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Il était une fois dans la surface

Certains joueurs ont tendance à refuser le duel du penalty: ils feintent lâchement, trahissant la philosophie du péno. Qu’on apporte le goudron et les plumes.

Auteur : Gilles Juan le 25 Juin 2013

 


Ce week-end, un penalty bien singulier fit son entrée dans la série des "BEST PENALTY EVER" de youtube. Une feinte de frappe tellement inattendue et bien exécutée que le gardien plongea de manière grostesque sur sa droite, permettant alors au tireur de pousser le ballon, tout doucement (d’autant plus doucement que le tireur n’avait plus du tout d’élan, et le pied d’appui planté) de l’autre côté de la cage. Le gardien fit preuve de réactivité en parvenant à retrouver l’énergie de plonger une seconde fois, mais en vain. Le ballon franchissait tranquillement la ligne de but, l’arbitre pouvait désigner le rond central.

 



 

Pour commencer, le penalty n’aurait pas dû être accordé. "Marquer un temps d’arrêt dans sa course avant de tirer un coup de pied de réparation pour tromper l’adversaire est permis, cela fait partie du jeu. Toutefois, le joueur doit être averti pour violation de la Loi 14 et comportement antisportif s’il fait semblant de frapper le ballon après avoir terminé sa course", précisent les "Interprétations des Lois du jeu", en annexe des Lois. Mais en quoi est-ce antisportif? Et qu’est-ce qui légitime la nuance entre la course interrompue et la feinte de frappe?
 

Ce genre d’attitude n’est pas seulement antisportif: il est lâche. Et plutôt que de fonder la nuance entre la course et la frappe, refusons-là tout net: comme l’infâme rupture dans la course d’élan, le stratagème de la feinte de frappe, fameux dans les cours d’école, génial dans les foots du dimanche au bois, doit être proscrit radicalement des terrains pros.
 


La logique du face-à-face

On insiste généralement sur la dissymétrie entre le stress qui pèse sur les épaules des tireurs et la décontraction des gardiens – non pas que l’enjeu soit plus grand pour l’un ou pour l’autre, simplement, le fait est qu’il n’y a aucun discrédit porté sur le gardien s’il n’arrête pas le péno, tandis que le joueur est blâmé s’il rate. Le gardien n’a donc généralement pas grand-chose à se reprocher. La normalité, c’est que le péno soit marqué. Mais si tel est le cas, c’est évidemment parce qu’il y a une donnée qu’on ne rappelle jamais: la cage est immense, le tireur est tout près. La performance réalisée par le gardien pour arrêter le penalty est alors plus difficile que celle du tireur pour marquer. Le gardien ne peut pas attendre de voir ou va le ballon car sinon il n’a pas le temps d’aller l’arrêter, il ne peut pas partir trop tôt car sinon le tireur s’adapte, ensuite il doit réaliser un plongeon d'envergure tout en conservant dans la tête l’éventualité de la Panenka, et en gardant de la lucidité pour un ultime éventuel réflexe, afin de placer la fameuse "main ferme" là où se trouvera exactement le ballon.
 

Pour le joueur, ce n’est pas difficile, techniquement. Une frappe tendue dans le petit filet a quasiment toutes les chances de rentrer. Généralement, ce sont les nerfs, qui tiennent ou pas, qui font que le penalty est marqué ou pas. Dans la pratique, tout cela est enrobé de stratégies d’intimidation diverses, de déplacements et regards pour feinter l’adversaire. Mais au cœur de l’esbroufe, le duel se joue toujours à un seul et unique moment précis.
 


Le temps du face-à-face

Dans les westerns, un signal déclenche les hostilités. Quand la pièce tombe, ou lorsque la mélodie s’arrête, le plus calme, rapide et déterminé des terreurs de l’ouest transperce l’adversaire avec la seule balle chargée dans son six-coups. Le coup de sifflet de l’arbitre n’est pas analogue à la pièce qui tombe. Le coup de sifflet de l’arbitre n’est pas le moment crucial du coup de pied de réparation. Le moment crucial est celui avant lequel rien n’est encore décidé: on est encore dans le temps du défi et de la parole. On ne peut certes plus faire machine arrière, mais on a le temps de se préparer, ce choisir ce qu’on va faire, et surtout, de modifier ce choix. Avant le moment crucial, on tergiverse. Et après lui, les dés sont jetés: le destin va accabler l’un des deux duellistes.
 

 



 

Ce moment n’est donc pas celui du coup de sifflet, mais celui ou le pied d’appui est posé, et le mouvement de la jambe (pour frapper, pour plonger) parti. C’est le moment de l’ultime prise de décision, sur laquelle ni le gardien ni le tireur ne pourra revenir, l’instant tragique où il s’agit plutôt de mener à bien sa dernière décision.
 


Le refus du face-à-face

Pour fuir le combat, et refuser le défi qui les oppose au gardien, certains joueurs contournent, esquivent cet instant décisif du duel. En rompant la prise d’élan, ou pire, comme ci-dessus, en passant au dernier le moment la jambe de frappe au-dessus du ballon, ils ne se présentent pas à l’heure du défi. Ils exhibent le colt rangé dans la ceinture, mais tirent soudainement avec le flingue caché dans leur manche. Cristiano Ronaldo interrompt souvent sa course d’élan, par exemple. Il semblerait que cela arrive à Messi, aussi. Les mecs veulent voir ce que va faire le gardien, et veulent le voir sans se mouiller. Ils veulent des antisèches. Comme un cow boy qui voudrait tirer avant que la pièce soit tombée et qui, ne pouvant se le permettre, s’est arrangé pour alourdir le flingue de l’adversaire [1].
 

Non contents de commettre un acte antisportif, les joueurs qui biaisent la course d’élan, dans son déroulement ou à son terme, ont l’indigne et honteuse attitude de vouloir camoufler leur frayeur en astuce. Petits joueurs. Je mettrais un rouge.
 


[1] La Panenka, aussi humiliante ou condescendante puisse-t-elle être parfois, n’est pas un refus du duel, elle mise au contraire tout sur une performance singulière au moment crucial. Lire "Morale de la Panenka".

 

Réactions

  • Toto le Zéro le 25/06/2013 à 08h39
    C'est sûr qu'en intitulant la video "BEST PENALTY EVER", cela implique que la manœuvre est licite alors que c'est tout le contraire!

    Tout ceux qui verront la vidéo sans autre forme d'explication comme celle-ci vont donc s'imaginer qu'il est autorisé de tirer le pénalty ainsi...
    Je serais curieux de savoir si la vidéo a été montrée dans des émissions du style CFC ou Téléfoot et si les nuances du règlement ont été explicitées par les intervenants...

    Bref, bel article et analogie intéressante avec les duels de l'Ouest lointain!!

  • Sens de la dérision le 25/06/2013 à 09h23
    C'est rigolo, je passe par Yahoo ce matin et je vois ce titre 'Un penalty très étonnant', je clique donc sur l'article, me retrouve sur une copie d'un article de Gentside sport avec la vidéo. Je clique, hurle à l'injustice : "comment l'arbitre a-t-il pu accorder ce but, manifestement illicite ?". Pour me conforter dans mon analyse, je lis l'article en question. Je vous le mets ici in extenso :
    "Pour les amateurs de PES 5 sur PS2, Luis Boa Morte était ce milieu offensif rapide et véloce qui jouait du côté de West London White alias Fulham. Désormais âgé de 33 ans, l'ancien international portugais est au crépuscule de sa carrière. Mais lors d'un match caritatif entre le Deportivo Anzoategui et les Amis de Luis Figo, Luis Boa Morte a prouvé que son bagage technique était toujours présent. Pour témoin, ce penalty fou tiré en deux temps. Boa Morte s'élance comme pour tirer en force avant de couper son effort, se permettant une feinte de frappe en forme de passement de jambe qui trompe le gardien. Gardant sa jambe gauche en l'air, le Portugais parvient à glisser le ballon dans le petit filet opposé. Le tchécoslovaque Antonin Panenka, avait instauré une nouvelle façon de tirer les pénaltys (un petit ballon piqué en feuille morte), geste qui porte désormais son nom. Le Portugais de 33 ans vient peut-être d'inventer la Boa Morte. "
    Nulle mention donc de l'illégalité de ce tir.

    Puis je clique sur les Cahiersdufoot, je lis cet article et je me dis que heureusement certains connaissent les règles et savent tirer des conclusions. Merci.

  • Tous en slip le 25/06/2013 à 10h12
    Nul doute que le contexte festif d'un match caritatif a largement joué dans le fait de valider le but. Ces matches sont toujours l'occasion de s'amuser un peu avec les règles : on y voit régulièrement des ceinturages ostensibles, des grosses mains, je me rappelle du jubilé Sonny Anderson où son fils de 10 ans a pu jouer (et marquer) : tout ça est accepté dans la bonne humeur alors que ce serait naturellement proscrit en compétition. Dommage que l'article ne précise pas ce détail qui change pas mal de chose concernant le pénalty qui a suscité son écriture.

    Sinon, sur le fond je suis 100 % d'accord : la rupture d'élan, bien que réglementaire tolérée, devrait faire l'objet d'un cul-rouge systématique pour son auteur. Ou alors, pour mettre tout le monde à égalité, le gardien devrait avoir le droit de quitter sa ligne dès le coup de sifflet : ça inciterait sans doute les tireurs à se magner et à laisser de côté les fioritures.

  • Belmondo Bizarro le 25/06/2013 à 10h22
    Cet article me fait penser aux penalties de Balotelli. Il n'en a jamais raté un seul, et pourtant il procède toujours de la même façon, à la limite de l'illicite: course d'élan, temps d'arrêt avec petit mouvement des bras et petite frappe pas spécialement bien placée. (cf: lien )

    Je trouve ça remarquable la façon dont un geste aussi simple et banal (le temps d'arrêt, voire le simple mouvement des bras) permet chez Balotelli d'annihiler toute possibilité du gardien d'arrêter son tir. Si vous regardez la vidéo, le gardien n'est jamais en position d'arrêter un tir, comme si le geste du joueur le sortait du face à face, et qu'il n'avait plus qu'à se faire transpercer. Pourtant je n'ai pas l'impression qu'il s'agisse pour Balotelli de "camoufler sa frayeur", mais plus simplement d'optimiser ses chances de marquer.

    Ce qui est surprenant au final, c'est que les gardiens devraient connaitre sa façon de tirer, et donc savoir qu'il est inutile de s'élancer avant qu'il ait fait son fameux mouvement, d'autant plus qu'ensuite il ne tire pas en force (à 2:40, Joe Hart semble avoir compris cela). Mais c'est la crainte d'un changement de méthode qui les fait agir avec Balotelli comme avec n'importe quel joueur, et qui permet donc à l'attaquant de marquer systématiquement. C'est comme s'il tentait une panenka à chaque fois, sauf que le gardien a encore moins de chances de l'intercepter, puisque même s'il lit dans le jeu de Balotelli, il peut encore se faire tromper.

  • Vel Coyote le 25/06/2013 à 10h35
    Pour Boa Morte, on peut ajouter que le péno est très moche.

    J'en profite pour un avis de recherche: un péno super classe pour le coup, qui date de 10 ans environ je pense, tiré par un brésilien d'une équipe de jeunes de la seleçao. Le principe était le même que la panenka, frappe lente, mais au lieu de partir en cloche le ballon a juste roulé à ras de terre avec un léger effet. Jamais retrouvé l'action mais promis je l'ai pas rêvée.

  • OLpeth le 25/06/2013 à 10h49
    Pour Balotelli, il est à la limite mais bien dans la règle selon moi. Il ne coupe pas sa course il la ralentit, y'a jamais de rupture dans le mouvement.

  • Belmondo Bizarro le 25/06/2013 à 10h56
    Oui, c'est ce qui fait tout son charme et son talent en tireur de penalty: sa course d'élan et ses gestes sont parfaitement dosés pour être tout à fait licites, mais ils ont un effet dévastateur.

  • Yes, Hakan! le 25/06/2013 à 11h27
    J'aurais jamais eu un meilleur argument pour défendre Balotelli ! C'est clair qu'il tire vraiment bien ses pénos, le saligaud !
    On peut noter aussi que rares sont les gardiens à avoir exactement les pieds sur la ligne au moment où le pied du tireur botte le ballon. Les lâches sont des deux côtés ma bonne dame...

  • Bouderbala le 25/06/2013 à 13h13
    Merci à l'auteur. Je souscris sans réserve. Toute fioriture est à proscrire dans l'exercice solennel et sacré des tirs au but.
    Et même s'ils sont armés d'un lance-pierre, face à un six-coups, on pourrait en dire autant des gardiens. Oui Jerzy, un peu de dignité bordel.

    Quand on tire on raconte pas sa vie.

La revue des Cahiers du football