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Aragonés, collatéral

Chronique espagnole #3 - Luís Aragonés a dérapé avec son "indélicatesse" à propos de Thierry Henry. Il n'est pourtant pas le premier, dans le foot espagnol, à verser dans un racisme qui ne se reconnaît pas comme tel…
Auteur : Ernest Macià, à Barcelone le 14 Oct 2004

 

Le sélectionneur espagnol Luís Aragonés cumule toutes les caractéristiques d’un père de famille. Mais de quelle sorte de famille? D’abord, une famille nombreuse: dix-huit fils — aucune fille — dont onze enfants gâtés, et quatre buteurs parmi lesquels deux ont l'accent andalou. Joaquin écarté, il ne reste que Reyes, qui a un compagnon d’école qui s’appelle Thierry. Et il a un gros problème : c'est "un sale noir". Le père Aragonés a la dangereuse mission de bien élever Reyes, afin qu’un jour il parvienne à être le meilleur de sa classe, même si les méthodes pour atteindre ce but paraissent tirées d’un manuel de bonnes manières signé Dick Cheney. Cette famille nombreuse, qui manque d'amour maternel — que Camacho pourrait bien apporter? — n'a compté qu'un "sale Noir" au cours de son histoire: Donato, retraité du Deportivo de la Corogne, Brésilien de naissance qui a totalisé douze sélections avec l'Espagne (marquant trois buts) entre 1994 et 1996. En Espagne, le vacarme autour de cette déclaration a été étouffé par la proximité des élections à la présidence de la RFEF (Fédération Royale Espagnole du Football), à la tête de laquelle le président Ángel María Villar cherche à renouveler son mandat, malgré des affaires de corruption présumée qui ont provoqué plusieurs démissions. Villar a lavé publiquement les pieds de son sélectionneur, en profitant de la médiatisation du moment, et la presse a respecté un silence pudique, consciente des problèmes que rencontre toujours l’Espagne pour bâtir une équipe nationale performante. Le même silence dont Villar a besoin afin de maintenir le calme. Quelques moments dont on aurait pu se passer Jesús Gil, ancien président de l’Atlético de Madrid, avait déjà laissé écrire une des pages de l’histoire du journalisme sportif, un de ces moments qui font le beurre de la presse. Après un match nul face à Logroñés en 1995, Gil avait agressé un attaquant en ces termes : "À Albacete il a raté cinq occasions, et ici le Noir se vante. Je lui couperai le cou à ce sale Noir fils de pute". En plus de cela, lors d’un match face à l’Ajax, Jesús Gil lança: "Ils ont une équipe très puissante, mais avec plus de Noirs que dans tout le Congo. D’où viennent autant de Noirs? Y a-t-il une usine qui en fabrique?" Ramon Mendoza, président du Real Madrid (1985-1995), avait déclaré pour sa part, à propos du recrutement manqué du défenseur brésilien Cafú, et de celui, finalement concrétisé, de Victor: "Je voulais un café et on m’a servi un café au lait". Le 5 octobre 1997, le capitaine du Real Madrid Fernando Hierro taxait Songo’o (alors gardien de but du Deportivo) de "connard de Noir et fils de pute". Hierro devait participer trois jours plus tard à un match contre le racisme... "En plus, avait observé Songo’o, son coéquipier Seedorf est aussi noir que moi". Hierro ne nia pas que cela était vrai, et il assura qu’il ne se considérait pas comme quelqu’un de raciste. Un cas similaire à celui de Simeone, qui traita Rivaldo de "Noir fils de pute" lors d’un match de Liga, quelques jours plus tard. Lassé d’être qualifié de "noir" par ses coéquipiers Leyder Preciado, qui jouait au Racing de Santander, a fini par se rebeller. "Oui, je suis Noir, mais je m’en fiche. Le problème c’est que les Espagnols ne me passent le ballon parce que je les dégoûte! Ils m’ont déclaré la guerre!" Et enfin Samuel Eto’o, qui lors de sa présentation à Barcelone cet été a promis de "s’employer comme un Noir, afin de vivre comme un Blanc". Décidément, certaines subtilités de la philosophie nous échappent.

Réactions

  • marshmalowmater le 16/10/2004 à 15h59
    Bien d'accord avec Redondo 13 et Lamermousse pour ne citer qu'eux. Un petit point à ajouter cependant.
    Je crois que c'est Mallorquin qui critiquait le fait par les membres de certaines communautés de reprendre à leur compte les insultes dont ils sont victimes (ex. : "gros pédé" par des homos ou ou le fameux "nigga" chez les Afro-Américains). Je ne suis pas d'accord.
    Il me semble que ce genre d'emploi a pour principale vocation de désarmer l'insulte et de minimiser sa nuisance. Un terme injurieux par un proche avec des intentions bienveillantes annule ou limite la puissance de l'insulte utilisée pour blesser. Exemple : tu es noir, tous tes potes t'appellent "négro", eh bien quand le raciste de base veut t'insulter par le terme "négro", ça marche pas, t'es déjà blindé, tu as déjà apprivoisé l'insulte (même raisonnement pour "sale pédé" ou autres finesses linguistiques).
    Ca marche en fait également et surtout en aval : tu t'es tellement fait traiter de "pédé" que quand c'est un proche qui ultilise le terme, au x-ième degré, le mot perd globalement de sa force.
    Ca ne résoud évidemment pas le problême de fond d'une société xénophobe, ça ne doit encourager personne à la banalisation : c'est bien le contexte social qui justifie telle ou telle utilisation et l'insulte détournée ne se justifie que quand elle ne vise justement qu'à ne pas blesser.
    Mettons nous bien d'accord, je ne vais pas en donner cinq avec un grand sourire à mes potes black en leur disant "ça va sale négro ?", je crois simplement qu'il y a des contextes où ce genre d'expression est utilisée comme une thérapie. Qui dit thérapie dit maladie, et je préfererai évidemment qu'il ne faille pas guérir, mais juste prévenir. Ce n'est pas le cas.

    Quand j'étais petit, un certain enbonpoint m'avait valu de la part d'une minorité active de mes camarades de foot en club où je venais de m'inscrire l'amusant sobriquet de "gros porc". J'avoue avoir plutôt eu du mal à supporter la situation, et dans ce genre de cas on évite la minorité active en question, (mais ce n'était pas possible à cause justement de son activité). J'ai fini par en prendre mon parti, remplaçant dans mon vocabulaire le "je" par l'expression "gros porc" sus-évoquée (sorte d'alain-delonite dégénérée) : "comment "gros porc" il t'a pas mis dans le vent ! / "T'as vu, "gros porc" il a marqué du gauche" ou plus souvent "gros porc était tout seul au deuxième poteau"). Rétrospectivement, c'était une tactique (inconsciente) risquée mais le fait est que, à défaut de surenchére possible pour mes contempteurs (si Aragones avait été mon entraineur, il aurait peut-être essayé "gros porc de merde";-) l'insulte perdit de sa puissance, de son caractère insultant et finalement disparut.- Plus tard mes kilos superflus aussi, mais c'est une autre histoire. -
    Laissons les cochons, revenons à nos moutons.

    Contexte où l'insulte est prononcée et interlocuteur qui la reçoit : les deux paramètres sont capitaux. Je peine à être indulgent envers un Aragones, qui, étant sélectionneur d'une grande équipe, devrait avoir un arsenal (hum...) moins ordurier pour motiver ses troupes : je sais que c'est un dérapage et donc à priori un mot non réléchi mais ce sinistre sire pourrait méditer qu'il motiverait mieux Reyes en lui disant qu'il est meilleur que Henry le goléador ou que sais-je plutôt que de le comparer à un "negre de merde", ce qui vu comme ça n'est pas très flatteur.
    Je peine à croire que son dérapage ne soit pas le reflet d'un racisme crasse, je peine à croire qu'il ne connaisse pas le nom d'Henry, je peine à croire que ce soit une caméra cachée qui l'ait surpris.
    A lire les contributions en réaction à l'article, nous sommes beaucoup à nous poser la question de savoir ce qu'on peut dire et ce qu'il ne faut pas dire, quand et comment, bref, à chercher à avoir un comportement à la fois responsable et cohérent en société. Je conçois mal qu'un sélectionneur de l'équipe d'Espagne ne conçoive pas que, sur son lieu de travail, il est dans la sphère publique. Et doit se comporter en conséquence. Déjà, il fait preuve d'un manque de maîtrise coupable. Mais quand bien même il dirait celà à Reyes en privé (c'est sa ligne de défense), ça n'en est que plus dégueulasse car plus pernicieux, caché (ce type de connivence sur fond de racisme ordinaire du vieux mentor à son jeune poulain).

    Je n'ai pas vu les images, mais je suis curieux de voir l'ambiance entre Reyes et Henry,si celui-ci a pris la mesure de la chose, dans les semaines à venir - ou alors, et ça on est quand-même en droit d'oser l'espérer, Reyes rigole devant le monument de connerie devant lequel il se trouve.

  • theviking le 16/10/2004 à 17h59
    Moi je ne pense pas que dire Pd soit aussi homophobe que de dire "noir de merde" soit raciste. En effet, Pd est une vieille insulte désignant péjorativement un homosexuel, mais qui a évolué, et ne signifie pas tout le temps homosexuel(type j'insulte mon pote qui vient de me marquer un but), alors qu'on tarite rarement de "sale noir" un mec blanc comme un cachet(ou alors c'est de l'humour au 3° degré). Savoir après si l'évlution de ce sens est maligne ou pas est un autre débat, on peut surement dire que c'est un peu con

  • nidieunimaître le 19/10/2004 à 00h25
    Moi, j'aime bien ce que Paco1 y dit, mais j'aime bien aussi le discours de marshmalowmater... c'est, grave docteur?

    Tout ça (ou plutôt "si peu") pour dire qu'il existe vraissemblablement un ensemble de valeurs crasses, réacs, xénophobes qui font l'objet d'une connivence latente entre nous, bons nord-occidentaux judéo-chrétiens, qui ressurgissent à l'occasion d'échanges privés non réglés par la bienséance appliquée des discours publics.

  • ARONER le 23/10/2004 à 14h48
    Alors la a lire certaines reactions, je jubile... Une petite question adressee a ceux qui estiment qu'affirmer "noir/black/negre -qu'importe la forme puisque le fond de l'intention est le meme- de merde" devant les cameras, alors qu'on est cense representer une selection nationale et suppose posseder une certaine experience en tant qu'entraineur de ce niveau. Et ne me dites pas que tout timide qu'il est, ce triste sire n'en est ni a son premier coup ni sa premiere camera cachee on non. Petite question donc, si pour vous cette declaration n'est pas rasciste meme pas une insulte a en croire certains, qu'est-ce qu'un vrai acte rasciste pour vous ? En pendre un dans la rue ? Desole par avance de briser la glace, mais la lecture de certains posts delivres avec un sourrire "Colgate Ultra brite" par des patineurs artistiques soit-disant tout propre sur eux ont du mal a m'en arracher un (de sourrire) comme Reyes.

  • primo le 19/12/2004 à 15h56
    Je suis d'accord avec les propos de Djerem, je suis hispanophone et dire "negro" à quelqu'un c'est assez courant, on le dit à des gens foncé ou noirsquand, ça peut être amical, comme ça pourrait etre utilisé pour insulter; ça depende du contexte de la situation et aussi du contexte culturel. C'est comme dire le "blond", "petit", "gros", "megre", etc, et en espagnol ce n'est pas des insultes, tout dépende du contexte. Et justement les journalistes de l'Equipe ont pas compris ces subtilités de la culture hispanophone et d'une façon irresponsable ils créent une polémique. Au moins en prenant particulièrement les propos d'Aragonés en question, on ne pourrait pas les juger de racistes. Attention avec les traductions litéraires dès langues étrangères qui se rapprochent quand même telles que le français et l'espagnol. Le journalistes ont une grande responsabilité, ils devrait être plus attentifs.

    un passioné du foot


  • ARONER le 30/01/2005 à 17h12
    Qu'est-ce que je disais, la preuve par neuf tout juste ci-dessus... Franchement certaines reactions me vont vomir de plein coeur. Un passionne mais de moins en moins du foot.

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