Infographies : variations sur le classement FIFA
Contestable à plusieurs titres, le classement FIFA nous a quand même inspiré une série de représentations visuelles des rapports de force au sein du football européen.
Le classement FIFA des équipes nationales, malgré sa réforme en 2006, suscite depuis toujours des doutes et des critiques sur sa pertinence et sa méthodologie, qui se cristallisent en particulier sur des positions relatives souvent incompréhensibles (dans la plus récente mise à jour, la Suisse 6e devance ainsi le Brésil 9e). Les inévitables biais tiennent notamment à la comparaison entre des sélections qui évoluent dans des confédérations différentes ou encore" au critère "importance du match".
Au risque de nous déjuger (lire "La lutte des classement"), nous allons exploiter cet indice en essayant de lui donner une autre utilité que celle consistant à fustiger le déclin de l'équipe de France et en comptant, malgré ses défauts, sur les comparaisons qu'il permet dans le temps et dans l'espace. Nous sommes contentés de commentaires factuels, vous laissant le loisir de "lire" les infographies et de pousser plus loin l'analyse.
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On commence par l'historique (dynamique) du classement, pour les sélections européennes, avec un graphique permettant de choisir les équipes pour comparer leur évolution au cours de cette vingtaine d'années, avant d'enchaîner sur différentes manières de rapporter le classement FIFA à d'autres critères: population, classement UEFA, affluences dans les stades...
Note : pour l'historique ci-dessus, ce sont les positions au classement mondial qui sont représentées, pour les infographies ci-dessous, ce sont les positions dans la Zone UEFA (ainsi, 19e dans le premier cas, la France est 12e dans le second). Les classements sont arrêtés à fin novembre 2013. Et bien entendu, vous cliquez sur les images pour les agrandir.
Cette représentation permet de visualiser la correspondance plus ou moins étroite entre la position au classement FIFA et l'importance de la population. En clair: sur la diagonale, l'une est conforme à l'autre; au-dessous, le pays "sous-performe" et à l'inverse, au-dessus son rang sportif témoigne (en théorie) de sa capacité à bien exploiter un vivier lui aussi théorique. On vous voit venir avec une objection fort légitime: il serait intéressant de se référer aussi au nombre de licenciés par pays, ce permettrait de pondérer et de donner une idée de l'efficacité de la formation pour amener des joueurs au plus haut niveau, en en faisant profiter la sélection.
On imagine souvent qu'être une nation bien peuplée est un avantage décisif pour posséder un bon pool de footballeurs sélectionnables et constituer la meilleure équipe possible. Ce n'est pas complètement faux, tant on retrouve les pays les plus peuplés dans le top du classement FIFA de la zone Europe. Mais ce constat général cache des disparités très importantes.
Ainsi la France ferait plutôt partie d'un groupe de pays sous-performants par rapport à leur taille, en compagnie de poids lourds de la démographie tels que la Russie, la Pologne, la Turquie ou bien la Roumanie. Perfectibles donc, si l'on se compare à des petites nations du football qui font bien mieux que nous, comme le Portugal, les Pays-Bas ou même nos voisins belges et suisses, dont les sélections ont été plus performantes que la nôtre ces derniers temps. Sans même parler de petits poucets comme les pays yougoslaves, éternels pourvoyeurs de grands footballeurs... ou mieux encore, l'Arménie, la bande à Mkhitaryan ayant un rang au classement FIFA bien plus impressionant que ne le laisserait supposer sa population.
À titre d'exemple, trente-cinq places séparent l'Espagne et la Pologne malgré des populations comparables. Le Portugal, sept fois moins peuplé que la Turquie culmine vingt places plus haut. Les pays de l'Est en général sont plutôt mal classés: outre la Pologne et la Turquie, le Belarus ou la Russie se situent largement en deçà de la diagonale. Le Kazakhstan peine à faire mieux que Malte ou Chypre malgré ses seize millions d'habitants.
Ce deuxième graphique met en regard les performances des sélections et celles des clubs (si l'on veut bien continuer d'accorder aux classement FIFA et UEFA une capacité à mesurer ces performances, n'y revenez pas). Et il offre l'occasion de montrer ou de confirmer qu'aujourd'hui, clubs et sélections ont des trajectoires qui ne vont pas forcément de pair, contrairement à ce qui aurait dû être le cas dans un environnement naturel pré-bosmanien...
Les clubs de l'ex-Yougoslavie souffrent de championnats qui sont à la fois peu attractifs et bourrés de talents qui ne tardent jamais bien longtemps à rejoindre des ligues plus cotées. Scénario semblable pour le Pays de Galles ou l'Écosse, dont les bons joueurs sont presque inévitablement absorbés par la Premier League anglaise.
En ce qui concerne les "cinq grands championnats" européens, seuls les résultats des équipes nationales française et anglaise sont en deçà de celles de leurs clubs. C'est aussi le cas de la Russie et, plus flagrant encore, de la Turquie.
La position extrême de Chypre s'explique par les performances de ses clubs, en particulier l'APOEL Nicosie qui a réussi l'exploit de se qualifier en quarts de finale de Ligue des champions en 2011/12. L'inverse est vrai pour l'Arménie dont certains résultats lors de la campagne de qualification pour le Mondial brésilien (victoires contre le Danemark, la République tchèque et la Bulgarie) ont amené la sélection à son plus haut niveau historique au classement FIFA (35e).
Si l'on voit que les pays européens s'investissent différemment dans le football, une manière de quantifier leur passion consiste à comparer les affluences domestiques au "niveau" du championnat, mesuré selon l'indice UEFA. Les clubs d'Europe du Nord bénéficient globalement d'excellentes affluences au regard de leur classement UEFA. Les Néerlandais parviennent à attirer 20.000 spectateurs par match malgré des résultats moyens dans les compétitions européennes. C'est le cas également des championnats scandinaves qui se situent tous au-dessus de la courbe de référence.
Les excellentes performances des clubs de la péninsule ibérique placent l'Espagne et le Portugal en dehors du peloton, les Lusitaniens étant trois fois mieux classés que l'Écosse à affluence comparable. Toutefois, à l'exception des championnats mentionnés, cette infographie montre une correspondance assez étroite entre la fréquentation des stades et le classement des pays...
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