La Gazette du Mondial, numéro 2
Tous devant et Lemerre derrière
Makelele et Zidane étant retenus par la finale de Ligue des champions, 21 joueurs qui se retrouvent à Clairefontaine pour la préparation d'un France-Belgique, dernier match des Bleus avant leur départ en Asie. Certains se prennent déjà à rêver d'une attaque avec Henry à Gauche, Trezeguet au centre et Cissé à droite. Et pourquoi pas Wiltord au-dessus? Blague à part, il faut peut-être penser à l'équilibre général de l'équipe et douter que Lemerre valide un choix aussi offensif, sinon au cours du premier tour si les choses se passent bien ou si les adversaires refusent le jeu. Pires évoluait plus en retrait que les trois flèches, tout comme Dugarry, à ce poste d'ailier dans le 4-2-3-1 des Bleus, qui deviendrait explicitement un 4-2-1-3 avec la mise en place de cette triplette… Il faudrait que les six du bloc défensif puisse garder totalement les choses en main et ce ne sera pas forcément possible contre toutes les équipes.
La même tendance euphorique se manifeste souvent avant une grande compétition, même en 1998, après un France-Norvège à Marseille dans lequel Jacquet avait aligné cinq joueurs à vocation offensive (Diomède, Pires, Djorkaeff, Zidane et Guivarc'h). Les Bleus avaient marqué trois fois (Blanc, Zidane, Desailly) mais également encaissé trois buts. Ce 25 février, Trezeguet avait remplacé Guivarc'h et gâché un certain nombre d'occasions… Les temps changent. Laissé seul en milieu récupérateur, Deschamps avait assez peu apprécié de voir les brèches se multiplier, tout comme certains patrons de l'arrière-garde. Jacquet avait ensuite rééquilibré définitivement son équipe autour de son bloc défensif. On connaît la suite.
Mais après tout, comme les temps ont changé, pourquoi ne pas imaginer que l'équipe de France penche délibérément vers l'avant, quels que soient les joueurs choisis? Les rencontres de groupe s'y prêteront d'autant plus qu'elles risquent d'opposer des équipes recroquevillées. Et pour modérer la cissémania, rappelons que Wiltord peut tout de même revendiquer une certaine priorité sur l'Auxerrois…
De l'influence occulte de Bernard Lama
Tous les jours dans son style inimitable (voir Gazette 76), Bernard Lama anime une émission quotidienne sur Infosport. On voudrait plutôt qu'il la réanime, mais c'est ainsi. Celui qui disputait à Marcel Desailly et Youri Djorkaeff le titre de plus gros ego de la sélection y va parfois de sa petite note personnelle. On croyait ainsi avoir tout entendu sur l'incroyable dénouement du France-Italie de l'Euro 2000, mais on ne savait pas encore que c'est l'ancien gardien du PSG lui-même qui, à dix minutes de la fin, était allé voir Roger Lemerre pour lui dire "qu'il fallait faire quelque chose" et lui suggérer de procéder à des changements… On connaît la suite.
La phrase-type de Bernard Lama pour présenter un joueur : "C'est un joueur qu'on ne présente plus".
Questions idiotes…
Restons sur Infosport, car la chaîne spécialisée propose aussi des interviewes à la con des internationaux français, sorte de questions pour des champions portant sur leurs goûts et leur intimité, à la manière d'un Ardisson édulcoré. Du genre "Slip ou caleçon?", "Brunes ou blondes?", "C'est quoi ta voiture?", "Qu'est-ce qu'il y a dans ton frigo?" etc.
Extrait : Vincent Candela
Quel est ton film préféré?
Le Parrain.
Quels sont tes acteurs préférés?
Al Pacino, De Niro.
Quel DVD emmènes-tu en Corée?
Scarface.
Quel est ton genre de film préféré?
Euh… Sur la mafia on va dire.
Les excusés et les exclus
Les listes des 23 sont officialisées les unes après les autres, mais il est une liste commune à presque toutes les équipes qui s'allonge: celle des absents. Si peu de grandes stars sont à ce jour concernées (à part Robert Pires), certaines sélections sont plus touchées que d'autres. L'Angleterre en premier lieu, qui s'est fait très peur avec le pied de Beckham et qui craint encore que le joueur ne soit pas rétabli pour la première phase. La défection de Gerrard est par contre acquise, et celle de Dyer très probable. Elles n'arrangent pas le moral des supporters de l'équipe aux trois lions, d'autant que Nicky Butt et Tony Adams sont eux aussi touchés.
La Mannschaft n'est pas épargnée non plus, puisque Scholl, Wörns, Nowotny et Zickler manquent à l'appel des 23 de Völler. L'Espagne avait de son côté enregistré les blessures de Guardiola, Etxeberria, Gerard et Sergi. C'est bien moins que la Belgique, à laquelle revient la palme de la scoumoune puisque Mpenza (Emile) regardera le Mondial à la télévision avec cinq autres coéquipiers (Baseggio, Peeters, Doll, Clement et Valgaeren).
La squadra azzurra est comparativement peu décimée, mais elle devra se passer de deux joueurs importants, Pessotto et Albertini. Semblable coup dur a atteint la Croatie, privée d'Igor Tudor.
L'autre motif d'absence est évidemment la non-sélection, et il est souvent plus polémique, car on retrouve là quelques stars ou présumées telles, comme Romario, MacManaman, Baggio ou Anelka. Par contre, Camacho n'a pas réussi à se débarrasser de Hierro, alors qu'il laisse Salgado et Munitis sur le bord du chemin.
L'Argentine en force
Monaco et Paris Saint-Germain voient un de leurs joueurs figurer dans la liste des 23 argentins. Gallardo et Pochettino se retrouvent avec des internationaux qui évoluent au FC Barcelone, au Bayer Leverkusen, à Manchester United, la Lazio de Rome, à l'AS Roma, au Celta Vigo, à l'Inter de Milan, au Milan AC, au FC Valence, au FC Parme… Seuls trois sélectionnés sont issus des championnats sud-américains, Ariel Ortega et Claudio Husain de River Plate et Juan Pablo Sorin (Cruzeiro). On relève l'absence de Juan Roman Riquelme (Boca Junior) et Saviola (Barcelone), mais aussi le grand retour de Caniggia (Rangers). Malgré cela, l'armada ciel et blanc reste redoutable, surtout en attaque: Claudio Lopez, Gabriel Batistuta, Hernan Crespo, Ariel Ortega et Kily Gonzales seront à disposition de Marcelo Bielsa… L'autre grand favori du Mondial est bien armé pour franchir l'épreuve du groupe F.