The show must Gones
Matchbox: Bucarest-Lyon, 3-5. Des Lyonnais aussi fébriles que flamboyants ont fini par faire voler en éclats des Roumains aussi chanceux que fragiles.
Auteur : Thibault Lécuyer
le 22 Oct 2008
Buts : Arthuro 8e, Goian 11e, Petre 45e. Keita 23e, Benzema 33e, 71e, Fred 69e, 90e.
La nalyse
Lyon jouait gros. Claude Puel ayant pour consigne de donner cette saison la priorité à la Ligue des champions (c'est du moins le sens que l'on peut donner à la mise au repos de Benzema face à Lille), une victoire du chapeau 1 face au chapeau 3 semblait souhaitable – pour utiliser un langage de président de club.
C'est pourtant le Steaua qui s'impose dès les premières minutes, assumant totalement son statut d'équipe recevante et prenant le jeu à son compte. Au prix d'une récupération très haute, les Roumains gênent le jeu lyonnais et, à l'image des adversaires récents de l'équipe de France, profitent d'une réussite insolente et d'une défense partie cueillir des pâquerettes pour marquer deux buts sur une occasion et demie.
Comme des Bleus
La comparaison avec l'équipe de Raymond Domenech, quoiqu'un peu galvaudée, s'applique également à la réaction lyonnaise. Après un quart d'heure à marcher sur l'OL, les Roumains reculent de trente mètres et laissent à leurs adversaires l'occasion de faire l'inventaire de toutes les classes qui les séparent. Une superbe action collective (16e), un tir de Benzema sur le gardien (17e) précèdent la comète de Keita, lequel en remet une couche une minute plus tard. Pendant un quart d'heure, les Lyonnais jouent dans la moitié de terrain adverse à une vitesse folle, à un niveau plus conforme à leur statut. Le but de Benzema (33e) scelle la fin de cette période de domination (1), et les deux équipes freinent sérieusement jusqu'à la pause. À ce titre, le troisième but roumain ne semblait pas aller dans le sens du match, mais finit d'appuyer sur la désarmante faiblesse lyonnaise dans le jeu aérien.
L'OL au charbon
Contrairement à la tradition, ce but encaissé juste avant le repos ne toucha pas les hommes de Puel au moral. Au contraire, les Gones ont donné l'impression de se savoir beaucoup plus forts que ceux de Lacatus. Ederson (48e, au dessus) ou Benzema (49e, sur le gardien) se chargèrent de remettre du bois dans la chaudière. Le quart d'heure était à nouveau lyonnais mais stérile jusqu'à l'heure de jeu, moment où les débats s'équilibrèrent à nouveau. Seul événement notable à la soixantième minute: le sprint annuel de Juninho sur un contre finalement mal négocié par Keita.
Et si l'on doit absolument continuer à comparer Lyon avec l'équipe de France, on remarquera que c'est sur une action magique – feinte de corps, contrôle, passe parfaite – de Toulalan que Fred égalise.
Survoltés, les Lyonnais finiront de faire exploser les joueurs de Bucarest par Benzema puis encore Fred. La réussite ne faisant pas toujours gagner des matches, on se donnera une idée du niveau des Roumains en remarquant que sur les cinq buts de l'OL, jamais aucun adversaire ne se trouve à moins de deux mètres du buteur.
À gauche, À gauche, À gauche
Victime du syndrome Bleu – que nous n'aurons pas la cruauté de nommer syndrome Boumsong – l'OL aura donc encaissé trois nouveaux buts de la tête. L'avantage, c'est que Claude Puel sait ce qu'il doit travailler à l'entraînement: sur six buts encaissés en C1 cette saison, six ont été marqués de la tête, dont cinq sur des centres venus de la gauche de la défense.
Sans gâcher le plaisir d'un match mémorable, on continuera à regretter que cette rencontre d'anthologie (2) se soit déroulée en poule. On imagine à peine l'état des supporters lyonnais si les deux derniers buts avaient été synonymes de qualification pour un tour suivant.
(1) On remarquera que c'est la quatrième fois (après Nice, la Fiorentina, et Lille) en cinq semaines que Lyon remonte deux buts.
(2) Qui rappelle l'incroyable victoire 4-2 à Gerland face à Fenerbahçe en 2004, obtenue dans des conditions dantesques grâce à deux buts de Nilmar à la 94e et à la 96e. Coupet avait du sortir sur blessure à la 72e, remplacé par Puydebois juste avant que les Turcs ne marquent le but du 1-2. Cette victoire assura aux Lyonnais la qualification pour les huitièmes de finale.
Les observations en vrac
• Après le but de Keita, a-t-on vraiment envie de vérifier les hors-jeu à la vidéo, ou va-ton se décider enfin à admettre qu'en cas de doute, celui-ci doit profiter à l'attaque?
• Si ça continue comme ça derrière, l'OL va devoir rappeler Laville et Caçapa.
• Bientôt sur Vivolta TV, Gym Catanonic: l'émission où Zenden et Juninho livrent leurs conseils pour faire du sport sans se fatiguer.
• Cette semaine, c'est au tour de Moreno de faire la connaissance de Chuck Réveillère, l'expert en arts martiaux le plus dangereux à l'Ouest de la Volga.
• Ça faisait quand même plus d'un an qu'on disait que Keita avait été recruté pour ce genre de gestes.
• Les ailiers Dayro Moreno et Nicolita n'ont bizarrement pas entonné un poignant "Si tu vas à Rio, n'oublie pas de saluer Mamy Blue".
• En fait, c'est Coupet qui tient la poupée vaudoue.
Un OL Commentateur
Ce ne sont pas les Cahiers du foot qui reprocheront à Canal+ de confier des matches à des envoyés spéciaux supporters de l'équipe diffusée, mais peut-être faudrait-il espérer un minimum de recul sur le club en question. Grégoire Margotton s'est à nouveau montré singulièrement "fan" de l'OL, allant jusqu'à chambrer l'adversaire ("C'est plus calme tout d'un coup dans le stade"), en rajouter des tonnes sur le caractère infréquentable du président du Steaua (qui le mérite sûrement) ou à rentrer en compétition avec Christian Jeanpierre au challenge 2008 de la plus grosse quantité de pommade passée dans le dos d'un joueur. Benzema a dû se sentir poisseux en sortant du terrain, et le record du monde porté si haut par Vincent Hardy avec Zidane au début des années 2000 est en danger.
Sans demander une impartialité incongrue dès lors qu'un club français est en compétition, on apprécierait de ne pas entendre le journaliste sautiller sur son siège.
Le cours de géopolitique version Thierry Roland
Grégoire Margotton : "C'est vrai qu'un Russe et un Polonais pour (arbitrer) un match en Roumanie c'est bizarre."