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Le Blanc est-il encore supérieur au Noir ?

Il faut parfois savoir trancher les polémiques et mettre un terme aux mauvais procès. Défense de Pierre Ménès et Lilian Thuram (dans cet ordre décroissant). 

Auteur : Gilles Juan le 9 Sept 2019

 

 

On ne pouvait déjà plus rire de tout, voilà qu’on ne peut même plus raconter ses week-ends. Les violentes réactions au témoignage émouvant de Pierre Ménès sur le plateau de Cnews montrent une fois de plus que la bien-pensance a pris le dessus.


Beaucoup s’offusquent en entendant ce bon vieux Pierrot le Foot ne rien dire d’autre que la vérité vraie, qu’un simple tour en bagnole démontre: oui, le foot est gangréné d’abord et avant tout par le racisme anti-blanc, comme l’avait déjà démontré l’affaire des quotas, ce complot gauchiste pour réduire le nombre de Blancs dans le foot.

 

 

 

 

Noir sur blanc

Qu’a-t-il dit de si grave? Il a confié que son fils nul au foot ne recevait pas de passe de la part de ses coéquipiers noirs. C’est un fait ou ce n’est pas un fait? C’est un fait. Et il faut avoir le courage d’écrire qu’il est scandaleux. Le fils Ménès aurait dû recevoir des passes, bien que nul, parce que blanc.


Sauf que voilà. Les temps ont changé (par effet de mode?) sur une question que l’on croyait réglée: celle de la supériorité de l’homme blanc sur les autres races. Longtemps, en effet, la question ne s’est pas posée. L’expression “homme blanc” elle-même relevait presque du pléonasme, tant il était acquis que le concept d’homme, en son sens le plus exigeant, le plus ambitieux, le plus prometteur, sous-entendait autant la masculinité que la blancheur.

 

Le fait même que l’homme blanc soit blanc était déjà bien compris un signe de supériorité: c’est en effet la couleur de l’innocence, de la pureté, de la perfection, de la paix. Et à ceux qui ironisent au prétexte que l’homme blanc n’est justement pas blanc, il convient de répondre: raison de plus! L’homme occidental convient tant aux symboliques vertueuses de la couleur blanche, qu’il fallait qu’elle lui soit octroyée, quand bien même il s’en éloigne en petit peu. Tandis que l’homme noir… Eh bien il est noir. Noir.



Amitiés blanches et animosités noires

Au XVIIIe siècle, le naturaliste Buffon explique fort bien que le blanc est d’ailleurs la couleur d’origine de l’humanité, et que le noir en est la dégradation manifeste. Or que se passe-t-il aujourd’hui? Ceci.

 

 

Un dénommé (je rappelle que le masculin l’emporte sur le féminin pour signifier le neutre) “chupei” se pose encore cette question évidente, dont la réponse est évidemment oui, et démontre qu’on n’apprend plus rien à l’école. On en est là.


Le Noir descend du Blanc, et d’ailleurs le singe aussi (ce qui démontre que les cris dans les tribunes ne sont pas racistes), comme le prouve cette ressemblance flagrante entre un Blanc et un singe.

 

 

Enfin bref. Le racisme a en réalité toujours été dans le même camp, celui du ressentiment, c’est-à-dire le camp des Noirs. L’expression de cette haine (que la psychologie blanche peut certes expliquer) a pris, la semaine dernière, ses deux formes désormais banalisées.

 

Il y a d’abord ceux qui veulent nier les différences. Ah ah ah ! Et ceux, encore pire, qui veulent renverser l’ordre établi. Ils disent: ”Ce n’est pas le Noir qui est raciste, c’est le blanc!” Le Blanc qui a apporté les lois de la trigonométrie et du commerce, l’art, le langage, la religion, puis la géopolitique, et enfin le sport, et le capitalisme, à tous les primitifs sans distinction: raciste…


Bien sûr, ces théories ne sont pas dominantes (en tout cas en France), mais le moins qu’on puisse dire est que les réseaux sociaux aidant, elles ont désormais une certaine influence, au point que des universités françaises commencent à s’en réclamer. À ce jour, aucune preuve de l’égalité des Noirs avec les Blancs n’a toutefois été apportée. Les Noirs courent certes toujours aussi vite, mais quand on les interviewe à la fin de sprints de seulement dix secondes, le simple effort de fabriquer des phrases courtes les essouffle.

 

 

L’universalisme en crise

Et c’est là que Lilian Thuram, un Noir lucide s’il en est, a essayé de venir au secours de Pierre Ménès: grand bien lui en a pris… Lui aussi a reçu les leçons de morale de la bien-pensance. Les réactions outrées à la théorie qu’il a esquissée, pourtant difficilement contestable, sont scandaleuses.


On reproche à Thuram d’avoir “essentialisé” l’homme blanc, d’être “raciste” en ce sens-là, et en effet, c’est vrai qu’on ne peut pas généraliser, il y a en effet des hommes blancs qui ne se sentent pas supérieurs, mais la faute à qui? On essaye tellement de faire culpabiliser l’homme blanc de sa supériorité, que certains finissent pas en douter.
L’homme blanc est supérieur, mais l’air du temps est ainsi fait qu’il n’a plus le droit de l’exprimer, de le montrer, de le ressentir.

 

Thuram a dû s’excuser, regretter d’avoir dit “tous les Blancs”, mais on voit bien ce qu’il voulait dire, et il disait juste. D’autant que lui sait bien qu’il est l’un des Noirs les plus cultivés du monde grâce à l’enseignement blanc, et qu’au lieu de chipoter, on devrait regarder tout ce que Blancs et Noirs s’apportent depuis leurs positions respectives.


Il est en effet émouvant de voir qu’aujourd’hui le Blanc peut compter sur le Noir alors même qu’il l’a généreusement affranchi de l’esclavage. N’est-ce justement Lilian Thuram, le Noir qui en demi-finale a permis d’aller en finale, où des Français blancs ont alors marqué trois buts pour remporter la Coupe du monde? (Dans un élan de gratitude, on a cru la décennie suivante pouvoir donner le capitanat des Bleus à des Noirs: on en est revenu après Knysna…)

 

 

Appendice

 

Mon éditeur (blanc) me signale que Zinédine Zidane, double buteur en finale en 98, n’est pas exactement un “Blanc”, au sens scientifique de l’approche, mais qu’il est ce qu’une large frange des électeurs de la région PACA nomme “un gris” (même si l’expression a perdu du terrain face à son concurrent imagé, certes plus chantant, et très typique de l’inventivité française en matière de figures de style, le “melon”).

 

Cette nomenclature permet de rappeler que la dégradation culturelle se signale par la dégradation des couleurs, et puis elle me rapporte à la mémoire une bonne blague de Jean Roucas sur le sujet, une blague de la fin du XXe siècle, quand les Pierre Ménès n’auraient été emmerdés par personne, et quand des Thuram auraient été félicités pour leur affirmation médiatique du légitime sentiment spontané de supériorité de l’homme blanc. La voici pour finir par une touche d’humour.


C’est une famille de Sénégalais. Il y a le papa, la maman, et le petit garçon, et ils ont un peu de mal à s’intégrer. Un jour, ils voient une réclame pour “Le savon Michael Jackson qui rend blanc” et le papa dit:
"On va se badigeonner, pour nous-mêmes, là, on sera tout blanc et après on sera tranquille mmmouiii!!" [1]

Ils achètent le savon, et alors la maman se lave la première. Effectivement, elle ressort toute blanche de la baignoire. Le père se lave aussi. Il est tout blanc. Il n’y a que le petit garçon qui ne veut pas.
“Non, je ne veux pas être blanc !
- Viens ici !
- Non, je ne veux pas être blanc !
Et le père dit à la mère :
- Tu vois, ça fait cinq minutes qu’on est blancs et on est déjà emmerdé par un Noir…”
[2]
Rires.


[1] Pour l’éventuel lecteur des Cahiers du foot qui aurait moins de 35 ans, des expressions comme “pour nous-mêmes, là”, ou “mmmouiii” reflétaient, ainsi que le comprenait bien le public, le parler des Noirs.
[2] Jean Roucas, Roucasseries, la compilation.

 

Réactions

  • Jankulowski Desailly Galasek le 11/09/2019 à 20h40
    Ha! J'ai ressenti trois choses en regardant ce film:
    1) Une gène d'avoir regardé un film comique sans rire une seule fois, ne serait-ce par second degré, pourtant développé chez moi, grand amateur de canars.
    2) De l'agacement pour ma camarade qui m'a forcé à le regarder alors que j'étais réticent, m'assurant, que c'était très bien fait, il n'y avait pas du tout de clichés.
    3) Un mauvais goût lié à son traitement du racisme. Je sentais que ça faisait le contraire de ce que ça devrait, mais sans savoir bien le définir. Des arguments que je trouvais pouvaient s'appliquer à OSS117, qui me fait hurler de rire.

    J'ai bien réfléchi et c'est ici que j'ai trouvé la réponse: dans OSS117, on rit du personnage de Dujardin. Il est ridicule et caricatural dans ses phobies, mais ses petites phrases, prises indépendamment, collent à ce que j'entends au premier degré partout et tout le temps. Pour moi, on rit des racistes, des misogynes, des homophobes, en riant de Dijardin.

    Dans le film avec Clavier, la démarche n'est pas la même. Je le vois comme :On rit des blagues racistes, on rit de ceux qui sont visés par ces blagues 8et non par ceux qui les prononcent), car au fond, selon le film, ce n'est pas si grave d'être raciste, puisque tout le monde est raciste : les vieux blancs comme les noirs, les "noichs", les "arabes", les "feujs". Comme si c'était justement ça la surprise! C'est pas que les blancs! Du coup la critique que je fais de ce film relie le malentendu que pointe Glassmann; croire que le racisme n'est qu'une affaire de blanc, puisque c'est objectivement eux qui sont majoritaire en population, en pouvoir, et en détention de capitaux.

  • Glassmann le 12/09/2019 à 10h17
    Je vois tes réticences, et je les comprends.
    Pourtant, je pense que ce film a au moins un intérêt (à défaut d'être drôle) : il met chacun de nous devant ses propres "démons".
    Selon notre origine, on va se dire "le racisme/sexisme/homophobie/etc., ça ne me concerne pas", or, si.
    Il n'y a pas de type de population qui soit exempte de la tentation des préjugés. Chacun de nous y est confronté, peut-être même quotidiennement.
    D'ailleurs, ces mots (racisme, etc.) me semblent dépassés; on est davantage désormais dans une notion de méfiance de l'autre (qui est différent) que de supériorité intellectuelle. Mais c'est un autre débat.
    Et pour ce qui est des préjugés, on peut en sortir, si on en croit "Le goût des autres", pour rester au cinéma.
    Par rapport à OSS117, ça me faisait penser à Coluche qui lui aussi dénonçait le racisme en caricaturant le raciste... Or le problème du raciste en général, c'est qu'il est un peu con, et certains le prenaient au 1er degré... Du coup, la frontière est parfois compliquée à trouver, et c'est là qu'il faut beaucoup de talent.

  • José-Mickaël le 13/09/2019 à 20h04
    J'en déduis que l'avantage du racisme, c'est qu'il enrichit l'humour. De Coluche à OSS 117 en passant par Blanche Gardin : c'est le top !

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