Prix en baisse et prêts en hausse : le succès mitigé des soldes d'hiver a confirmé le retour de la rigueur — et peut-être de la stabilité — pour les clubs et les joueurs. Le bilan, la nalyse et en bonus, le bréviaire du mercato…
Le mercato n'est plus ce qu'il était
À quelques anecdotes près, comme le transfert à double détente de Pierre-Yves André, la clôture du marché aura à peine relevé la chronique d'un mois de janvier saisi par le gel des transferts. Les prêts ont représenté la moitié des transactions, signe de l'embarras de nos directeurs des ressources humaines, ne parvenant pas à toucher du cash d'un côté, ni à acquérir vraiment de nouveaux joueurs de l'autre… Une quarantaine de départs pour une quinzaine d'arrivées confirment la tendance.
Significativement, un nombre croissant de joueurs se sont déclarés très heureux là où ils étaient et peu enclins à partir (surtout pour "rendre service" à leur employeur)… La crise change décidément les comportements…
Un mercato peu enthousiasmant. |
Intérimaires et jokers
La rigueur commande les politiques des clubs, qui ont surtout cherché à alléger leurs effectifs. En France, seul Bordeaux y sera vraiment parvenu, avec les transferts de Sommeil et Dugarry, ainsi que les "dons gracieux" de Bonnissel et Sanchez. Presque un exploit tant les vendeurs ont dû souvent remballer leur marchandise sans avoir trouvé preneur. La tendance aurait été encore plus nette si Bolton, Birmingham City et Manchester City n'avaient poursuivi leur frénésie de shopping en France — le marché anglais étant le seul à être réellement actif en Europe.
Montpellier, grand spécialiste de l'exercice, a cependant cédé Silvestre (le Sporting Club de Bastia ressemble vraiment à un repaire de vieux briscards) et Tchato. Le PSG s'est également un peu dépouillé, externalisant El-Karkouri (Sunderland), Laurent Leroy et Selim Benachour qui vont tâcher de ne pas sombrer avec Troyes.
Côté acquisitions, les espoirs sont immenses quant à Sytchev, mais il faudra probablement du temps pour les voir se concrétiser vraiment. Ailleurs aussi, le mercato a plutôt ressemblé à une petite foire aux jokers. Luis Fernandez embauche son 56e milieu gauche (et pour la 5e fois un membre de la dream team stéphanoise 99/2000) en la personne de Stéphane Pedron, prêté par Lens. C'est Andre Luiz qui va se sentir rassuré. Tandis que Racing retrouve son Tony Vairelles, les plus jolis coups — quoique aléatoires — reviennent à l'AC Ajaccio, qui garnit son attaque des portés disparus Bernard Diomède et Juan Esnaider. Virtuose des transferts, Rolland Courbis n'est pas revenu pour rien. Nice aussi a étoffé son groupe avec les arrivées de Cédric Mionnet et Oumar Bakari.
L'équilibre relatif de la "balance commerciale" française a été assez peu souligné. La moitié des transactions ont fait passer des joueurs de la L1 vers la L2, soit plus que vers l'étranger. Réveillère, Sommeil et Dugarry constituent certes des pertes sèches en terme de qualité, mais les exils de Belmadi, Laville, Laspalles ou André semblent compensables en interne... En outre, les "retours" des espoirs Vignal et Billy amorcent peut-être de moindres départs de jeunes, dont les expériences se révèlent très diversement profitables. Enfin, on peut toujours compter sur Guy Roux pour faire provisions de joueurs et nous en sortir un de sa manche, comme le déjà étonnant Kanga Akalé.
Surtout, ce qui change, au moment où ils deviennent plus rares, c'est que les départs des joueurs vers les championnats voisins ne sont plus forcément présentés comme "l'exode qui saigne notre football", mais apparaissent aussi comme un bon moyen de dégraisser les effectifs et d'équilibrer les comptes. C'est l'occasion de rappeler que les clubs français, depuis 1997, ont plus acheté que vendu, l'équilibre n'étant revenu qu'en 2001/2002 (L'Equipe 22/01)…
Avis de dépression pour les joueurs
Ce bilan ne change donc pas le constat déjà effectué à l'issue de l'intersaison. De nombreux clubs gardent en effet un effectif pléthorique, ce qui annonce dans les mois et les années à venir des fins de contrats douloureuses pour beaucoup de joueurs. Mis à l'écart des groupes, absents des compétitions d'élite, ils vont avoir beaucoup de mal à retrouver des clubs à l'échéance de leur engagement. Comme en outre leur employabilité est gravement menacée par l'extension de l'arrêt Bosman au travers de "l'arrêt Malaja" (voir
FC Babylone), les perspectives ne sont pas brillantes pour la classe moyenne des footballeurs.
Inversement, on peut espérer au moins un effet positif du ralentissement des transactions. Avec un état financier inquiétant et les incertitudes sur l'attribution des droits de télévision, les clubs seront encouragés à conserver la plus extrême prudence et à vraiment "valoriser leurs actifs". Cela signifie que des équipes vont aligner pour la deuxième ou troisième saison consécutive une ossature semblable… Si jamais elles présentent une cohérence et une qualité inédites dans leur jeu, on ne s'étonnera pas complètement.
LE BRÉVIAIRE DU MERCATO
la menace fantôme
Christian pourrait revenir à Bordeaux.
échange standard
Tchato passe de Montpellier, club relégable et en banqueroute, à Kaiserslautern, club relégable et en banqueroute.
chaînon manqué
Stéphane Pedron à Paris, c'est parce que Fernandez veut absolument tenir sa promesse de remplacer Laurent Robert?
petit bonhomme
Bernard Diomède arrive à Ajaccio, mais personne n'a acclamé le retour d'un champion du monde.
cyrillique
Il va falloir se mettre d'accord pour l'appeler Sytchev, Sitchev ou Sychev.
gimmick
En tout cas, à la télévision, le nom du jeune Russe est immanquablement suivi du commentaire "au visage juvénile".
traçabilité
Le troisième prêt de Vairelles est un rendu.
ni reprise, ni échange
Monaco n'a pas voulu de Christanval. C'est sûr qu'ils ne sont pas assez cons pour le reprendre après avoir réussi à le vendre.
année de la chèvre
Le Barça aurait été intéressé par le recrutement de Bakayoko.
paradoxe
Il n'y a qu'à Lille que la Grande Braderie n'a pas eu lieu.