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L'Argentine à fleur de crampon

Journée Argentine - Du pugilat de Wembley 66 à la main de dieu vingt ans plus tard, l'histoire de l'Albiceleste est jalonnée de péripéties mémorables...
Auteur : Salif T. Sacha le 11 Fev 2009

 

argentine_cdf.jpgExtrait du n°32 des Cahiers du football.

Peu avant les années 30, le métissage du football brésilien avait produit une identité de jeu virevoltante influencée par la capoeira. Tant pis pour le cliché: le football argentin puise également une bonne part de son identité dans la danse. Un rituel immuable tel que le "cabeceo", cette invitation presque imperceptible qui permet d’être éconduit en toute discrétion pour épargner l’orgueil masculin, est une subtile illustration de la fierté nationale qui émane de l’expression corporelle du tango. Elle marque également en profondeur l’identité du footballeur argentin. Tantôt génial, rugueux, espiègle ou franchement truqueur, le footballeur argentin est prêt à tous les écarts pour ne pas sombrer dans la défaite, déshonneur ultime. Quitte à renier son talent, il ne renonce à sa fierté en aucune circonstance. Pour avoir trop longtemps subi l’oppression, l’Argentine a enfanté des joueurs rebelles dont les actes révolutionnaires ornent l’histoire de son football.


Londres, 23 juillet 1966

Argentine-Angleterre, quart de finale de la World Cup. Peu après la demi-heure de jeu, c’est le scandale. Alors que les avertissements pleuvent sur l’Albiceleste, le capitaine Antonio Rattin plaide la cause de son équipe auprès de l’arbitre, M. Kreitlein. Les deux hommes ne se comprennent pas, et quand il réclame un interprète, Rattin est expulsé. Il refuse alors d’obtempérer.
Le match est interrompu près de sept minutes, dans une confusion générale. Le public de Wembley et les observateurs sont choqués par l’outrage. Jean Cornu, envoyé spécial de L’Équipe, relate, indigné: "L’attitude de Rattin a été fort incorrecte. Il est évident que la barrière des langues amène certaines confusions. Mais Rattin a donné cette explication une fois le match terminé, alors qu’il avait pu réfléchir et préparer sa défense".

Quarante ans plus tard, Rattin reste pourtant sur sa version des faits: "Je lui ai montré mon brassard de capitaine, lui ai demandé un interprète, et il m’a crié: «Dehors! Dehors!»” Au terme de longues palabres, Rattin est officiellement expulsé, pour rébellion, par les forces de l’ordre.
Inédit. En quittant le terrain, il croise le tapis rouge déployé pour Elisabeth II. Selon les sources, il aurait décrotté ses crampons, craché ou se serait assis sur l’étoffe royale. Une chose est sûre: au pays, le peuple crie à l’injustice, au complot européen. Les Albicelestes sont éliminés en fin de match, mais sont fêtés en champions à Buenos Aires. La rébellion de Rattin laisse l’orgueil national intact.


"Il vaudrait mieux oublier ce match, l’effacer des annales, car c’était tout sauf un match de football. C’était de la chasse à l’homme, du début à la fin"


genie_argentin1.jpg
Antonio Rattin, expulsé manu militari lors de la Coupe du monde 1966, et Nestor Combin, marqué par sa rencontre avec l'Estudiantes en 1963.

 
Buenos Aires, 22 octobre 1969

En 1968, la Copa Libertadores est remportée par un petit club argentin, Estudiantes, aux méthodes peu orthodoxes, caractéristiques de l’esprit négatif qui règne depuis l’échec de la Coupe du monde 58. L’heure n’est plus au jeu, il faut retrouver le chemin de la victoire, coûte que coûte. Les joueurs expriment alors une créativité certaine dans la perversion. L’âpreté de leur engagement physique a laissé des traces dans les organismes et les mémoires adverses.

À Milan, le souvenir de la Coupe intercontinentale 69 est encore vif. Plus de trente ans plus tard, Gianni Rivera déplore encore: "Nous étions déjà sur la pelouse, quand les Argentins sont entrés. Ils avaient tous un ballon dans les mains. Ils se sont approchés de nous et ont tous shooté  de toutes leurs forces dans notre direction". Lorsque Rivera ouvre la marque à la Bombonera, Pauleti, le gardien local réagit en se jetant bestialement sur les Milanais qui se congratulent. Nestor Combin, l’attaquant du Milan AC  d’origine argentine, affiche un visage tuméfié. "Il vaudrait mieux oublier ce match, l’effacer des annales, car c’était tout sauf un match de football. C’était de la chasse à l’homme, du début à la fin", se désole Rivera. Le président argentin, Juan Carlos Ongania, fait incarcérer Pauleti et deux de ses coéquipiers à la suite à leur attitude. Ils restent trente jours en détention. Aux yeux des Européens, l’Argentine a entraîné le football bien bas.



tarantini_videla.jpgRosario, 21 juin 1978

Au terme d’une victoire pour le moins controversée face au Pérou, l’Argentine se qualifie pour la finale de "sa" Coupe du monde. Le général Videla pénètre dans le vestiaire pour remercier ses joueurs. Leur qualification est  une aubaine pour la junte, qui espère s’attirer les faveurs du peuple en dépit de son totalitarisme ultra répressif. Alberto Tarantini n’est cependant pas d’humeur à enlacer Videla. Il garde en mémoire le mépris du régime face à sa quête de vérité quant au sort de ses amis brutalement disparus, et lance un impétueux défi à Passarella: "Je te parie mille dollars que je me frotte bien les boules, et quand il arrive, je lui serre la main". Port de tête majestueux, Tarantini est immortalisé en infligeant à l’oppresseur une poignée de main qui paraît interminable.


"L’Angleterre m’a permis de marquer le plus beau but de ma vie"


argentine_cdf2.jpg


Mexico, 22 juin 1986


Vingt ans après l’expulsion tourmentée de Rattin, le Stade Azteca est le théâtre d’une nouvelle joute historique anglo-argentine. Première opposition entre les deux sélections depuis le conflit armé des Malouines en 1982, où le général Galitieri espérait une victoire militaire expéditive qui flatterait l’orgueil national au point de faire diversion du quotidien, le pays étant alors plongé dans le marasme économique et la violation constante des droits de l’homme. En 86, les Albiceleste sont soutenus par un peuple enfin libéré par la restauration d’un régime démocratique, mais les victimes des Malouines confèrent à cette rencontre un enjeu qui dépasse celui d’un match de football, fût-il qualificatif pour une demi-finale de Coupe du monde.

C’est dans ce contexte singulier que Diego Maradona qualifie son pays en inscrivant un but d’anthologie, que les amateurs d’exploits individuels considèrent comme le plus beau but de l’histoire de la Coupe du monde. Un slalom géant flamboyant de cinquante mètres, chef-d’œuvre absolu de son "gambetta", ce dribble alliant folle vitesse et courbes  harmonieuses dans un concert prodigieux de dextérité technique. "Un but grandiose. Du pied. Comme un  rachat..." se fourvoie Thierry Bretagne, à l’époque, dans les colonnes de L’Équipe, décelant un manque de décence dans le premier but argentin.
Bien qu’il enfreigne l’éthique en étant inscrit, comme le confesse malicieusement Maradona, "un poco con la cabeza de Maradona y otro poco con la mano de Dios", ce but ne manque aucunement de dignité. Il rend plutôt la sienne à un pays qui verra une grâce certaine dans la roublardise de son Diego, lequel confesse d’ailleurs à l’envi: "J’ai toujours dit que l’Angleterre m’avait  permis de marquer le plus beau but de ma vie. Un but de Coupe du monde, un but d’anthologie, un but... marqué de la main". Les Argentins inclinent par orgueil à un jeu à la fois extraordinairement technique et  empreint de vice. Des qualités bien spécifiques qui contribuent à l'identité du football national... Clichés compris.

Réactions

  • Lescure le 11/02/2009 à 17h07
    Pierre Des Loges
    mercredi 11 février 2009 - 16h12

    C'est super pénible les forumiste qui ne lise jamais correctement les posts des autres: je parle d'"instances para-gouvernementale" pas d'"officine gouvernementale. Donc je n'ai pas écrit que Thuram appartien au SAC ou à la DGSE mais qu'il est membre du Haut conseil à l'intégration.

    Sinon c'est vrai que Dhorasoo n'a pas était ballon de plomb en 2006 s'est juste parcequ'il écoute de la bonne musique et qu'il est le parrain de Paris Foot Gay.

  • Josip R.O.G. le 11/02/2009 à 17h37
    Edji
    mercredi 11 février 2009 - 15h51
    peter panderlecht
    mercredi 11 février 2009 - 13h28
    Marrant quand même de voir la différence de perception entre la main de Vata et celle de Maradonna.
    ---
    Ouais, mais Vata a marqué de la poitrine (ou de la main après 12 ralentis, je ne sais plus).
    --------

    Sans déconner ?


  • Edji le 11/02/2009 à 18h46
    Disons que c'est du [1,5], rapport au fait que Vata n'a jamais reconnu avoir marqué de la main, et que ladite main, contrairement à celle de Diego, n'avait été détectée par nos experts commentateurs du match (TR/JML) qu'après bon nombre de ralentis.
    Ce qui n'a empêché personne de la qualifier par la suite d'évidente, Tapie de crier au scandale et à la corruption de l'arbitre (lol), et l'Elysée et Matignon de faire part de leurs émois respectifs.

  • Chaban del Match le 11/02/2009 à 21h00

    pied
    mercredi 11 février 2009 - 11h12
    (...)

    Je n'aime pas cette main de Dieu. Mais après tout, merde, c'est que du foot.
    ------------
    Certes mais combien de fois sur un terrain a ton entendu pour calmer les esprits et relativisier les evenements un "c'est pas la coupe du Monde" (expression que je ressors pour le reste de la vraie vie)
    Oui ce n'est que du foot mais ça s'est passé en Coupe du Monde. Le truc ultime, sacré. D'où la notion de sacrilège collée à cette main de Dieu.

    La main de Vata qui s'en souvient à part les Portugais et les Français ? Personne.

    La main de Maradona ? La planète foot dans son ensemble.

La revue des Cahiers du football