La FIFA met du vent dans le voile
Une Balle dans le pied – L'autorisation du port du voile dans le football féminin par la FIFA, sujet explosif s'il en est, devrait plutôt être l'occasion de poser la question des expressions religieuses sur les terrains de football.
En autorisant définitivement le port du voile dans les compétitions officielles, la FIFA nous envoie sur un terrain particulièrement miné. Dans un contexte de stigmatisation des musulmans, de crispation identitaire, de dévoiement de la laïcité à fins de xénophobie, mais aussi d'instrumentalisation d'un concept aussi mal défini que l'islamophobie, il est risqué de s'y aventurer. Saisissons plutôt l'occasion de poser la question des expressions religieuses sur les terrains de football.
FAIRE SIGNE
On peut tout de même, en préalable, s'autoriser quelques remarques sur les circonstances de cette autorisation. L'International football association board (IFAB) – l'instance de la FIFA chargée de la définition des règles – avait de fait introduit cette possibilité en 2012, que la FIFA entérine officiellement aujourd'hui. À l'époque, on avait entendu l'argument selon lequel le voile était un symbole culturel, donc pas spécifiquement religieux. Un glissement sémantique de nature à déchaîner toutes sortes de controverses (on peut difficilement ne pas y voir une légitimation), permettant opportunément de contourner la prohibition des expressions politiques et religieuses sur les terrains. Et qui escamote ses déterminants: de la part d'une institution comme la FIFA, qui se réclame de bien des valeurs morales mais s'arrange avec elles selon ses propres intérêts – et par exemple attribue sans ciller la Coupe du monde à la Russie et au Qatar –, l'agenda géopolitique l'emporte sur toute autre considération.
Le nouveau règlement ne va pas sans quelques circonlocutions. "Nous ne pouvons faire de discrimination. Ce qui s'applique aux femmes peut s'appliquer aux hommes. Les hommes peuvent aussi porter dans les différentes compétitions un couvre-chef", a précisé Jérôme Valcke, secrétaire général de la confédération.
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