Je me souviens...
Enzo el Principe, contributeur "historique" du site, nous a quittés. Mais nous lui gardons sa place dans la famille des Cahiers du foot.
Auteur : Rémi Belot
le 29 Nov 2010
NDLR. L'histoire de ce site est désormais trop longue pour échapper aux probabilités d'apprendre la mort d'un de ceux qui ont fait un bout de chemin avec nous. Deux ans après celle de Romain, alias Djézon Bouteille (lire "Le jour où je leur ai dit..."), c'est un autre forumiste et contributeur qui a définitivement quitté le terrain. Nous l'évoquons sous son pseudonyme, lui-même ayant toujours souhaité séparer sa "vie" de cédéfiste de ses autres activités.
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Il y a quelques jours, Enzo el Principe nous a quittés. Pour les plus jeunes visiteurs ou contributeurs de ce site, ce pseudonyme ne dit peut-être pas grand-chose. Pour les "anciens" comme moi, qui furetaient sur les Cahiers du foot dès l'aube des années 2000, c'était une référence.
Je me souviens d'abord d'un grand amateur du jeu, qui avait choisi son pseudo en hommage à l'un de ces manieurs de ballon qu'il aimait tant, et qui présentait le double avantage à ses yeux d'être un artiste uruguayen et d'avoir foulé avec élégance la pelouse du Vélodrome. Je me souviens aussi d'un pourfendeur des idées reçues, sur le football en général, et l'OM en particulier, le club de son cœur qu'il défendait toujours avec esprit (voire mauvais esprit), contre vents et marées. Enfin, je me souviens d'une véritable plume, un de ces forumistes que l'on prenait plaisir à lire juste pour la façon déroutante qu'il avait d'allumer les mèches d'un débat, de louer avec lyrisme les qualités de tel ou tel joueur... ou de railler avec verve un interlocuteur trop léger ou imprécis! Car accessoirement, et ce n'était pas la moindre de ses qualités: Enzo était aussi un maître de mauvaise foi rigolarde et assumée, avec lequel il était parfois difficile de rivaliser, même pour les plus aguerris à l'exercice comme moi.
Je me souviens aussi d'un lecteur critique vis à vis de la ligne éditoriale et des prises de position des Cahiers, qui avait régulièrement maille à partir avec les animateurs du site, échangeant à l'occasion des mails électriques avec ces derniers. Pour autant, sans quitter sa liberté de ton et de pensée, il avait fini par franchir le cap en passant du statut de lecteur à celui de contributeur occasionnel. En 2006, il avait ainsi apporté son écot à l'écriture du supplément "Coupés du monde" publié à l'occasion du Mondial allemand, et collaboré à diverses reprises au magazine. Je me souviens enfin qu'il s'était déclaré disponible au moment où le bateau CdF tanguait dans la tourmente, en proposant de participer de façon constructive aux réflexions menées sur les évolutions du projet.
Enzo el Principe nous a quittés trop tôt, mais ses contributions d'une grande richesse resteront. Comme le souvenir du compagnon de route érudit, ironique ou moqueur, énervant parfois, mais toujours exigeant qu'il a été pendant près de dix ans.