il le moins discret de ses collègues, et pas le seul à user du billard à trois bandes pour faire pencher la balance, mais cela ne constituera pas une excuse.
Ce ne sont pas seulement les arbitres qu'il faudrait faire dépendre de la Fédération, mais aussi toutes les commissions de discipline et d'appel.
Enfin, de ces mêmes articles de La Provence, extrayons pour le plaisir cette perle de Rolland Courbis, dont on ne sait si elle est lucide, prémonitoire ou inconsciente: "L'intox c'est bien, mais cela peut aussi revenir dans le visage comme un boomerang".