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Coupes : des tirages arrangeants

Le tirage au sort des demi-finales des coupes de France et de la Ligue arrange les grands clubs avec une régularité troublante. Petite étude complotiste.

Auteur : François Thomazeau et Pim Verschuuren le 23 Mars 2012

 

Cet article ne s’adresse qu’à deux types de lecteurs : les mathématiciens friands de probabilités improbables (parmi lesquels nous trouverons peut-être quelques parieurs attirés par l’appât du gain) et les amateurs de théories du complot. D’ailleurs, la qualification d’article est peut-être exagérée… un article n’est-il pas théoriquement –mais dans le champ sportif on s’en écarte souvent – censé traiter d’informations vérifiées, recoupées, et traitées sous un angle choisi par son auteur? Bref, cet article, que nous appellerons ainsi faute de mieux, ne traite que de suppositions qui ne contredisent pas forcément les faits.

 


Suppositions scabreuses

Supposons en premier lieu que les organisateurs des deux principales coupes nationales (la FFF pour la Coupe de France, et la LFP pour la Coupe de la Ligue) aient un intérêt à ce que les plus gros clubs du championnat accèdent aux derniers stades de la compétition, et en premier lieu à la finale, pour confirmer l’intérêt sportif de l’événement, et acceptent pour ce faire un bienveillant arrangement du destin.
Supposons dans le même temps que ces dits clubs "importants", eux-mêmes inscrits dans un nombre probablement excessif de compétitions nationales et continentales, aient un intérêt évident à s’épargner certains tirages au sort fâcheux et ardus au moment d’entrer dans la phase décisive de ces mêmes compétitions, et décident de laisser là aussi les choses s’arranger.
Supposons enfin que les diffuseurs de ces compétitions, préoccupés, on les comprend, par la rentabilité de leur investissement, aient intérêt à ce que les finales proposent les affiches les plus prestigieuses possibles de façon à attirer un maximum de téléspectateurs, et pensent eux aussi que le hasard, somme toute, est finalement bien hasardeux…

 

 

Supposons qu’au final, tout le monde y trouve son compte. Et ce d’autant que la victoire en coupe nationale vaut qualification pour la Coupe de l’UEFA l’année suivante, et que personne, vraiment personne, parmi ces différents interlocuteurs ne voit d’intérêt à y envoyer, au hasard, Châteauroux ou Gueugnon, tant les compétitions européennes jouent désormais, et de façon assumée, le rôle de révélateurs des niveaux relatifs des différents championnats nationaux.

 


Demies démêlées

Tout cela n’est donc que pures conjectures, certes, mais conjectures parlantes quand on les met en parallèle avec les tirages au sort des demi-finales de ces compétitions ces dernières années. Prenons la Coupe de France. En 2004, les demies opposent Nantes au PSG et Châteauroux à Dijon, alors en National. En finale, Paris remporte le match 1-0 mais comme Paris est déjà qualifié pour la Ligue des champions, Châteauroux est reversé en UEFA… pour y accomplir un parcours calamiteux. [1] À partir de cette année précisément, TOUS les tirages au sort des demies, soit sept tirages consécutifs, épargnent les gros clubs (en gras) et ménagent la possibilité d’un choc entre favoris en finale.

 

2012 : Quevilly (Nat.)-Rennes, Ajaccio GFCO (Nat.)-Lyon
2011 : Nice-Lille, Angers(L2)-Paris
2010 : Monaco-Lens, Quevilly (CFA)-Paris
2009 : Grenoble-Rennes, Toulouse-Guingamp(L2)
2008 : Amiens(L2)-Paris, Lyon-Sedan (L2)
2007 : FC Montceau Bourgogne- FC Sochaux (L1), Marseille-Nantes [2]
2006 : Nantes-Paris, Marseille-Rennes
2005 : Auxerre-Nimes (Nat.), Monaco-Sedan (L2)

 

Pure supposition, et simple histoire de probabilités, bien sûr. Tous les éléments qui tendraient à prouver le contraire restent extrêmement douteux (comme la suspicion qui entoure le tirage des demies de 2008, que l’on peut regarder ici), mais, tout de même, cette statistique étonnante devient vraiment à s’en raser les moustaches si l’on rajoute ce qu’il en est de l’autre coupe nationale.

 


Commander les demies

En ce qui concerne la Coupe de la Ligue, en effet, on est dans un autre contexte: celui d’une compétition récente et souvent décriée, qui a plusieurs fois changé de modes de tirages au sort (via des systèmes de têtes de séries et d’exemptions), toujours dans le but de favoriser les gros clubs qui, en définitive, en sont les organisateurs. Depuis la création de cette épreuve, en 1994, la Ligue a en effet décidé de procéder au tirage au sort en une seule fois d’un tableau éliminatoire qui, comme dans les phases finales de Coupe du monde, est ensuite soumis jusqu’à la finale à l’aléa plus décisif encore de la compétition sportive.

 

C’était du moins le cas jusqu’en 2009, où, dans le contexte d’un lendemain de renouvellement de droits TV particulièrement ardu (vente en dessous du prix de réserve, après de sérieuses menaces sur la pérennité de la compétition), le tableau éliminatoire débouche sur des demi-finales Paris-Bordeaux et Vannes-Nice… Bordeaux, champion de France cette année-là, bat le PSG, puis Vannes au terme d’une finale à sens unique (4-0), épilogue peu reluisant d’une compétition qui attire de plus en plus de critiques [3].

 

C’est alors que, dans son règlement pour la saison 2009-2010, la Ligue annonce qu’elle procédera désormais par un tirage au sort intégral à chaque tour de compétition, à l’image de ce qui est fait pour la Coupe de France (télécharger le règlement ici). Et depuis, le hasard frappe à nouveau, et toujours dans le bon sens.

 

2010 : Toulouse-Marseille, Lorient-Bordeaux
2011 : Montpellier-Paris, Auxerre-Marseille
2012 : Lorient-Lyon, Marseille-Nice

 


Bref, à chaque fois, la possibilité de l’affiche de prestige entre les deux favoris est gardée intacte, à l’image de l’alléchant "Olympico" Lyon-Marseille, selon l’expression consacrée par les besoins de la cause… télévisuelle, qui se profile en mai prochain.

 

Lorsque l’on intègre les archives des demi-finales des deux coupes, cela fait en tout onze tirages au sort où à chaque fois, les deux plus gros clubs s’évitent (soit environ 1,1% de chance). Mercredi dernier, le tirage des demies de la Coupe de France n’a pas dérogé à la tradition et il échoit à Lyon et Rennes de battre les "petits". Les télés seront allumées, et les demis déjà commandés.

 


[1] Élimination au 1er tour par le FC Bruges, 1-6 sur les deux rencontres.
[2] Année de la première descente de Nantes en L2, Sochaux fait en revanche une excellente saison cette année là.
[3] Parmi lesquelles celle d'un abaissement du niveau des vainqueurs des deux coupes (lire "La coupe sombre").

 

Réactions

  • José-Mickaël le 23/03/2012 à 03h37
    Effectivement, il y a quelque chose d'intrigant dans ces tirages au sort...

    Tiens, calculons les probabilités (bon petit exercide de révision pour le bac, au passage) !

    1) Probabilité d'avoir un tirage au sort favorable :

    Notons A, B, c et d les quatre équipes. A et B sont les "gros". On voit facilement qu'il y a 3 tirages possibles (AB/cd, Ac/Bd et Ad/Bc) dont 2 où les deux "gros" ne s'affrontent pas. La probabilité cherchée est donc 2/3.

    2) Probabilité d'avoir 7 tirages de suite favorables :

    C'est tout simplement P = (2/3)^7 puisque les tirages sont indépendants d'une année à l'autre (on pourrait utiliser la loi binomiale).

    On a : P = (2/3)^7 = 0,059 (environ). Il y a seulement 5,9 % de chance d'obtenir sept tirages consécutifs sans affrontement entre les deux "gros".

    Ah oui, c'est intrigant...

  • Toni Turek le 23/03/2012 à 04h48
    Jolie curiosité statistique, effectivement.

    Ce qui est amusant, c'est que c'est la même chose en Autriche cette année : quatre équipes de D1 locale en quarts, et pas un seul affrontement entre équipes de l'élite. Par contre, on a les Red Bull Salzbourg qui vont devoir affronter... leur propre équipe réserve. Heureusement, en France on n'en est pas encore là !

    Le marchand des boules pour les tirages au sort est peut-être le même ?

  • Marcus Lupus le 23/03/2012 à 08h58
    Ceci ajouter au fait que la vidéo proposée pour le tirage de 2008 est elle-même assez intrigante. On sent comme un malaise du présentateur lorsque Lacombe parle de Sedan.

  • Pan Bagnat le 23/03/2012 à 09h53
    José-Mickaël
    aujourd'hui à 03h37
    2) Probabilité d'avoir 7 tirages de suite favorables :

    C'est tout simplement P = (2/3)^7 puisque les tirages sont indépendants d'une année à l'autre (on pourrait utiliser la loi binomiale).

    ---

    Sauf qu'il y a 8 tirages (+3 de Coupe Moustache)

    Ce qui donne donc bien (2/3)^11 = 0.0116, soit 1.16%, comme dit dans l'article.

    Troublant en effet...

  • Tonton Danijel le 23/03/2012 à 10h06
    Donc jouer à Grenoble en 2009, c'était un bon tirage? Alors que Grenoble avait battu Rennes en championnat et sortait d'un quart de finale remporté haut la main contre Monaco? (questions estampillées de mauvaise foi supportériale, je peux comprendre qu'une finale Rennes-Toulouse était plus attractive sur le papier...)

    Ceci dit, si on a Quevilly-Gazelec en finale cette année, on sera content du tirage arrangé (surtout qu'il n'y aurait pas eu inversion de terrain si Quevilly ou le Gazelec avaient été tirés en deuxième...).

  • Pascal Amateur le 23/03/2012 à 10h19
    Ça fait peur, quand je pense au prochain tirage au sort entre Sarkozy et Hollande…

  • ravio le 23/03/2012 à 10h23
    Je fais sans aucun doute partie des deux catégories citées dans le préambule mais... je dénonce cette ignoble supercherie depuis 1991. Souvenez-vous : Surya Bonaly, les boules chaudes et les boules froides et hop, hop, hop Monaco-Gueugnon et Marseille-Monaco en demi-finales. Y'avait quand même une chance sur douze que ça se produise. Et la France s'est tue, jusqu'à aujourd'hui. Merci.

  • ravio le 23/03/2012 à 10h24
    Marseille-Rodez, pas Marseille-Monaco.
    C'est l'émotion.

  • Sens de la dérision le 23/03/2012 à 11h51
    Sauf que... au niveau des télés, la plus grande audience d'un match de Coupe de France est Nantes-Calais avec plus de 13 millions de téléspectateurs devant Marseille-Monaco 91 et Paris-Marseille 2006. Par exemple l'année dernière Paris-Lille a fait 4M "seulement".
    Pas sûr que les télés aient quelque chose à gagner à organiser le tirage... Lyon-Rennes cette année fera sans doute moins que Lyon-Quevilly.

  • Raspou le 23/03/2012 à 12h35
    Toute cette théorie repose sur la complicité de la personne qui effectue la tirage: à un moment, il faut bien briefer le tireur pour qu'il tire les boules chaudes ou froides. C'est un risque absolument délirant de créer le buzz contre soi. T'imagines miss France ou Candeloro se répandre le lendemain dans la presse en disant que le tirage était truqué, voire péter un boulard en direct en disant qu'on leur a demandé de truquer le tirage et en demandant au président de Quévilly de venir vérifier qu'il y a bien des boules de température distincte?

    C'est à mon sens un bon étalon de mesure à complotite: quand un complot a une utilité bien inférieure à la dangerosité qu'il recèle s'il est découvert... c'est qu'il n'y a probablement pas eu de complot. Imaginer les services américains organiser les attentats du 11/09 est ainsi parfaitement grotesque, la probabilité de finir devant un peloton d'exécution étant bien plus élevée que celle d'en tirer un improbable profit.

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