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Un rêve trépasse

Nos envoyés spéciaux étaient à Gelsenkirchen au milieu du peuple monégasque. Ils ré-enchantent cette finale perdue avec le récit de l'aventure.
le 28 Mai 2004

 


Une finale de Ligue des champions, pour des supporters qui font le déplacement, ça peut commencer par une course de voitures et un sprint. Un peu égarés dans le lacis autoroutier de la Ruhr, avec ses panneaux aussi peu indicateurs que possible et une feuille de route rendue caduque au premier échangeur raté, vos envoyés spéciaux eurent le coup de bol de tomber, dans une station-service, sur un bon berger en la personne d'un père de famille turc auquel nous demandons notre chemin: "Nous aussi on va au stade, suivez-nous. Mais on y va vite", prévient-il. Voilà donc la Clio lancée à la poursuite de sa bonne étoile — une grosse Mercedes immatriculée à Dortmund — à fond sur la file de gauche. Et comme il n'y a pas de limitations de vitesse sur les Autobahn, on enrhume presque sans frémir une voiture de la Polizei à 190km/h. Notre guide assurera même un service maximal, nous intimant de le suivre pour trouver une place de parking dans la confusion qui entoure le stade. Nous basculons dans la délinquance en prenant le sillage d'un cortège encadré par les motards, en empruntant un passage interdit et, pour finir, en usurpant notre entrée dans un parking VIP, sans chercher à traduire les admonestations de la préposée. "Allez Monaco", nous crie notre providentiel ami en s'éloignant, nimbé dans un nuage scintillant (admettons que les trois nuits blanches d'un bouclage mouvementé ont peut-être altéré notre perception). Notre tribune étant à l'opposé, c'est donc un demi-tour de stade au pas de course qui soulignera l'état de forme pathétique de certains membres des Cahiers, dont nous tairons pudiquement les noms. Mais après six heures de route, le timing est presque parfait, puisque nous pénétrons dans l'arène au moment où les joueurs entrent sur la pelouse. Fait chaud.

Dans la boîte à lumière L'impression est saisissante : l'Arena AufSchalke fait l'effet d'un gigantesque gymnase avec son toit ajouré d'une fenêtre rectangulaire et son écran géant suspendu à la verticale du terrain, à la manière des enceintes indoor. Les tribunes enserrent le terrain avec un surplomb inhabituel... Beaucoup de points communs avec une autre Arena, celle d'Amsterdam. Le tout fait une sacrée caisse de résonance, une belle boîte à lumière (1). Nous commençons à entrer dans le match au moment où les Monégasques en sortent quelque peu, après un début prometteur. Plus en pointe que Morientes, Giuly s'est déjà présenté plusieurs fois devant nous, suggérant que Jorge Costa va être à la peine face à sa vivacité. Las, alors que les deux équipes semblent faire preuve de fébrilité en ratant pas mal de transmissions, les adducteurs du petit attaquant se mettent à siffler presque plus fort que les supporters monégasques fustigeant les fautes portugaises. Sa sortie rafraîchit l'atmosphère dans le virage rouge, dont certains membres se font rappeler à l'ordre par le speaker, qui leur demande de ne pas occuper les escaliers de notre tribune. Une tribune composite, partagée entre les "assis" et les "debout", qui peine évidemment à soutenir la comparaison avec celle qui lui fait face mais qui y met de la bonne volonté. "Pas de bol, un gogol". C'est le constat que nous devons faire au moment où les décisions de l'arbitre mettent en transe un spectateur apoplectique derrière nous, dont les propos (si on peut appeler ça comme ça) laissent perplexes un couple bien mis et d'âge mûr placé non loin. Le scénariste est un con À cette minute (la 31e), placés derrière les buts, nous ne savons rien de l'inexistence du hors-jeu de Morientes, mais nous râlons pour le principe. Et alors que les Portugais ne se sont pas créé une seule occasion, c'est une toute petite faille dans une défense centrale renforcée par Zikos et jusque-là irréprochable, qui fait se rompre la digue. Le pied du Grec rend involontairement un ballon idéal pour Carlos Alberto qui reprend de volée. Pierre Martini déclare: "Créteil a mis le même but à Saint-Étienne en début de saison". Merci Pierre pour la valeur ajoutée. L'ASM a toujours trouvé des ressources par vent contraire, mais y a-t-il pire situation contre Porto? Avant l'ouverture du score, les attaquants ont déjà eu toutes les peines à se retourner face au but, et les Monégasques ont semblé ne pas pouvoir compter sur leurs habituels points forts, avec par exemple une percussion faible sur l'aile gauche et un Morientes peu inspiré. Avec ce but, le pari tactique de Deschamps, consistant à renforcer l'axe du milieu semble perdu, alors même qu'il avait plutôt bien fonctionné avec un duo Zikos-Bernardi des grands jours. On compte encore sur coach Didier pour trouver des solutions à la mi-temps, mais il faudrait surtout que ses joueurs haussent le ton, créent des différences. Malheureusement, la suite vient confirmer les craintes. Dominateurs, les coéquipiers de Roma ne sont pas véritablement dangereux, malgré les percées volontaristes de Prso ou d'Ibarra. Vitor Baia peut même passer pour un bon gardien dans ces conditions. L'inévitable s'ensuit, selon cette pénible fatalité d'un sport qui aime resservir deux ou trois de ces scénarios préférés. Toute ressemblance avec une finale de coupe d'Europe disputée la semaine dernière, etc. Quelques minutes après l'entrée de Nonda, un contre d'école mené et conclu par Deco vient clore les débats et nous laisse presque aussi admiratifs que pantois. Le taux d'"assis" augmente nettement dans nos gradins, tandis que la tribune d'en face, impressionnant et bruyant mur bleu et blanc, semble appartenir à un autre stade. Le rêve d'un improbable retournement de situation nous traverse une dernière fois l'esprit, mais on le sent s'évanouir dès le départ de l'action de Derlei qui va rendre la gifle un peu plus cuisante. Disons-le tout net, c'est le pire moment de la journée. Le score, les kilomètres qu'il faudra parcourir pour rentrer, le prix de la place: tout devient subitement excessif.

Monaco, c'est bien la France Puis, la peine s'adoucit. Il est beau ce stade, elle était belle l'aventure, on est bien avec les copains. Et pour voir un club français remporter la C1, pour pouvoir dire "j'y étais", il faut d'abord y être quand la chance se présente… Alors, la cérémonie du couronnement des Bleu et Blanc est moins douloureuse qu'on ne le pensait, on applaudit les Monégasques qui viennent saluer, Rothen qui s'attarde comme pour un adieu, même Svara qui a l'air encore plus désolé que d'habitude. On reste même un peu dans ce joli stade, on observe la composition de cette tribune, on détaille les banderoles qui identifient autant de délégations régionales: Saint-Étienne, Marseille, Paris et même Reims sont représentés — une sorte d'amicale des finalistes malheureux — au milieu de Ch'tis, de Lorrains… C'est bien toute la France du foot qui était derrière Monaco. Et pour ironiser un peu, comment douter que ces Monégasques soient français après cette défaite qui aggrave le déplorable taux de réussite de nos clubs en finale de coupe d'Europe? Une banderole apporte une autre forme de réponse: "Aulas, ici t'as pas ta place". À la sortie, les Portugais sont euphoriques, ils achètent n'importe quoi dans les stands improvisés autour du stade, comme des colliers qui clignotent. Ils montrent aussi une certaine maîtrise du Français et une non moins grande propension à la chambre: "Et un, et deux, et trois zéros!", scandent-ils en chœur. Un supporter veut échanger son écharpe avec celle de Pierre Martini, qui est obligé de lui dire qu'il s'agit d'un modèle "Spartak Moscou" ressorti pour faire illusion. Dommage pour ce moment de confraternité. Comme souvent, l'outsider n'a pas retrouvé en finale le niveau qui lui a permis d'en arriver là. Rapidement privée de Giuly, l'équipe a aussi souffert des prestations quelconques de joueurs aussi importants que Rothen et Morientes… Le FC Porto a su parfaitement en profiter. Avec trois buts en autant d'occasions, on peut parler de réussite ou d'efficacité, selon le mérite que l'on veut bien reconnaître à des Dragons qui ont justifié une nouvelle fois leur réputation et celle de leur entraîneur. Compacts derrière, agressifs au milieu, ils ont aussi une remarquable capacité à développer des actions assassines en un ou deux coups de pattes qui mettent l'adversaire hors de position. À la récupération du ballon, on voit ainsi très souvent les milieux de terrain déclencher immédiatement des passes presque à l'aveugle, dans les espaces où les attaquants ont l'habitude de se déployer. De la belle ouvrage — fruit d'une complicité de plusieurs années et d'un sens tactique remarquable — et une victoire largement méritée, même si le score est flatteur. L'ASM a donc donné le sentiment d'être passé à côté de quelque chose de grand, et un peu de son match aussi. Mais il faudrait vraiment être ingrat pour rayer d'un coup de crayon son extraordinaire parcours, qui a largement mérité le label d'épopée, et dont les victoires face à La Corogne, au Real et à Chelsea resteront longtemps dans les mémoires. Sur le strict plan des "bilans", la saison de Monaco peut paraître ratée en l'absence de titre. Mais sur le plan de l'émotion, c'était du bonheur. Alors, merci les gars.

(1) L'Arena AufSchalke a été inaugurée en août 2001 et elle fera bien entendu partie des stades de la Coupe du monde 2006. Elle succède au "vieux" (à peine plus de trente ans) Parkstadion, construit pour l'édition 1974, à côté duquel elle se dresse et qui sert de centre d'entraînement au club de Schalke 04 avant sa prochaine démolition. Le toit est translucide et mobile, ce qui permet de fermer totalement l'enceinte, et la pelouse peut prendre l'air: elle est placée sur un "tiroir" amovible de 11.000 tonnes, comme celle du Gelredome d'Arnhem, et glisse sous la tribune Sud qui se soulève. Sa capacité est de 60.000 places pour les matches de Bundesliga (dont 17.000 debout), 52.000 pour les rencontres internationales. L'équipement a été financé par des fonds privés et une souscription auprès des supporters de Schalke, club très populaire dans la Ruhr qui compte plus de 40.000 abonnés. Pas très esthétique de l'extérieur (il ressemble au siège d'une multinationale avec ses parois vitrées), il est en revanche très spectaculaire vu depuis les tribunes. > Le site de l'Arena AufSchalke

Réactions

  • El mallorquin le 28/05/2004 à 21h33
    Bel article, mélancolique et objectif

  • blueberry le 28/05/2004 à 21h34
    Tres bon reportage !
    Je suis comme lien, etonne que des supporters tentent de regler leurs comptes avec Aulas le jour du match le plus important de l'annee pour eux.
    Comme on dit, y'a que la verite qui fache.....
    Mais bravo a Monaco pour ce tres beau parcours, ils ont perdu contre plus forts qu'eux, et n'ont pas a rougir malgre le score severe !

  • rui.costa le 28/05/2004 à 23h41
    lien : "En plus ça va donner du grain à moudre à lien pour les 20 prochaines années et ça c'est difficile."

    Exact, disons que ça ne doit pas amuser la plupart des contributeurs le fait que certains de mes arguments se confirment sur la pelouse. :)))))

    Sinon le Brice, je crois qu'il mérite une nouvelle rubrique dans les CDF mag. On pourrait créer le concours du Caliméro d'or parmi les "posteurs". :))))

    Cher Brice, regarde attentivement les matchs (des cassettes seront surement en vente) pour comprendre pourquoi Porto est champion d'Europe.

  • leo le 28/05/2004 à 23h46
    "En France quand on a un joueur qui court pas super vite qui est plus tout jeune mais fait très bien son boulot, s'il est français et qu'il ggagne des coupes on l'appelle le président, s'il est étranger et qu'il gagne une coupe on se fout de sa gueule (s'ils perdent on les assassine direct)"

    marrant, NoNo, c'est exactement ce que je pensais quand tout le monde taillait Hierro a l'epoque

  • El mallorquin le 29/05/2004 à 01h03
    C'est marrant parce que la victoire de porto est méritée, deschamps l'a très bien résumé en parlant d'une foule de petits détails qui font la différence.
    Pourtant, j'ai trouvé que Porto jouait pas très bien. Ils m'ont impressionné par leur défense archi-bétonnée (à ce propos, si porto avait joué plus haut et laissé des opportunités de contres, la vitesse de jorge costa aurait pu être plus génante pour son équipe, là elle ne le fut pas du tout), et leur aptitude notamment à totalement annihiler le côté gauche monégasque, à écraser les attaques adverses en les empêchant de faire face au but...
    Néanmoins, bon, c'est une évidence que sur ce match là porto a montré une solidité imparable, une efficacité ... efficace (c'était pour éviter de tomber dans la superlativité récurrente), des défenseurs combatifs et acharnés (la vache !!!) et des joueurs offensifs capables de gestes techniques décisifs. Enfin, il faut quand même préciser aussi que monaco a raté son match, à cause du "talent" de porto en partie, mais pas seulement. Mentalement, à cause de leur plus faible expérience probablement, ça n'a pas été transcendant et offensivement ça a été catastrophique. Evra a fait un non-match, soit il était pas servi, soit il faisait des centres à la Nanard Mendy ; Rothen, n'a pas pesé sur le match, ratant qqes passes faciles et fébriles sur la plupart, même si je l'ai pas trouvé si transparent que certains le disent. Giuly est sorti rapidos, Prso volontaire mais pas brillant, Morientes a manqué de ballons mais a raté de nombreuses passes, Nonda bof bof, on l'a vu sur une occase et Ibarra, a alterné le bon et le moins bon.
    Je rejoins machin chouette qui disait que faire jouer plasil au milieu (soit en début de match, soit en 2ème mi-temps à 1-0) aurait peut-etre pu contribuer à ce que monaco ait plus d'occasions, puisque c'était dans la construction que les problèmes étaient les plus évidents. Enfin on ne sait pas ce que ça aurait donné et Porto est une équipe redoutable qui m'a fait penser aux équipes italiennes de jadis ou vaguement (car en plus fort et en plus défensif sur cette seule finale) au PSG de cette saison. Mais je trouve aussi que Monaco aurait dû enflammer le match au lieu de jouer peut-être trop tactique, car c'est ce qui leur a réussi le mieux cette saison, quand il fallait se lâcher...
    Ils ne l'ont pas fait mercredi. Dommage.
    Voili voilou mes commentaires 2 jours après. J'avoue que porto est une équipe très forte avec des joueurs de talent, même si je ne puis dire qu'ils ont montré bcp de beau jeu lors de la finale. A propos de la chance ou de la réussite, il en faut toujours pour gagner, même quand t'es plus fort que tous les autres et que Monaco comme le Real Madrid contre le Bayern comme... en ont également eu. Pour finir, je remercie cette magnifique équipe monégasque qui m'a fait vibrer cette saison comme je ne l'avais pas fait depuis longtemps (le PSG étant un cas différent puisque je vibre même dans les matchs chiants avec eux et que ce n'est pas comparable).


    PS : sur aulas, il n'y a jamais de mauvais moment pour le critiquer :-)

  • El mallorquin le 29/05/2004 à 09h53
    Nono, le mec dans la défense pas très rapide et pas très technique dont tu parles, celui qui est français et qui gagne des coupes, c'est pas plutôt Leboeuf ? Et lui je n'ai pas entendu grand monde le défendre en France. Bref si tout le monde tombersur Jorge Costa c'est peut être tout simplement qu'il est aussi ridicule que l'ex-Marseillais non ? Ou que le Hierro des 5 dernières années...

    Quant à Ibarra d'accord avec toi James Dean, l'emballement médiatique autour de ce joueur est affolant pour un type aussi faible au poste qu'il occupe. C'est bien simple, Ibarra, c'est le Bruno Basto monégasque, avec un poil plus de technique (mais pas tant que ça)...

  • christelou le 29/05/2004 à 10h31
    La pire insulte pour Ibarra...

  • NoNo93 le 29/05/2004 à 12h58
    Hé hé Mayo, c'est toi qui rajoute pas très technique!!!
    Me semble que Jorge Costa a joué un peu plus de matchs pour gagner ce trophée que Leboeuf par exemple pour la coupe du monde?
    A chaque fois qu'on voit un match de Porto avant même le match on nous bassine 15 ans avec leur défense lente etc. N'empêche qu'à la totale elle semble plutôt efficace non?
    Et je parlais bien de lolo qui a eu son lot de critique avant de recevoir sa sanctification du 12 juillet...

  • CHR$ le 29/05/2004 à 14h02
    Vous allez arrêter de dire du mal de Leboeuf qui n'était peut-être pas très sympathique, mais qui était un grand joueur. D'ailleurs je pense que les marseillais le regrettent encore, non ?

  • NoNo93 le 29/05/2004 à 14h24
    En plus t'as pas compris Christelou, il taille pas Ibarra là, il en profite pour faire un compliment sur un de ses joueurs préférés, c'est un mailin le Mayo et Basto est son idole ;-))

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