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Fermez vos gueules en chantant

Ce week-end, les supporters ont usé du silence pour faire entendre leur voix. Les médias spécialisés et les acteurs du football y sont restés sourds… Qui a peur des ultras?

Auteur : Étienne Melvec et Jamel Attal le 10 Dec 2003

 

 

Ce week-end, on aurait légitimement pu considérer que l'événement de la dix-septième journée du championnat serait, quoi qu'il arrive sur les terrains, la mobilisation massive des associations de supporters, à l'appel de leur Coordination nationale, qui en réunit quarante-huit dans une trentaine de clubs et souhaite qu'une "large réflexion soit engagée concernant le rôle et la place des supporters dans le football français". Le communiqué souligne que "la pression des enjeux financiers a relégué les spectateurs et supporters au second plan dans les priorités des clubs et des instances dirigeantes. Les attentes des supporters sont trop souvent occultées au profit des exigences des gros financeurs du football français: actionnaires, télévisions, sponsors…" Le mot d'ordre d'une "grève" de vingt minutes à l'entame des matches a été remarquablement bien suivi aussi bien en L1 qu'en L2 et le téléspectateur lambda aura pu s'étonner de retrouver les mêmes banderoles d'un stade à l'autre: "Union des ultras pour un football populaire" et "Avec ou sans passion, appréciez la différence".


Le moins que l'on puisse dire est que la différence a été sensible lors des rencontres. Quand les latérales assurent seules l'ambiance, on entendrait voler une touche à l'Abbé-Deschamps. Cela n'a cependant pas suffi pour que cette action soit médiatisée autrement qu'à la marge de l'actu de la pelouse et du tableau d'affichage. Des mentions vagues intégrées aux résumés des matches sur Canal+, une brève et une photo dans L'Équipe, rien dans France Football (qui a un "Spécial transferts" à préparer, on ne peut pas tout faire). La palme revient à Téléfoot qui a fait croire que la banderole à Strasbourg remerciait le président Gindorf pour la soupe offerte aux supporters avant le match (Praud et Hardy préférant sonner la charge de la brigade lourde contre l'arbitrage, un sujet plus consensuel).


Effervescence

À ce niveau, ce n'est plus de la négligence, mais soit un choix délibéré de passer sous silence une initiative pourtant significative par son ampleur et son contenu, soit un embarras total devant des supporters dont on découvre qu'ils peuvent aussi articuler des revendications. Rien n'a changé depuis l'automne 2002 et l'opération "Union contre la répression", qui avait également été placée sous l'étouffoir (voir Ultras, moderne solitude et Nettoyage à sec). Il s'était alors s'agit de protester contre l'application abusive de la loi Alliot-Marie, transformant les stades en zones d'exception d'où la liberté d'expression est bannie et soumettant le jet de rouleaux de papier toilette à une répression absurde, au travers notamment de l'article 357 du règlement de la Ligue (voir Des stades plus propres et notre détournement en plein vol 357 Magnum).


Autre objet de discorde moins "politique" mais récurrent: l'usage des fumigènes, qui fait l'objet d'une prohibition accrue depuis le début de la saison, avec une pluie d'amendes très lourdes infligées par la LFP pour inciter les clubs à agir (1). Depuis quelques mois, les revendications d'une fraction importante des associations de supporters se sont étoffées, incluant la remise en cause du pouvoir des actionnaires et des diffuseurs, du mercantilisme ambiant, de l'inflation des prix des places ou des politiques sécuritaires mentionnées ci-dessus. Certains groupes ont ainsi organisé des mobilisations contre le racisme et des rencontres nationales (à Clermont-Ferrand en juillet, à Lyon en octobre). En début de saison, la programmation par Eurosport d'un match de L2 le lundi a suscité la colère des groupes de nombreux clubs, faisant écho à l'irritation des supporters de L1 contre le décalage des rencontres. L'action menée ce week-end achève de prouver que les ultras peuvent s'unir au-delà des rivalités sportives pour défendre des intérêts communs.


Figuration ou folklore, faites votre choix

Si l'esprit vient aux supporters, s'ils quittent la panoplie des gentils animateurs de stades ou s'ils sortent de leur rôle de consommateurs de produits dérivés, et même s'ils refusent de souscrire aux stéréotypes du hooliganisme, ils s'exposent au mieux au mépris, au pire à un rejet général. On est en effet frappé, à l'inverse, par la sur-médiatisation des incidents violents, qui pour être insupportables, constituent tout de même des épiphénomènes relativement aux centaines de milliers de personnes qui se rendent dans les stades (voir l'interview de Christian Authier dans le N°1 du journal).


Pourtant, ce sont parfois les supporters qui sont victimes de violence, comme à Brest où le service de sécurité (privé) du Stade Francis-Le Blé a eu recours à des méthodes pour le moins brutales (voir sur Foot National) Pour ne prendre qu'un exemple, dans la semaine ayant précédé la "manifestation silencieuse" des ultras, L'Équipe a rendu compte des procédures impliquant des membres des Winners marseillais et des Magic Fans stéphanois, et consacré un article aux rapports compliqués entre les directions du PSG et de l'OM et leurs supporters. Des sujets intéressants et légitimes, mais qui soulignent par contraste la place ridicule accordée au mouvement du week-end dernier. Encore une fois (voir la chronique bolchevique du N°2), il faut se tourner vers la presse généraliste pour être informé correctement (voir notamment l'article de Libération)…


Qui a peur des supporters ?

La tirade de Jacques Crevoisier, nouveau consultant de Canal+ (2) qui a été un des rares à s'exprimer directement sur le sujet (avant Lens-Sochaux), résume certainement le sentiment des acteurs du milieu: "Il y a des supporters qui sont des groupes constitués et qui, là, ont une démarche qui s'apparente à une démarche syndicale. Alors ils ont sûrement de bonnes raisons d'avoir fait tout ça, mais ce serait mieux si les problèmes pouvaient s'arranger et que le football soit ce qu'il doit être, c'est-à-dire une un spectacle avec un public qui participe au spectacle et qui encourage son équipe". En clair les mecs, vous avez de bonnes raisons, mais priez pour que les problèmes s'arrangent par l'opération du Saint-esprit et contentez-vous de chanter en fermant vos gueules, parce que sinon, vous emmerdez tout le monde.


On ne se lassera pas de souligner ici le décalage incroyable entre le mépris dont font l'objet les supporters, spectateurs ou téléspectateurs, et leur importance réelle dans l'économie du football. Marchandise principale du marché des audiences et de celui des droits de télévision, appelés à acheter des billets, des abonnements, des maillots, des journaux, à encourager aveuglément leur équipe, à s'identifier à la cause des actionnaires des clubs, on leur refuse pratiquement tout droit à la parole, ils n'ont aucune représentation significative dans les instances, leurs mobilisations sont délibérément ignorées par les médias, quand ceux-ci ne les stigmatisent pas allègrement… Une occultation qui témoigne paradoxalement des craintes que susciterait des formes d'opposition telles que celle qui s'ébauche aujourd'hui (en France ou en Italie ou au travers d'insubordinations comme celle des supporters de Wimbledon — 3).


On est certes encore loin d'une résistance organisée à l'instrumentalisation des supporters, ou d'un mouvement de fédération suffisamment mature pour constituer une force politique dans le monde du foot pro — notamment parce que le "mouvement ultra" est traversé de nombreuses contradictions. Mais si les supporters parvenaient à se faire progressivement reconnaître comme des acteurs à part entière, ils remettraient en cause un ordre établi qui a toutes les raisons de redouter cette intrusion. Il existe des syndicats de joueurs, d'entraîneurs, de dirigeants… Pourquoi ne pas imaginer un syndicat des spectateurs, téléspectateurs et supporters qui aurait voix au chapitre et siègerait dans les instances? En attendant, et en rêvant un peu, proposons-leur une action susceptible de faire trembler les présidents de club: le boycott des produits officiels!

 

(1) Les ultras revendiquent un usage maîtrisé et "festif" des fumigènes, en s'engageant par exemple à désigner des opérateurs responsables de la pyrotechnie. Une demande contestable dans la mesure où les risques persisteront malgré tout, sans parler des retards occasionnés (ou des buts annulés après l'irruption de Guy Roux).
(2) Ancien membre de la DTN et ancien adjoint de Gérard Houllier à Liverpool.
(3) Qui se sont opposés à la délocalisation de leur club en soutenant la création d'une nouvelle équipe sur les terres de l'ancienne.

 

Réactions

  • CHR$ le 19/12/2003 à 17h16
    coleoptere > c'est bien beau de parler de Jacky Colin et d'Eugène Kabongo (tu les as connus personnellement ?), mais le vrai test est : est-ce que tu te souviens de Zago et Cabanel ?

  • Nico.118 le 19/12/2003 à 18h29
    Quand j'ai vu les chiffres des affluences moyennes de l'OL et de l'ASSE, je suis resté scotché !
    Gerland n'est pas un no man's land. Comme quoi, les idées reçues sur les différents publics ont la vie dure.

  • madinmars le 19/12/2003 à 18h46
    Compare avec il y a 10 ans...
    Demande aux gens dans la rue. Pas besoin de faire un sondage pour le constater.

  • Nico.118 le 16/01/2004 à 03h07
    Bombes agricoles, fusées, boulons, lanes de rasoirs, fumis, écharpes à croix celtiques... les niçois sont venus à Geoffroy Guichard avec la panoplie complète du petit ultra.
    Je me demande encore pourquoi ils leurs revendications ne sont pas écoutés.

  • jpdesmoulins le 03/02/2004 à 21h39
    J'ai suivi votre débat de loin et après avoir tout lu je voudrais y apporter ma contirubtion.
    Je fais partie dun groupe ultra (à vocation surtout) parisien et donc je peux vous apporter qq éclaircissements sur la part d'ombre des ultras.
    Tout les groupes sont en loi 1901 cela leur permet une organisation plus efficace et moins cahotique il y a un président, un trésorier etc.... cela permet aussi d'être plus facilement reconnu par le club.
    Ensuite qd nico118 parle de la dictature des ultras je mets un bémol les ultras n'imposent rien aux autres supporters mais seulement à leurs membres. en effet pour faire "partie d'un groupe" il faut vous "carter" cad vous identifié auprès du groupe et à partir de ce moment la vous vous devez de suivre les "directives du bureau" car en vous cartant vous adhérez aux objectifs ou au délires du groupe le cartage est un pas important et personne n'est obligé de le faire aucune pression n'est mise c'est un choix personnel. Les décisions donc sont prises par "le bureau" cela ne doit pas vouloir dire que vs devez être d'accord avec ttes les écisiosn prises mais si la majorité est contre vous vous devez la respecter sans pour autant fermer votre gueule vous pouvez exposez de visu votre avis aux autres membres.
    Pour le reste nico dit que les ambiances avant les ultras étaient aussi bien.
    Je mets encore un bémol rare étaient les stades ou le public chantaient à l'unisson il y a tjrs eu plus ou moins des groupes de supporters (pas forcément ultras) qui étaient des moteurs dans les différentes tribunes et les ambiances étaient aussi assuré par les firms hooligans mais en tt cas rarement par le supporter lambda et puis d'ailleurs à la base de tt ultra il y a un supporter de foot comme toi seulement eux ils ont poussé plus loin leur amour ils se déplacent ils dépensent des fortunes et je ne pense pas que ce soit pour flatter leur propre égo ou celui de leur groupe.
    Arrète de faire tout passer par l'intermédiaire les groupes ultras la violence c'est eux, la politique c'est eux, en bref tout ce qui ne va pas c'est eux ces groupes ne sont pas apparus par l'intervention du saint esprit ce sont des supporters comme toi mais qui ont compris qu'il n'y a pas que sur le terrain que l'on gagne les rencontres c'est aussi en tribune.
    Désolé mais en France plus de groupes ultras plus d'ambiance sauf si pour toi l'ambiance du stade de france avec ses trois chants minables constitue une ambiance.
    Les groupes ultras combattent la répression mais ça va aussi au dela de ça ils se battent pour une reconnaissance des supporter en général des prix plus abordables (cf à Paris c'est une honte) des retransmissions télé cohérentes etc.....
    Alors que les groupes ultras aient parfois des débordements certes ça reste des êtres humains on ne devient pas plus violent parce qu'on est un ultra. Le mouvement ultra est un phénomène de société comme il y en a tjrs eu chez les jeunes.

La revue des Cahiers du football