Le cable réseau du serveur étant presque saturé, merci de ne vous connecter qu'en cas d'absolue nécessité de vous amuser. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

La Coupe du monde 2022 n’aura pas lieu (pour moi)

Appel - Le Mondial au Qatar compromet le football dans un désastre humain et environnemental. Notre passion doit-elle nous en rendre complices ? 

Auteur : François Thomazeau le 16 Sept 2022

 

Dans un peu plus de deux mois, le 20 novembre 2022, commencera la Coupe du monde de football au Qatar. Peu de fois dans l'histoire, un événement sportif n'aura autant mêlé le scandaleux à l'absurde, jusqu'à l'écœurement, peu de fois le football aura autant été l'instrument d'enjeux qui n'ont plus rien à voir avec le sport, le jeu ou la compétition.

Attribuée par la FIFA en décembre 2010 à l'issue d'un pacte de corruption présumé qui se trouve actuellement sous le coup d'investigations des autorités judiciaires américaines, françaises et britanniques, la Coupe du monde au Qatar a soulevé depuis le premier jour de légitimes polémiques.

 

 

Désastre humain

Si les instances internationales du football s'accommodent depuis longtemps des atteintes à la démocratie et aux libertés publiques (on peut se souvenir du Mondial 1978 dans l'Argentine de la junte militaire), cette attribution a eu ceci de particulier d'ajouter l'aberrant au scandaleux du fait des caractéristiques mêmes du pays d'accueil.

Minuscule en superficie (trois fois plus petit que la Bretagne) comme en population (autant d'habitants que dans le seul département du Nord), sans aucune tradition footballistique ni aucune perspective d'essor populaire de ce sport sur place, le Qatar a pour principal atout sa rente gazière. Ce Mondial en plein désert se désintéresse de ce qui fait le football même : son public.

Depuis douze ans, les réformes mineures intervenues pour libéraliser la société ou améliorer certains droits sociaux n'ont pas changé la réalité d'une monarchie absolue fondée sur l'application de la loi islamique, qui n'accepte aucune opposition, et d'une société qui impose une ségrégation de fait, des entraves aux libertés publiques et à l'égalité femmes-hommes, la criminalisation de l'homosexualité et de l'adultère, etc.

Des centaines de milliers de travailleurs venus des pays les plus pauvres d'Asie ont émigré pour construire les infrastructures de la compétition dans des conditions dénoncées par les ONG comme Amnesty International ou Human Rights Watch. Selon une enquête du journal britannique The Guardian, au moins 6.500 travailleurs ont trouvé la mort sur les chantiers qataris. Comment faire abstraction du sentiment que la compétition se déroulera sur un charnier ?

Désastre environnemental

Le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) publie depuis plus de vingt ans des rapports accablants sur le changement climatique, ses causes humaines et ses conséquences désastreuses illustrées par un été de catastrophes.

Celles-ci, avec les tensions sur l'approvisionnement en pétrole et en gaz, conduisent nos sociétés et nos gouvernements à prôner enfin ! - la modération et la restriction des usages énergétiques à ce qui est vraiment utile ou nécessaire.

À cette nécessité de sobriété, la FIFA répond par une démesure coupable. La construction de stades à usage unique et climatisés en plein désert, le déplacement par avion de dizaines de milliers de supporters dans un pays qui détient le record mondial des émissions de CO2 par habitant : cette Coupe du monde se présente comme une révoltante aberration écologique.

S'il est trop tard pour empêcher l'émergence de ces infrastructures, est-il raisonnable de cautionner passivement ce modèle, au moment même où nous réfléchissons à baisser la température dans nos logements, bureaux et écoles pour pouvoir passer l'hiver ?

Désastre pour le football

Je suis un passionné de football, l'équipe de France me fait vibrer depuis l'Euro 96 et le Mondial 98. 

Cette fois, je ne peux échapper à la conscience que regarder cette Coupe du monde reviendra à la cautionner et à participer à un désengagement moral mal dissimulé derrière l'apparente innocence d'un match de football. La frontière de cette passion doit s'arrêter au respect de la vie humaine et des conditions de vie sur terre dans les décennies à venir.

Cet édifice ne repose que sur notre adhésion. En définitive, nous autres passionnés, amateurs de football, si souvent réduits au rang de consommateurs, devrions avoir le dernier mot, devrions reprendre le contrôle de notre passion.

Cette Coupe du monde n'aura pas lieu, pour moi. Je ne regarderai aucun match de la compétition, et ne lui porterai aucune attention. Ce geste est en soi dérisoire mais, multiplié, il pourrait changer le cours du jeu. Alors je vous appelle à envisager de faire, vous aussi, l'impasse sur ce tournoi. 

J'invite les responsables publics à ignorer les représentations officielles autour de l'événement. J'invite les supporters à renoncer à ce déplacement qui les rendrait complices de ce qu'ils n'accepteraient pas chez eux. J'invite les sponsors et partenaires à se désengager pour ne pas se compromettre encore plus.

J'appelle les acteurs du football, clubs, joueurs, fédérations, journalistes et médias, consultants, passionnés ou simples amateurs à marquer leur désapprobation, par quelque forme que ce soit, et à faire vivre ce débat autour d'eux pendant la durée de la compétition.

Je ne veux plus d'un football complice des régimes autoritaires, du mépris des droits humains, des catastrophes climatiques, devenu outil de greenwashing et de sportwashing. Je veux vivre un hiver 2022 plein de football, mais pas de celui-là.

Réactions

  • Arthur33 le 17/09/2022 à 07h27
    @Jamel Attal : tu as des sources pour étayer tes arguments ? Manifestement je ne suis pas aussi bien informé que toi, et les "éléments de langage" que j'ai lus (payés par les Qataris évidemment) ne correspondent pas à tes "éléments de langage".

  • Sens de la dérision le 17/09/2022 à 09h10
    Perso je ne sais pas si je boycotterais. On est à quelques mois, on ne sait pas encore dans quel état on sera. Ce ne serait pas la première fois que les grands discours ne sont pas suivis d'effets. On le sait, en tant que supporter de foot, qu'on est capables de mettre sous silence les dérives du foot. Car il faudrait boycotter le foot en général au vu des casseroles qui émaillent l'histoire de ce sport (les autres sports sont sans doute moches mais on le sait moins).

    Ce qui est sûr, c'est que cette Coupe du Monde montre avec absurdité ce qu'est le monde du foot et du sport en général : prêt à tout pour se vendre au plus offrant, rongé par la corruption, évidemment contraire à l'écologie (même s'il faut bien reconnaître que ça tente le green washing de temps à autre). Prenons un exemple que je connais bien : l'Olympique Lyonnais (qu'on ne m'accuse pas d'oublier mon propre clan) : la Marseillais à la 88ème minute, les affrontements avec les supporters de France et de Navarre, l'expropriation de riverains pour construire un stade, l'État qui met la main à la poche pour un site privé, le foot vu par l'EBITDA...

    Si on peut oublier les comportements homophobes, racistes, violents des publics, les comportements racistes, sexistes des fédérations, les comportements délictueux, limite mafieux des dirigeants à longueur d'année, pourquoi les boycotter maintenant ? Et là, au contrairement de ce que dit Jamel, on n'a pas une "conscience inexacte" de la situation, surtout en ces lieux...

    Qu'est-ce que je ferais ? J'en sais rien. Une Équipe de France avec qui je n'ai pas trop d'affinités, que je ne connais qu'à moitié (certains joueurs n'ont jamais joué en France), avec des joueurs sympathiques (coucou Paulo) qui se sont révélés être un peu concons, une Équipe que j'ai moins le temps de voir jouer... Le calendrier joue beaucoup aussi pour la perte de la magie... Bof bof quoi.

  • Flo Riant Sans Son le 17/09/2022 à 09h17
    Ce sera dans quelle ville?

  • Flo Riant Sans Son le 17/09/2022 à 09h23
    @ Arthur

    De toutes façons, dans parler d'éléments de langage, rien que le fait que ça se joue au Qatar invalide la grandeur de la compétition.
    Une nation qui n'existe pas sur la scène internationale, aucun résultat remarquable, aucune qualif en CdM, aucun soutien populaire. Sportivement c'est rdicule.

  • gurney le 17/09/2022 à 10h25
    Je trouve ça un peu osé de comparer Décines et les stades au Qatar.
    Non pas bien entendu qu'on soit blanc comme neige, mais chez nous c'est un vrai projet, qui se tient pas au stade, qui est logique et raisonnable par rapport au bassin de population, qui trouve une explication dans les freins qu'on aurait eu à Gerland avec les arches classées etc.
    Et puis une construction qui respecte les droits fondamentaux, je pense pas qu'il y ait eu 6500 morts dans l'exploitation d'esclaves vivant dans des conditions atroces.
    Et enfin sur le plan écologique, rien à voir.

    Je trouve ça vraiment dommage ce discours relativisme qui n'a pas de sens.
    J'ai l'impression d'entendre un français en 43 qui dirait à un mec qui rentre en résistance "euh sérieux ? Parce que les allemands ça te dérangeait pas trop en 40 là, tu te réveille un peu tard, et puis qu'est-ce que tu vas changer au fond ? Rien".

    Le foot n'est pas plus sale que plein de domaines, et là il s'agit de mettre une limite à un projet particulièrement nauséabond, et de prendre clairement le parti de faire quelque chose face à l'inaction de l'état et des grands acteurs économiques du pays qui sont pieds et poings liés par le fric dont on dépend.
    Perso j'entends complètement qu'on n'ait pas le courage de boycotter. Je respecte totalement ça.
    Je respecte moins le fait de pas assumer et du coup de venir un peu asticoter ceux qui ont les moyens de boycotter alors qu'il faudrait plutôt nous encourager.

  • Tonton Danijel le 17/09/2022 à 10h42
    Si tu boycottes la coupe du monde, ça veut dire que tu t'abstiendras de commentaires sur le fil bleu? Auquel cas je ne peux que t'encourager...

  • gurney le 17/09/2022 à 10h58
    Ca digére toujours pas que j ai eu raison sur umtiti en 2016... t as la rancune tenace !

  • Mix Diskerud le 17/09/2022 à 11h04
    'Aucun résultat remarquable' ?

    Ils ont fait 2-2 contre la France aux JO 1984 quand même.

  • Jamel Attal le 17/09/2022 à 11h07
    Oui, j'ai des sources, non pour mes "arguments", mais pour les faits que j'ai présentés dans mon post, d'ailleurs presque tous issus des sites et des documents du comité organisateur et de la FIFA, aisément accessibles là et vérifiables ailleurs. On y trouve notamment les allégations environnementales que j'évoque, et même les liens entre l'organisateur et les organismes certificateurs (pour les stades et la neutralité carbone, voir les documents listés sur cette page : lien), la capacité des stades, les dates de leur construction et les caractéristiques du stade 974.

    Tu peux aussi vérifier sur Google Maps les distances entre les stades, si tu en doutes. Le système des navettes par avion a fait l'objet de communiqués très officiels de la part des compagnies concernées, relayés par de nombreux médias du Golfe (exemple : lien). Les modes de calcul des émissions de CO2 par habitant varient, mais tous placent le Qatar en tête. La production électrique quasi exclusivement par des centrales thermiques n'est pas un mystère non plus.

    Une étude de Carbon Market Watch contestant la neutralité carbone prétendue est disponible ici : lien Elle détaille assez efficacement les lacunes et les incohérences de la méthodo employée pour le calcul des émissions et montre comment le Qatar s'est fait juge et partie en évitant de recourir à des organismes indépendants, créant son propre standard (ce que le pays ne cache pas, encore une fois).

  • Tonton Danijel le 17/09/2022 à 11h22
    Ils sont surtout champions d'Asie en titre...

    (Mais c'est vrai qu'au moment de la désignation leur palmarès était moindre).

La revue des Cahiers du football