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À quand une politique de gauche pour les supporters?

Une Balle dans le pied – Une semaine après les incidents du Trocadéro, les leçons de cet épisode apparaissent plus clairement. Les urgences politiques aussi.

Auteur : Jérôme Latta le 21 Mai 2013

 

Plus d'une semaine après les incidents très commentés ayant mis un terme prématuré aux célébrations du troisième titre national du Paris Saint-Germain, il peut être utile de revenir sur eux en profitant du recul de ces quelques jours.

Au rythme abrutissant et confus des chaînes d'information continue, ces incidents ont d'abord vu, comme il est d'usage, les experts médiatiques se précipiter au devant des micros pour jeter leurs avis expéditifs, accompagnés de la frange la plus opportuniste du personnel politique. Le tout dans une joyeuse valse des étiquettes – supporters, Ultras, hooligans, casseurs, jeunes de banlieue – sur laquelle chacun a pu plaquer ses propres amalgames. On pouvait ainsi craindre un de ces psychodrames nationaux qui s'emparent régulièrement du pays à chaque scandale footballistique. Il semble cependant que le soufflé soit assez vite retombé, que les erreurs ont été corrigées (les Ultras largement disculpés, en particulier) et que l'on aura entendu et lu beaucoup d'analyses intelligentes, informées et mesurées [1].


GESTICULATIONS PUIS RÉPRESSION

Un constat frappe, même s'il a été peu établi: en dépit d'un changement de président, de gouvernement et d'Assemblée nationale, rien n'a changé dans l'attitude des pouvoirs publics envers la question des supporters, aucune initiative n'a été prise pour sortir d'une impasse politique dont l'épisode du Trocadéro témoigne, à sa façon. Il y avait pourtant de quoi espérer, après une décennie de gestion qui a très longtemps consisté en gesticulations aussi inefficaces sur le terrain que profitables en termes de communication, avant de basculer dans une répression sans discernement qui a permis l'accélération d'un programme d'expropriation du public populaire.
(...)


Lire l'article :



 

Réactions

  • le Bleu le 21/05/2013 à 08h54
    Lors du dernier matchs des Bleus à Saint-Denis, j'ai appris qu'il y aurait eu un début de retour de balancier sur cette politique.

    Après des années d'ignorance, la FFF se soucierait enfin du fait qu'on joue systématiquement à l'extérieur quand on est au Stade de France, et essaierait de promouvoir nos quelques groupes comme les Irréductibles Français. Malheureusement ça marche pas encore trop pour l'instant mais bon on part de loin.

    Rassurez-vous, ça n'empêchera toujours pas Christian Jeanpierre de s'exclamer "quelle ambiance dans ce Stade de France" à l'entrée des joueurs et "incroyables ces supporters russes/portugais/argentins/suisses" à l'heure de jeu (on n'entendra qu'eux).


    Bientôt peut-être la même chose en club ?

  • Loul le 21/05/2013 à 09h25
    Merci pour cet article nécessaire.

    Quelques remarques trop vite jetées ci-après :

    "À quand une politique de gauche pour les supporters?" est titré l'article.

    Je crains pour ma part que la réponse est dans la question (et je supputerais que la question n'est peut-être pas si innocente que cela) mais au delà de la nécessaire remise en cause de l'inclusion automatique et paresseuse du Parti "Socialiste" dans la "gauche", faut-il seulement s'étonner de ne voir aucune inflexion de politique lorsque le ministre de l'Intérieur actuel donne tant le sentiment de n'être qu'un genre d'ersatz de Nicolas Sarkozy à ce poste ?

    Il y a en tout état de cause un gap proprement incroyable entre la perception du monde des tribunes qui peut-être faite par les auteurs du livre vert et celle qui se dégage de toutes les interventions de la division nationale de lutte contre le hooliganisme qui participe activement à cette politique de pompiers pyromanes.


    "Il semble cependant que le soufflé soit assez vite retombé, que les erreurs ont été corrigées (les Ultras largement disculpés, en particulier) et que l'on aura entendu et lu beaucoup d'analyses intelligentes, informées et mesurées [1]."

    Je ne partage absolument pas cette vision du bilan médiatique des évènements de la semaine dernière.
    Certes, on a pu trouver après 24 heures de n'importe quoi intégral, des analyses avec une hauteur de vue appréciable.
    Les erreurs crétines répétées à l'envi à chaque embrasement médiatique autour du monde des tribunes ont été autrement plus audibles que les explications édifiantes des très appréciables sociologues cités.
    Certes les connaisseurs de ces sujets auront pu trouver, lire leurs articles. Mais les autres ? L'imbécile bruit médiatique a été autrement plus fort et a produit des effets politiques et sécuritaires déjà tangibles (telle l'interdiction de principe à Paris de certaines manifestations sur la voie publique en rapport avec le PSG) en en attendant peut-être d'autres pires encore.

    Chaque épisode médiatique de ce genre renforce des stéréotypes construits progressivement depuis au moins le Heysel, des raccourcis faux, empêchant de véritablement penser la réalité et auxquels la plupart des journalistes et la plupart des usagers des médias non intéressés par ce sujet se rapportent en pareil cas automatiquement.

    Enfin, au delà de la question du mouvement Ultras (qui est une des composantes du monde des tribunes) traité d'une façon horriblement contre-productive et révoltant par les pouvoirs publics, peut-être pourra-t-on un jour interroger plus radicalement le rapport des supporters aux clubs de football et reconnaitre que le lien particulier qui les y relie dépasse le simple lien de clients à prestataires de services.
    Au delà de la création de strapontins dans les instances de la Fédération pour les supporters, on pourrait ainsi envisager de remettre en question le partage de la propriété du capital social (ou du moins des pouvoirs de décision) des clubs et d'en attribuer une part significative aux supporters.

  • Pascal Amateur le 21/05/2013 à 10h44
    "si les Ultras ont bien des torts et se sont tirés mains obus dans le pied" : ou quand une faute d'orthographe devient un joli jeu de mots !

  • Coach Potato le 21/05/2013 à 14h18
    UN MONDE A PART

    Un publi-reportage de l'Agent Nikopol en direct de Soweto pour l'agence Froid Equateur / 1er sept 2032

    Lors de l'inauguration du nouveau centre d'entrainement Franck Dumas, récemment disparu, le Président délégué du Normandy Football Club (ex Stade Malherbe de Caen), par ailleurs dirigeant majoritaire du consortium d'état Belouchistanais qui possède 37% des réserves mondiales de gaz de schiste , a tenu à réagir sur les récents incidents qui ont émaillé la reprise du championnat du European Major League Soccer©.

    Il a précisé que la décision de renommer le club était irrévocable insistant sur la nécessité d'adopter un nom de marque visible à l'international. Il a réaffirmé les ambitions du club de disputer dans les cinq ans la ligue mondiale de foot et à reprendre le flambeau ouest-européen depuis la disparition des franchises QSI-St Germain et OM-Paca Bête clique à la mi-temps avec ton appli smart chip sous-cutanée, relégués dans la meilleure deuxième division d'Europe, selon le gestionnaire de ligue régionale de football.

    - Le Normandy Football Club, déjà un club phare européen, veut se donner les moyens à terme de concurrencer des villes comme Shanghai, Mumbai, Novossibirsk, Sydney, La Paz et Vancouver. Dans cette intention, le club a établi un partenariat sur dix ans avec le géant de l'Agro-alimentaire Soylent destiné à développer des synergies entre sport et bien-être. Dans cette optique, le club adoptera de nouvelles couleurs vertes à domicile et jaune pour l'extérieur afin de se rendre compatible avec les packagings de Soleil vert© et de Soleil jaune©, les deux produits phares de la marque Soylent. Un rappel des anciennes couleurs orange fluo, chères au cœur des clients du club, figurera sous forme de discret rappel de couleur sur les maillots third dont le design fera l'objet d'un concours ouverts aux clients abonnés du club depuis dix saisons au moins.

    Interrogé à propos des émeutes de la faim lors des récents Jeux Olympiques® d'Oulan Bator, où des manifestants avaient arboré des T-shirts Soylent Green is people, le président du Normandy Football Club a rappelé son soutient au projet d'inscription du droit des marques dans les constitutions des états-régions et a souligné le rôle primordial de Soylent dans la lutte contre la malnutrition. Il s'est déclaré contre le mélange du sport de marque et de la politique locale. Selon le Président du NFC, l'organisation d'une coupe du Monde des états régions n'est pas à l'ordre du jour et serait en contradiction avec la représentativité trans-régionale du sport de marque.

    - L'apolitisme et le clientélisme sont les clés du succès de la rechalandisation des zones polyurbaines défavorisées et le sport de marque va nous y aider! a notamment réaffirmé le Président en conclusion d'une très convainquante présentation fleuve de deux unités horaires.

    En marge de cette journée, le parquet de Caen a annoncé l'arrestation de l'auteur du pamphlet internet très téléchargé qui racontait la disparition du Stade Malherbe de Caen® via le point de vue subjectif de la mascotte paquet de chips Bret's goût Paprika et qui signait ses méfaits: Le supporter (sic). Selon le Procureur de l'état-région, il s'agirait d'un acte isolé de la part d'un marginal connu des services de Police pour avoir refusé de souscrire sans réserve à la charte du client supporter. Les charges retenues contre lui sont:

    - Diffusion sans contre-partie financière d'objet audio-visuel sur Internet.
    - Infraction à la charte universelle des droits du citoyen client relatif à la tenue de libre-propos sur le sport de marque.
    - Apologie de nourriture prohibée en raison de son caractère nocif pour le métabolisme humain.
    - Utilisation sans autorisation préalable des ayant-droits de la marque Stade Malherbe de Caen désormais propriété de la Société Anonyme de droit Bélouchistanais Normandy Football Club® ci-après désigné comme le plaignant.
    - Emploi abusif dans un endroit public et de façon réitérée du terme supporter rendu illégale par décret préfectoral de l'état-région et retiré de fait du glossaire Novlangue autorisé pour les échanges publics et privés.
    - Apologie de rassemblement de groupe d'individus de type client citoyen à des fins non consuméristes.
    - Référence via Malherbe à l'usage de la poésie rimée pour un usage autre que celui de jingle publicitaire.
    - Recel de Chips au caramel au beurre salé et d'un maillot away floqué Pitch du Stade Malherbe de caen lors l'édition coupe de France 2008/2009.
    - Référence prohibée à l'ancien état-nation France désormais remplacé par la dénomination Communautariat Polyurbain d'Europe du Sud Ouest (SOuth WEst TOwnship, en novlangue)
    - Refus d'allégeance au Consortium.
    - Hooliganisme virtuel.


    L'ex supporteur risque une peine de dix-huit ans incompressible. Il aurait déclaré avoir agi en hommage à Parc, film underground aujourd'hui censuré réalisé par groupe d'anciens clients du PSG qui avaient commis en leur temps des délits de libre supporterisme et dont la libération sous caution devait intervenir ces jours lien des membres du groupuscule PSG qui avait volontairement souscrit à un programme de rééducation et de réinsertion sociale basé sur le visionnage à haute doses du documentaire Rennes, une alternative au Kop, et de Synthético, ou comment le choix des pelouses artificielles de troisième génération par Lorient et Nancy au début du vingtième siècle ont permis l'abolition du tacle glissé, ce cancer du football, avait mis fins à ses jours dans des circonstances encore non élucidées.

    Chacun se rappellera ses cours d'instruction civique du client-citoyen à l'école primaire où l'arrestation rocambolesque d'un déplacement non autorisé de clients-citoyens du PSG hors du rayon de 50 km de leur lieu de résidence un jour de match du QSI-St Germain fût à l'origine de l'introduction dans notre droit de la notion de hooliganisme virtuel.

    Longue vie et prospérité au Consortium.

  • Raspou le 21/05/2013 à 14h56
    Coach Potato, la meilleure chose qui soit arrivée au forum des Cahiers depuis la retraite d'Antigone.

  • timath le 21/05/2013 à 15h13
    L'impossibilité d'étoiler les commentaires commence à devenir problématique.

  • Kireg le 21/05/2013 à 16h04
    Coach Potato
    aujourd'hui à 14h18
    ----------
    Wow !
    Je ne savais pas que l'on jouait au foot dans La Zone du dehors.


  • José-Mickaël le 21/05/2013 à 17h18
    Ah ben ça valait le coup de lire les commentaires ! J'ai beaucoup aimé l'expression « client du club » qui, j'en ai peur, risque de ne pas attendre 2032 pour s'imposer.

  • michelidalgo le 21/05/2013 à 17h20
    Enfin Coach Potato vint...

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