La stratégie de L'Equipe
Pour assurer le maximum de ventes et donc de rentrées publicitaires, L’Equipe, qui a comme point commun avec les vendeurs d’électroménager d’avoir le Mondial pour doper le marché, a une stratégie qu’il convient d’éclaircir…
le 27 Avr 1998
Pour assurer le maximum de ventes et donc de rentrées publicitaires, L’Equipe, qui a comme point commun avec les vendeurs d’électroménager d’avoir le Mondial pour doper le marché, a une stratégie qu’il convient d’éclaircir. Elle appelle en effet de ses vœux deux situations très antagonistes, mais qui seraient les plus rentables pour elles. Soit les tricolores gagnent le Mondial, ce qui lui permettra de hurler en gros caractères son euphorie, de rassasier notre bonheur à coups de superlatifs et de battre ses records de diffusion. Soit les Bleus foirent leur parcours (le foirage incluant une défaite en demi-finale, voire l’Euro96), ce qui l’autorisera à défouler son ressentiment, de se répandre en polémiques et d’immoler le sélectionneur avec quelques joueurs dans un grand feu de joie mauvaise et de papier journal. Grands statisticiens, les rédacteurs savent très bien que la deuxième hypothèse est de loin la plus probable. Ils laissent donc le soin à Jacquet de travailler seul à la première, et préparent activement la seconde. Le matériel nécessaire à l’exécution capitale et la nécrologie de celui-ci étant prêt depuis longtemps, il leur faut réunir les conditions les plus favorables à l’échec. Cela commence par un subtil minage du terrain, un pourrissement imperceptible de l’ambiance. On en a un très bel exemple dans le traitement réservé à Guivarc’h, encensé d’un côté pour ses performances en club, mis sur la sellette pour ses prestations en équipe de France, avant même qu’il ait eu le temps d’y réaliser une série de matches significative. À force de questions insidieuses, de citations sélectives et judicieusement déformées (Zidane, y dit ça sur toi, et y dit ça sur Dugarry hein, c’est les boules hein?) et de douches écossaises, celui-ci finit par devenir nerveux dans les interviews, il ne devrait pas tarder à la devenir sur le terrain. Les infos contradictoires (comme les démentis ou les compliments de Zidane sur le Breton), il faut les chercher dans les entrefilets, ou mieux, dans les dépêches AFP.
Attendons les matches et les stages à venir pour avoir de nouveaux exemples de cette stratégie déconstructive et de la malveillance maladive de ces journalistes dont la seule gloire sera d’avoir prévu le pire (“on vous l’avait bien dit“) et d’y avoir activement contribué.