Arbitrage et vidéo à bon escient
S'il y a un endroit où l'on peut tolérer la vidéosurveillance, c'est un terrain de football. La fédération italienne va mettre 30 observateurs devant des écrans pour suivre les matches et noter ce qui échappe à l'arbitre… L'amorce de vraies améliorations de l'arbitrage?
Prudemment, la fédération italienne vient d'introduire une dose de vidéo, non directement dans l'arbitrage, mais indirectement dans son système disciplinaire. Une Commission d'observateurs visionnera les rencontres et consignera sous forme d'observations les incidents ayant été échappé à l'arbitre.
Cette expérimentation d'un recours à vidéo pour sanctionner rétrospectivement les fautifs est prudemment encadrée de garde-fous. La commission ne pourra pas s'autosaisir, il faudra que les instances "constatent un incident violent qui n'a pas été sanctionné" (Reuters 08/01) et sollicitent les observateurs. Il n'est pas non plus possible de revenir sur un fait de jeu vu par l'arbitre, donc sur les sanctions qu'il a ou non prises. Pas question non plus de revenir sur les résultats en cas d'erreur d'arbitrage.
De telles contraintes peuvent sembler excessives, mais elle sont indispensables afin d'éviter les situations inextricables et la surenchère des recours. Si de telles instances s'impoent, et qu'il faudra penser à élargir leurs prérogatives, une extension excessive et trop rapide se traduirait par une introduction directe de la vidéo avec les calamités que cela ne manquerait pas de provoquer*.
La question se pose cependant de la restriction apparente aux seules brutalités, alors qu'il n'y a pas que les brutes qui posent problème, mais aussi les tricheurs. Pour prendre un exemple tout frais, Rouvière se verrait-il infliger une suspension pour son but marqué de la main contre Monaco? Ce serait souhaitable, pour à terme dissuader de tels gestes et simulations diverses qui pourrissent le jeu. Il y a peu de temps, Sepp Blatter avait justement recommandé que les images filmées servent à punir les simulations (voir Marque jaune et cartons rouges).
Ce retour sur des fautes non sanctionnées n'est pas nouveau en Italie, ni en France où les images servent plus rarement et doivent être complétées d'un certificat médical constatant des fractures multiples, comme s'il fallait certifier la "réussite" du tacle assassin (on se souvient qu'en 1997, Paul Le Guen avait ainsi été sanctionné d'un mois de suspension par la Commission de discipline, alors que son tacle sur Coridon ne lui avait valu aucun carton dans le match). Un tel dispositif permettra surtout de réduire l'écart insoutenable entre ce que voient les spectateurs et ce que voient les arbitres, écart qui fait de ces derniers les dindons de la farce. On ne nous empêchera pas de penser qu'il faudrait plus de juges du jeu sur la pelouse, la couverture d'un terrain de football par un arbitre et deux assistants étant une mission évidemment impossible, mais cette expérimentation va en tout cas dans le bon sens.
* Notre "Dossier arbitrage" va avoir un an, et il n'est pas périmé du tout :
(1) La vidéo, un crime contre le football.
(2) Les solutions techniques.
(3) Un débat : le double arbitrage.
(4) Protéger et professionnaliser les arbitres.